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la chaux, & peut - être régénéré en tartre comme
auparavant, on ne fora plus tenté d’admettre ni
Y acide faccharin dans le tartre, ni l’acide tartareux
dans le fucre , ni aucun de ces fols tout entier dans
Yacide faccharin. On acquéreroit probablement une
nouvelle preuve contre ces hypothèfes, en traitant
avec 'l’acide nitreux l ’huile de la diftillation du
tartre, & retirant ainfi de Y acide faccharin de ce
iel décompofé.
Concluons donc que Y acide faccharin eft formé
comme tous les autres acides de la combinaifom
de l’air vital avec un radical particulier ou bafe
acidifiable de fon genre ; que le premier eft fourni
.par l’acide nitreux qui eft décompofé , & dont
la bafe eft rnife en état de fouffre nitreux aéri-
forme , par fon union avec le phlogiftique ; que le
radical faccharin eft une fubftance huileufe qui fe
rencontre fous une forme plus ou moins extractive
, plus ou moins groffière, dans une infinité
de corps de diverfe. nature , & qui par l’opération
eft réduite au degré de pureté, de ténuité né-
ceflaire pour devenir principe prochain identique'
de l’acide faccharin, Voyeç A cide VÉGÉTAL.
VI. De Vattion de l'acide faccharin fur les différentes
bafes & .de fes affinités*. ’
Ce que j’ai dit des cara&ères diftinâifs de Y acide
faccharin a pu faire juger qu’il étoit un diflblvant
très-puiftant, approchant beaucoup, pour la fixité
êk l’énergie; des acides minéraux.; La nécefiité de
donner un. nom* de genre à tous les fek qui en
font formés m’avoit fait adopter le dérivé Jac-1
charte ; quelques-uns l’ont trouvé dur à la prononciation
, & c’eft-un défaut furvant les- principes
de dénomination que j’ai établis ( Voye^ Dénomi~
mations ) ; mais il eft facile de le corriger par
l’addition d’une voyelle , fans changer les rapports
étymologiques. Voye{ Saccharite , ou
Sagcharte calcaire, Saccharite de. soude
, Saccharite martial , &c.
La propriété qu’a cet acide de s’emparer de la?
terre calcaire de quelque manière qu’elle foit tenue
en diffolution, en a fait un réaâif précieux dans
les analyfes. ( Voye^ Réactif. ) Cependant M.
Bergman a obfervé qu’il manquoit fon effet dans
la diffolution de da pierre de la v e ffie , où l’acide
vitriolique décéloit un peu dé terre calcaire , ce
qu’il attribue à la petite portion de matière graffe
que contient Ydcide faccharin , quoique trop peu
eonfidérable pour fe manifefter par un réfidu charbonneux.
( Mém. de Chym, de M. Schéele , part. I ,
JPa g . 21.2.
Il n’attaqiie pas les métaux parfaits ,,c’eft-à-dire,
1 o r , la platine , l’argent & le mercure, à moins
qu’ils n’aient été. précédemment réduits en état de
chaux» 7 *
y a e i
- M,- Bergman indique dans l’ordre foivant'fe$
affinités par la voie humide.
, Lé.calce;
Le barote.
La magnéfie,
La*potaffe.
La foude*.
L ’ammomac.
L ’alumine.
(De zinc.
De fer.
De manganèfe»
De cobalt.
De nickel»
De plomb.
D’étain.
métalliques. ( cuivre.
^De bifmuth.
('D’antimoine»
D’arfenic.
De mercure.
Emargent.
D’or.
De platine»
L ’eau; '
L ’efprit-de-vih.
Le phlogiftiquè-
Cet acide fe biffant fublimer en partie , & en-
fuite décompofer à un certain degré de chaleur,
il ne peut être queftion de fes affinitéspar la voie
fèche. M. Sage a obfervé qu’il dégageoit l’acide
nitreux lorfqu’on le traitoit avec le nitre à la
diftillation » &"£ela n’eft pas étonnant, puifque j
comme le dit M. Bergman , c’eft alors de l’acide
nitreux phlogiftiqué qui cède la place même aux
acides végétaux ainfi la fixité de celui-ci n’eft:
pas néceffaire pour produire cette décompofition.
Cet acidè prend à l’acide vitriolique le calce»
l’argent,.le mercure, le fe r , le zinc, l’antimoine
& la manganèfe.
II enlève à l’acide nitreux le mercure, le plomb
& le bifmuth.
Il décompofé le muriate de plomb, & occafionne
même un peu de précipité dans la diffolution de
muriate mercuriel corrofif.
Il enlève aux trois autres minéraux le cuivre;
le nickel, la manganèfe, & le cobalt à tous les-
acides connus.
Il déplace le vinaigre des acètes de cuivre 8é
d’antimoine.
L’a&ion de cet acide fur les huiles a été fort peia
examinée ;M . Bergman a feulement obfervé qu’il*
s’y diffolvoit,. & qu’on pouvoit le retirer en cryf*
taux; mais j’ai reconnu que , quoiqu’on le fît bouillir
for les-huiles» il «’en rendoit pas la moindre portion-
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ipifcible à l ’eau , phénomène remarquable, puifque
le fucre a éminemment cette propriété, oc qui peut
être ajouté aux preuves que j’f 1 ft°nnf es » cIue le
fucre était décompofé avant d entrer dans lacom-
pofition de cet acide.
Il s’unit à l’efprit-de-vin , mais il n’eft pas encore
décidé s’il peut former réellement la combinaifon
éthérée. Voye% Ether.
A cide Sà c la c t iqu e ou Sa ch -la c t iq u e , pour
mieux conferver l’étymologie , c’eft-à-dire , acide
du fucre de lait.
C ’eft encore à M. Schéele que nous devons la
çonnoiflance de ce nouvel acide qui n’avoit pas même
été foupçonné par ceux qui, avant lu i, avoient entrepris
l’analyfe du fucre de lait ; cet acide , admis
par l’illuftre Bergman comme un être de fon genre,
a été regardé par M. Hermftadt comme un faccharite
calcaire , mafquê par excès d’un de fes principes. Il
n’y a pas d’apparence que ce fel concret, encore peu
connu , foit de long-temps appliqué comme inftru-
mentà des diffolutions acides,ou comme ingrédient
à des compofés d’un grand ufage dans la médecine
ou dans les arts ; mais on découvre fouvent un
objet d’utilité qu’il n’a pas été poffible de prévoir ;
Sc puifque tous les faits -font liés dans l’étude de la
nature, puifque dans la fciencc'de l’analyfe principalement
, c’eft la dernière vérité qui met le fceau
à toutes les autres , nous ne devons en négliger
aucune. Ainfi je fuivrai dans cet article la même
marche que dans les précédens ; je traiterai d’abord
du fucre de lait;, de la manière de le préparer &
de fes propriétés ; j’indiquerai enfoite le procédé
pour en rètirer Yacide-fach-lactique ; je ferai con-
noître enfin fies caraéfères propres & fes affinités.
§. I. D u fucre de lait & de fa préparation.
Kempfer rapporte que les Brachmanes ont connu
autrefois la manière de faire le fucre de lait ; quoi
.qu’il en fo it, Fabricius Bartholet ou Bartholdi , médecin
italien , eft le premier qui ait fait mention
du fel eflentiel de lait fous le titre de manne ou de
nitre du lait, dans fon encyclopédie hermétique &
dogmatique , imprimée .à Boulogne en 1619. Ett~
millier en a donné une defcription qu’il a empruntée
de cet auteur. Tefli, médecin vénitien , publia en
1698 un mémoire fur le fucre de lait, où il paroît
s’én attribuer l'invention, où il parle avec emphafe
de fes vertus , fur-tout contre la goutte, & donne
dans un ftyle alchymique la manière de le préparer.
Werlofchnigg 8c Valhfnieri ont fucceffivement
iâit connoître ce fel. Fickius & Cartheufer ont indiqué
diftérens procédés. Williamo^ affûte que celui
de Cartheufer ne lui a pas réuffi ; il fait le plus
grand éloge du fucre de lait que prépare un nommé
Creufius , qu’il regarde comme fiupérieur à celui
qui fe fait dans le refte de la Suifle , & dont il
regrette que la méthode ne foit pas divulguée. En
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attendant ; voici celle qu’il décrit comme la meil*
léure, 8c qui fe pratique communément dans les
Alpes du côté de la Suifle.
On prépare deux efpèces de fucre de la it, l’une
en forme de tablettes, l’autre en cryftaux.
Pour le fucre de lait en tablettes , on écréme le lait
à l’ordinaire , on le fait prendre enfoite avec de la
prefure, pour en retirer le petit lait, que l’on filtre
à travers un linge propre, 8c que l’on fait évaporer
fur un feu len t, en le remuant doucemerir jufqu’â
ce qu’il foit réduit en confiftance de miel : quand
il eft fuffifamment épaiffi , on le remet dans dés
moules, on lui donne différentes figures, & on le
fait fécher au foleil.
Le fucre de lait en cryjlaux fe tire du précédent.
On fait diffoudre dans l’eau les tablettes de fucre
de la it, ou le clarifie avec le blanc d’oeuf, on le>
pafle à la chauffe, on le fait évaporer jùfqu’à cé
qu’il ait la confiftance d’un firop , & on le met
cryftallifer en repos. Les cryftaux fe trouvant fié-
parés, forment des mafles cubiques , brillantes &
très-blanches ; ils font attachés aux parties du vaif-
feau par couches ; fi l’on veut encore faire épaiffir
la liqueur qui refte, & la mettre en repos , on en
retire de nouveaux cryftaux ; on peut répéter une
troifième fois cette opération. Les premiers cryftaux
font d’un blanc éblouiffant, les féconds font
de couleur de paille, les derniers font briins ; en
lesfaifant diffoudre de nouveau dansde l’eau pure,
& répétant la clarification , la filtration & la cryf-
tallifation , on peut porter les derniers au degré de
blancheur des premiers. De fale lattis ejfentiali lugd.
Bat. 11 y 6 , & comm. lip f tom. VI.
On voit déjà que le fucre de lait eft un fel eflentiel
, retiré de la férofité du la it, après qu’on en
a féparé les parties butireufe & caféeufe.
L’illuftre de Haller a parlé de ce fi 1 dans fa phy-
fiologie , ainfi que de la méthode de le préparer ,
qu’il a décrite très-clairement. Il croit que les laits
de tons les animaux donneroient ce f e l , mais pas
en même proportion, comme on peut en juger par
les obfervations foivantes :
ponces de lait de brebis ONT donné 35 — 37
grains de fucre.
D e c h è v r e .........................47 *— 49*
De vache . ..................... 53— 54.
De femme .................. . 58 — 67.
De jum en t.................. 69 — 70.
D ’ânefle • 8° — 82.
Une livre de petit-kit de vache ne donne guères
plus de 1 | gros de cryftaux bien nets. M. ypjte-
len a retiré ( en poids) 33 parties de fucre de lait
de 672 parties de petit-lait de brebis purifié ; M.
Lichtenftein dit qu’on obtient communément 558
grains de fucre de lait en cryftaux d’une mefure
de petit-lait qu’on peut évaluer à 46 pouces cubes
( mèfures de France. )
La forme de ces cryftaux eft le plus ordinairement
un parallelipipède Rhomboïdal ; ils ont une
Nn z- •