
($94 A I R
E x p é r i e n c e I V ;
J’ai rempli d’eau un récipient A , dont la capacité
étoit de 83,34 pouces cubiques françois, par con-
féquent plus grand que celui de M. Kirwan d’environ
L’ayant placé fur la table de la cuve hydropneumatique
, j’y ai fait pafler de l’air commun,
qui] s’eft trouvé par là dans la même condition, de
laturation que de l’air vital recueilli à l’eau; je l’ai
porté fur le mercure, j’y ai introduit une capfule
contenant 338 grains d’acide fulfurique à 1,845
pefanteur fpécifique, 8c je l’ai laiffé 24 heures dans
une chambre où le thermomètre étoit à 13 ,5 degrés.
A u bout de ce-temps, l’acide avoit acquis une aug-
mentatioiv de 5,03 grains, quoique j’euffe eu l’attention
d’efluyer les bords inférieurs du récipient
avec du papier gris , lorfqu’il eut été tranlporté de
la cuve à l’eau dans la cuve au mercure.
E x p é r i e n c e V .
J’ai rempli de mercure un récipient pareil B &
même qui contenoit 4,25 pouces cubiques de plus ;
j ’y ai fait paffer de l’air tenu près de 24 heures fur
l ’eau ; mais au lieu de le tranfvafer à l’ordinaire ,
«n portant le récipient de la cuve pneumatique à
l ’eau dans la cuve au mercure, opération dans laquelle
il eft impoffible d’éviter qu’il ne pàffe en même
temps un peu d’eau ; j’ai reçu d’abord cet air, toujours
fur l’eaù, dans une grande cloche de verre
armée d’un robinet à la partie fupérieure & portant
liphon de verre recourbé : en plongeant alors cette
cloche dans la cuve à l’eau, & ouvrant auffi- tôt le
robinet, j’ai forcé l’air qu’elle contenoit à pcffer dans
le récipient rempli de mercure, fous lequel j’avois
engagé le bout du liphon, 8c qui, ayant fon orifice
plongé dans une cuvette mobile , étoit foutenu à la
hauteur qu’exigeoit J’abaiffement de la cloche dans
l’eau (1).
Cela fait, j’ai* pareillement introduit lous ce récipient
B une capfule de verre contenant 347, <
grains du même acide fulfurique, & l’ayant placé a
côté du récipient A de la précédente expérience,
j ’ai trouvé, au bout de 24 heures, que l’augmentation
du poids de l’acide n’étoit que de 0 ,6 grains.
Remarques. Il ne S me paroît pas que l’on puiffe
a r r COnteffer ttfifontiabiement que l’aîr des deux réel-
piens ne fût exa&ément dans la même condition par
rapport à la faturation ; il n’y a dès - lors d’autre
différence dans les deux expériences que celle qu’y
apporte l’eau qui refte adhérente aux parois intérieures
du récipient A ; c’eft donc uniquement à
Cétte portion qui ne doit pas être confondue avec
l’eau véritablement diffoute par l’air , qu’il faut attribuer
la différence des réfultats & l’évaluation ex-
cellive à laquelle M. Kirwan a été conduit. On conçoit
en effet que, quoique l’acide ne puiffe agir directement
fur l’eau qui mouille les parois du récipient
, ü ne tarde pas néanmoins à fe l’approprier
en totalité, parce qu’à mefure qu’il dépouille l’air
de la portion d’eau diffoute, ce lu i-c i en reprend
d’autant plus avidement des corps qu’il touche, qu’il
eff lui-même plus deffèché. Auffi ai-je obfervé qua
l’intérieur du récipient A étoit après l’opération auffi
fec que celui dont les parois n’avoient pas été mouillées»
Pour en acquérir une preuve moins équivoque , j’ima*
ginai de rétablir fous ces mêmes récipiens les capfules
tenant l’acide , immédiatement après les avoir pefées ;
le lendemain l’augmentation ne fut pas plus fenfible
dans l’une que dans l’autre. Enfin , pour, qu’il ne
reftât aucun doute fur la quantité d’eau que les parois
du récipient avoient pu retenir dans l'expérience
de M. Kirwan , j’ai pris le poids exaft d’un femblable
récipient fec , je l’ai repefé après avoir paffé de l’eau
dans l’intérieur, & j’ai trouvé que lors même que
je le lajffois égoutter fur du papier gris, qui imbi-
boit toute l’eau qui pouvoit s’en détacher par fon
poids, ^1 en retenoit encore plus de cinq grains : de
forte qu’il ne feroit pas étonnant que M. Kiwan eût
porté fon évaluation plus haut. Je n’ai pas bé,foin
de dire que la qualité dit verre peut elle-même
faire varier cette quantité.
Tenons donc déformais pour confiant que le rap*
port de .diffolubilité de l’eau par l’air indiqué par M.
de Sauffure eft celui qui approche le plus du vrai,
& que l’on doit le regarder, fuivant fes exprefffons,
comme étant encore plutôt au deffus qu’au deffous
de la réalité à l’air libre (2.).
i l . ] La nécefiité d’atteindre le dernier degré de
précifion pour les dofes fe faifant tous les jours de
plus en plus fentir, & furrtout dans les expérience?
fur les gas , je crois faire plaifir à ceux qui s’en
(0 On exécute encore plus facilement cette manipulation, au moyen de ces globes furmontés de très-grands entonnoirs
prolongés jufqu’à la partie inférieure du globe , connus fous le. nom de lampes à a ir inflammable ( Voye\ fig . 3I
des appareils pour le s gas-) Il fuffit pour céla d’enlever l’ajutage ordinaire, & d’y fubftituer un iïphon deverre recourbé,
qui puiffe s’engager lous fa cloche remplie, de mercure. ' . '
(2) D’apres la notice qui vient de m’etre communiquée de la belle expérience faite publiquement au Collège royal,
par M. Lefevre de Gineau, fur la compoiîtion de l’eau par la combuftion des deux gas-, je crois pouvoir ajouter aux
preuves^ de cette conclufion | une obfervatiou de. ce - célèbre-Phyfiçien. Voulant déterminer la quantité d’eau que lés
gas avoient pu prendre emporter à chaque fuccion , il fit-r.eut fois le vuide dans le même ballon où il avoit introduit
auparavant une livre d’eau, & recon'nut que fon poids avoit diminué par là de 54 grains. Or , la capacité de ce
vaiffeau étant de 935 pouces cubes , dont la livre d’eau occupoit environ 24, il fuit que les 8199 pouces cubes d’air
qui l’ont fucceffivement rempli, n’ont pris que 54 grains' d’eau pour achever de s’en faturer j ce qui revient à n , j pj*r
pied cube. J’ignore à quelle température de châleur & d’humidité étoit l’air rendu à chaque fois dau§ le ballon » niais
f. été contre l’objet de l’expériençe, d’y porter de- l’air humide*
Al R
©cètipent fie les mettre en poffeffion fies moyens
connus pour éftimer la quantité d’eau que recèlent
ces fluides à différons degrés de température & de
preflîon. Je me fervirai encore pour cela du travail
du célèbre Phyficien de Genèvç , qu’il ne donne
que comme un exemple de ce qui peut être exécute
pour perfectionner l’Hygrométrie, mais qui eft m-
conteftablement ce qui a été publié jufqu à ce jour
de plus fatisfoifant ( § . >73 & fULV- )•,
Dans la table qui luit, les quantités font calculées
de cinq en cinq degrés de variation du thermomètre
AIR 69* ] fie Réaumur, depuis 10 degrés au deffous du terme
de la congélation, jufqu’à 30 degrés au deffus; 8c
I pareillement 'de cinq en cinq degrés de variation de
! l’hygromètre , dans la latitude de 40 à 98 degrés j
j ce qui doit s’entendre de l’hygromètre à ' cheveu
qui me paroît encore le plus réglé & le plus com-
! parable des inftrumens de ce genre. Il faut, obfer-
j ver qu’il ne s’élève à 100 degrés ou à l’humidité
extrême que dans les brouillards , ou lorfqu’il-y. a
dans l’air une portion d’eau furabondante à celle qu’i}
j peut diffoudre.
T A B L E des quantités d ’eau ( en grains ) contenues dans un p ied cube déair à diffirOtSf
degrés de L'hygromïtre & du thermomètre. . . .
D e g r é s d u T h e r m o m è t r e .
“ ,0 P
0 + 5 + 10 + !5 + 20 + 25 + 30
' 40 1,8971 I , IO67 1,365}: I ,6843 j 2,0779 2, 5634 3,1625 3 ,9 0 ré 4,8134
45 I ,0676 I >3171 I ,6248 2,0045 1j 2,4729 1 2/9952 3,6952 4,5588 5,6242
5° ; 1 ,1 19 7 <>5°47 1,856}. 2 , 29OO 2,825., .3,4852 4 ’ 2997- 5,3645 6,5442
55 I ,4H 6 1,7414 2,1483 2,6503 3,2696■ 4,0335 4,9761 6,1390 7,5737
1 V 60 r ,6411 2,0246 2,4976 ; 3,059° 3 ,.7737 4,6554 5,7434 7;0856 8,7415
1 65
1,9204 2,3691 2,9226 3 ,6°55 4,4480 5, 487} 6,7697 8,3518 10,30361
y 7 ° 2 ,2 177
Cl
CO.
d
3,3903 4,1824 5, t 59f 6,3651 7,8526 9.,6878 ” >95’ 8J
j 75
2,5215 3 ,1’ 97 3,8375 4 >1734^- 5,8404 7,2050 8,8888 10,9661 ^,5289
■
1 so 1,-8155 3>4734 4,2850 5,2862 6,5213 8,0450 9, 9Z51 12,2446 1 5, io62j
s 3 >I095 3,8361 4,7324, 5,8381 7,2022 8,8850 10,9614513,5231
16,6834
85
l
9-0 3,4035 4,1987 ■5 > I797; 6,3900 7,8831" 9»725° i 1,9977 14,8016 18,2607
1 .95 ■ 3,6946 4,5378 5 , 6 2 2 7 6 ,.9420 8,5640 IO,565C 13,0340 16,0800 19,8379 RÉ î , 8739 4, 779e 5,8956, 7,2 7 3 1 8,9725 Il I ,069c 1.3,6558 16,8472- 20,7844
j tout l’avantage qu’on peut defirer, d’en avoir de
femblables pour tous les degrés de denfitê fenfibîe-
ment différens ; o r , cela ne peut fe faire qu’en répétant
L’Auteur de cette table dreffée d’après dès expé-1
riences faites à 27 pouces de preffion, a reconnu
que les changemens produits par la différence de '
denfité de l’air étoient tels que Ji Vair étoit '■raréfié au
point de ne foutenir que 2% lignes de mercure , il rie
faudroit , pour le faturer, que ïm vingtième partie de
ce quil faut quand ilfoutient le baromètre à 27 pouces. '
Il feront donc néceffaire > pour tirer de ces tables
les expériences qui leur fervent de bafes, par
exemple de pouce en pouce d’élévation du mercure
dans lé baromètre ; 8c en attendant que ce travail
immenfe ait été entrepris, je donnerai la méthode
indiquée gar M. de Sauffure pour y fuppléer.