
faturatïbn , & à volatilifer calcination. cet acide excédent par la
Plufieurs artiftes & plufieurs médecins croient
que la blancheur de ce fel eft un figne affuré de fa
perfection: d’autres veulent qu’il foit brun, & tandis
que pour lui procurer la blancheur, les uns
multiplient les dinolutions, les filtrations & les
cryftallifations, exigent qu’on n’emploie que du
vinaigre diflillé ; les autres qui ne redoutent pas
que ce fel ait une couleur brune., qui le défirent
même, regardent ces diffolutions & ces filtrations
réitérées comme fùperflues, & veulent qu’on fe
ferve de vinaigre rouge exactement filtré. La difi
folution dans l’efprit-de-vin leur paroît fur-tout une
précaution'& une dépenfe inutiles qui rendent ce
fel plus cher fans en augmenter les bonnes qiufi
lités.
Ce coup-d’oeil jetté furies motifs des différentes
opinions des artiftes doit fùffire pour faire apprécier
les différens procédés dont l ’expofition fe
trouve dans les différentes pharmacopées ; & , avant
de décrire celui que je crois convenable d’adop-
t e r , je ferai obferver qu’il feroit à propos de faire
deux efpèces de ce fel ; que fa qualité fàvoneute
étant indubitablement due au principe huileux de
l’acide acéteux, il eft des circonftances où l’on
peut défirer que ce principe s’y trouve dans la
plus grande quantité poflible, & qu’il en eft , où
n’étant pas fi -néceflaire, il eft moins important
que cette efpèce d’hepar contienne beaucoup de
principe huileux , & même il eft avantageux qu’il
y entre en moindre proportion, afin qu’il en foit
plus roborant excitant.
Les premières de ces circonftances font celles où
les humeurs ont un degré de vifcofité qui exige une
fùbftance très-favoneufe pour en faciliter la diffo-
lution ; tels que les engorgemens lymphatiques &
bilieux.
( Parmi les autres on doit ranger les engorgemens
féreux & laiteux, dont la réfolution exige un agent
plus ftimulant, plus capable de réveiller le jeu des
organes excrétoires & de procurer des évacuations
par les voies urinaires & par les felles.
D’après ces confidérations, je penfe donc qu’il
faudroit avoir dans les boutiques un acète de po-
taffe d’un blanc légèrement terne, & un de couleur
tuant fur le brun : mais comme il feroit également
à craindre que ce fel fut trop blanc, couleur
qu’il ne pourroit acquérir qu’aux dépens de
fa douceur, & qu’il fut trop brun à raifon de la
combuftion de fon huile ; il faut, pour fe procurer
à volonté l une ou l’autre de ces efpèces de fol,
que tout dépende de la qualité de l’acide qu’on
aura employé, que le blanc foit le réfultat de la 1
combinaifon de l’acide acéteux diftillé avec de la I
Eotafte & le brun celui du même acide non diftillé.
a préférence que, pour cetteefpèce-ci, je donne à
l’acide acéteux rouge, eft conforme à l’opinion de
M. Becher, expofêe dans la thèfè qu’il a foutenue
en 1775 ** Gottingue. Mais je ne crois pas pouv
o ir , avec ce favant médecin, donner atfolument
1 exclufion a l’acide acéteux diftillé pour la comno-
ntion de Yacete de potaffe. 1
Des-lors je penfe qu’il convient d’employer peur
de cet ace'te » tantôt pacide acéteux
diliillé, tantôt l’acide acéteux fimplement filtré.
Pour s’épargner l’embarras de féparer de la po-
tafle les terres avec lefquelles ce fel fe trouve affoi
9 J.e. J oudrois <ïll’?n ne fe fervît que de potaffe
méphitifée, c’eft-a-dire cryftallifée par l’acide méphitique
ou air fixe.
Cette dépuration étoit difficile & difpendieufe
avant la connoiffance des gas & de leurs proprié-
tés. Cartheufer n’y avoit réuffi qu’en mélangeant
de 1 alkali volatil méphitifé avec de l’alkali fixe ;
mais on peut l’opérer à peu de frais à l’aide de 1 acide méphitique. Voyez Potasse.
Prenez donc potaffe méphitifée , quantité fuffi-
fante ;
Verfez-y peu à peu de l’acide acéteux de la qualité
convenable au fel que vous délirez avoir ; agi-
tez le mélangé pour favorifer la combinaifon de
racide & de l’alkali ; mettez même le vaiffeau où
fe fait 1 opération fur un bain de fable un peu
chaud. Il y aura beaucoup d’effervefcence, fi l’acide
eft bien concentré, & fi l’on a employé la.
potaffe méphitifée, & très-pen, fi celle-ci n’eft pas
aerée & fi l’acide eft diftillé ou très-délayé ; laiflez-
la fe calmer avant de verfer de nouvel acide
portez la quantité du difiolvant jufqu’à faturatiom
parfaite ; appréciez cette fàturation par les moyens
connus ; filtrez la diffolution, & faites-là évaporer
à un feu très-doux : lorfque le fel commence à
paroître, on achève l’évaporation au bain-marie,
oc l’on a foin de remuer la maffe faline à mefure
qu’elle fe defsèche.
Ge fel doit être doux au toucher, favoneux,
“ lin? Payeur légèrement piquante, fans qu’on y
démêle rien d’âcre ni d’empyreumatique. Les cryfi
taux ont ordinairement la forme écailleufe micacée;
mais quand ils feroient informes, il ne faudroit pas
en conclure qu’ils feroient imparfaits ; cependant,
comme on défire en général cette configuration
dans leurs cryftaux, & que de cette figure il a pris
le nom de terre foliée, on peut, pour h lui procurer
,. employer le moyen imaginé par M. de îa
Garraye pour la cryftaîlifation de fes fels effen-
j tiels, faifir le moment où la diffolution paroît difi
pofée à cryftallifer ,1a faire tomber fur des affiettes
modérément échauffées au bain-marie, & recueillir
} les cryftaux avèc lés précautions indiquées par M.
de la Garraye.- f
On renfermé ce fel dans des bouteilles examinent
bouchées , parce qu’il eft trés-déliquefcent,
& lorfqu’on eft dans le cas d’en pefer, on doit
1 avoir attention de bien effiiyer le goulot, pour
I prévenir l’effet de l’humidité qui pourroit s’intro-
j duire dans le flacon. Lorfquil eft tombé en déli-
| quefcence,on le nemmçarcane,ou felfecret detartr
on le trouvé dans quelques boutiques fous le nom
de liqueur de terre foliée.
Cet acète de potaffe eft diffoluble dans l’eau &
dans l’efprit de vin. L’on peut profiter de cette
propriété pour le conferver en liqueur j l’on appellera
la diffolution aqueufe, liqueur d'acète de potaffe,
& l’on donnera à la fpiriteufe, le nom d'alkohol
d*acète de potaffe. Nous donnerons à l’article Alko-
hol, la manière de le préparer. Voici la manière
de procéder à la formation de la liqueur aqueufe.
Prenez acète de potaffe bien defféché, deux onces.
Diffolvez-le dans eau diftillée, fix onces ; laiffez-
en digeftion à une chaleur douce, & filtrez onfuite
la liqueur que vous conterverez.
Boerhaave donne la formule d’un acète de potaffe
liquide, qui diffère de celui - ci par un moindre
degré de pureté , & peut, fans grand inconvénient,
lui être lubftitué.
On prend, cendres gravelées, deux onces ;
D e très-fort acide acéteux bouillant , trente
onces ;
On verte cet acide fur les cendres gravelées,
on filtre la diffolution, on la fait épaiffir par l’évaporation
fur le feu, & on la conferve pour l’u fage..
On fuit à-peu-près le même procédé dans quelques
hôpitaux militaires, en faturant de l’acide
acéteux blanc par la potaffe déliquefeente, ou ce
qusoit appelle dans le commerce, huile de tartre ,
qui eft effentiellement le même fel que la cendre
gravelée.
U acète de potaffe e ft, comme il a été dit ci-deflùs,
un apéritif favoneux ; mais indépendamment de fa
propriété diffolvante, il devient purgatif , ou diurétique
, fuivant la dote à laquelle il eft adminiftré.
Lorfqu’on veut le donner comme un fimple altérant
, fans produire d’évacuation fenfible, la dote
eft de vingt-quatre grains à demi-gros ; il eft diurétique
de un gros à deux gros, & purgatif de deux
gros à fix $c même plus.
Comme ce fel irrité p eu, on peut l’employer
avec fuccés, & fans inquiétude comme purgatif
dans les affedions hypocondriaques & hyftériques.
C ’eft dans des bouillons , dans des apozemes,
dans des tifaimes ou des potions qu’on donne Vacète
de potajje ; . fa déliqueteence empêche qu’on ne le
faite entrer dans les préparations folides, telles que
les bols ou les opiates.
La liqueur dyacète de potaffe, foit par déliqueteence,
foit par diffolution dans l ’eau diftillée, te donne
dans les même cas & dans les mêmes proportions,
fuivant les effets qu’on attend de fon ufage : la goutte
de cette liqueur équivaut, à peu de chofe près, à
un grain de cet acète.
On pourroit avec avantage préparer officinale-
ment un acète de p o ta f fe dont la vertu diurétique
teroit augmentée par la combinaifon de l’acide
méphitique. Tout confifteroit à faire la combinaifon
de la potaffe & de l’acide acéteux dans un
vaiffeau fermé, & à favorifer la diffolution de l’acide
méphitique dans le menfinie aqueux dont on
auroit fait choix pour être le véhicule de Y acète.
Par exemple :
Prenez quatfe onces d’eau diftillée de pariétaire
ou d’une infufion de fleurs d’orties ou de quelque
végétal diurétique ; rempliffez - en une bouteille ;
mettez-y,
Potaffe méphitifée, fix grains;
Acide acéteux diftillé, un gros.
Fermez fur le champ la bouteille avec un bouchon
de liège qui en rempliffe exa&ement le goulot
; agitez-là, renverfez-là fur fon bouchon , &
après une heure environ de repos, vous aurez une
eau chargée d?acète de potaffe & d’acide méphitique ,
& qui réunira à une propriété diurétique celle d’un;
anti-feptique.
On peut, en augmentant les dotes de ces ingré-
diens dans les mêmes proportions, rendre cette
potion plus aétive ; & c’eft au médecin à les doter,
fuivant les indications qu’il veut remplir , & l’état
de fon malade.
On verra à l’article Sel d’absinthe , & Potion
de rivière , que cette potion célèbre doit fon efficacité
à la même combinaifon d’acide méphitique
avec le citrate de potaffe.
M. L ewis , dans fa pharmacopée, dit que deux
gros de potaffe faturés d’acide acéteux diftilîés &
donnés étendus dans une livre d’eau, ont guéri des
hydropiques en leur procurant dix à douze felles
& une abondante excrétion d’urine. J’ai efïayé
cette combinaifon ; j’ai trouvé que cette quantité
de potaffe exigeoit, pour fa faturation, deux onces-
un gros & demi d’acide acéteux,. & que les malades
ont eu d’abondantes évacuations par les telles*
& par les voies urinaires. Acète de soude. Sel formé de l’acide acéteux
& de l’alkali fixe minéral. La propriété qui le différencie
le plus tenfiblement de l’acéte de potaffe,
eft une cryftaîlifation permanente ; on lui avoit en
conféquence donné ïe nom de terre foliée cryftallifée.
L’impropriété frappante de cette dénomination
avoit déjà engagé les auteurs des élémens de
Chymie de l’académie de Dijon, & M. Fourcroy
à lui fubftituer celle de fe l acéteux minéral.
Uacéte de foude te cryftallife en prifmes ftriés
affez fémblables au vitriol de fbude. M. "Weften-
dorf a remarqué que ce tel préparé avec l’acide
très-concentré, qu’il appelle vinaigre fumant, ne
donnoit pas auffi facilement des cryftaux.
Pour obtenir la cryftaîlifation de Y acète de foude9
on évapore la liqueur jufqu’à pellicule, & on 1®
porte dans un lieu frais. M. Baume recommande-
d’y laifler un peu d’alkali par excès ,- parce qu’au-
trement la liqueur deviendroit fyrupeufe, oc ne
donneroit pas de cryftaux, même dans l’efpaee de
plufieurs mois ; cela n’empêche pas , fuivant ce
Chymifte, que ce fel eryftallifé dans une liqueur
alkalïne ne loit parfaitement neutre ,. lorfqu’il eft
bien égoutté fur le papier gris. Enfin il attribue la
prompte cryftaîlifation par ce procédé à la propriété
qu’ont certains fels de te précipiter l’un par