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de fon chapiteau., s’efl fublimée en entier en aiguilles
longues, brillantes & très-blanches; elle
étoit indiffbluble dans l’eau, foluble dans l’elprît-
de-vin, dans l’éther 8c dans tous les acides , &
fôrmoit des fa von s avec les alkalis. D’où M.Achard
conclut que la matière cryftailine produite dans
cette opération a dés propriétés communes , ou
plutôt moyennes entre le camphre & les,'réfines-.
M. Cornette a également compris , dans fon
travail fur les eombinaifons des acides avec les
huiles , l’examen de l’altération que leur caufoit
Y acide nitreux ( Métti. de l'Âcadèm. roy. des Scie ne,
ann. iy8o , pag. $6y ) , il n’a pas cru devoir employer'cet
acide très - concentré, pour que fon
aélion ne fût pas trop/ yive ; il l ’a pris à 1,3125
de pefanreur fpécifique , au furplus précipité par
la diAblution d’argent & rediftillé, c’eft-à-dire, de
l’eau-forte de Meyer.
Une once de cet acide verfé fur une demi-once
(Yhuile de thèrébentine y nouvellement reélifiée , n’a
point occafionné de chaleur; le mélange ayant été
mis fur le feu 8c agité, l’acide qui avoit pris une
couleur j aune devint clair, & l’huile fe colora; il
y eut , quelque temps après , un bouillonnement
considérable , accompagné de beaucoup de vapeurs
rutilantes ; l’huile acquit la confiftance de la thé-
rében fine ordinaire, 8c l’acide. refié -dans la cap-
fule n’a voit qu’une couleur ambrée.
Les huiles effentielles de romarin y de genièvre,
de marjolaine, de thym, de rue & de fabine fe
comportèrent à-peu-près de la même manière ;
celle de lavande fournit des vapeurs blanches qui
s’élevoient à peine, & qui a voientune odeur dé-
fâgréable & très- nauféabonde ; elle ne s’évapora
point comme l’huile de thèrébentine ; la portion
qui refta étoit .épaiffe & tenace , fe ramolliffoic
par la chaleur, reprenoit, en refroidi/Tant, la confiftance
réfineufe, 8c conférvoit, en cet état, une
grande partie de fon odeur; ce qui eft contraire à
Tobfervarion d’Hoffman, qui affure qu’elle la perd
absolument dans cette opération.
Si on arrête eètte opération précisément à l’inf-
tant où l’acide eft encore trouble & coloré, & qu’on
en fépare l’huile , l’acide ne rend pas l’eau laiteufe;
•cependant il tient de l’huile en diflolution , puifque
fi on le fait évaporer à ficcité, il refte une matière
graffe d’un rouge affez foncé, qui, délayée dans
l ’eau, la fumage & paroît comme de l’huile à fa
Surface. .
Mo Cornette a fenti qu'il étoit important de
connoître la nature des vapeurs qui fe dégageoient
pendant le bouillonnement confidérable de ces
mélanges, il les a reçues dans un appareil pneumatique;
& quoiqu'une partie de la matière ait
pafTé dans le fiphon , il a obtenu cinquante-cinq
pouces cubiques de fluide aériforme qui étoit en
grande partie du gas nitreux.
Les huiles de lin 9 de noix , de navette ont pris
avec Y acide nitreux, par le même procédé, une
a c î
couleur très-foncée; elles ont acquis une confiftance
folide , c’étoit une vraie réfine, foluble dans l’ef-
prit-de-vin ; ce qui vient encore à l’appui de l’opinion
de, M. Cornette , que lés huiles ficcatives fe
rapprochent des huiles effentielles. Au refte, elles
n’ont jamais donné de favon acide.
Pour les huiles grajfes de la nature de celles
d'olive 8c de been, la plus longue digeftion avec
Y acide nitreux n’a pu leur faire contrarier aucune
couleur , elles ont acquis un peu plus de confiftance,
& dans cet é,tat d’épaiftiflement , elles étoient pref-
qu’entiérement folubles dans l’efprit-de-vin , ainfi
que l’avoient obfervé MM. Geoffroy & Macquer;
mais au bout! de quelque temps , la plus grande
partie de l’huile s’eft féparée fpontanément, &
refufoit de fe difloudre de nouveau. M. Cornette
avertit que l’on ne doit pas regarder le mouvez
ment qui s’excite fur le feu dans le mélange de
ces huiles avec Yacide nitreux , comme une fuite
de l’aélion , qu’il ri’eft dû au Contraire qu'au défaut
de mifeibilitè, 8c à l ’effort impétueux que fait l’acide
pour écarter l’huile nageant à fa furface , 8c qui
s’oppofe à .fon expansion ; la preuve de cette vérité
eft qu’en remuant le mélange on arrête cette
raréfaction.
Les réfultats ont été abfolument femblables avec
les autres huiles du même genre, comme l ’huile
d’oeillet, celle d’amandes douces , & avec la graijfç
de porc , le fu i f de mouton 8c le beurre de cacao ;
les feules différences qu’ait ôbfèrvéesM. Cornette,
c’eft que faxonge de porc a fourni beaucoup de
bulles d’air & le fuif très-peu ; que le fuif avoit
acquis plus de molleffe, 8c l'axonge plus de foli-
dité ; au refte , tous les deux étoient également fo-
lubles dans l’efprit-de-vin.
L ’acide nitreux affoibli a blanchi, en une demi-
heure , la cire jaune, à l ’aide d’une légère ébullition
, & fans lui caufer d’autre altération.
Enfin, ce favant académicien a obfervé que le
karabé ou fuccin digéré dans Yacide nitreux affoibli,
devenoit plus foluble dans l ’efprit-de-vin. Voye\£
Alkohol kàrabique.
Avant de rapprocher les conféquences de ces
faits , j’en recueillerai encore quelques-uns dans le
mémoire de M. Haffe, publié dans le recuéil de
M. Crell. ( Neveflen entdeckungen in der chemie y
part. IX. j
M. Haffe a été conduit à ces recherches par
l’obfervadon du célèbre Margraff, qüe Y acide nitreux
, en s’uniffant au karabé ou fuccin , en for-
moi t une réfine particulière qui avoit l’odeur
d’ambre. Il a porté fes expériences fur les. baumes
fluides , les huiles effentielles & les huiles
grades.
Ayant mis dans une capfule de porcelaine foi-
xante grains de baume de copahu , il y ajouta peu-
à-peu , & avec précaution , 120 grains d'acide ni*
treux fumant; à chaque projection, il y eut une
violente efferyefçence , accompagnée de vapeurs
a c 1
fufîbquantes, la liqueur prit une couleur brüne.
Quand tout le mélange fut fait, il ajouta de l’eau
diftillée, par le moyen de laquelle il fefépara tout
de fuite une matière réfineufe qui , lavée dans
plufieurs eaux, avoit une belle couleur d’o r, une
odeur encore approchant de celle du baume, & qui
pefoit vingt-un grains.
Vingt grains de cette réfine furent diffous à une
chaleur douce dans 120 grains d’efprit-de-vin ;
cette diflolution étoit d’un brun rouge, 8c formoit'
un très-bon vernis ; elle avoit encore un goût em-
pyreumatique affez fort ; l’eau précipita cette réfine
fans perte de poids.
La thèrébentine fe comporta de la même manière,
elle parut fe précipiter en poudre ; mais après
avoir été lavée , elle fe laiflbit paitrir, elle avoit
l ’odeur 8c le goût de la thèrébentine cuite.
Y'huile blanche de pétrole s’eft unie à l’acide fans
aucun mouvement d’effervefcence , le mélange eft
devenu laiteux par l’addition de l’eau ; il s’eft élevé,
à la furface,, une matière réfineufe molle , qui avoit
une faveur très-piquante 8c une odeur d’ambre.
Cette odeur a été aufli remarquée par M. Schon-
wald , fuivant la note de M. Leonhardi, dans fes
notes fur le dictionnaire de M. Macquer.
Soixante grains d’huile d'afphalte reélifiée ont ma-
nifefté une aClion vive en s’uniffant à 120 grains
d’acide nitreux fumant, & ont formé fur-le-cnamp
une réfiné molle de couleur brune, qui, après avoir
été lavée plufieurs fois dans l ’eau, pefoit 100 grains,
& qui avoit l’odeur & la faveur de l’ambre. Sa
diflolution dans l’efprit-de-rvin a donné un très-bon
vernis abfolument femblable à celui qui fe fait
avec le karabé ou fuccin.
Les huiles effentielles fe font unies à Y acide nitreux
avec plus ou moins d’eflervefcence , plus
ou moins de vapeurs ; l’addition de l’eau diftillée
en a précipité des réfines quelquefois un peu molles,
le plus fouvent folides. Celles de laurier 8c d’écorce
de citron avoient pris une odeur particulière , les
autres confervoient, ou à-peu-près , celle de l’huile
qui les avoit produites. Mais tous ces précipités
xéfîneux fe font trouvés, avec un excès de poids.,
prefque en proportion de l’aClion que les deux
fubftances avoient marquées l’une fur l’autre, &
qui n’a pas été emporté par des lotions répétées.
Ce phénomène eft trop important pour ne pas
donner ici la table de ces augmentations de
poids.
Soixante grains ONT DONNÉ de rèfine lavée.
D’huile de galbanum. .................................. ço grains.
d’oliban...............* ........................ çq
de gomme animé. . . i ,, . .9 0
de rofes..................... go
d anis.......................... ... i 00
de. c um in ................ ... > , . . .
d’écorce de citron. . . . . . . . no
de cardamome.................. go
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Soixante grains ONT DONNÉ de rèfine lavée.
D’huile de laurier. . . . . . i . . . . . go grains.
de coriandre. . . . l} f \..............90
de cubebes.............. ... . . . ï2 o
d’acorus........................... ... # . i 00
L ’huile de benjoin reélifiée fe mêla aflez tranquillement
avec l’acide, l’eau rendit le mélange
laiteux, il s en fepara de 1 huile épaiffie , mais point
de réfine.
Les huiles de maflic, de fenouil & de thuya ne
donnèrent qu’à -peu-près vingt grains ou j de
leurs poids de produit réfineux, La première prit
une odeur particulière , qui la faifoit diftinguer
de toutes les autres. *
L ’huile cryflailine de pèrfil y celles de faffdfras
& de mufeade s’enflammèrent malgré toutes les
précautions ; mais en obfervant de ne pas mettre
Ja quantité d’acide faififante , ou d’éteindre fur-ie-
champ la flamme avec de l’eau , on obtint de chacune
de ces huiles un peu de réfine colorée en
jaune ou en brun.
L ’huile animale de dippel reélifiée fe mêla à
l’acide avec grande eflervefcence & chaleur con-
fidërable , l’eau enfépara une réfine brune qui avoir
1 odeur de l’huile. M. Haffe a obfervé que cette
réfine, après avoir été bien lavée 8c laiffée dans
l ’eau , fourniffoit, long-temps après, une quantité
de petites bulles , qu’il foupçonne produites par
l’aét-pn continuée de l’acide fur l ’alkali volatil enveloppé
dans cette fubftance , mais il ne s’eft point
affuré" de la formation d’un nitre ammoniacal , 8c
il éft bien difficile de croire que cette huile rectifié
retienne encore de l’aikali volatil , fur-tout
dans l’état de combinaifon avec le gas méphitique
qui feroit néceffaire pour produire i’effervefeence.
L ’huile de cire a éprouvé d’abord peu de changement;
mais l’acide ayant été mêlé par l’agitation
, elle bouillonna & fournit beaucoup de
vapeurs. L ’eau en fépara une matière de la confiftance
de la cire molle, fe laiflant paitrir dans
les doigts, 8c qui furnageoit. Lorfqu’elle eut été
bien lavée dans l ’eau froide, elle avoit l’apparence
du jaune d’oeuf, & pefoit un tiers de plus qu’au-
paravant.
M. Haffe ne paroît faire aucune diftinélien
entre les huiles grajfes 5 mais la différence dés
réfultats que lui ont donnés celles de ces huile«
que l’on nomme ficcaiives, eft très propre à confirmer
l ’idée qu’en a prife M- Cornette,
Les huiles de lin , de chenevis 8c de pavot fe
font mêlées à l’acide avec bruit, bouillonnement
& vapeurs fenfibles; la matière féparée par l ’eaa
s’eft trouvée un peu plus folide, un peu plu«
flèche , quoique fans odeur; le produit des deux
premières a été de 90 grains, comme pour le
plus grand nombre des tables effentielles; celui de
la dernière pefoit îb ô grains.
L ’huile £ amandes douces 8k, d'olive a ’o s i