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colonnes pour y indigner les affinités de l'efprit-de-
vin avec l’eau, le camphre & les réfutes.
Il a paru depuis un affez grand nombre de Tables
nouvelles, & pour ne citer ici que les Auteurs qui
en ont embralTé le fyftême général, je nommerai
Phil. Ambrof. Marrher, en 1762, M. de Fourcy, en
■ Ï773 , M. de Machy , dans fon Recueil de Differta-
tions publié en 1774, Erxkben & M. IPeigel, en
1775 , & M. If'iegleb, dans fon Manuel de Chymie,
imprimé à Berlin en 1781. Mais les Tables de 1 U—
luflre Bergman font regardées, à julle titre , comme
ce qu’il y a jufqu’à préfent de plus parfait en ce
genre , foit pour le nombre des fubflances dont les
affinités font déterminées, & qu’il a fuçcefîivement
portée* à 45 & à 59, d’après fes propres expériences
fur des matières nouvellement découvertes ; foit par
le foin qu’il a pris de fouinettre les faits anciens à
un examen plus fcrupuleuxjfoit enfin par la diffinfüon
exaéle des affinités par la voie humide & par la voie
Lèche, des affinités fimples & des affinités doubles, dif-
tin&ion qui a donné la fblution d’un très-grand nombre
d’anomaliès apparentes. Ce fut en 1775 que M. Bergman
publia pour la première fois fa Differtation des
attraftions èleftives dans lès nouveaux aâes de la
Société Royale d’Upfal ; on retrouve fes Tables dans
la courte Introduffion à la ’Ghymie qu’il plaça, en
,1779 , à la fuite des Leçons de Scheffer ; & il ne
cefla depuis de s’appliquer à les perfeélionner jufqu’en
1783 , époque de la publication du troifième volume
de fes OEuvres, dont cette Differtation occupe la plus
grande partie.
On verra dans la fuite les raîfons qui obligent de
refaire aujourd’hui les Tables mêmes du favant Pro-
feffeur d’U pfal, pour les mettre d’accord avec quelques
expériences fondamentales qu’il n’a pas connues,
ou dont il n’avoit pu du moins recueillir que les premiers
traits de lumière. Mais ces Tables font encore
f i utiles dans la pratique , le nom de ce Chymifte
ajoute un fi grand poids à ces obfervations, que je
.me fois un devoir de les configner dans cet Ouvrage
telles qu’il les a laiffées. Elles feront placées à la fuite
de celles dç Geoffroy &.de Gèllert ; une Table d'affinités
étant le réfultat de .toutes les connoiffances ac-
quifes au moment de fa rédaéfion, la réunion des trois
que.je viens de nommer, mettrai le Leéleur à portée
de faifir d’un coup d’oeil l’hiftoire des progrès de la
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fcience à ces trois époques differentes. I l ne me re£
tera plus après cela qu’à recueillir & examiner quand
l’occafion s’en prèfentera les vues de pèrfeâion &
les opinions particulières - des autres Savans qui (ë
font occupés des affinités en général, ou fpécialement
des affinités de quelque fubftance.
Je ne veux pas diffimuler qu’il s’eft trouvé juf-
ques dansces>derniers temps des Cbymilles,qui,con.
fondant ou affeftant de~confondre un corps^ d’obfer-
varions rapprochées avec un fyftême enfante par 1 i-
magination, fe font élevés avec amertume contre ceux
qu’ils ont appellés des faifeurs de Tables ; mais de
Semblables opinions ne dosent occuper dans notre
hiftoire qu’autant de place qu’il efl riecèffaire pour |
retenir, s’il efl pdffible , par une pudeur ialutaire,
ceux qui feroient de même tentés de fermer les yeux
à la lumière , & j’ai regret que le célèbre Màcqner
leur ait donné une attention qui ne pouvait d’ailleurs
fervir qu’à les préfërver quelques, inftans de l’oubli
auquel elles étoient deflinées eu naiflàntu
II. Pour ce qui efl de la caufe immédiate des affinités,
nous avons déjà annoncé que les Anciens n’en
avoient pas. eu une jufle idée. Newton efl le premier
qui ait dit que la diiïblurion & l’affinité procédoient
de l’attraaion ’ ( i ) , & cette opinion n’a guère trouvé
de Seéiàteurs que parmi fes Difcïples , & même plutôt
parmi les Phyficiens que parmi les Chymiftes. la
plupart des derniers n’ont celle de là combattre, ils
ont hautement reproché aux Anglois leur attachement
à un fyftême fans vraifemblance, qui les fbrçoit
d’appliquer les, loix des maffes aux adhérions des
petits corps- Venel a encore configne dans les articles. |
Chymie & Menflrue de la première Encyclopédie , les
traces de fa répugnance à admettre toute explication
mathématique ou phyfique des affinités 3 d ne
les confidéroit que comme des fympathies ou des.
qualités ocultes-
A la vérité , Newton paroît n’avoir* pas vu la pol-
fibilitê de faire fervir à l’explication des. affinités là
loi générale de la gravitation , il étoi't même quelquefois
tenté d’admettre d'autres forces attractives oit
. répuljîves ( i ) j & le célèbre Clairaut ;,* s’appuyant de
fon autorité „ foutenoit encore contre M. de Bufton,
en 1745 (3) , que la loi du qiiarré' des diftsnc»
a’étoit pas la feule , que les phénomènes les plus à
r ftV Ce étant! Homme s’exprime àïnfr, en partent de la nature des « à to è cÔ r fà t. M } * Vi magnS. attraSivd polhet
& i l hScvi confiait corum «Lai fu t 6- corpora di£olvunt & organe jenfimm agitant & ■ «'f»”;.. fc
d mulet,m aJrihit & amahkur.. 11 diftingue les différens,degrés^e cette
i „• j>nnfv tp-rê fuhtile. foit loxfciu-'i'l compare 1attraction- des parties du dmolvnnt entre eues, oc iam
parties du^corps. à ditfoudre : *
majorent astraàilnem ad liquidüm lingue...............m Omni Jolutiane per mcnftruum .pamcula folvcada magie, aurah
I a ' l S V o îd!te, c ô n S o n qu’î t tire à la fin du troifième livre de fon; Optique, après avoir rappro.cM les ppncipaux bus
de dilfohition de précipitation. & de cryftalUfation : * La marche de la nature eft donc tres-fimfle Je '<>"1“ “" ™ “ ^
,, à elle-même , puîqu’eïle produit tous les grands mquvemens des corps celeftes par la Srjyi,auoa ou l &
h proque- de ces corps-, & prefque- tous les petits mouvemens des particules des corps par dautres- forces attraiuvrppulfwes
réciproques entre ces particules. »> "
Voyez: les Mém. da l’Açad, Roy. de.'5ciencc-j.de cette annee^.
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«otre portée, tels que la forme ronde des gouttes
de fluide & l’afcenfion des liqueurs dans les tuyaux
-rflDillaires , ■ demandoient une autre loi. Mais quel-
J L ' années après, l’Uluftre Buffon prodmfit cette
Sue penfée que j’aurai occafion de développer dans
la fuite de cet article | qui fit comprendre comment
les attrapions prochaines pouvoient varier a ration
des figures (1) ; & le plus grand nombre des Chymiftes6
fatisfàit d’une théorie qui fe reboit dune manière
fi fimple à la phyfique du monde, ne s eft plus
occupé qu’à en étendre les applications. |
Le célèbre Macqucr a bien mérité d être cité parmi
ceux qui ont fenti les premiers la néceftité de ramener
les phénomènes chymiques à ces loix gène-
raies ; il écrivoit fon excellent article pefanteur, a
peu près dans le même temps que Venel denonçoit
comme une témérité inutile, le projet de selevera
la connoiffance de la théorie de l’affinité. >
J. Ph. de Limbourg, dans la Differtation déjà citee,
ne fe borna pas à combattre les hypothèfes abfurdes
qui rapportoient l’affinité à une identité dés parties,
ou à de pures configurations mèchaniques, il en chercha
l’explication dans la propriété effentielU: à tous
les corps de s’attirer réciproquement (2) ; & d etoit
fans doute bien peu éloigné du b u t, lorfqu’tl affignoit
comme fine fécondé condition de l’affinité , une Jimi—
litude de parties qui les difpofe à s'approcher fufjifam-
ment & par le plus de furface pofMc pour exercer leur
attraction réciproque^ -
En 17 72 , on éleva des doutes fur la caufe de 1 ad-
héfion des furfàces, & l’expérience authentique par
laquelle j’en donnai la fblution (voye% adhesion)
me laiffa , en quelque fo r te , l’avantage de produire
comme une vérité nouvelle ce que Newton avott
annoncé de la puiffance de cette adhenon dans le
vuide, ce qu’il avoit prouvé par la fufpenfion du
mercure à 70 pouces dans un tube de verre purge
d’air (3) , & que les plus célèbres Phyficiens avoient
abfolument perdu de vue. La comparaifon des forces
inégales d’adhéfion de différens corps entre eux me
fer vit bientôt après à établir une fuite ^ de rapports
conftans entre les phénomènes de l’adhefion & ceux
de l’affinité, & à donner une valeur numérique a
quelques, affinités du mercure avec les métaux.
Le nom d’attraâion éleélive donné par Bergman a
l’affinité annonce affez le principe fur lequel il en a
fondé l’explication, il la déduit réellement de lattrac-
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tîon newtonienne, il indique les circonflances oui
en font varier les effets dans les diffolutions & les
précipitations ; il a prévu tout l’avantage que la
Chymie pouvoit retirer de l’expreffion des affinités
en nombre & de la détermination des figures des
molécules qui s’unifient ; perfonne en un mot n’a
plus contribué à répandre cette do&rine, & n’en a
multiplié des applications avec plus de juffeffe & dfc
fagacité.
Il efl: donc vrai qu’à dater du milieu du fiècle
préfent, & fur-tout depuis environ une douzaine
d’années, tous ceux qui fe font occupés un peu fé-
rieufement de la réfolution de ce grand problème,
ont cherché dans la gravitation univerfelle la caufe
phyfique des affinités , quelle qu’ait été d’ailleurs
leur manière de les confidérer , & je dois encore
citer à. ce fujet Erxleben (4) j M. Achard qui a ob-
fervé & calculé les forces d’adhéfion d’un grand
nombre de -fubflances (5) , M. Wen^el dont les travaux
ont embraffé la compofition de tous les fols
| connus (6 ) , MM. JVeigel (7 ) , TViegleb {$),Succow
{9) , Lubbock (10), Hielm (1 1), & en dernier lieu le
célèbre Kirwan, qui, par des expériences ingénieufes,
a tenté d’ouvrir une nouvelle route pour définir
l’expreflion de la puiffance attraâive dans les phé«*
nomènes chymiques. .
Telle a été la marche de l’efprit humain dans la
recherche des vérités qui dévoient fervir de fondement
à toute la Chymie ; après en avoir tracé rapidement
l’hiftôire, il faut donner une connoiffance
plus entière de cette théorie par l’expofition des principes
fur lefquels elle eft appuyée , & des faits
déjà très-nombreux qui en vérifient les conféquences.
§. 11. Des principes phyjîques des affinités,
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La pefanteur ou la gravitation des corps qui ne
fut d’abord obfervée que comme un fait particulier,
eft reconnue préfentement par tous les Pyhficiens
comme un effet général; c’eft ce qu’ils expriment
très-clairement en ces termes : toute matière s'attire
: réciproquement, & de là viennent très-certainement
: la régularité des mouvemens des corps planétaires,
i la chute des graves, les hauteurs des marées, fo f-
cillation du pendule, & tant d’autres phénomènes
que l’homme a fournis au calcul. Que ce foit une
propriété effentielle de la matière, ou qu e ce ne
fil Seconde vue de la Nature , tom. XIII, de l’Hift. Natur. Paris, 1765:. , r 1 • 1
(») Geft ainfi qu’il dit dans <* Note ûtr le § . X I , a u goutte de mercure eft prefque ronde fu r le p a p ie r , un peu applaut.
fur Le verre, 6* p lu s -encore fu r les furfàces métalliques,
m m ez le troifième livre de fon Optique , queft. XXXI,
(4) Anfangsgrunde der Chemie. 1775.
(5) Chymifeh-Phyfifche jScriften. 1780.
• :(6) Lehre von der Verwandhaft der Körper. 1776-^
(7) Grundrifs der Reben uod Angewandten Chemie. 1777.
P f Handbuch- der Allgemeinen Chemie. 1781. _ , __
' (93 Anfangsgrunde der CEconomifchen und Technifchen Chemie. 17^4»
: (10) De Principio Soribili, &c. 1784. -, • d
(u ) Intraedes-Tal om Methoden uti Chemien och defs Vushet. 178J. y y y