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modernes
quda alba%
A I G
, eft encore défignè fous le nom à'AAIGR
E , A IGR ELE T, AIGREUR, On nomme
aigre en général tout ce qui a une faveur acide &
piquante, modifiée par le goût particulier de quelque
principe extra&if. L’aigre diffère de l’acide, en
ce que celui-ci a une faveur plus franche, plus décidée
, lors même qu’il eft très - délayé. I l . y a un
degré d’acidité agréable , & les acides minéraux
peuvent être amenés au point de ne produire que
cette fenfation, par leur union à une grande quantité
d’eau ; l’aigre a quelque chofe qui offenfe le goût,
moins cependant que l’acerbe qui porte avec lui l’idée
d’une forte aftriélion. Voye^ SAVEUR.
L ’aigre fuppofe, comme l’on v o it , la préfence
d’un acide. Dans les matières végétales & animales
qui paffent à l’aigre, cet acide fe développe, il devient
fenfible quand fa eombinaifon favonneufe eft
rompue par quelque nouvelle affinité ; ou bien il eft
le produit de leur décompofition fpontanée , & de
la eombinaifon de quelqu’une de leurs parties avec
le principe acidifiant. Voyeç f erm en t at io n .
Le lait, les emulfions, les extraits non affez rapprochés
ou en confiftance trop, fluide, s’aigriffent très-
iàcilement.
Dans l’Aigrelet, l’acide n’eft pas néceflairement plus
foible, il eft feulement plus à nud, moins modifié;
voilà ce qui en rend l’impreffion plus flatteufe au
g o û t, c’eft celle que font les cerifes, les grofeilles,
l’épine-vinette, &c. Dans le jus de citron qui commence
à s’altérer , l’acide eft moins dominant &
Xaigreur tout-à-fait défagréable.
Par analogie ^ on a encore nommé a ig r e ce qui
Méfie les autres fens, ou qui les affe&e d’une manière
déplaifante : ainfi, il y a des fons aigres &
des odeurs aigres. Les corps qui commencent approuver
une dégenèrefcence putride, font à peu près fur
l’organe de l’odorat la même impreflion que fur celle
du goût, & fe reconnoiflent à une forte à?aigreur.
Enfin, on défigne en Chymie & en Métallurgie,
par le mot a ig r e , le défaut de du&ilité' propre à
quelques fubftances métalliques & la qualité vicieufe
qu’un métal a contra&ée dans quelqu’opération ou
par fon alliage avec d’autres métaux, & qui le fait
éclater facilement au lieu de s’étendre fous le marteau.
Le foufre rend tous les métaux aigres & caf-
fans ; le. fer devient aigre & fragile à froid par fon
union avec une très-petite quantité de phofphore ;
la platine eft aigre & intraitable au marteau tant qu’il
y refte une portion de fer alliée ; l’étain a la propriété
de rendre l’or lui-même aigre & peu du&ile;
c’eft une opinion affez commune dans les atteliers où
©n traite l’o r , que- fi l’on remue le métal en bain avec-
du fe r , il devient aigre, tandis que la même manipulation
adoucit l’argent : cette différence ne peut
yenir que de l’affinité plus grande de l’or avec le
fe r , & feroit foupçonner par conféquent qu’il refte
A I L
dans l*or une portion de fer infiniment petite, fùfc
fifante néanmoins pour altérer fà duélilité.
AIGREMOINE. ( Pkarm. ) Agrimonia Eupatoria;
Linn. Plante officinale qui croît naturellement dans
nos campagnes , & qui eft fort en ufàge dans la
Médecine. On la preferit journellement en qualité
de déterfif, de tonique, d’apéritif doux, dans la
c'achexie, la jaumffe , les embarras du foie , les maladies
des voies urinaires. Riviere propofe la poudre
de cette plante , à la dofo d’un gros, contre l’incontinence
d’urine. Simon Pauli dit qu’on la fait entrer
avec avantage dans les décoctions antivénériennes ;
il ajoute que cuite dans du vinaigre, ou du vin, 8c
appliquée en forme de cataplafme, elle eft efficace
contre les tumeurs inflammatoires des tefticules.
Les anciens Pharmaciens employoient beaucoup
cette plante ; ils en tiraient le fuc, qu’ils confervoient;
ils en fàifoient un firop, une effence, des pilules
des trochifques, un extrait. Quelques-uns encore
aujourd’hui en retirent l’eau par la diftillation ; mais
l’ufage le plus ordinaire eft pour les bouillons, les
infufions , les décodions. Quand la plante eft fraîche,
on la preferit à la dofe d’une poignée pour chaque
livre de décodion; on n’en met que la moitié lorsqu'elle
eft sèche. Cette plante eft suffi employée
dans les gargarifmes & dans les injedions pour les
ulcères fiftuleux ; elle entre aufii dans plufieurs com-
pofitions officinales, telles que les firops apéritifs,
les pilules aggrégatives, l’ongpent d’A che, l’eau vulnéraire
, &c.
Cette plante fraîche a aine odeur légèrement aromatique
, qui fe perd par la defficcation ÿ fa faveur
eft légèrement ftyptique ; fon infùfion aqueufe eft
jaunâtre elle noircit fur-le-champ par le vitriol de
fer. Il faut la recueillir au commencement de fa flo-
raifon r en Juin ou Juillet, & la renouveller tous
les ans*
A IL . Dans le nombre des odeurs aflez çara&é-
rifées y pour fervir de terme de comparaifon dans
l’indication des propriétés r celle de l’A il eft une des
plus remarquables : elle fe fait fentir lors de la com-
buftion de l’arfenic lorfqu’on expofe à. la chaleur le
phofphore , ou même l’àcide phofphorique, & pendant
la difîblution de quelques métaux dans l’acide
muriatique. Voye£ ODEUR.
A IL . ( Pharm. ) Alüum fativum, Linn..Cette plante
eft aujourd’hui plus employée dans les Cuifines que
dans les Pharmacies; fon odeur forte, pénétrante,,
fa faveur âcre annoncent affez qu’elle eft ftimulante ,
échauffante. Quelques-uns ont beaucoup vanté l’Ail
: comme un antidote affuré contre les maladies con-
: tagieufes , & même contre les poifôns ; d’après cette
propriété , on a fait entrer l’A il dans une compofi-
’ tion fameufe connue fous le nom de Vinaigre pro-
; philaftique ou Vinaigre des quatre Voleurs. Schroder
fait auffi mention d’un éleEluaire d’A il ; & la Pharmacopée
de Vienne donne la formule d’un élixir^
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d*Ail, recommandé comme un excellent préfervatif
contre la pefte & les maladies contagieufes. Cependant
, Diemerbroeck , d’après fon expérience , & fur
le témoignage de plufieurs Médecins , non-feulement
doute de l’utilité de ce préfervatif, mais encore il
n’héfite pas. à dire qu’il eft nuifible. On a attribué
à l’Ail bien d’autres propriétés ; on a dit qu’il étoit
diurétique, emménagogue , ftomachique , pe&oral &
vermifuge. Nous oblerverons fur cette dernière propriété,
que Redi a mis des vers dans un vafe frotté
avec des racines d’Ail broyées., qu’il les a recouverts
dHine petite quantité de terre, dans laquelle il avoir
mêlé plufieurs portions d’A il hachées ; « & cepen-
v dant, ajoute-t-il, ces vers vécurent vingt jours,
« & il y a toute apparence qu’ils y auraient vécu
v bien davantage, fi je les y euffe laiffés. » Bergius
dit que l’Ail entretient la tranfpiration, & qu’à ce
titre, il eft utile aux .Matelots & contre les fièvres
d’automne ; j’en ai vu , ajoute-t-il, d’heureux effets
contre la fièvre quarte. On prépare aufii, fuivant le
même Auteur, le petit-lait avec l’A i l , & cette boif-
fon eft un remède utile dans la toux.
L’A il crud , broyé & appliqué en forme de cataplafme
, eft rubéfiant, il devient véficatoire & même
rongeant, fi on le laifie féjourner long-temps fur la
p<v ie , ou fi on en réitère l’application ; cuit, fon
âcreté eft moindre; il eft un mamratif puiflànt dans
quelques tumeurs, dont il faut hâter ou exciter-la
luppuration. Le fuc d’A il a été aufii vanté contre les
dartres & contre la furdité caufée par un vjpe rhu-
matifmal. Enfin, quelques-uns aflurent que l’Ail réduit
en pâte, & appliqué fur le poignet- des fébrici-
tans, peut diminuer les. frifibns de la fièvre.
A IL E . (Pharm.') Efpèce de bière dont l’ufagea
été recommandé comme médicament dans ' quelques
maladies. Voye^ f e rm en t a t io n .
AIMANT. L’A imant, ou la pierre d’Aimant, eft
un minéral ferrugineux, qui attife le fer ; qui, lo r f-.
qifil eft placé fur mi fluide, ou : fufpendu de manière
qu’il puiffe fe mouvoir, dirige l’un de fespôles
Vers le nord & l’autre vers le fud ; . qui communique
au fer qu’il touche cette vertu d’attirer le fer
& de prendre la même direétion.; toutes propriétés
que ce1 minéral ne doit qu’au fer qu’il recèle, & qui
jufqu’à préfent eft le feul corps doué du magnétifme..
Il y a par conféquent dés Aima-ns naturels & .des
Aimans artificiels ; ceux-cj fe font d’acier , ofii reçoit
& confervé mieux le 'niâgnétifiiië.
C’eft dans le Diélionnairé de Phyfique qu’il faut
chercher la defeription des grands' phénomènes de
l’Aimant, ce que l’ôh connôît de la nature du fluide,
magnétique , des loix auxquelles il eft fournis, & de
fes attrapions & répulfions. On peut s’en rapporter
au célèbre Académicien qui s’eft. chargé de cette
partie, pour mettre dans le jour lie plus lumineux
cette importante théorie ; je ne dois m’occuper ici
Qne de ce qui a rapport aux opérations chymiques.
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I. L’Aimant eft . employé par les Chÿmiftes pour
enlever de petites, parties-de fer mêlées à d’autres
matières , foit qu’ils, veuillent en débarraffer ces matières
, ou obtenir ce métal plus pur ; ils ont pour
cela de petits aimans artificiels ou barreaux d’acier
aimantes par communication. Cette attraélion eft une
image fenfible de ce. qu’ils opèrent plus habituellement
par affinité, mais elle n’en eft que. l ’image,
puifqu’elle. ne produit qu’une, adhéfion desfurfaces,
au lieu d’une eombinaifon intime de particule à particule
; aufii la féparation n’eft-elle jamais bien exaPe:
le barreau qu’on promène ; au deffus de la limaille de
fer enlève en même temps tout ce qui lui tient, &
ne laifie que les fubftances étrangères abfolument ifo-
lées, ou celles qui font attachées à une trop petite quantité
de fer en état de métal, pour que la force magnétique
l’emporte fur leur pefanteur. Par ce moyen,
ou purge bien la platine de la plus grande portion
de fon fable ferrugineux ; mais les grains de platine
qui paroiffent les plus infenfibles à l’Aimant, font
encore loin de l’état de pureté qui permet de la travailler
au marteau.
II. Dans beaucoup de circonfiances, il importe
de s affurer de la préfence du fer, ou de l’état dans
lequel il fe trouve, & fà propriété magnétique fournit
un moyen aufii commode que fur d’acquérir ces
connoiflànces.
Quand le fer n’eft qu’en très-petite quantité par
rapport aux maffes qu’il s’agit d’examiner^ ou qu’il
eft très-avancé à l’état de chaux, on effaieroit inutilement
de l’attirer ou de l’enlever par l’aimant;
dans ce cas, on fe fert d’une aiguille , ou d’un barreau
bien fufpendu fur un pivot, que l’on laifie
s arrêter dans fa direélion. naturelle ; on en approche
enfuite doucement le; morceau que l’on foupçonne
tenir du fe r , & on obferve s’il attire à lui l’aiguille
aimantée.
Il arrive quelquefois que l’aiguille eft repouffée
par un côté & attirée par le côté oppofé ; ce qui
indique que la matière effayée ne tient pas feulement
du fe r , mais du fer à l’état d’Aimant, ayant
fes pôles.
Lorfqu’on «veut découvrir les plus petites traces de
magnétifme , il eft bon de fubftituer à l’aiguille aimantée
, fufpendiie à la manière des bouffoles, une
aiguille füfpendue par un cheveu pour -la rendre encore
plus mobile , ainfi que le célèbre de Sauflùre
l’a pratiqué dans l’examen de plufieurs minéraux.
En réduifant en poudre, fubtile des fragmens qui
ne donnent aucun figne de magnétifme, & portant
immédiatement fur cette poudre un barreau d’acier
aimanté & bien poli, on voit encore quelques parcelles
adhérer chaque fois à fes angles. C’eft en
opérant de cette manière que l’illuftre Buffon retrouva
du for dans la platine à laquelle j’avois fait
fubir la coupellation par le plomb ; ce qui pou voit
faire penfer que le fer entrait néceflairement dans
la compofition de ce nouveau métal, avant que l’on
fût parvenu à le purifier complètement (/£/?. naturM