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faveur fenfiblement fucrée , 8c, fuîvant M. Mac-
quer , cette faveur leur eft étrangère , & vient de
la fubftance cxtraâive que contient la liqueur dans
laquelle ils fe font formés , de forte qu’en faifant
bien égoutter ces cryftaux, a ies diffolvant enfuite
„ dans l’eau pure , & les faifant cryftallilèr une
» fécondé fois par l'évaporation , on J les obtient
» beaucoup plus blancs & moins fucrés ,& qu on
„ peut, en réitérant cette manoeuvre une troifiè me
» ou même une quatrième fois fi cela eft nécef-
» faire , avoir des cryftaux parfaitement blancs &
» prefque farts faveur : car ce fel en a très* peu
» lorfqu’il eft pur ».
Sur cela on pourroit penfer ou qu’il y auroit
une différence effentielle entre les cryftaux & cette
eau-mère, ou du moins une déconxpofition pro-
greffive des premiers; pour éclaircir ces doutes,
je rapporterai les expériences du célébré Lichtenf-
tein d’après la note de M. Léonhardi fur ce paffage
de M. Macquer.
La liqueur (dit M. Liehtenftein) dans laquelle
cryftallife le fucre de lait eft douce ou acide ,
fuivant que le petit-lait dont on retire les cryftaux
eft lui-même doux ou acide. Dans lun & l’autre
cas , cette fubftance paroît après l’évaporation
comme du fucre de caffonade.
Le réfidu de cryftallifation du fucre de lait dans
le petit-lait doux a un goût gras, un peu empyreu*
matique, & q-ui tientfenfiblementdu fel commun;
il a aufîi une odeur d’empyreume ; il fe diffout
très-facilement dans l’eau : le firop de violettes,
l’infufion de tournefol, la diffolution du verd de
Brunfwich raffiné (1 ) , à qui tous les acides ôtent
la-couleur bleue , &. la diffolution de fublimé-, n’en
reçoivent aucune altération ; fon mélange avec le
foie de foufre n’en- rend pas l’odeur plus forte :
quand on le pulvérife avec la potaffe y la chaux
v ive & le minium r il s’en dégage de l’alkali vo latil
; l’acide variolique ,. verfé deffus , en dégage
une pdeur d’acide muriatique ; il précipite les„difio-
lutions d’argent, de plomb & de- mercure en état
de muriates métalliques : expofé au feu, il s’enflamme
d’abord en répandant une odeur de pain
grillé, jufqü’à ce qu’il en ait pris la confiftance &
la légéreté à Un feu plus fo r t, il donne une odeur
d’efprit de t3rtre , & fe réduit en charbon. L’efprit-
de-^in, que fon fait digérer fur le réfidu de ces
cryftaux , fe charge d’une portion q u i, étant rapprochée
& mêlée avec l’acide vitriolique, donne
un acide fubti-1, & par l’addition de 1 alkali fixe une
odeur d’alkali volatil.
Le réfidu de cryftallifation de fucre de l'ait dans
h petit-lait acide, qui eft en forme de magma, a-
un goûî acidulé, & pourtant auffi alkalin. Il altère
fenfiblement en rouge le firop de violettes. 8c
l’infufion de tournefol ; il fait effervefcence avec
les alkalis non cauftiques ; il change fur le efcamj*
en verd d’éméraiide la diffolution bleue du verd
de Brunfwich ; il décompofe l’hépar fulfureux , &
en dégage l’odeur hépatique ordinaire ; il communique
à l’efprit de-vin , avec lequel on le fait digé*
rer*une couleur jaune, 8c s 'y diffout en affez
grande quantité puifqu’après l’évaporation de
l’efprit-de-vin il refte une matière brune , vif-
queufe , ayant une faveur falée acide, faifant
effervefcence avec les alkalis, & répandant alors
une odeur d’alkali volatil, de laquelle enfin l’acide
vitriolique dégage une odeur d’acide fubtil : la
portion infoluble dans l’efprit de-vin ne fait point
d’effèrvefcence avec les alkalis , ne donne^ point
de vapeurs acides quand on y verfe de l’acide v itriolique
; & quand on la fait diffoudre dans l’eau,
il s’en fépare beaucoup dë terre d’un-blanc jaunâtre.
AbhandL von MilcK^ucker, &c. Braunfchw. 1772.
Après avoir fait connoître la nature de ces réfî-
dus, M. Liehtenftein examine les cryftaux même
qui en font tirés r 8c cette partie de fon travail n eft
pas moins précieufe.
» Le fucre de lait doux eft le plus pur ; on ne
l’obtient que du petit-lait doux ; il eft du plus beau
blanc , en petits cryftaux demi - tranfparens , qui
forment des prifmes parallélipipèdes réguliers , terminés
par une pyramide régulière parallelogram-r
matique rectangulaire ; fa péfanteur fpécifiqùe eft
i-, 543 , à la température de *o à 11 degrés de
Réaumur.
L’eau au même degré en diffout à-peu-près le
7e. de fon poids.
Il eft abfolument infoluble dans l’efprit-de-viiî
reâifié.
I l a une faveur douceâtre très-foible.
I l eft abfolument inodore.
Il n’altère point l’infufion de tournefol , ni le
firop de violettes , ni la diffolution de verd de
Brunfwick ; il ne trouble pas la diffolution de mu-
! riate mercuriel corrofif, 8c ne décompofe pas l’hepar
de foufre calcaire.
Quand on le pulvérife avec la-potaffe, la chaux
i vive ou le minium, il ne répand aucune odeur ammoniacale
; l’acide vitriolique n’en dégage point de
vapeur d’acide muriatique.
Il ne décompofe pas les diffolutions d’argent, de
plomb 8c de mercure.
Si on Texpofe à un feu doux fur un vaiffeau de
terre, il répand une odeur de fucre brûle ; il fe bour--
fouffle eonfidérablemeut, & fe réduit en une maffq-
noire, épaiffe, qui fe durcit d abord a lair , mais
! qui fe ramollit dans la fuite , 8c qui ,- mife fur la-
langue , manifefte une faveur douce comme le
; fucre de lait lui>même , un arriere^gout tirantfoi-
blement à l’amer. A un feu plus fo r t, il fe brûle,
I & ne laiffe qu’une matière charbonneufe d un-
brun noir, très-rare, qui exhale un odeur de tartre
(j) Efgèce de tartre de cuivre, Voye\. réactif. i brûléît
fe diffout complettement dans l’acide nitreux ;
on trouve après l’évaporation une maffe gommeufe
qui, étant defféchée & brûlée , fe comporte abio-
lument comme le fucre dé lait pur.
Le fucre de lait acefcent, c’eff-à-dire , celui qu’on
retire du petit-lait acide , eft du fucre de lait mêlé
. d’acide galaflique. Il eft jaunâtre, en petits cryftaux ;
fa faveur eft d’une agréable acidité, fon odeur graffe
& acidulé.
Il fe diffout dans l’eau plus facilement que le fucre
de lait doux.
Il fait effervefcence avec les méphites terreux &
alkalins, & perd ainfi fon acidité.
Il altère en rouge le fyrop de violettes & l’infufion
de tournefol; il détruit la nuance bleue du verd
de Brunfwick.
Il colore en jaune refprit-de-vin re&ifié ; 8c celui-
ci , en s’en allant, lui emporte tout fon acide ; 1 eau
elle - même , diftillée deffus plufieurs fois à fic-
cité, au bain d’eau falée , peut l’en dépouiller entièrement.
Il précipite l’hépar de foufre avec forte odeur
hépatique.
Il fe comporte au feu comme le pur fucre de
lait. » j
M. Liehtenftein décrit encore plufieurs fortes de
fucre de lait : 1°. rendu impur par clés parties graffes >
& c’eft celui de première cryftallifation , il a un
coup-d’oeil jaune , 8c 'fe rancit avec le temps ;
mais à cela près , c’eft du pur fucre de lait. 20.
Mêlé de parties huileufes & de fe l commun , c’eft celui
qui cryftallife le dernier; il eft jaune , a un goût.
falé, donne une odeur d'acide muriatique quand
on verfe deffus de l’acide vitriolique , précipite en
blanc les diffolutions nitreufes d’argent, de plomb
8c de mercure, 8c contraéle à la longue de la ran-
cîdité. 30. Mêlé de parties gratis , de fel commun &
de fel ammoniac , il a de plus que le précédent la-
propriété d’être toujours gluant 8c humide , 8c de
donner une odeur ammoniacale quand ©nie pulvérife
avec l’alkali fixe. 40. Enfin , chargé de toutes
ces hétérogénéités, 8c encore de matières extradées,
ou de parties caféeufes,, celui-ci nreft pas fous forme
folide , 8c n’a que la confiftance du miel ; il eft fujet
à rancir, 8c quand on le diffout dans l’eau, le
fromage fe fépare ; c’eft la dernière qualité , il eft
même âcre, malfaifant, 8c occafionne des vomif-
femens aux perfonnes du peuple qui en font ufage;
il fe vend en forme de petits pains de fucre.
I Tous ces fucres de lait impurs donnent auffi de
Yacide quand ils ont été préparés avec du petit-
lait acide.
Les diffolutions 8c évaporations répétées du fucre
de lait à un feu fo r t, le décompofent en partie,
à peine conferve - t - il le goût douceâtre, il en
prend un terreux 8c ingrat ; il 11e fe diffout que
très-difficilement dans l’eau; il a l’apparence delà
«raie ; 6c quand on le mêle avec l’alkali, il dépofe
plntôt une matière terreufe que du bon fucre
de lait. .
Pour purifier les fucres de lait impurs, on peut
employer la craie > ou line marne calcaire, ou
l’efprit-cle-vm.
Il eft aifè de juger prèfentement de ce qui apporte
tant de différence dans les cryftaux de fucre
de lait & que la meilleure manière de les préparer
eft, comme le dit l’iUuftre de Haller , cei«e
où l’on clarifie le petit-lait avec des blancs d oeufs
plutôt que par l'addition de quelque acide, & ou
l’on fait bouillir continuellement la partie fereufe
dès qu’elle»eft féparée , pour l’épaiflir avant qu elle
contrarie quelque acidité ; alws les cryftaux ne
font véritablement ni acides , ni alkalins, ceit uiï
fel effentiel auffi parfait que le fucre de canne ,
qui, comme lu i, rend les huiles mifcibles a l eau,
empêche la crème de fe féparer du la it, 8c pre-,
fente enfin les caractères favonnenx.
Ce premier point déterminé , je paffe à i’analyfe
de ce fel effentiel, qui a elle- même donné lieu à
plufieurs queftions. qui ont partagé les Chymiftes ?
8c fur lefquelles les expériences de M. Lichtenl-
tein nous ferviront encore à répandre quelque
lumière.
g. 11. Ànalyfe du fucre de lait..
Le fucre de lait a été traité à la cornue par Geoffro
y , il en a obtenu du flegme , un. efprit âctde
de couleur citrine , & une huile épaiffe. Il eft re e
dans la cornue une matière charbonneufe qui s eit
humectée à l’air.
Vullyamoz en à retiré , par la calcination, de
l’alkali fixe végétal, & du vrai nïtre par l’addition.
de l’acide nitreux ; en y verfant de l’acide vitrio-
iique, il en a dégagé de l’acide muriatique, comme
nous avons vu que M. Liehtenftein 1 avoit depuis
obfervé dans les cryftaux impurs, & dans l’eau-
mère de ce fel : il eft remarquable que l’ayant traite
avec l’acide nitreux fumant, ce-, Chymifte ait pu
penfer qu’il n’y avoit pas diffolution , quoique
l’effervefcence lût fenfible, & que le mélange eut
pris une couleur verte.
MM. Baume & Rouelle ont pareillement- retirê-
du flegme, de l’acide & de l’huile de la diftillation
du fucre de lait ; mais ils fe font trouvés contraire^
fur plufieurs points.M. Baume croit que c eft le fel
commun qui exifte dans le p e t i t - la i tq u i f e mêle
aux cryftaux de fucre dans, les dernieres évaporat
io n s ^ M. Rouelle fa reconnu pour du munate
de potaffe , ou fel de Silvius; il l’a décompofe par
l’acide nitreux, & en a obtenu du mtre.
Une livre de fucre de lait, brûlée dans une poêle
de fer, a donné à M. Rouelle î 4 à 3° Srains d,e
cendre encore aflèz noire, dont la lefiive a verdi-
le firop de violettes. Il faut remarquer q“ e c e
Chymifte a obtenu d’une livre de fucre candi les.
mêmes produits en nature & en quantité, ronr de