
dillipe en vapeur pendant la calcination de l'hépar ;
a ° . la produâion artificielle d’un foufre qui n’exif-
toit pas, par l’union du phlogiftique du charbon
avec l’acide du vitriol de potaffe ; 30. la préfence
fenfible du principe inflammable ou phlogiftique,
que l’acide'prend au charbon, qu’il ne peut recevoir
que dequelque fubftance congénère, qu’il perd dans
la calcination de l’hépar, & dont l’abfence le Jaifle
dans un état de compofition plus Ample, avec des
propriétés tout-à-fait différentes , ôt fur-tout privé
de toute inflammabilité.
On ne feroit déjà plus étonné que ce fyftême
eût faifi les efprits quand il n’àuroit pas eu d’autre
fondement; mais chaque jour les Stahliens en mul-
tiplioient les conféquences, & fembloient répandre
la lumière par-tout où ils en faifoient l’application.
Ils étoient parvenus à combiner en quelque forte
dire&ement l’acide & le phlogiftique ; en dettant
un charbon ardent dans l’acide, en le diftillant avec
une goutte d’huile, avec quelque parcelle de métal,
ou feulement dans une cornue félée, ils avoient
produit un acide nouveau, qui manifeftoit fenfible*'
ment par fon odeur la préfence d’un vrai foufré;
ils avoient recueilli ce foufre, même en état fec,
en diftillant cet acide avec les huiles effentielles ( 1 ) ,
en l’employant, dans un certain degré de concentration,
à la diffolution de l’étain & de quelques
autres métaux (2) ; ils faifoient ainfi paffer à volonté
le phlogiftique du charbon dans les métaux,
celui des métaux dans l’acide , celui du foufre dans
les métaux(3)^ ils voyoient détonner le nitre avec le
foufre comme avec le charbon & les métaux; en un
mot, l’acide leur fervoit habituellement de pierre
de touche pour découvrir le phlogiftique par la formation
du foufre ; le phlogiftique leur dévoiloit
réciproquement la préfence de l’acide par la même
compofition, & ces moyens d’analyfe reprodui-
foient fans ceffe fous leurs yeux la fynthèfe de
Stahl. Nous allons voir cependant que cette théorie
fi impofante n’étoit pas à l’abri de toute objeétion,
& qu’elle doit au moins être corrigée dans une de
fes parties principales.
Sthal avoit cru pouvoir conclure de la compa-
raifon des poids de l’hépar, avant & après fa calcination,
que dans huit parties de foufre ^ il y en
avoit fept d’acide & une de phlogiftique. M. Brandt
a trouvé par le même procédé, conduit avec plus
d’attention, que la proportion du phlogiftique à
l’acide de voit être : : 3 : yo. M. Wenzel, toujours
fuivant la même méthode, la détermine dans le
rapport de 1 à 15. Un moderne défenfeur de la
do&rine Stahlienne, le célèbre Kirwan, a bien compris
que ces expériences étoient abfolument infi-
delles , foit à caufe de la diflipation d’une portion
de phlogiftique, & même d’acide qui fe rendoit
fenfible par l’odeur, foit parce que le vitriol de
potaffe reten oit toujours un peu de foufre non dé-
compofé , à moins que l’on n’y appliquât une très-
forte chaleur ; il s’eft flatté d’atteindre au même but
par une voie plus direfre , & en profitant habilement
des principes qu’il avoit précédemment établis
fur l’identité du gas inflammable & du phlogiftique
, & fur les parties conftituantes de l’acide
méphitique ou air fixe. Voici comment il a
opéré.
Au fommet d’un récipient de verre tubulé , de
la capacité d’environ 3000 pouces cubiques ( an-
glois ) , il a fortement attaché une grande vefiie pour
recevoir pendant la combuftion l’air qui s’échappe
ordinairement fans cette précaution. Il a placé fous
le récipient une chandelle’ de foufre du poids de
j 47 grains ( anglois ) , & dont la mèche ne pefoit
que \ grain; la chandelle étoit portée par un fil d’ar-
chal fixé fur la tablette de la cuve pneumatique,
& furmonté d’uile plaque d’étain mince, pour empêcher
lefoufre de couler.Dèsque le foufre commença
à brûler, il le couvrit du récipient, après avoir fait
fortir l’air de la vefiie ; l’intérieur de la cloche fut
bientôt rempli d’une fumée blanche qui empêchoit
de voir la flamme. Au bout d’une heure, la fumée
s’abaifla entièrement, & tout étoit froid ; l’eau
s’étoit élevée dans le récipient à une hauteur cor-
refpondante à 87, 2 pouces cubiques, ce qui prou-
v o it, fuivant M. Kirwan , qu’il s’étoit produit 87,
2 pouces cubiques d’acide méphitique ; & comme
ce phyficien avoit précédemment établi que 100
pouces cubiques d’acide méphitique contenoient
8,3 5 7 grains de phlogiftique ( voye^àcide méphitique,
§. I V ) , il trouva par une règle de proportion
que les 8 7 ,2 pouces cubes produits dans fon opération
s’étoient formés de la combinaifon de 7,287
grains de phlogiftique avec la portion d’air vital qui
fe trouvoit dans l’air commun renfermé fous le ré-,
cipient.
Il pefa donc ce qui reftoit de la chandelle de
foufre, & s’étant afturé qu’elle n’avoit perdu que
20,75 grains de fon poids, il conclut que 20,75
grains de foufre contenoient 7,287 grains de phlogiftique
, indépendamment de la portion de phlogiftique
qui étoit reftée dans le gas acide vitriolique.
Pour déterminer le poids de cette quantité, il fup-
pofa le poids total de ce gas r = 20,75 — 7,287
(1) Boyle eft le premier qui ait fait cette observation, M, le Gendre a obtenu du foufre en traitant l ’acide avec le
camphre. ( Journ. de méd. arm. *771 , part. *. )
(2) M. Batimé, Chym. expérim., tome II , page 485 ; M. Monnet, traité de la diffolution des métaux, page 35 J M.
Léonhardi, IVorterbuch , &c. tome I , page 638. Ces deux derniers ont obtenu du foufre fublijné pendant la diffolution
du fer dans l’acide concentré.
(3) Comme dans les précipitations métalliques par l’hépar de foufre > & c . &c»
?= 13.463
■»— *3*463 grains; & comme par des opérations
fondées de même fur l’identité du gas inflammable &
du phlogiftique , il avoit trouvé que 100 grains de
gas acide vitriolique en contenoient 8,48 de phlogiftique
( voyeç gas acide vitriolique ) , il en tira
Facilement la conféquence que la quantité totale
de phlogiftique contenue dans 20,77 grains de foufre
'Ȏtoit 8,428 grains, & 'que 100 grains de foufre con-
■ tenoient 40,61 grains de phlogijlique d'acide
vitriolique.
La mèche qui ne pefoit que - grain, n’ayant pas
jnême été entièrement confumée, ne pouvoit avoir
fourni une quantité de gas méphitique, capable d’induire
en erreur; ainfi, dans les principes de l’auteur,
cette approximation ne pouvoit varier que
par l’inftant ou l’on poferoit le récipient furie foufre
allumé, •& qui renfermeroit un air déjà plus ou
moins raréfié ; & par ce procédé ingénieux, il fe
trouvoit avoir pefé le phlogiftique du foufre;
comme Stahl en avoit pelé l’acide.
Mais cette détermination , ainfi que toutes celles
qui ont été faites à la manière de Stahl, porte fur
la fuppofition que l’acide eft tout formé dans le
foufre , & qu’il ne s’y fixe point d’air ; dans la fuppofition
contraire,, le vuide de 87 pouces cubes
formé pendant l’opération, ne repréfente plus de
l’acide méphitique abforbé par l’eau , mais du moins
pour la très-grande partie, Ü^ir vital contenu d’abord
dans l’air commun'qùteft devenu partie conf-
tituante de l’acide, qui, en entrant dans cette
combinaifon, a perdu tout-à-la-fois fa chaleur &
fon volume, &qui augmente fenfiblement le poids
•du foufre confumé : o r , ce n’eft plus une fimple
hypothèfe; c’eft une vérité démontrée, comme on
va le voir dans la feâion- fuivante.
II. Dès 1772, j’annonçai que l’analyfe du foufre
par la calcination de l’hépar * ne me paroifloit pas
mériter toute la confiance qu’on lui avoit donnée ;
& je rapportai à cette occafion une expérience,
dont j’étois, à la vérité , éloigné de prévoir toutes
les conféquences, mais qui prouvoit déjà que 22
grains de phofphore acquéroient par leur inflammation
fubite dans une cornue légèrement chauffée,
une augmentation de poids de 15 grains ( Digref-
fions acad. pag. 250 , & fuiv. ). Haies avoit dit
long-temps auparavant dans fa ftatique qu’il y avoit
fcbforption d’air pendant la combuftion du phofphore
& du fourre, mais il n’avoit pas imaginé
que la matière reftante pût recevoir par - là une
augmentation de poids, puifqu’il ajouta que 3 grains
de phofphore pefés aujji-tôt après la déflagration lia-
voient pas perdu \ grain ( exper. 54. )
M. Lavoifler porta plus loin fes vues, & ayant
répété cette expérience avec tout le foin qu’elLe
méritoit, il vit que le phofphore ne s’enflammoit
pas dans le vuide, même à une chaleur capable
de le fondre ; que 2 gros 10 grains de phofphore
brûles fous une cloche laiffoient, après la conden-
fation des vapeurs, une liqueur acide, dont l’excès
de poids , fur un pareil volume d’eau, étoit de 3
gros 27 grains ; d’où il conclut « qu’il exiftoit au
» moins dans cette liqueur 3 gros 27 grains d’a-
» eide; que le phofphore avoit attiré pendant fa
» combuftion au moins 1 gros 17 grains d’une
» fubftance quelconque ; que cette fubftance ne
» pouvoit être de l’eau , parce que de l’eau n’auroit
pas augmenté la pefameur fpécifique de l’eau ( r ) ;
» que c’étoit donc ou l’air lui-même , ou un autre
» fluide élaftique quelconque, contenu dans une
» certaine proportion dans l’air que nous refpi-
” rons » ( opufe. phyfl & Chym. tom. 1 ,p. 349. )
Ce célèbre académicien a déterminé dans la fuite
avec bien plus de précifioii la quantité d’air vital
néceffaire à la production de cet acide. Voyeç A cide
PHOSPHORIQUE.
Il n’en fallut pas d’avantage pour m’engager à
pofer èn principes, dans nos premiers cours de
Chymie, que les acides contenoient une certaine
quantité d’air qui leur étoit effentiellement uni ,
qu’ils nepouvoientperdre fans décompofition ; qu’il
étoit véritablement l’acide univerfel & l’élément
acide , & que fi l’on avoit cru jufqu’alors que l’air
ne fervoit à la combuftion du foufre que comme
un agent méchanique, il n’étoit plus poflible de
fe contenter de cette raifon. ( Elément de Chym. do
Vacadi de Dijon tom. I I , pdg. q , 20/, 22 , &c.)
Cette explication de la formation des acides pat
la combinaifon de 1 air vital, principe acidifiant ou
ôxigine, eft préfentement établie fur des expériences
fi nombreufes & fi frappantes, la plupart dues aux:
travaux du célèbre académicien déjà tant de fois
cité, que je puis me difpenfer de chercher à en
fortifier les preuves en les réunifiant ; je ne iri’oc-
cuperai donc ici que de celles qui ont particuliérement
pour objet le foufre & fon acide, & j’en
uferai de même par rapport aux acides nitreux,
phofphorique , faccharin ,.arfenical, &c.
L'air vital, ou la partie refpirable de l’air commun
, devient partie conflïtuante de Iacide que laiffe
le foufre après fa combuflion : M. Lavoifier a trouvé
que lorfqu’on allumoit, par le moyen d’un verre
ardent , du foufre fous une cloche de verre
plongée dans le mercure, il s’y éteignoit bien plus
facilement que le phofphore , & refufoit d’y brûler ,
tandis que d’autres corps plus fufceptibles d’être
(1) J’ai remarqué dans le paragraphe précédent , au fujet de la table de M. Kirwan, que l’eau perdant fa chaleur en
entrant en combinaifon avec les acides , contribuoit elle-même à l’accroiffement de denfité ; ainfi , ce principe n’eft
pas rigoureufement vrai ; mais cette obfervation ne touche qu’à la quotité & non à la réalité de l’augmentation de
poids abfolu du réfidu.du phofphore, indépendamment de l’eau qu’il a attirée,
Chyjpie. Tome I. Aaa