
trois puïflanees d’affinité qui concourent dans cètte ]
opération'; la première A eft celle avec laquelle j
la portion de vitriol de potafle qui doit-être décom-
pofée , tend à retenir fa bâfe alkaline ; la fécondé
B eft celle qu’exerce la portion de vitriol de
potafle qui ne doit pas être décompofé.e, fur la
quantité d’acide qu’elle peut prendre par.excès;
& la troifième C eft la force d’affinité de. l’acide
nitreux avec la bafe alkaline. Suppofons que la
dernière C foit à la première A : : ^29 : .30■ , on
verra tout de fuite la raifon pour laquelle l’acide
vitriolique décompofe complètement le nitre ,
& pourquoi l’acide nitreux feul & par lui-même
ne peut enlever la bafe au vitriol de potafle ; mais
la puiflance B ou la capacité du vitriol de potafle ,
de recevoir un excès d’acide, doit auffi avoir une
valeur quelconque; fuppofons la feulement = 2,
on aura alors 29 -H 2 = 31 ; ainfl la fomrae des
forces divellentes, ou qui confpirent pour la dé-
compofition, fera plus grande que la force quief-
cente , & on trouvera du nitre formé & du vitriol
de potafle furchargé de fon acide.
Le célèbre Kirwan a propofé une explication
toute différente du même phénomène ; il convient
avec M. Bergman que la décompofition ne peut
avoir lieu que par l’aâion de plusieurs forces combinées
; mais c’eft le feu fpécifique, ou la matière
de la chaleur qu’il met en jeu ; & comme, dans lé
fyftêmedefes tables, les trois acides minéraux font
fuppofés avoir une égale affinité avec i’aîkali végétal,
il fe fert du même principe pour rendre raifon
de la décompofition du nitre oc du fel commun par
l’acide vitriolique. Ainfi, quand on met en conta#
avec le nitre ou avec le fel commun l’acide vitriolique,
que nous avons vu contenir plus de chaleur
fpécifique que les acides nitreux & muriatique,
cette chaleur paffe dans les deux acides , lefquels
acquérant p ar-là un degré de raréfa#ion con-
fidérable, font chaffés de leurs bafes; l’acide vitriolique
s’en empare, & les deux autres acides
sélèvent en forme de gas , à caufe de la chaleur
qu’ils reçoivent indépendamment de celle qu’ils ne
peuvent abforber, & qui devient fenfible au thermomètre.
D ’autre côté, lorfqu’on met, par exemple, 60
grains de vitriol de potafle en poudre dans un
mélange de 100 grains d’eau & de 66 grains d’acide
nitreux, à 1,355 de pefanreur fpécifique &
contenant précifément l’acide réel néceffaire à la
faturation de la bafe alkaline du vitriol, on trouve
au bout de huit jours le vitriol prefque entière- |
ment diffous, mais fans aucun figne de décompo- .
fition, & la liqueur évaporée ne fournit point de :
nitre, parce que l’acide nitreux ne peut décom-
pofer le vitriol de potafle fans le fecours de la
chaleur; à moins que fe trouvant en excès, la
quantité confidérable de chaleur qu’il contient ne
foit forcée à l’abandonner par l’ade même de la
fijflblution,
Si on mët au contraire 60 grains dè vitriol de
potafle pulvêrifé dans4ocvgrains d'acide nitreux à
1,355 pefanteur fpécinque, le thermomètre
plongé dans le mélange n’en eft pas affe#é ; il ne
s’y manifefte prefque aucun figne de diffolution, Ôc
I cependant, au bout de 24 heures, on peut juger
1 qu’il y a un peu d’acide vitriolique dégagé , puifque
le mélange diffout un peu d’antimoine, qui . n’eft
attaqué en régule, ni par l’acide, vitriolique, ni par
l’acide nitreux fèparés. Que l’on augmente encore la
proportion d’acide nitreux réel, o u , ce qui eft la
mêmechofe, qu’on mette la même quantité de v itriol
de potafle dans 400 grains d’acide nitreux, à
1,478 de pefanteur fpécifique, le thermomètre s’élève
de 4 ,4 , degrés, le vitriol de potafle fe diffout
tout de fuite entièrement, & l’antimoine annonce
que l’acide vitriolique s’eft dégagé. D’où il réfui te ,
fuivantM.Kirwan, que quoique l’acide nitreux n’ait
avec l’alkali qu’une affinité égale à celle dè l’acide vitriolique,
le premier laiffantechapper dans cette opération
plus de chaleur que n’en peut prendre la
diffolution, l’acide vitriolique venant à s’en emparer
eft par-là dégagé de fa bafe ; parce que, de
même qu’il ne peut s’unir aux alkalis fans perdre
de fa chaleur fpécifique, il ne peut en recevoir
fans quitter les alkalis.
M. Kirwan applique la même folution aux problèmes
de la décompofition du vitriol de fonde &
du vitriol ammoniacal par l’acide nitreux, à celles
du vitriol de potafle & du nitre par l’acide muria-
1 tique , qui ne font également jamais complet tes;
& il faut avouer non-feulement que c’eft une vue
nouvelle rrès-ingénieufe Si très-digne d’attention,
niais encore que l’auteur y rapporte d’une manière
fatisfaifante la plupart des faits, & particuliérement
l’expérience par laquelle M. Cornette a
fait voir que quand on portoit dans l’acide muriatique
, au lieu de vitriol de.potafle en nature, la
diffolution de ce fel dans l’eau, il n’y avoit plus
de décompofition de ïacad. roy. dés fc% ann,
i j 'j8 , page 4p ) , ainfi que l’obfervation du même
académicien, que l’acide muriatique décompofe
plus facilement le nitre de foude que'le nitre de
potafle. La caufe du premier phénomène eft dans
les principes de M. - Kirwan, que ce n’eft pas le
mélange , mais la diffolution même qui produit de
la chaleur, & qu’il ne peut s’en dégager quand le
fel eft diffous d’avance ; il trouve la caule, du fécond
dans la difproportion de chaleur qui fe dégage
la décompofition du nitre de fonde faifant defçen-»
dre le thermomètre de 6 degrés, tandis que la décompofition
du nitre de potafle ne le fait defcendre
que de 3 degrés ; ce qui prouve qu’il fe dégage
plus de chaleur dans le fécond cas que dans Te
1 premier.
Cependant cette hypothèfe me paroît encore
' fufcsptible de bien des difficultés : j’expoferai ici
en peu de mots quelques-unes des plus eflentielles,
pour fournir à l’auteur lui-même l’ocçafipn de le^
ver les doutes qu’elles préfentent.
1®. Il fait une condition de laréuflîte de la décompofition
des fels neutres alkalins par un acide
réputé plus foible, ou du moins qui n’eft pas plus
puiflant, que cet acide excède de beaucoup la quantité
d’acide contenu dans le fel neutre , pour qu’il
fe dégage pendant là diffolution affez de chaleur
pour mettre en état de gas l’acide a#uellement
combiné: mais la mefure de la chaleur qui, doit
être rendue libre paroît dépendre bien plutôt de
la quantité de fel à diffoudre, que ,d’une quantité
furabondante du diffolvant, parce que la diffolu-
tion une fois faite par la portion du diffolvant néceffaire
à cette opération , le furplus ne forme
qu’un fimple mélange dans lequel les fubftances
mêlées ne peuvent pas avoir plus d’aclion l’une
fur l’autre que l’acide muriatique n’en a , fuivant
l ’expérience de M. Cornette, fur le vitriol de po-
taflè diffous d’avance dans l’eau.
20. Il eft tout fimple que M. Kirwan n’ait pas
cherché • la preuve de la décompofition du fel
neutre vitriolique par la cryftallifation de la liqueur
, puifqu’il pouvoit arriver, & qu’il arrive
réellement quelquefois que l’acide qui a.d’abord
été déplacé reprend à fon tour.'la bafe pendant
l'évaporation ; maison peut avoir dés^doutes fur
la fidélité des ré?.#ifs qu’il a employés pour vérifier
la déco.m.pofition, parce que rien, n’empêché
de croire qu’un acide par lui-même impuiffant à
froid, puifîe attaquer à un certain pointl’ântimo'ine
lorfqu’il eft aidé de la préfence d’un fel neutre
qu’il tient en diffolution ; foit qu’il n’y ait point de
décompofition du fel neutre, foit qu’elle ait lieu
par la puiflance nouvelle que produit l’affinité
v ive ,ou morte de fon acide avec le métal, &
qui exifle par le feul effet du conta#: ce n’eft plus
le cas de la décompofition dire#é du vitriol de po-
taffe par l’acide nitreux.
30. Une obje#ion encore plus importante naît
de la difficulté de comprendre ce qui détermine
la matière de la chaleur mife en liberté à s’unir à
l’acide nitreux quand on décompofe le nitre, & à
l’acide vitriolique quand il s’agit de décompofer
le vitriol de poràffe ; car du moment que je conçois
exiians en même temps dans le mélange, de
l’acide vitriolique, de l’acidè nitreux & de la matière
de la chaleur, peu importe que l’un des acides
foit en plus grande quantité que l’autre , que le
premier exige plus de chaleur que le fécond pour
être mis en état de gas , l’effet qui dojt fuivre ne
peut toujours être décidé que par l’affinité plus
forte de l’un de ces acides avec la matière de la chaleur
; il doit donc toujours être le même, comme
dépendant de cette caufe unique, jufqu’à ce qu’il
ffirvienne-unè autre puiflance qui change cet effet.
O r , voilà ce qui ne fe trouve pas dans les décompositions
dont il s’agit, & fans cela je nsrvois qu’iine
•réciprocité arbitraire qui répugne auxrloix générales
des affinités.
Je pourrois ajouter bien d’autres réflexions, &
.demander,ît par exemple, û ayant de chercher une
nouvelle explication, il ne conviendroit pas de vérifier
le fait qui fert de bafe à celle de M. Bergman ,
je veux dire cette propriété de quelques fels, de fe
préfenter en cryftaux , tantôt avec excès d’acide ,
tantôt avec une jufte dofe, & dans le dernier cas, de
réfifter absolument aux moyens de décompofition
dont nous cherchons la caufe : mais j’en ai dit
affez pour faire fentir toute l’importance & la difficulté
du problème , & peut-être pour autorifér
à conclure que fi le principe calorifique joue réellement
un rôle dans ces opérations, ce qui me
paroît affez yjraifemblable , il nous manque encore
quelque donnée pour concilier des effets fi effen-
tiellement'différens dans des circonftancës qui nous
Semblent lès mêmes..
. Les doubles affinités produifent des décoippofitions
de fels vitriolique« quj s’expliquent très-facilement
par le calcul des forces confpirantes, foit que l’on
iaffe entrer. dans ce calcul la valeur de chaque
puiflance déterminée eh quantité' réelle parles expériences
de M. Kirwan, foit que'l’on prenne des
nombres qui gardent feulement entre eux des rapports
approchés de Pin égalité cl’attra#ion , conformes*
àux obfervations les plus familières, à
l’exemple de MM.Bergman, Elliot-& de Fourcroy,
. C ’eft ainfi que quoique l’acide vitriolique ait cer-
.tainement plus d’affinité avec les alkalis fixes qu’avec
les terres calcaire & magnéfienne , cependant
lé vitriol de potafle & le vitriol de fonde font dé-
compofés par le nitre calcaire, par le nitre de
magnéfie, & même par les muriates calcaire &
magnéfien.
Pour faciliter l’intelligence de cre qui fe paffe
dans ces opérations, j’en donnerai ici deux exemples,
en appliquant à l’un les nombres hypothétiques
de M. de Fourcroy , & en employant dans
le calcul de l’autre les valeurs numériques déter-
minèfes par M. Kirwan.
M. de, Fourcroy fuppofe
l ’affinité de 1yacide vitriolique
avec le potafle = 8
avec le calce =5 6
l’affinité de Vacide nitreux
avec le potafle = 7
avec le calce = 4
On verrâ à l’article acide nitreux ( §. III ) que
j’ai été obligé de prendre d’autres nombres pour
trouver par cette méthode l’explication de deux
phénomènes en apparence contraires; fà v o ir ,la
décompofition du muriate de potafle par le nitre
calcaire , & la noh-déeompofition du muriate de
foude par le même nitre terreux : phénomènes qui,
étant dans la nature, dévoient trouver leur principe
dans notre théorie, fi elle étoit fondée, & qui
cependant ne cadroient guères mieux avec les
nombres donnés par M. Kirwan. Mais il n’en eft
pas moins vrai que ces nombres repréfentent d’une
manière plus ou moins approchée les proportions