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cultés fans nombre qu’en' fàifant naître des êtres
tout différens dés mêmes principes , à l’aide d’une
modification arbitraire par les cîofes. La difcuffion de
tant d’opinions diverfes leroit plus" fatiguante qu’utile,
elle m’obligeroit a répéter ce que j’ai déjà dit ( i ) ,
à intervertir l’ordre des matières réfervées à d’autres
articles : il me pâroît plus avantageux, plus conve-r
nable au plan de cet Ouvrage de réunir les preuves
de la fynrhèfe à celle de Fanaïÿfe 8c d’augmenter
ainfi la inaffe des faits qui feuls peuvent faire prévaloir
enfin la vérité.
§ . V I I . Vanalyfe confirmée par des. faits d'un ordre
inverfe.
Je fui v ra i, autant qu’il fera poffible, la même
marche dans cette expofition , afin de rendre plus
facile le rapprochement des phénomènes qui tiennent
aux propriétés des mêmes fubftançes : il y aura néan- i
moins cette différence que je les, parcourrai plus rapidement
, ne m’arrêtant qu’aux réfuitats, pour en montrer
l’accord , & renvoyant, pour la description com-
plètte & les conditions des expériences , aux articles
feparés auxquels elles appartiennent.
I. Si les métaux paffent à l’état d’oxides ,, comme
nous l ’avons dit , en recevant l’ox'gène , & par cela
feul qu’ris forment un compofé avec ce principe, il
doit y avoir quelque moyen d’en retirer Foxrgène ;
leur poids doit décroître en proportion ; cette privation
doit les rendre à leur premier état; la fubf-
tance employée à leur réchiétion doit lailTer un produit
de même nature que celui qui réfulteroit de
fà combuftion, & on ne doit àppercevoir aucune
trace-d’une autre matière, ou rendue libre ou fixée
dans l’un de cës corps & modifiant fês propriétés.
C’eft précifêment ce qu’on obferve; ’
Le mercure converti en oxide rouge par le feu,
avec le concours de l’air fournit à la diftillatioa en
vaiffeaux clos, au- moyen d’une température bien
plus élevée, une quantité d’oxigène à très-peu près
égale en poids,à celui qu’il a voit acquis par la calcination
; l’exigène reparoît en état de gasparce qu’il s’eft
recorhbiné avec lecalbrique qu’il avoir perdu, 8c qu’il
ne fê fêpare réellemént du métal qu’à la faveur de "
Faffinité qui produit cettecombinaifon - il ne refie
après cela que du mercure revivifie, ou comme il
étoit avant la calcination.
L’oxide rouge dé plomb , l’oxide noir de maganèfe
kiffent aller également une portion de leur oxïgène;
les métaux qui-le retiennent plus fortement le cèdent
à des fuMànces qUiontune plus grande- affinité
avec lui: :
Traite-t-on- air creufet un métal: & un oxide métallique?
fi le premier a plus d’affinité avec l’oxigène^
le fécond eft réduit-> on n’apperçoit toujours que le
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paffage de Foxigène d’un métal dans un autre. Ainff
l’oxide mercuriel éft * réduit par le fer ; on n’a 'pas
cette fois d’air vital parce' que l’oxigène efl repris au
moment même de fon dégagement. Le même échange
s’opère d’une manière encore plus frappante dans la
précipitation d’une diffolution métallique par un autre
métal.
Emploie-t-on le charbon pour la rédu&ion ? on a
de l’acide carbonique , on en a même avec les Oxides
qui feuls donneroient de l’air vital, 8c- le poids de
cet acide gafeux repréfente ce que le charbon 8c le
métal ont perdu.
Avec de l’hydrogène, on a 'd e . l ’eau, on en a
malgré toutes les précautions pour defîecher auparavant
les matières ; le poids de cette eau répond , à
très-peu d'e chofe près, au poids que le métal a
perdu y cette eau furpafie de beaucoup le poids de tout
le gas hydrogéné employé ; ,8c ce qui refie de gas a
les mêmes propriétés qu’auparavant, fans qu’on puiffè
y découvrir aucun mélange. Toutes ces circonfiances
l'ont attêftées par M. Prieftley dans fon dernier volume
(fifl. JH ) , 8c il efl facile de lès vérifier, ainfi que
je l’ai fait plufieurs fois, fans avoir -à' fa difpofition
un grand verre ardent, en fubftiruant à la fcoriedefer
de l’oxide de plomb, dans l’appareil décrit ci-devant
( Expèr. XI11 )Y ou autre beaucoup plus grand confia
truit fur les. mêmes principes..
Où placeroit-on dans tout ceci le phîogifiiqiie ? où
trouvera-t-on ïa moindre trace d’aucune autre matière
que celle qui frappe nosfens 8c qui agit fur nos
balances ? Dira-t-on que cè phîogtfiique- n’efl point
apperçu, parce qu’il entre 8c fort à travers les vaiffeaux
de verre ? il feroit donc la lumière ou la chaleur,
car ce font le feuls corps qui jouifîent de cette
propriété. Faut-il croire que ce phlbgiflique ne quitte
point le métal, qu’il y exifle feul avant l’oxidation -9
qu’il y exrfie uni à l’oxigène après l’oxidarion ? Voilà
fans contredit ce qu’on a imaginé de plus fpécieux
pour foutenir le fyftême de Stahî,, ou plutôt pour
créer un nouveau fyftême fans fe paffer de fon phlo-
giftique. Mais de quel droit regardera-t-on comme compofé
un métal dont on convient que l’on ne peut jamais
féparer aucune partie, qui prendTôxîgëne fans
rien perdre,'qui le laiffe aller comme il efl venu fans
rien emporter? Comment concevoir que ce foit ce
phlogiftique.qui décide exclufivement la combinaifon
par fon âéfion für Fàîr, & qtié l’être métallique quelconque
, qui n’entre pour rien dans cette affinité ,
demeure pourtant avec ces deux principes fànsqifon
puifie l’obtenir feul ? Comment imaginer encore-que
l-’oxrgèn'e, une fois fa tu ré par l'ephlogiftique du métal,
l’abandonne pour ••s’unir au plffbgiftique du carbone’On
de Fhydrôgènej qu’il préfère celui-ci ,■ fans,
qu’il y* ait aucune ràifoii de - choix, qu’il laiffe ce-
luHà’,'quoiqu’il foifidënff’qùë 8c farts q'n-’iî y ait feu1-
lemehf une- condition différente de température ( ML
9.";. Fe u t H. P?.rt*fe!..$u fepçné Àvertiffement dans laquelle j’ai rendu, compte des motifs qui müoite
ieftennfne-a-revenir lur quelques.pcnnts de thédris , ‘C ïd e v a n t' j r a g . - - -- ; m ■ -"j t RBi
AI R Prieftley a employé toute l’aâivité du feu folaîre pour
l’oxidation comme pour la réduétion du fer ) ? Ce fe-
roit-ià fans doute une anomalie d’un genre nouveau
dans la marche des affinités : difons donc que ce n’eft
en.dernière analyfe qu’une fuppofmon ajoutée à une
fuppbfition, 8c qu’elles font toutes'les deux d’autant
plus gratuites, qu’elles ne fervent en effet qu’à s’étayer
réciproquement.
II. L’acide phofphorique n’eft-il que le produit de
la combinaifon du phofphore avec l’oxigène ? il s’enfuit
qüe le phofphore doit s’acidifier toutes les fois
qu’il rencontre quelque fubftance à laquelle il peut
enlever l’oxigène ; que l’acide phofphorique tout
formé doit revenir à l’état de phofphore lorfqu’il eft
en contaél avec quelque matière qui ait plus d’affinité
avec l’oxigène ; en un mot, que dans tous ces
paffages la préfence ou l’abfence de l’oxigène eft la
feule condition des réfuitats.
L’obfervation eft parfaitement d’accord avec ces
conféqüences.
Le phofphore eft acidifié., à la chaleur de la di-
geffion dans l’acide nitrique; il eft acidifié même à
froid par l’oxide d’or diffous dans vu n acide ; il l’eft
par l’oxigène de l’eau dans l’opération du gas. hydrogène
phofphoreux ; 8c la preuve de la décompolitrion
de l’eau eft le dégagement de cet hydrogène que
. nous avons vu être l’autre partie conftituante de l’eau,
dégagement qui n’a lieu dans aucune autre acidification
du phofphore que par Fean.
Veut-on décomposer l’acide phofphorique ? il ne
s’agit que de lui enlever l’oxigène, que d’y porter
une fubftance qui s’approprie ce principe ; le carbone
remplit complètement cette condition, quand l’acide
eft privé de toute eau 8c à l’aide de la chaleur : on
ne trouve en effet après l’opération que du pjiof-
phore 8c du gas acide carbonique.
On tenteroit inutilement de ramener ici l’hypo-
thèfe d’un combuftible unique ; il faudroit encore
heurter de front ce principe évident, que les affinités
ou attrapions éle&ives d’un même corps pour un
même corps font conftamment les mêmes dans les
mêmes, circonfiances; car il eft bien connu que l’acide
muriatique oxignèné qui convertit fi facilement le
foufre en acidé ne peut rien fur le phofphore, même
à l’aide de la chaleur, 8c jufqu’à ce que la lumière
intervienne pour affranchir l’oxigène des liens de la
première combinaifon ; on fait d’autre part que. le
phofphore décompofe l’acide fulfurique ; enfin je me
ïiiis affuré que le phofphQre porté à l’ébullition par
le verre ardent, fous un récipient rempli de gas
nitreux, n’y produit 8c n’y reçoit aucun changement
; tandis que ce même gas nitreux eft décom-
pofé ii froid par le fiilfure de' potaffe ou par le foufre
réduit en pâte avec le fer. Ces phénomènes ne font
plus que des effets con-tracliPoires: d’une même, caufe,
dès que l’on veut faite abftraPion. dès affinités propres ,
des divers combuftvbtes avec l’oxigène, pour fepoïter :
toute Fâ&ion, ou du moins la première aélion , à l’affi- !
nité de leur prétendujphlogiftique avec, là bafe de l’air.
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III. Dans toute décomposition de l’acide fuifu-
rique, on n’obferve également que des phénomènes
conféquens à la théorie que j’ai donnée de fa formation.
On met dans un creufet du fulfate de potaffe 8c
du charbon , celui-ci s’empare de l’oxigène , on en a
la preuve démônftrative en recueillant à l’appareil
pneumatique le gas acide, carbonique qui fe dégage
en abondance ; il ne refie que du fiilmre de potaffe
ou un nouveau compofé abfoluinent fèmbiable à
celui que l’on produit par la combinaifon direéle du
foufre 8c de la potaffe , dont on peut de même précipiter
le foufre en nature , en reprenant l’alkali par
un acide quelconque. Demandera-t-on fi l’acide fui-
fursque perd ou acquiert quelque principe pour re-
paffer à l’état de foufre ? le poids de la matière qui
s’en eft . féparée décide irrévocablement la queftion
contre Stahl 8c fes partifana ;. 8c la qualité de cette
matière qu’il a perdue fe manifefte par toutes lés,
propriétés qui caraélérifent le produit de la combinai
fon de l’oxigène avec le carbone. Ceft pourtant
ce magifière, ou précipité de,foufre prétendu régénéré
j par conipofition , qui a été la première bafe cîe tout
| le fyftême phlogiftique; parce que foa auteur n’a voit-
| pas foiipçonné ce que Fon voit aujourd’hui fi clai-
j renient, que le 'déchet :eft fur' l’acide fulfurique , 8c
j que le charbon emporte ce qui lui manque de fubf-f
tance grave!, y . _ ■ ■ ■' •;
Dans cette défoxigénation du foufre, il y a toujours
un-peu de gas hydrogène dégagé, c’eft tout le contraire
de ce qui devroit arriver dans l’ancienne liy-
pothèfe; au refte Foriginé de ce gas n’efl pas difficile
à affigner, le charbon en fournit probablement
une portion, le refte vient de l’eau de cryftalüfatiort
du fél, qui, à un certain degré de chaleur , fe décorn-
pofe en cédant l’oxigène au charbon ;. auffi la quantité
de ce gas eft-elle bien moins confidérable quand
on opère fur le fpat pefant ou fulfate de baryte fec
ou même deffèché au feu, 8c avec du charbon que:
l’on a tenu quelque temps dans un creufet poiïffé
au rouge. Tel eft le procédé que l’on fuit aux Cours
publics de l’Académie de Dijon pour la démonftration
de ce fait capital, Sc j ’ofe dire que cette expérience
fimple n’a . pas peu contribué à défiller les yeux par
fon oppofition frappante aux réfuitats annoncés, par
Féthiologie de Stahl.
Le foufre n’eft pas feulement défacidifié par le
charbon, les métaux peuvent lui enlever Foxigène ,
non pas tous les métaux , .parce qu’ils n’ont pas tous
une égale affinité avec ce principe ; mais M. Àlonnet
avoit obfervé la reproduêlion du foufre en fraisant
au creufet Fanti moine 8c le fulfate de potaffe ; M..
Wafferberg avoit affuré que le même effet avoit lieu:
avec- le zinc;, le célèbre Fourcroy a pifolié depuis
des expériences qui répandent le plus,grand jour fur
cette déeompôfidbn de. l’aeide; fulfurique, en- même:
temps qu’elles font connoître les métaux qui jouiffent
de cette propriété. Quelles font- les eieconfiances
qui accompagnent cette décompofition ? celles pré—
cuémçnt éc excluilvwment que nous pouvons prévoir