
laifla refroidir , & trouva au col de la cornue un
fol brunâtre , qui avoir un goût acide & empy-
reumatique , peu foluble dans l’eau ,. fe diffolvant
plus facilement dans l’efprit-de-vrn, ce qu’il attribua
à la préfence d’une matière huileufe. Il y avoit
dans le récipient un peu de liqueur brune,. qui
avoit toutes les propriétés d’une difTolution aqueufe
du fel précédent. Le réfidu étoit un charbon très-
leger, comme celui que laifîe le fucre de lait à la
diftillation j. il n’a point donné de traces d’alkali ,
mais l’acide nitreux qui a bouilli deflus a donné
un précipité de terre calcaire par l’addition de
l ’alkali.
4°. M. Hermftadt avoit foupçonné, dès le commencement
de fon analyfe, un acide furabondant
dans cette fubftance ; & pour l’en débarraffer , il
avoit eflàyèd’en triturer 240- grains dans un mortier
de verre , en y ajoutant de la diffo-lution de potaffe
pure, jufqu’à ce qu’il n ’y- eût plus d’effervefeence,
& que le mélange eût une faveur alkaline. La
liqueur étendue d’eau ayant bouilli quelques
inflans , donna par le refrüidiffement un dépôt
terreux q u i, édulcoré dans l’eau chaude & féché,
pefoit 330. grains, c’eft-à-dire , 90 grains de plus
4ju’auparavant.
Cette-augmemation de poids annonçoît que cette
fubftance avoit pris de l’alkali ce réfultat fut confirmé
par une autre expérience, fur une portion du
dépôt dont il vient d’être queftion. 120 grains mis
dans un crenfet bien rou g in o irc iren t promptement
; ils ’éleva des vapeurs qui avoienr L’odeur de
fucre de lait brûlé ; il refia une mafle faline caf-
faute , dont la difTolution donna une liqueur alka-
Kne , & peu de précipité! terreux qui fe comporta
comme de la terre calcaire.
59. Il verfa de même de l’alkali volatil jiifqn’à
excès, fur 30 grains de cette terre acide ; il y eut
effervefcence a fiez- marquée , mais fort peu de terre,
difloute ; il étendit le mélange avec Teau diftillée,.
il le mit pendant une heure à la chaleur du bain;
de fable & l’ayant porté au frais * il s’y forma
une pellicule fafihe. La liqueur ayant encore
fodeur d’àlkali libre, i l la fit évaporer à ficcité, &
il trouva de petits cryftaux confus , qui avoient la
faveur d’un fel neutre. L’auteur remarque comme
un phénomène difficile à. exp liq u e rq u ’il n’y eut
aucune augmentation- de poids de la matière faliae.
©u- terreufo ;, i l ne. trouva pas à. ce fe l la faveur
acidifie , obfêrvée par M. Sehéele, ce qui lui
parut devoir être attribué à la différence des procédés.*
L’alkalî volatil cauftique y traité dé même avec
30. autres grains de cette terre acide, il n’y eut
point de difTolution fonfiblé, point d’augmentation,
de poids après L’évaporation cpmplette ; la mafle
faline fèehe étoit acide comme auparavant elle
ne contenoit point d’alkali * puifque l’addition de
deuxparties.de potaffe n’en, dégagea point d’odeur
atumoniAtalei. ]
6°. M. Hermfiadt a v u , comme M. Sehéele-, que
la difTolution de cette terre acide n’étoit pas troublée
par Taffufion de l’acide faecharin.
70. Il a imaginé de traiter encore cette terre
avec l’acide vitriolique , dans la vue de faire pafler
la terre calcaire qu’ri y foupçonnoit à l’état de
fêlé ait e ou de vitriol calcaire, Il fit bouillir 40-
grains d’acide vitriolique concentré, étendu de 480
grains d’eau diftillée fur 120 grains de cette fubf-
tance ; il laifla enfuite le mélange en repos ; il s’y
forma un dépôt de vraie féléaite. La liqueur, mife
à évaporer jufqu’à ce qu’elle fut réduite au fiers
dépofa fur les parois du vaifleau une matière noire,.
épaiflV, qui é toit,. pour la plus grande partie, de
l’acide faecharin décompofé ; il s’en fépara encore
par le refroidifi'ement quelques ftoccons cryfiallins
de felénite q u i, lavés & mis.fur les-charbons , ne
donnèrent pas la moindre trace d’acide faecharin,.
Le refte de. la liqueur étoit de l’acide vitriolique:
pur-
Suîvant M. HérmfiacTt , il réfûlte de ces expériences.,
que la terre acide dont il s’agit, eft ui»
compofé de terre calcaire , d’acide faecharin, par
■ excès, & d’une matière graffe; que ce n’eft pas uns
acide pur, qui feroit bien plus foluble, mais unie!
eflentiel acide de la nature du tartre ou du feli
d’ofoille, excepté qu’au lieu de l’alkali , e’èfi les
calce qui fert d’intermède d’union à ces principes ;;
qu’il ne diffère du fucre de lait T que parce que
celui-ci contient une plus grande quantité d’acide•
dulcifié par k partie graffe que quand on traite'
le fucre de lait avec l’acide n i t r e u x l’acide fac-
charin , uni-à: cette partie graffe,. eft mis à nud,,
& que le furplus refte combiné avec là; terre calcaire;
enfin-que l’acide vitriolique a la propriété
non-feulement d’enlever la terre calcaire à l’acide
fiiccharin mais encore de le décompofer lui-
même nous allons examiner cesconféquenees-
Iî. Pour combattre avec avantage le fÿftême:
de M. Sehéele fur Y acide fach-laMique confirmer
en même-temps les refultats dé fa première;
analyfe , M. Hermftadt devoit prouver tout-à-la-
fois, i p, que.là fubftance, à laquelle Ml Sehéele
avoit donné ce nom, tenoit une bafe ; 2°. que.
fon acide étoit Pàcidè faecharin , & en avoit toutes»
les propriétés-: or,, il eft aifê de juger préfon tement
qu’il n’a pas rempli cette tâche.
Le peu de folubilité de cette fubftance ne fuffit
pas pour lui? Ôter le caraâère d’acide libre, s’il né
tient aucune bafe dont il puiffe être féparé fans
décompofition,. Je me fuis afiuré par moi-même
qu’une once d’eau bouillante en prenoitô grains ;
ce n’eft pas tout - à -fait la proportion qu’annonce
M. Sehéele.-,. mais c’eft celle que M. Hermftadt a
lui-même reconnue ;- les acides boracin & benzo-
nique ». quoiqu’un, peu plus folnbles, le font pourtant
beaucoup: moins que la plupart des autres
acides,, & celan!a pas empêché de.les recomnoîtr«.
pour acides libres, dès qu’©n; ne potfVint en fêparef
aucune bafe.
Il n’eft pas étonnant que l’eau de chaux, verfo*
dans le réfidu noir de cette fubftance , pouflee au
feu, ait formé un précipité; cette obfervatioa eft
plus favorable que contraire à la préfence dun
acide libre, puifqu’il eft évident que le feu avoit
plutôt détruit l’acide qüe la bafe terreufe ; & fi ,
au lieu de trouver un fel réduit à l’etat neutre,comme
il arrive quand on traite de la même manière du
faccharite calcaire avec excès de fon acide, on trouve
encore de l’acide à nud , c’eft une preuve fans réplique
que ce n’eft pas ici fimpiement un fel avec
excès d’acide.
Suivant le calcul de M. Hermftadt, lui-même, la
quantité de terre calcaire feroit encore bien foible
pour répondre à l’idée que préfente un fel avec
excès d’acide. En effet, 240 grains de cette fubftance
calcinée,puis difloute dans l’acide nitreux, ne lui ont
donné que 20 grains de terre calcaire ; & comme il
ne dit pas que l’alkali , employé à la précipitation ,
fut dans l’état cauftique , il faut réduire à 11 grains
la quantité de diaux : or , comme on fait que 11
grains de chaux forment 23 grains de faccharite
calcaire,il en réfulteroit que, dans 240 grains de
notre fubftance, il n’y auroit que 23 grains de faccharite
calcaire & 217 grains d’acide faecharin par
excèst on ne concevra pas facilement que tout cet
acide fürabondant pût être modifié par fi peu de
fel neutre, au point de ne plus agir comme l’acide
fàccharin feul fur les vitriols de fer , de zinc,
& c ., ni fur les muriates d’étain & de mercure.
M. Hermftadt paroît appuyer fon fyftême fur
la comparaifon des acidulés oxalin & tartareux, qui
font en effet des fels avec excès d’acide ; mais il n’a
pas fait attention que cet argument ne feroit concluant
qu’autant que la parité feroit exacte, à la
différence près de la nature de la bafe. Il devoit
donc effayer auffi de faturerde la même bafe l’acide
furabondant,comme on lè pratique pour l’oxalte de
potaffe, pour le tartre de potaffe ou fol végétal, &
amener de même cette fubftance à l’état d’un vrai
faccharite calcaire neutre, ou , fi cela ne lui a pas
réufli, reconnoître dans le cas particulier une com-
binaifon d’un tout autre genre ; c’en feroit en effet
nn exemple tout nouveau, qu’un fel avec excès
d’acide aufli marqué , & qui refuforoit de fe faturer
de la même bafe.
On eft étohné que ce Chymifte ait négligé le,
moyen fimpleque lui offroit la fynthèfe pour véri-
lier fon opinion, & qui lui auroit encore forvi à
établir la parité avec les acidulés oxalin & tartareux
qu’on régénère fi facilement avec cés acides libres;
j’ai cherché à y fuppléer ; j’ai diflous du faccharite
calcaire dans une grande quantité d’acide faecharin ;
j’ai fait le même Tel avec excès d’acide en laiflant
tomber quelques gouttes d’eau de chaux dans l’acide
faecharin : ces liqueurs étoient bien fûrement dans
même condition que la diffoiurioH dç notre terre
ïTcide dans Fhypothèfo de M. Hermftadt ; car il n’eft
pas permis de fuppofer que les mêmes matières
puiflent fo trouver en contaâ, fans exercer refpec-
tivement les mêmes affinités : cependant elles fo
font comportées d’une manière abfblu.aient différente
; elles ont laifle un réfidu blanc quand je les
ai expofées au feu fur une caJpfuie de verre, au
lieu que notre fubftance fe fond & devient toute
noire à une moindre chaleur ; elles ont décompofé
fur-le-champ le vitriol calcaire , ce que je n’ai
jamais pu obtenir de la diflolution de cette terre
'acide.
Il y a donc ici un acide qui n’eft pas l’acide fac-
charin : nous n’avons befoin que de cette conséquence
pour adopter le fyftême de M. Sehéele ,
quand même il feroit en partie faturé par quelque
bafe. Je ne m’arrêterai pas à l’objeâion que M»
Hermftadt fomble infinuer dans fon fécond mémoire
, que cette bafe fert d’intermède d’union
d’une partie graffe qui contribue à mafquer les
vraies propriétés de l’acide ; fi cela é toit, l’acide
nitreux devroit en opérer la fépararion encore
plus facilement que celle du fucre, & reproduire
un acide identique par l’analyfe , puifqu’il eft généralement
reconnu que les combinaifons à trois parties
font plus lâches que celles qui font formées de
deux principes. Le feu , détruifant cette partie
graffe , devroit du moins laifler le même réfidu que
le faccharite calcaire, & nous avons vu que l’obfer-
vation étoit contraire.
Pour ce qui eft de la terre calcaire, j’avouerai!
que les expériences de M. Hermftadt font plus
concluantes , & il eft poffible que le fucre de lait
en tienne, finon effentiellement, du moins accidentellement
: M. Schrickel en a trouvé dans le
fucre raffiné. Le fucre de la it, fur lequel j’ai opéré ,
venoit de Suifle , comme celui qu’a employé le
Chymifte d’Hambourg ; mais on fait qu’il en vient
de ce pays: de différente qualité , & même fous
des formes très - différentes ; le mien étoit très-
blanc & parfaitement cryftaUifé. L’ayant traité avec
l’acide nitreux fuivant le procédé de M. ScHéele,
la terre acide, qui eft demeurée fur le filtre,
a été édulcorée jufqu’à en emporter une partie
aflez confidérable dans les eaux de lavage ; le fur-
plus a été expofé à l’aâion du feu dans une cap-
fule de v erre, jufqu’à ce qu’il ne reftât qu’un réfidu
charbonneux : j’ai verfè fur ce réfidu de l’acide
vitriolique pur-, la liqueur étendue & filtrée a
été effayée par l’acide faecharin ordinaire, & le
mélange n’a pas été troublé , n’a formé aucun dépôt;
ce qui feroit arrivé infailliblement fi l’acide
vitriolique fo fût chargé de la moindre partie de
terre calcaire.
Cette expérience ne prouvoit pas encore afïèzr
à mon gré, j’en ai cherché une plus décifive , & je
crois l’avoir trouvée dans le procédé fuivant.
J’ai pris de la terre acide dont il s’agit dans le
plus grand degré de pureté, ç’eft-à-dire, difloute
O o 2