
dans l’eau touillante , cryftallifée par lé refroidif-
fement , puis rediffoute ; j’y ai laiffé tomber quel1
ques gouttes d’eau de chaux jufqu’au point de
faturation ; j’y ai enfuite ajouté du même acide,
pour qu’il y en eût par excès ; j’ai laiffé ce mélange
en repos pendant 24 heures pour m’affurer
que le Tel qui s’y éfoit formé étoit tenu en diffo-
lution ; j’y ai verfé après cela de l’acide faccharin
ordinaire, & , peu d’heures après, il y a eu un
dépôt très-fenfible qui obfcurciffoit les parois du
verre , comme fait ordinairement le faccharite calcaire
produit par précipitation. Ce qui établit fans
répliqué deux points de faits qui tranchent toute
difficulté : 'Vun, que ce n’étoit pas l’acide faccharin
qui tenoit le calce en diffoliition , puifque l’addition
de ce même acide en auroit favorifé la dif-
fblution au lieu de la faire ceffer ; jamais acide n’a
décompofé les fels de fon genre : l’autre , qu’il eft
impoffible que la terre acide dont il s’agit retienne
de la-terre calcaire, puifque cette terre acide ne peut
être recueillie qu’au moment où elle baigne dans
l ’acide faccharin , & qu’il eft démontré par cette
expérience que ce dernier acide enlève la terre cal- !
Caire à la fubftance dont il s’agit, .& forme avec
elle un fel infoluble. Ainfi, ce feroit tout au plus *
du faccharite calcaire qui fe trouveroit mêlé accidentellement
avec cette fubilan ce , & dont elle ne
pourroit pas même décider la diffolution.
Concluons donc- qu’il y a réellement un actdé
fachlaftique différent de l’acide faccharin. Nous
devons d’autant moins héfiter * que M. Hermftadt
lui-même reconnott qu’il forme avec les bafes des
combinaifons falines qui-ont d’autres propriétés
que celles de l’acide faccharin ; qu’il ne répugne à le
claffer féparément , que dans la crainte de voir
multiplier lés acides déjà nombreux ce qui feroit
penfer que fon opinion tient moins à la confé-
quense des faits qu’à un refle d’attachement à l’ancienne
doCtrine, fuivant laquelle il n’y »voit qu’un
feul acide , dont tous les autres n’étoient que des
modifications. Mais , quand on pourroit encore
regarder Y acide fachlaélique comme l’acide faccharin
modifié , dès qu’il a d’autres propriétés. qu’il
produit des Tels nouveaux, aurions-nous pour
cela moins d’intérêt d’étudier ces propriétés , de
connoïtre ces nouveaux compofés? Il faudroit donc
toujours les diflinguer avec foin des preduits_du
même acide non modifié, comme nous diftinguons
le vitriol de potaffe ordinaire du vitriol de potafïe
phiogiftiqué, ou fel fulfureux de Stahl ; il faudroit
toujours les défignér fous des noms particuliers
pour éviter la confufion : à plus forte ration cette
claffifkation devient-elle néceffaire , quand l’identité
d’un principe primitif n’efl nullement vérifiée,
de cet acidé', m’ayant engagé à parler déjà avec
affez de détails de la plupart de les propriétés, il
ne me reite qne peu de chofes à y ajouter pour etr
completter lé fyftême ; mais auparavant je dois dire
deux mots de fon' origine.
Cet acide eft néceffairement formé comme tous
les autres de l’air vital acidifiant & d’un radical ou
bafe acidifiable : je préfume qu’après avoir vu tant
de preuves de ce principe général, on n’en exigera
ici d’autre que la production du gas acide méphitique
& que tous les faits concourent au contraire à étahlir
des caractères diftinCts. \
V . De la nature & des affinités de l ’acide
fach-la£lique.
JL’examen de la queftion élevée fur l’exiitence \
, lorfqu’il eft réfous parle feu. en fes élémens.
Mais cet acide exifte-t-il tout forme dans le fucre
de lait , de forte que la décompofition de ce fel
effenriel par l’acide nitreux ne fafTe que de le
mettre en libërté ? Ou bien , le fucre de lait n’en
confient il qne la bafe acidifiable, ainfi que celle
de l’acide faccharin , tellement qu’il ne paffe à 1 état
d’acide qu’en recevant aufli de l’acide nitreux une
portion d’air vital en échange du phlogiftique ,
qu’il lui cède ?- C ’e ft, je l’avoue, une queftion qu il
me paroi r bien difficile de décider par l'expérience,
& fur laquelle on. ne peut guères raifonner que
par analogie. Si le fucre de lait tenoit Y acide fach-
laélique tout formé, on devroit en trouver au moins
quelque portion , lorfqu’on le décompofé nue-
ment par le feu, tout de même que l’on recueille
l’acide fyrupèux empyreumatique , propre aux
fels effentiels fucrés , & qui y eft bien-tout formé J
il feroit affez volatil pour s’élever avec lui avant
fa deftruCtion complette, & il fe feroit bientôt
reconnokre par fa forme concrète : c’eft ce qui n a
pas été apperçu par ceux qui ont pris cette voie
d’analyfe. D’autre part, M. Schéelea-obferve dans
la diftillation du fucre de lait une'odeur de benjoin
que l’on ne trouve plus dans notre acide ; fes principes
ont donc éprouvé quelque changement. Je"
dis fes principes, car il ne peut être queftion d e ;
ceux de l’acide faccharin qui ne mamfeftent point
fètils cette odeur. Enfin, il eft évident que , les
principes de notre acide qui exiftent dans le fucre
de lait y font dans un état dé combinaifôn intime
avec les autres parties conftituantes, & fur-
tout avec l’huile ténue qui eft le radical faccharin
, fans quoi il fe fépareroit fpontanément-lors
de la diffoliition du fucre de lait; & dès - lors il
faut bien que l’acide nitreux agiffe à fa manière
ordinaire, pour faire ceffer cetee cotnbinaifon en ’
fe décompofant lui-même, & laiffant defa fubf-
tance en proportion de ce qu’il s’approprie.
Ainfi tout concourt à faire croire que le fucrè
de fijit ne contient aufli que le radical fach-la6ti-
que-, & que cette matière différente du radical
faccharin conftitue en effet toute la différence du-
fucre de lait & du fucre ordinaire. -
J’ai déjà annoncé qu’il falloit, fui vaut mes expériences
, près d’une-once d’eau bouillante pour
diffoudre 6 grains dé cet acide complet, & qu’elle
! en dépofoit environ un quart fous forme plus cryf-
taUine par féfroidiffement ; cette liqueur rougit.
A G I '
encore très-fenfiblement lé papier bleu , fa pëfan-’
téur fpécifique à 12 degrés eft de 1,0015.
Il fait eftèrvefcence avec les méphites terreux
& alkalins, & forme avec eux des fels neutres.
( Voy. Sachlactite caxcaire , Sachlactite
de soude , &c. ) Si M. Hermftadt n’a pas obfei ve
une augmentation de poids lors de fa combinai-
fon avec l’alkali volatil, cela vient fans douté dé
ce que pendant la defficcation une partie du fel
ammoniacal s’étoit volatilifée. Il eft probable que ,
s’il lui eut .fait fubir un degré de feu fuffifant, il
auroit eu à la-fin, comme M. Schéele, de l’acide
libre , qui auroit laiffé aller une portion de fa bafe*
Ce feroit un phénomène bien plus difficile à expliquer
, fi , comme le dit ce Chymifte, l’alkali
volatil cauftique ne s’uniffoit point à cet acide ;
mais je ne puis imaginer ce qui l’a induit en erreur
à cet égard, j’ai conftamment réuffi à produire
linecombinaifon neutre, en vérfant de la
diffolution froide de cet acide fur de l’alkali volatil
cauftique. "
Cet acide ne.fe diffolvant qu’en petite quantité,
ne peut avoir , eh état de liqueur , une aCtion fur
les métaux , il s’unit mieux avec leurs chaux, '&
forme avec, elles des fels très-peu folubles.
M. Bergman donne ; comme il fuit, l’ordre de
fes affinités : 1
Par la voie humide ,
Le calce.
Le barote.
La magn é fie.
, La potaffe.
• La fonde. ;
L ’ammoniac.
L’alumine.
Les chaux métalliques;
L’eau«
L’efprit-de-vin. v
- Le phlogiftique.
Et pour la voie sèche f
Le calce.
Le barote.. j
Là m agne fie.-
La potaffe. w ,
La foude. ..
Les chaux métalliques.
L’ammoniac. r'
L’alumine.
M. Bergman, remarquerque l’ordre dçs ; terres
entre elles eft très-difficile à déterminer ; à raifon
du peu de folubilitè • des fëls qui réfultent de ces
combinaifons,
A G I 293,
. Suivant ce Chymifte, il cède la terre calcaire
à Jif! acides , qui font les acides faccharin , oxalin ,
vitrolique, tartareux, karabique , phofphorique &
ourétique.
Cet acide décompofé les nitres d’argent & de
mercure ,n les nitre & muriate de plomb.
Il décompofé par double affinité tous les fels
métalliques lorfqu’il eft en état de fel neutre al-,
kalin. I
Son .aCtion fur les huileux n’a pas été examinée.
A cide sé ba c é , acide du fu i f Cëft le même
que M. Léonhardi appelle fettfaure, acide de la
graiffie. Il me paroït important de lui conferver le
nom d'acide fébacé pour ne pas s’expofer à confondre
Yacidum pingue , ou acide gras de Meyer, que
M. Wenzel. & d’autres Chymiftes allemands
nomment précifément fettfaure.
Il y a long-temps que l’impreffion vive de la
fumée des graiffes des animaux y a fait foüpçon-
ner un acide caché. Olaus Borrïchius a donné, dans
les aétes' de Copenhague, une obfervation frap-
; pante du danger des exhalaifons qui s’élèvent du
fuif fondu , & qui pénétrent les narines , les yeux
& même les poumons {colleEl. açad. part, étrar.g.
tome V i f page 374). Mais on n’en avoir guères
d’autres preuves que ces effets, les produits de la
diftillation des huiles végétales, ou de quelques
matières animales analogues, & ,1a coagulation
des huiles fluides par l ’aélion des acides. C e . fut
principalement fur ce dernier phénomène que
Cartheujer , dans'fes élémens de matière médicale,
imprimés à Francfort en 1740 , fonda fon opinion
de l’exiftence d’un acide dans les graiffes.
M. Léonhardi fait honneur à M. Grutçmacher 9
d’avoir le premier démontré cet acide dans fa dif-
fertation de offium medullâ, imprimée à Leipfick en
1748. M. R/iades publia en 175.3 à Gottingue, un
; opufcule fur quelques liqueurs animales , où il fit
une mention particulière de. cet acide. L’année
fuivante parut la differtation de M, Segner, ayant
• pour titre : De acido pirtguedinis anïmalis , & contenant
plufieurs expériences bien faites fur cé fujet.
Cela n’a pas empêché M. dYAumont, lors de la
première édition de l’Encyclopédie , de foutenir
contré Carthcüfer que cet acide n’exiftoit pas, qu’on
n’en obtenbit 'point par l’analyfe des graiffes. Son
article fut corrigé dans, les fupplémens par l’illuftre
baron de Haller, qui affura pofitivement que la
. graiftè humaine, le fuif & la moelle,* donnoient
àu feu ünè liqueur volatile, empireumatique &
acide , faifant effervefcence avec les alkaiis, rou-
giffant le fyrop de violettes, & donnant des cryf-
taux avec l’alkali .volatil.
Enfin, M. Crell a travaillé à perfectionner le
procédé pour la féparation & la rectification
| de cet acide, & à déterminer les propriétés de
fes combinaifons; c’eft d’après les mémoires de ce