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célèbre Chymîfte dont j’ai procüré la ttadu&îon
( joum. phyf tome X V I I I , page no & 383 , &
tovie X IX y page 324}, quelques expériences répétées
par M. Maret dans les cours publics de. l’académie
de Dijon, & ce qu’en a dit l’iiluftre Bergman
dans fon traité des attrapions élePives, que
je rédigerai cet article.
§ . I. De la graiffe ou matière fèbacée.
I. La graifle eft une huile concrète non volatile,
renfermée dans le tiflü cellulaire des animaux
; M. Scopoli croit que c’eft là fon unique ré-
lervoir. Elle eft communément blanche, ou tirant
légèrement au jaune ; fa faveur eft fade ; elle a
plus ou moins de confiftance dans les différens
animaux ; celle des quadrupèdes eft affez folide,
celle des oifeaux eft plus onPueufe ; dans les cétacés
& les poiffons, elle eft prefque fluide, & fe
trouve placée dans des réfervoirs particuliers,
comme dans la cavité du crâne. On la retrouve ,
dit M. de Fourcroy, dans les reptiles , les infePes
& les vers ; mais chez ces animaux elle n’accompagne
que les vifcères du bas-ventre, fur lefquels
elle eft placée par pelotons; on ne l’y rencontre
qu’en petite quantité fur les mufcles & fous la
peau. Le même auteur ajoute que la graiffe des
animaux carnaflîers eft plus fluide que celle des
frugivores; qu’elle eft plus abondante en hiver
qu’en été; qu’elle eft plus folide aux environs des
reins & fous la peau, que dans le voifinage des
vifcères mobiles ; enfin qu’à mefure que l’animal
vieillit, fa graifle acquiert plus de couleur, une
faveur plus forte, & même une confiftance plus
ferme. -Nous laifîbhs à examiner aux phyfiologiftes
comment elle fe produit, quelle eft fon influence
dans l’économie animale; fi elle fe r t, comme on
le croit, à entretenir la chalern des régions où elle
eft placée ; & fi elle contribue réellement à nourrir
les animaux fujets à de longues abftinences :
nous devons nous renfermer dans la recherche de
fes propriétés chymiques.
Pour obtenir la graiffebien pure , on la coupe
en morceaux, on en fépare les membranes & petits
vaifleaux qui s’y trouvent; on la lave dans
«ne grande quantité d’eau pure, pour lui enlever
toute .la partie gélatiaeufe qu’elle peut contenir ;
on la pétrit dans les mains, en renouvellant l’eau
jufqu’à ce qu’elle forte infipide & fans couleur,
après cela on la fait fondre à une chaleur modérée
dans un vaifleau propre, avec un peu d’eau, &
on la tient ainfi fondue jufqu’à ce que toute l’eau
foit évaporée; on la met pour lors toute chaude
dans un pot de fayance, où elle fe fige en re-
froidifîant.
L’eau que l’on ajoute fert à empêcher que la
graifle ne fe ratifie, & lui forme une efpèce de
bain-marie qui tempère l’adion du feu, & rend la
chaleur plus égale ; mais il faut avoir foin qu’il
ti’en refte point, ce qui ne manquerait pas de hâà
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ter fa rancidité. On reconnoît qu’elle eft toute
évaporée à la ceflation du bouillonnement qui dure
tant qu’il en refte ; on s’en affure encore en en
laiflânt tomber quelques gouttes fur le feu , où elle
doit brûler fans pétillement fi elle ne récèle plus
d’humidité.
La graifle ainfi purifiée eft blanche , elle n’a
qu’une très - foible odeur qui lui eft , propre , fa
faveur eft auffi très-foible & même très-fade. Elle
s’approche beaucoup des huiles grafles, telles que
les huiles de ben , d’oliv e, tkc. qui n’ont aucun
caraâère réfineux ni gommeux, & qui ne font pas
ficcatives; elle préfente les mêmes phénomènes
avec les acides minéraux ; comme elles, elle forme
des favons avec les alkahs & les terres cauftiques ;
elle ne laifle aller aucun principe à la chaleur de
l’eau bouillante, & ne prend feu que quand elle
eft échauffée à l’air libre, au point de s’élever en
vapeurs ; elle ne fe mêle point à l’eau fans intermède
; elle eft infoluble dans l’efprit - de - vin , à
moins qu’elle n’ait fubi l’altération que l’on nomme
rancidité, dont elle eft plus fufceptible que la plupart
des autres fubftances huileufes.
II. Neuman a traité à la diftillation les graiffes
d’oie, de porc , de mouton & de boeuf, dans une
cornue de verre , à un feu gradué : 2 onces ou
060 grains de la première lui ont donné environ
60 grains de liqueur empireumatique , & 890
d’huile brune, ayant une odeur de raifort fauvage ,
& 10 grains de charbon brillant. Il retira les
mêmes produits de la fécondé, à la feule différence
que la quantité de flegme fut, de 10 grains
de plus, & celle de l’huile 10 grains de moins. Il
obtint de la troifème 90 grains de liqueur empireumatique
, 854 d’huile & 16 de charbon brillant
; 2 onces de fu i f de boeuf lui donnèrent par le
même procédé 60 grains de liqueur empireumatique,
852 d’huile, ayant de même l’odeur de raifort,
& 18 grains de réfidu charbonneux luifant.
Chymia medica, &c. tome III.
Cet auteur conclut de fes analyses, qu’il y a peu
de différence flans les graiffes, que celle du boeuf
paroît feulement tenir un peu plus de matière tér-
reufe ; il avertit cependant que cela ne doit rien
préjuger pour l’identité des effets médicinaux ; il
les regarde au furplus comme un mélange phy-
fique de parties huileufes, gélatineufes & aqueufes,
avec un peu de terre & quelques parties falines
interpofées.
Je n’ai pas befoin de faire obferver combien
ces analyies font éloignées de la précifiom que
les Chymiftes - s’attachent à porter aujourd’hui
dans ces opérations. Il ne fait point état de la
perte ou’occafionne toujours la réfolution d’une
partie des produits en leurs élémens aérifprmes ,
ce qui prouve qu’il a plutôt êfti'mé que rnefurê
rigoureufement les quantités.
D’autre part , il décide fans examen que le réfidu
charbomjeux, o u , comme il l’appelle, le ça-;
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put mortuum, eft une terre, tandis que nous favons
préfentement que ces charbons qui refiftent
fi puiflammeat à l’incinération , font pour la très-
grande partie une véritable plombagine.
On eft moins étonne qu’il ne fafle aucune mention
de l’acide : Muftre Macqucr a avoué que
quoique prévenu par les obfervarions d'Domberg
fur le produit acide de la diftillation du fana, il
avoit été fur le point de conclure que ce C hy -
mifte s’étoit trompé, parce que la préfence de
. l'huile empêche cet aride de fe raanifefter par fon
aélion ordinaire fur le papier bleu , & que l’endroit
qui: en a été touché ne devient rouge que
- quand il commence à fécher. ( Êlém. de Chym. &c*
tome I I , part. 3 , chap., 2 ). Il n’y a pas de doute
que ce ne foit cette circonftance qui.ait induit en
erreur tant de Chymiftes fur la vraie nature de
l ’un des produits de diftillation des matières végétales
& animales.
Hoffmàn croyoit q-i* le principe falin des graiffes
huiles animales étoit purement alkalin, à la différence
des huiles .végétales;& il en donnoit pour
preuve que celles- ci occafionnoient une rouille
- verte dans lès vaifleaux de ' cuivre , tandis que la
graiffe confervée long-temps dans les mêmes vaif-
-lèaux, leur communiquoit une belle couleur bleue1,,
■ effet qui, fuivant cet auteur , ne pouvoir être,
produit que par un principe alkalin ( Ôbferv..
chym„ liv. ; , n. 14') ’, cet argument ne prouve
rien, ou fait que cette couleur ne dépend que
d’une plus grande quantité de phlogiftique qui. refte
unie à la chaux métallique , elle le conferve même
flans plusieurs diffolutions bien caraétérifées acides..
M. Vogelz mieux connu l’huile empireumatique
que l’on tire de la graifle par le feu , & reconnoît
au contraire qu’il n’y a qu’un principe falin acide
mais lès expériences de MM. Segner & Crell que
je vais rapporter,, ne kiffercnt plus aucun doute à-
ce ïùjet..
i ° . Le fu i f de boeuf ayant été diftillé an feu de
fable dans une cornue de verre, il paffa beaucoup
d’huile & un peu dé flegme ;. ces produits avoient
une odeur qui attaquoit le cerveau ; ils n’éprou- ;
vèrent aucun changement arec les acides;ils formèrent
des favons lorfqù’oa les agita avec une
fliffolurion de potafle,,. Le flegme rougeâtre avoir
un goût acide; il fit efferveicence avec l’alkaii;
cependant il ne changea pas en rouge le fyrop de.
violettes ;• il lui communiqua plutôt une couleur
qui tiroif fur le brun , ce qui venoit des parties
huileufes qui lui étoient encore unies.
2°.. La moelle de boeuf donna les mêmes produits
excepté qu’il paffa d’abord un fuif blanc fembla-
ble au beurre de cire. Le flegme ne fentoit rien
par lui-même; quand il étoit échauffé> il avoit:
une odeur piquante, & il la eonfervoit tant que. j
tel fubôance empireumatique qui. lui étoit adhè-I
sente, en gennettoit. l’évaporation-.. L’alkaii. fixe *
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| - y occafionna une effervescence foible, mais feu-
î fible, & qui dura affez long-temps.
3e. Le fu i f difiilié avec les cendres non leffi-
v é e s , ne .fournît point d’alkali volatil. L’huile
qui paffa étoit prefque noire, fans doute parce
qu’il avoit fallu une chaleur plus considérable
pour rompre la combinaifon favonneufe. Le flegme
reffembloit à l’efprit-de-tartre y\\ ne fit aucune ef-
- fiervefêence avec l’alkaii, &. verdit le fyrop de
violettes,
40. Avec la potafle, le fu i f donna de même
une huile noirâtre, le flegme avoit le goût alkalin ;
il fit effervefcence avec l’acide nitreux;l’alkaii s’étoit
élevé au col delà cornue à la faveur de l’huile
§ ° . La graiffe de porc , diflillée feule donna une
huilé brune fluide & preSqne point de flegme , if.
refta dans la cornue quelques grains de matière
noire. L’huile fluide pefoir à-peu-près autant que
" la graiffe employée ; elle avoit une foible odeur
empireumatique; elle-ne donnoit aucun Signe d’alkali
volatil. Le goût fembloit indiquer un acide
mais il paffeit bientôt à Famer.. Le fyrop de violettes
prit avec cette huile une couleur obfcure -,
tirant fur le verd*
6°. La graiffe humaine ne donna rien au 470^
degré du thermomètre de Farenheit 202.de Rù u~
mur) , frès-peu de chofe au 5 50e ; ce ne fur eue
quand la chaleur eût été portée au 6oôe degré (270*
de Réaumur ) ,. qu’if paffa environ .100 gouttes de
flegme fur 4, onces, & une grande quantité d’huile*
Il refta dans la cornue 6 gros d’une huile épaifle.
très-noire. Le flegme parut donner au fyrop de
violettes une- nuance rougeâtre ou violâtre, l’odeur
étoit forte, & fi infupportable r qu?on ne pût
en déterminer la nature ;. la. faveur étoit trés.-âtre
empireumatique , & tiroit à facide. L’huile reftée
dans la cornue étoit épaifle comme du miel', fentoit
peu l’empireume , & avoit un goût douceâtre*
Le flegme fit effervefcence avec la diffolution.
de potafle;. il prit, un goût falé par la faturation -
il fournît, par L’évaporation, à l’air libre , ime liqueur
un. peu épaifle qui avoit un. coup - d’oeiL
jaune* Quelques particules friables , irrégulières
même au microfcope, fe raffemblèrentà-peu-près
comme des cryftaux. Le tout ayant été defleché:
au feu r fe réduifit de nouveau à L’air en une liqueur
faline,: â c r e a m è r e & non alkaline*
7°,.Le beurre falé a donné à la diftillation une huile
un peu épaifle dans laquelle on remarquoit quelques
parties femBlables à du Suif mou ; l’odeur
en étoit extrêmement piquante. Le flegme avoiît
un goût fort- âcre , il deyint tranfparent à une fécondé
diftillation ; il avoit encore une laveur
très - forte, mais nullement aride r cependant ill
fit un peu d’effervefcence avec l’alkaliy & parut
altérer légèrement en rouge le fyrop de violettes»
8°. Le beurre non falé a donné lés: mêmes produits
„ feulement i’edeurv.n’étoirgas aufll vive - le