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acquis autant de droits à la confiance des fa«
vans.
De la végétation^
M. Schéele ayant mis des pois dans un grand
matras, & les ayant couverts -à moitié d’eau, il
les vit germer 8c pouffer des racines: comme ils
ne prontoient plus au bout de quinze jours, il
examina l’air renfermé dans ce vaiffeau, il n’étoit
augmenté ni diminué, mais l’eau de chaux en ab-
forba un quart, & le réfidu éteignit la flamme.
M. Schéele jugea que ce devoit être la partie d’air
vital contenue dans l’air atmofphérique qui avoir
été convertie par la végétation en acide méphitique,
8c pour s’enaffurer, il répéta cette expérience dans
lin mélange d’un quart d’air vital, 8c de trois quarts
de l’air réfidu de la première , qui lui donna en effet
le même réfultat.
Suivant M. Jngenhoufz, la qualité que, Vair contraste
par la préfence des fruits , des fleurs, en tout
temps , & des feu'illès à Vombre .& pendant la nuit,
a beaucoup d’analogie avec la qualité qu’il acquiert
par la rejpiration des animaux.
M. Sennebier regarde comme démontré ,. « que
» les feuilles des plantes fourniffent beaucoup d’air ;
que cet air ,. en fe mêlant dans l’atmofphère au
3> phlogiftique qui y eft contenu, en précipite une
» affez grande quantité d'acide méphitique ou air
3J Axe......... que cet air fixe eft lui-même abforbé
par les plantes qui'le fou tirent de l’atmofpbêre
avec l’humidité dans laquelle il eft diffous ».
Ce phyficien ayant obfervé que les plantes végètent
bien dans l’air vicié ou phlogiftiqué , qu’elles
languiffent dans Y acide méphitique , qu’il y a toujours
une diminution dans l’air où elles ont végété,
que l’eau diftillée ou bouillie ne devient propre
à faire rendre de l’air aux plantes expofées au fo-
le i l , qu’en raifon de Y acide méphitique qu’elle a dif-
fous , il lui paroît très-probable que les plantes ne-
reçoivent de l’air que par l’eau qu’elles fucent,
qu’elles ont befoin de l’aâion de l ’eau fur Yacide
méphitique pour pouvoir le décompofer, quelles
ne tirent point à elles directement le phlogiftique
de l’atmofphère, qu’elles s’en emparent feulement
par le moyen de Yacide méphitique qui le leur communique
, en fe décomposant dans leurs vaiffeaux
par l’adion de la végétation.
A ces explications empruntées , des phyficiens,
qui fe font particuliérement appliqués à éclaircir
cette branche de la fcience des gas , par des ex-
périencé's ingénieufes 8c très-multipliées, ajoutons
un fait généralement avoué, que tous les végétaux
donnent, parleur décompofition de Yacide méphitique
( Viye% Analyse végétale.) , 8c on jugera
peut-être avoir réuni affez de preuves pour conclure
que Yacide méphitique eft également compofé
8c produit par l’aélion végétative, comme par la
refpiration animale-, 8c que l’air vital que les plantes
fourniffent dans certaines circonftançes eft le réfultat
d’une élaboration différente qui rçdéçompofe
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ee qu’une aftion alternative 8c tout aufli habituelle
du végétal avoit formé.
Cependant cette théorie fi fimple en apparence
eft bien loin de fatisfaire à tout , 8c ne Soutient
pas même un examen approfondi.
i° . L’analyfe ne prouve rien depuis que nous
favons que c’eft le plus fouvént dans l’a&e du dégagement
que fe forme Yacide méphitique que nous
tirons de'diverfes fubftances.
2°. M. Kirwan obferve que dans l’expêriafcce de
M. Schéele, Yacide méphitique paroît venir, en
partie , de la fermentation des pois qui précède
toujours leur accroiffement, en partie , du phlogiftique
qui fe dégage pendant là fermentation,
3°. M. Jngenhoufz donne à la vérité le nom.
d’air méphitique à l’air que les plantes exhalent
pendant la nuit ; il convient bien qu'elles abforbent
réellement une quantité de l’air dont elles font entourées
; mais il n’admet pas pour cela qu’elles con-
vertiffent l’air vital en acide méphitique ou air fixe t
tout l’air qu’il afaitfortir des plantes par expreflion
n’a point été abforbé par l’eau , c’étoit de l’air atmofphérique
ou d’une nature peu différente pii ne
le croit convertible en acide méphitique que par la
fermentation ; & » fuivant lu i, dans l’obfcurité de la-
nuit , ce n’eft pas non plus du gas acide méphitique
que fourniffent les végétaux, mais une efpèce particulière
d’air empoifonné, qu’il paroît diftinguer de
l’air nuifible ou phlogiftiqué, .
4°. Dans le Syftême de, M. S en n e b ie ro ù le
gas acide méphitique joue le rôle le plus important
à la végétation , il ne vient que comme un aliment
néceffaire aux plantes, qu’elles abforbent 8c.
décompofent ; elles le prennent tout formé dans-
l’eau qui en eft chargée ; 8c fi elles contribuent à
fa formation , ce n’eft qu’en reftituant à l’atmof-
phère l’air vital dégagé de cette compofition 8c.
deftiné à s’unir de nouveau au phlogiftique.
5°. Enfin le célèbre Prieftley établit au contraire-
que les plantes s’approprient feulement l’air nuifible-
ou phlogiftiqué, 8c rendent par les pores de leurs
feuilles une portion de ce fluide déphlogiftiqué ou
en état d’air vital.
Il fuit de là qu’il n’y a encore rien de certain
fi ce n’eft que les végétaux vicient l’air dans l’obf-
curité 8c fourniffent de l’air vital lorfqu’on les ex-
pofe dans l’eau à la lumière du foleil ; c’eft ce qui m’a
engagé à placer l’examen de ces faits 8c des confé-
quericesqu’ils préfenteut à l’article -Am v ita l . On y
verra le peu d’accord des phyficiens fur les principaux
réfultats ,. 8c combien cette matière a befoin d’être
éclaircie par de nouvelles expériences. M. Fontana
affure que fi dans l’expofition des plantes au foleil
on change une feule circonftance , qui les rapproche
encore plus de. l’état naturel, l’air fe trouve dangé-
reux oc nuifible {Joum. phyf tom. 23, pag. l'p if j
8c M. Jngenhoufz n’a cru pouvoir expliquer la
manière dont elles prennent la quantité inépuifable
d’air qu’elles fournifient, qu’en fuppofant qu’elles
a c 1
poffedent la faculté de changer l ’eau en air à l aide du
foleil. ( Ibid. tom. 2$ , pag. 12.)
De la fermentation.
Nous avons donné au commencement de cet article
les procédés pour recueillir le gas acide méphitique
qui le dégage pendant la fermentation ; tout, èe qui
concerne la théorie de cette grande opération de
la nature fe trouve réuni à l’article FERMENTATION
: il ne peut donc être ici queftion que de
faifir quelques rapports çapables'd’éclaircir la nature
& les propriétés de notre acide.
Des trois degrés de la fermentation , il n y a que
le premier & le dernier qui produifent du gas
acide méphitique ; le fécond, qui convertit le fpiri-
tueux en acéteux , au lieu de perdre , acquiert l’air
vital ou principe acidifiant.
L ’acide méphitique exifte-t-il tout formé dans les
végétaux fufceptibles de la fermentation fpiritueufe
On eft porté à le croire, lorfque l’on fait que ces
fubftances enfermées dans les vaiffeaux à diftiller,
avant toute fermentation , fourniffent une quantité
très-confidérable de ce même gas. Mais nous avons
déjà obfervé qu’il fe formoit fouvent dans l’aéle du
dégagement ; cela ne prouve donc autre ehofe que
l ’exiftence de l’air qui peut devenir partie confti-
tuante de cet acide , fans décider dans quel état
il étoit dans le végétal avant fa diftillation. Ici le
compofé eft détruit par le feu , & réfous en fes
parties conftituantes , là il l ’eft par ce mouvement
que nous appelions fpontané , parce que nous n’avons
pas une idée bien nette de l’affinité qui le
détermine ; que ce foit l’aétion (fe l’air extérieur
( que quelques-uns regardent comme inutile au premier
degré) ou la matière calorifique , ou fi l’on
veut, la fimple ceffation du mouvement organique
qui abandonne la matière à une tendance qui étoit
fufpendue, il n’importe , il n’en réfulte pas moins
une féparation de principes; & tout ce que l’on peut
affurer, c’eft que les matières qui concourent à la
formation de Yacide méphitique ont été mifes en
même temps en liberté.
On ne peut douter que, du moins dans certaines
cire on flanc es , les plantes ne donnent réellement de
l’air vital, & on lent quelle force notre hypothèfe
açquiert par le rapprochement de ce fait. A la
vérité ce font les fruits qui paroiffent tenir le premier
rang parmi les corps fermentans, & tes fruits
à la lumière, comme dans l’ombre, vicient l’air au
lieu de l’améliorer ; niais l’air rendu nuifible ou
phlogiftiqué n’eft point de Yacide méphitique, & ne
peut 1e devenir fans qu’il y ait en jeu quelque nouvelle
affinité.
A plus forte raifon ne doit-on pas affirmer que
Yacide méphitique exifte tout formé dans les; corps
qui fubiflent la fermentation putride , puifqu’il y
a encore des lignes moins équivoques d’une décompofition
totale. Si Yacide méphitique arrête la putré-
fàftion, & même, fuiyaut quelques-up*, rétablit
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à un certain point tes fubftances putréfiées, il s’en
faut beaucoup que cette circonftance prouve que ce
gas acide préexiftoit comme tel dans 1e tiffu animal,
car celui qu’on yporteroit n’auroit, dans cette fup-
pofition, pas plus de vertu que celui qui briferoit
les liens ; le fymptôme du mal & la matière curative
fe trouveroient un corps identique , ce qu’il
n’eft pas poffible d’admettre. Ainfi tout concourt à
établir que cet acide n’exifte que quand la putréfaction
commence , qu’il s’échappe auffitôt qu’il eft
formé, & même qu’il ne peut fe former que parole
contaél de l’air extérieur.
Nous pouvons donc conclure , avec 1e doéteue
Jngenhoufz , que « lorfqu’on décide qu’une telle
» fubftance contient un tel air, parce qu’il en a
» été extrait par la fermentation , par te feu, ou
» par quelque autre moyen, on parte peu correc-
» 'tement ».
Mais ces compofitions & décompofitions alternatives
& fi fréquentes de Yacide méphitique nous
font encore mieux fentir l’influence continuelle de
ce nouvel être dans toutes tes opérations de la
nature & de l’art : effayons donc de déterminer fes
affinités chymiques , puifque ce n’eft que par cette
connoiffance que nous pouvons apprécier maintenant
tes plus fublimes théories, & nous rendre maîtres
de cet infiniment fi puiffant.
§. VI. Des propriétés & des affinités de /'acide
méphitique.
Les propriétés de cet acide peuvent être facilement
déduites de tout ce qui précède, je vais tes
réfumer en peu de mots.
Cet acide eft parfaitement identique lorfqu’il eft
pur..
En état de gas il n’a ni couleur , ni odeur , ni
faveur fenfible.
Dans l’état aqueux il a une faveur piquante,
rougit la teinture de tournefol, rétablit tes couleurs
altérées par tes alkalis , comme un réaétif
acide.
Sa pefanteur fpécifique eft à celte de l’air commun,
fuivant M. Fontana :: 1,449 • 1 j fuivant M.
Cavendish :: 1,5 7 : 1 fuivant M. Bergman ::
o,o0j8 : 0,0012. M. Lavoifier eftime qu’un pouce
cubique de ce gas pèfe à très-peu-près de grain ,
à dix degrés de température & à la preffion de 28
pouces au baromètre. M. Kirwan a entrepris de
déterminer la pefanteur que ce gas pouvoir acquérir
, en fe fixant par exempte dans 1e marbre, &
il a trouvé que la pefanteur fpécifique du marbre
étant 2 ,717, celte du gas méphitique en état de
fixité étoit 18,52. Cavallo , part. 3 , ch. 3.
, Sa chaleur fpécifique n’a point encore été déter-
. minée, ce qui feroit néanmoins très important &
pourroit répandre de grandes lumières fur fes autres
propriétés. L e célèbre Kirwan penfe qu’au jnoment
qu’il eft dégagé de la craie, il s’empare du calorifique
ou matière de U chaleur que laille aller l’autre