
aujourd’hui une des bafes les plus importantes des
recherches de la. Chymie fublime , le premier pas
à faire dans cette carrière difficile étoit de découvrir
ce qui le fixe d'acide réel dans ces combinai-
fons , indépendamment dp l’eau qui lui eft toujours
unie, & d’établir des rapports de pefanteur fpé-
cifique qui puffent fervir à faire 'connoître cette
quantité , en même temps qu’ils détermineroient
le degré de concentration. 11 faut expofer ce
fujet les belles expériences de M. Kirwan , d’autant
plus qu’elles forment la première donnée d’un
fyftême ingénieux qui embraffe tous les acides &
tous les fels.
« Lorfque je lus, pour la première fois, ( dit cet
» académicien ) les expériences du doéleur Prieft-
» ley fur l ’air ( four ce inépuifable de découvertes
» futures ) , le changement de l'acide muriatique
« en gas , & la régénération d’une liqueur en tout
» femblable à l'acide muriatique par la réunion de
v ce gas à l’eau , me fit concevoir la poffibilité de
» découvrir la quantité exaéte d’acide contenu dans
» .d e l'acide muriatique, dont la pefanteur fpéci-
» fique feroit donnée , & par ce moyen celle de
» toute autre liqueur acide ».
M. Kirwan. prit en conféquence deux bouteilles
qu’il remplit avec foin d’eau diftillée jufqu’au goulo
t , & qui en contenoient en tout 1399,9 grains;
il les mit fous deux cloches de verre pleines de
gas acide muriatique retiré du fel commun par le
moyen de l’acide vitriolique aidé de la chaleur,
& avec l’appareil au mercure : il renouvella ce
procédé jufqu a ce que l’eau en fût chargée ; elle
prit en huit jours 794-pouces .cubiques de gas,
le thermomètre & le baromètre n’avoient point
varié fenfiblement ; l ’eau, ou plutôtla liqueur acide
pefoit alors 1920 grains , e’eft-à-dire 520,1 grains
de plus qu’auparavanr, & qui étoient par confé-
quent Je poids du gas qu’elle avoit abforbé ; fa pefanteur
fpécifique fut trouvée 1,225 , furquoi M.
Kirwan établit ce, calcul :
Perte de poids de l'acide dans Veau, ou
poids d'un volume égal
d'eau,.. 1567,346 grains.
ôtant... 13 99,900 poids de la quantité réelle de Veau.
relie.... 167,446 pour la perte éprouvée parle gas.
Nous avons vu que le poids de ce gas etoit de
520,1 grains , il ne s’agit donc plus que de divifer
cetté quantité par la perte de poids qu elle a éprouvée
& on a 3,106 qui eft la pefanteur - i 67>4+6 . r . ESB - , , ,
fpécifique du gas acide muriatique dans ! état de
condenfation où il fe trouve quand il eft uni a
Veau. , . ,
M. Kirwan ne préfente ces réfultats qu avec la
louable circonfpqélion d’un pbyficien qui fent combien
la précifiori eft difficile en pareille matière &
qui avertit le premier des accidens qui peuvent en
écarter; cependant il s’eft alluré par l’expérience
que la denfité acquife étoit celle du gas acide , &
ne provenoit pas en partie de l’attraélion qu’il
exerçoit fur l’eau, puifque ayant expofé pendant
cinq jours 1440 grains de cette liqueur acide à
de nouveau gas, il trouva qu’elle pefoit, au bout
de ce temps , 122 grains de plus, & que la pefanteur
fpécifique de cette liqueur étoft alors
1,25*3 , ce qui étoit abfôlument conforme au
cacul.
Suivant M. Baumé, la pefanteur fpécifique de
Yacide muriatique le plus fort eft 1,187 • M. Bergman
la porte à 1,190 ; cependant Homberg affu-
roit en avoir obtenu par la diftillation dont la
pefanteur fpécifique étoit de 1,300 ;& M. Kirwan
penfe que celui dont parle le doéleur Prieftley de-
voit être d’à-peu-près 1,500 ; il en a fait en conféquence
le premier terme de la table fui van te ,
au moyen de laquelle , connoiffant la pefanteur
fpécifique d’un acide muriatique , on juge au premier
coup-d’oeil ce qu’il tient d’acide réel &
d’eau.
Quantités proportionnelles
......... ..... -------- - Pesanteur
d’acide réel. d’eau. fpécifique.
M r>497 j
60 1 >4-31 g
B B ■ 1 .3 S 1 S
80 I .341 I
■ 9° : I,308
• 100 HHH 1,282
IIO ^ 9
120 1,240 .
139 1,22.3
140 '■ I ;a09
1,190
160 I,l85
1 70- 1,175
OO'
O
I ,l6 6
4? )7 | 190"- I5I58
200' 1,151
210 | 1,144
220 1,13b
230 1,1132
240' 1,127
2<0 : 1,122
260 I ,I ï8
H n B M 1,114
280 1,1 f ô . !
-290 I , I 06 ' B
• :3op 1,103
. 310 1,100 . 1
3 2c) B 1,097 1
3 3 ? , , 1 1,091 |
3,4° 1,089 I
■ nntiir— I,o86 1
00
1,084
Quantités proportionnelles V ***&*** V PESANTEUR
d’acide réel. d’eau. fpécifique.
1,082 |
i,o8 o- f I 4**7 1,078 i
'3:7à • 380 1
1 Hj H
4°°
i ,ô j6 1
1 4 i O. ’ J .°7 4 f
Suivant l’auteur de cette t a b le Yacide muriatique,
dont la pefanteur fpécifique eft 1,261 & au-deftous,.
n’a que peu ou point d à-ttraélion avec 1 eau , n attire
rien de l’air , & ne peut produire de chaleur
capable de faire monter un thermomètre dont
on y plonge là boule, comme le font les acides
vitriolique &. nitreux.
Cette obfervation vient à. l’appui de la conjecture
que j’ai déjà, eu plus dîune fois occafion de
propofer , qui eft que les acides aériformes tiennent
une portion plus confidérable de matière calorifique,
qui peut être rendue libre dans leur unions
avec l’eau. Ce feroit donc un nouvel élément dont
il faudroit tenir compte dans la- détermination ri-
goureiife du rapport de volume à la.quantité de-
matière contenue dans la liqueur acide ; mais il
faudroit auparavant que l’exiftence de ce nouveau
principe dans le gas acide fût bien conftatée,que
là dofe en fût- fixée ; & comme fa pefanteur eft
évidemment nulle dans l’air commun , on fent
t out-à-la-fois la difficulté de le faire entrer dans
le calcul, & le peu de changement qui en réful-
fcerpit. Isa table-de- M.. Kirwan peut donc être, regardée
, même dans cette hypothèfe , comme fuffi-
famment exaéte pour tous les cas où l’on aura be~
foin de la confulter.; & je ne fais cette remarque,
que parce qu’il importe de recueillir jufqu aux
indices de la plus- foible partie conftitiiarite d’un
corps, puifque cette connoiffance eft néeëflaire; à
fön, analyfe &. peut fervir à.l’explication d’autres"
phénomènes. #
La chaleur fpécifique de Yacide muriatique- fumant
, fa denfité étant : : 1,12 a,, a été trouvée de
g,680, c’eft-à-dire de 0,3 20 moins que celle de l’eau
au terme de la glace, & 0,104 plus qu’un acide
nitreux fumant^ dont la denfité étoit': : 1,3.55;
Koye% C alo rifique.
11 y a quelques opérations dans lefquelles il eft
néeeftaire d’employer de Vacide muriatique• étendu
ou délayé; pour que cette expreffion ne feit pas
trop arbitraire on doit entendre, avec M. J3erg^
man, un acide dont la pefanteur fpécifiqu» foit un
peu au-deffous de i , ioo.
U acide muriatique-agit puiflâmment furies terres -,
lès àlkalis & les métaux. Les produits de. fes conr-
binaifons ont reçu des dénominations auffi fauffes
qi+e difgarate s, ou du moins incommodes- & . peu,
propres à foulager la mémoire , telles que fe l marin
à bafe de terre pefante , fe l de fylvius, lune cornée 9
précipité blanc , fublimé corrofif, beurre d'antimoine y
&c. Nous donnons à tous ces fels le nom générique
de muriate , fuivi dé I’expreffion de la bafe, Ain fi c’eft au mot Muriate qu’il faut chercher
leur, préparation, leurs propriétés & l ’aélion qu’ils
exercent eux-mêmes fur d’autres fubftances ; nous
nous bornerons à: préfenter. ici quelques çonfidé-
rations générales fur les produits de notre acide ,
comme pouvant fervir. à taire mieux connoître fa
nature particulière.
Les diflblutions par Yacide muriatique ne font pas
accompagnées d’autant de chaleur que celles parles-
acides vitriolique & nitreux.
L 'acide muriatiqueoxàïnairje n’a point d’aélion fur
le foufre.
ll forme des fels cryftallifables-, permanens avec'
les- mêmes terres qui en donnent avec l’acide nitreux
; il diflout un peu de vitriol calcaire & de'
fluor minéral fans les décompofer.. Suivant l’obfer-
vation de Schéele, il diflout l ’arfeniate mercuriel
qui n’eft pas attaqué fenfiblement par l’acide
nitreux , ni même par l’acide vitriofique.
11 n’a aucune aélion fur la terre quartzeufe. M„.
Prieftley rapporte que Yacide muriatique enfermé
dans des tubes de verre de différente qualité, fcel-
lés hermétiquement&. expofés long-temps à la
chaleur du bain de fable, y a produit une matière
fallu e 3 mais ce pbyficien exadl ne laiffe pas même
foupçonner que Ja partie vitrifiable ait été réelle--
ment attaquée : lorfqu’il employa du flint-glaff, cette
matière étoit un muriate de plomb ; lorfqu’il fe
fervir de verre noir ou verd, c’étoit du muriate
calcaire.; l ’un & l’autre de ces fels étoient mêlé&'--
;de terre non . foluble , comme il arrive à tous les-
verres ex-pofés à. l’adlion d’un acide puiflant, quand.-
le fondant y eft trop à nud.
Quoiqu’il foit bien reconnu que Yacide muriati
que- a moins d’affinité avec les alkalis que les acides^,
nitreux & - vitriolique, néanmoins il décompofe àa
la cornue les nitres .& les vitriols à bafe alkaline : -
ces faits obfervés d’abord par MM. Màrgraff &-
Baumé , ont été de nouveau examinés par M. Gor- -
nette {Mémide l'-acad., 1778. )_Cet académicien mit'
dans un matras une demie once de vitriol de po-
taffe pulvérifé, une once & demie à'acide muriatique?
fumant reélifié fur. le fel commun , dont la pe- -
fauteur fpécifique étoit 1,177 ; & ayant fait bouillir
ce mélangé , il obtint , par la cryftaîlifation,.
du muriate de potaffe , auquel une feule difiolutioni
enleva la portion d’acide qui fe trouvoit engagée
dans les cryftaux. .ll a obfervé qu’avec de Yacide£
muriatique plus foible, ou affoibli par l’eau de dif-
folution de vitriol de pptaflè ,1 1 .» y avoit point de^
décompofition/
11 réfulte encore èés'expériences de MC' Cornette,,
que la décompofition du vitriol de foude s'opérer-'
encore pluspromptement-,, plais . facilement,
1 ayçç UU $çide muriaüqye plus foible ou pjus àffoih&i