
renfermées dans de®'tubes, c’eft-à-dire , fans action
méchanique ; M. Spallanzani en a fait l’épreuve
fur un fragment compaél du fémur d’un boeuf
( § . 158 ). Les corneilles- ne digèrent que les os
un peu tendres ; le fuc gaftrique, des hérons paroît
avoir plus d’efficacité ; les cornes cèdent comme les
os à l’aétion de ce diffolvant ; il en eft de même des
racines des dents, mais la partie couverte d’émail,
n’en reçoit aucune altération ( §. 161 ). Au refte ,
c ë feroit une erreur de penfer , avec Vallifnien,-
que le verre même eft diflous dans l’eftomac de
quelques animaux; quand il a été renfermé dans
un tube capable d’empêcher l’aâion des mufcles,
il a confervé fon tranchant dans l’eftomac d’une
poule ( § . 15. )
Enfin les expériences de M. Carminati, annoncées
par M. Sennebier, paroiffent établir que les
fucs gaftriques diffolvent le fer,, la pyrite d’antimoine
, la chaux d’antimoine par le.nitre, & les
■ fleurs de zinc-, mais qu’ils n’attaquent ni le foufre ,
ni la chaux martiale.
MM. Jurine, Toggia & Carminati ont employé
le fuc gaftrique fur les plaies; le dernier l’a admi-
niftré intérieurement dans quelques maladies, à la
dofe d’une once tirée récemment de l’eftomac des
animaux ruminans ;i ces faits ne feront du reffort
de la Chymie que lorfqu’on connoîtra a fiez les propriétés
de cette liqueur, & des fubftances fur lef-
quelles elle agit pour déduire clairement. leurs effets
de leurs affinités.
Y . Je terminerai ces additions en donnant, comme
je l’ai annoncé, de courtes notices fur quelques
émigrations des acides d’un règne dans l’autre, Si
fur des acides du règne animal qui ne font encore
qu’apperçus.
L’exiftence de Vacide phofphorique dans les minéraux
n’ètoit connue que par l’obfervation. de M.
Gahn. M.Tennant, de la fociété.royale de Londres,
m’a fait v o ir , à fon paftage à Dijon, au mois'd’o&o-
bre 1785 , que dans plufieurs mines de. plomb que
l’on croyoit fpatiques, ce métal étoit minéralifé par
l’acide phofphorique , & que -l’on les reconnoifloit
facilement par la propriété qu’elles avoient de donner
au chalumeau un globule qui en refroidiffant
préfentoit un polyèdre à facettes; il reconnut ajnfi
ce- minéralifateur dans la mine de plomb rougeâtre
. d’Huelgoët. Peu^e temps après, il traita en grand
dans les mêmes vues, avec M. de JaMéthérie , la
mine de plomb verte d’Hoffsgrund, près Fribourg
en Brifgaw, Si 7 onces de celte mine donnèrent
% gros de très-beau phofphore. (Joüm. phyfi
Tom. XXVJ1, pag, 286.) Ce phénomène de lacryf-
’ tallifation fubite en polyèdre granatiforme a été de
même obfervé , avec la mine de plomb verte de
Zfcbopau, par M. Klaproth, qui en a donné ]a def-
çription dans la féconde partie des additions aux
annales cbymiques de M- Crellpour 1785. D e 960
grains de cette mine, M. Klaproth a retiré 180 grains
*L’acide phofphorique en confiftapce d’huile. Si on
fâppi'oché tes ohfervations de ce que j’aî dit, à l’ar-i
ticle; Acide sydéritique, de la préfence d’un Tel
phofphorique martial dans les mines de fer cafiant
à froid, on verra que cet acide fe trouve bien plus
abondamment dans le règne minéral qu’on nel’avoit
imaginé. Je ne diflimulerai pas combien ces obfer-
vations font favorables à l ’opinion de Tilluftre
Bergman , qui regardoit cet acide comme appartenant
à tous les règnes. Cependant il me femble
qu’il eft encore facile de faifir les nuances qui lui
donnent en quelque forte un caraélère étranger
par-tout ailleurs que dans les fubftances animales.
Les expériences de M. Berthollet avoient bien
prouvé que par le moyen de l’acide nitreux on
pouvoit retirer l’acide faccharin de plufieurs matières
animales : M. Schéeley a découvert d’autres .acides
végétaux; il a fait voir que l’acide ben^onique ex if-
toit dans l’urine humaine & dans^’acide faclaâique ;
que les acides malufien Si. faccharin ( ou pour mieux
dire oxalin ) exiftoient dans le fang, dans la colle de
poiffon , dans le blanc & le jaune d’oeuf. Voye^cb-
devant, page 333, '
Indépendamment de l’acide empyreumatique
dont j'ai parlé, & que l’on retire par la difliilation
du fang & de la chair , il paroît qu’on peut mettre
à nu celui qui y extftë, fans le modifier ou plutôt fans
le dénaturer par le feu : M. Ghauffier y eft parvenu
en traitant fimplement ces fubftances avec l’efprit-
de-vin, (Acad, de Dijon, 1783,fécond fem.pag. 88. )
Il faut efpérer que l’application de ce moyen ingénieux
, dont le célèbre Schéele a déjà tiré un fi
grand parti dans fon travail fur l’acide malufien ,
nous procurera une, connoiffanee plus fiitisfaifante
des parties conftituantes des liqueurs animales. Il
feroit prfcfque étonnant que le fang né contînt pas
un acide, l’effet le plus direél de la refpiration eft
d’y: fixer le principe acidifiant de l’air v ita l, tout de
même que dans la combuftiori des foufres.
■. On trouve dans les aâes de Copenhague, de 1676,
une observation d’Olaus Borrichius, fur une femme
attaquée d’une hydropifie afcite, dont la fueur étoit
tellement acide, qu’elle coagula en quelques inftans
tout le lait, quoique récent, dans lequel on la bai-
gnoit. ( Colle ft. acad. Tom. V i l , page 322. ) M. Berthollet,
à qui l’on doit la découverte de l’acide phofr
phoriqné libre dans l’urine , s’eft également affuré
que la lueur donnoit une couleur rouge au papier
teint par le tournefol. ( Mém. de T acad. roy.desfc.
aniw1780, page 12. ) Il ne décide pas fi cet acide eft
encore l’acide phofphorique ; mais ce favànt académicien
fe propofe d’étendreTes recherches fur toutes
les liqueurs ae l’homme & des animaux, & il ne
laiffera fans doute pas long-temps- cette queftion
indécife. Quand on «pourroit dire avec quelque fondement
que la Chymie a déjà-bien afiez a’acides,
en ne les confidérant que comme inflrumens de
diffolufion, il faudroit toujours, convenir que la
connoiffanee parfaite de tons ceux qui exiftént im-
porte'ëflentiellement à-la perfeélion de l’analyfe.
A C I D l F I A B L E .
A C I
ACIDIFIABLE, A CIDIFIANT , ACIDIFIÉ. Ces
e'xpreflîons font devenues nécefliires depuis que la
Oiymie s’eft élevée à confidérer les principes qui en-,
trentdans la compofition des acides; on les emploie encore
avec des fubftantifs tels quc bafe} principe, fubf-
tarice Sic. comme on a dit le principe phlogiftique,
avant que de dire le phlogiftique; mais par la raifon
que ces manières de parler tiennent aufli à des points
de théorie générale, lé fréquent ufage que les Chy-
miftes en font aujourd’hui, ne peut manquer de leur
acquérir la propriété d’indiquer par elles-mêmes le
fujet dont elles ne furent dans l’origine que la qualification.
§•
On entend par acidifiable ou bafe acidifiable, la matière
fimple ou compofée, qui*fans être elle-même
acide , entre dans la compofition d’un acide, & lui
donne un caraélère propre de fon genre, qui le différencie
de chacun des acides formé, comme lui, d’un
autre principe commun à tous les acides. Dans ce
fens, cette bafe s’appelle aufli radical , ou principe
radical. Voye^ ce mot.
Il n’y a pas long-temps que l’on a commencé à
diftinguer l’acide formé, & la bafe acidifiable ; on
croyoit avec Stahl3 que l’acide vitriolique, par exemple,
exiftoit tout entier dans le foufre, il eft bien
prouvé maintenant qu’il ne paffe à l’état d’acide, qu’en
s’appropriant une très-grande quantité d’air vital.
Dans le fyftême de M. Lavoifier, c’eft le foufre lui-
même qui eft la bafe acidifiable de l’acide vitriolique ;
le gas nitreux, celle de l’acide nitreux; le fucre,
celle de l’acide faccharin, &c.-En rapprochant tous
les faits, il paroît plus fur de dire que ees fubftances
contiennent feulement cette bafe acidifiable , Si avec
elle un principe effentiellement combuftible, une matière
phlogiftique, qui les met aétuellement en-état
de foufre.
La queftion feroit bientôt décidée, fi l’on pouvoit
facilement obtenir ces bafes ifolées ;. mais jufqu’à pré-
fent on n’eft parvenu à faire ceffer leurs combinai-
fons que par voie d’échange, c’eft-à-dire, eh leur
rendant un principe à la place de celui qu’on leur
enlève. Cependant, l’acide phofphorique defféché,
puis porté à d’état de verre dans un creufet dé platine
, peut être regardé comme une pure bafe acidifiable
, puifqu’èlle ne manifefte plus, ni les propriétés
de l’acide, ni celles PHOSPHORIQUE. du pholphore. Voy. Acide
Il y a des bafes acidlfiables qui rèfiftent à tous
les procédés de l’art, fans fe détruire, c’eft-à-dire,
fans fe décompofer, nous ne connoiffons point d’autre
deftruélion pour la matière inorganique : ce font pro-
\ bablement les plus (impies, telles font celles des
acides vitriolique, muriatique, arfenical, fluorique,
&c. Quoique l’acide phofphorique foit un produit
du règne animal, fon radical n’a pas encore été dénaturé
, au point de ne pouvoir régénérer fon acide.
Le radical nitreux fe réfout par la détonnation en
elémens aériformes, que non-feulement on n’a pas
Chymie. Tome I,
recorhblnés dans l’état propre à régénérer fon acide,
mais même que l’on n’a pu jufqu’à préfent recueillir
pour en examiner la nature.
La plupart des bafes acidlfiables des règnes végé-tal
& animal, éprouvent au feu une altération qui leur
fait perdre la propriété de fixer le principe acidifiant
, ou du moins de devenir partie conftituante du
même acide. La bafe acidifiable de l’acide pruflique
eft la feule qu’on ait encore foumife à l’analyfe; il
eft remarquable qu’à la différence de l’acide oxalin ,
les acides tartareux & acéteux éprouvent même en
vaiffeaux clos, & à la température de l’athmofphèré,
une dégénérefcence fpontanée qui paroît -affeéler à la
fois leur compofition acide & leurs bafes. Voye^ Acide prussique Acide tartareux.
| M. Lavoifier obferve très-bien que le nombre de
ces bafes acidifiables eft indéterminé, & qu’il s’en faut
beaucoup que nous connoiflions toutes les fubftances
qui peuvent s’unir au principe acidifiant. Les terres
métalliques font en ce fens de vraies bafes acidifiables.
( Voy. Acide métallique. ) Les huiles elles-mêmes
peuvent fubir une forte d’acidification. ( Voye[ Acide
nitreux, §. V i l . ) En généralifant cette théorie,
fuivant l’analogie des faits qui la démontrent, on
voit déjà que nous devons comprendre dans cette
divifion importante des^ corps naturels, non-feulement
ceux que nous pouvons porter à l’état d’acides
parfaits, mais aufli toutes les fubftances qui reçoivent
effectivement la combinaifon de l’air vital, quoique
l’infolubilité du produit, ou quelqu’autre propriété
accidentelle l’empêche de maniféfter les lignes ordinaires
& non eflèntiels de l’acidité. Les nouvelles
découvertes fur la décompofition & recompofition de
l’eau, annoncent qu’elle peut n’être elle-même que
le produit d’une combinaifon du principe acidifiant,
avec une bafe, fans doute, très-fimple. Voye^ Air
vital & Eau.
jUgi §•
Sous le nom Cl acidifiant, ou principe acidifiant,
que M. Lavoifier appelle aufli oxygîne, nous entendons
cette fubfiance, qui, s’unifiant à un corps quelconque
, lui communique, d’une maniéré plus ou
moins fenfible, les propriétés acides qu’il n’avoit pas
auparavant; & cette fubfiance eft l’air vital. Il eft
bien démontré préfentement que c’eft lui qui augmente
le poids des foufres qui brûlent, & des métaux
qui fe calcinent ; c’eft une vérité de fait indépendante
de la queftion de favoir fi les foufres &
les métaux perdent quelque chofe en entrant dans
cette nouvelle compofition. Voy. Air vital, Acide,
& Ghaux métalliques.
On fait que les chaux métalliques, en repafîànt à
l’état de régule, fourniflent le plus fouvent du gas
acide méphitique ; qu’il y en a de même une grande
quantité mife en liberté quand on décompofe quelques
acides : on pourroit donc conjeélurer que ce
gas y faifoit fonélion du principe acidifiant, & cette
hypothèfe n’auroit rien de contraire à la théorie,
G g g