
S E C O N D
face du globe1 y mais l’efpèce de terre de qui elle reçoit fon principal caractère
n’y eft jamais pure, tellement que pour examiner fès propriétés, les
Chymiftes ont' été obligés de la chercher dans cette portion de l’argilje qui
forme l’alun, & qu’ils ont nommée, pour cette raifon, terre bafe de L'alun ;
de là, nous avons tiré alumine & tandis que, dans le langage exaft, lalun du
Commerce fera un fulfate d’alumine, le mot argilie confervant fon acception
vulgaire-,'tepréfentera un mélange terreux, dont l’alumine fait la partie'dominante.
gnol qtr'lipæsiqmotfa r.i tàsqu 'f,n ” ; 1 ■ ! ■
La terre qui exifte dans le marbre, dans la craie, dans le fpath, en état de
fel carbonique, retiendra le nom de chaux. Nous avons déjà eu occafion de
remarquer que l’être fimple dont il s’agit ici de déterminer le figne, ■ rélîdoit
effentiellement dans cette portion que'laiffe la : calcination de la pierre, &
qui depuis long-temps eft appellée chaux-vive, à caufe de l’énergie avec laquelle
.elle tend à Jk .combinaifon 5 ]e .Çhymifte qui en découvre le principe
dans fa {implicite même-& dans fon ifolement, de tout autre corps, fe dif-
penfera d’indiquer par une. fécondé expreffion une propriété que fuppofe né-
ceifairement la première.
La quatrième terre que nous avons à nommer eft la terre pelante, ou,
.pour mieux dire, ;la terre bafe,- du fpath pelant nous remplaçons, ces expreffion?
impropres ou périjftirafées. par ,1e movbaryte> dérivé -du >greç tfiÊÊL
pefanteur, qui rappelle aftgÿ l’ancienne. dénomination pour aider la mémoire,
qui s’en écarte.affez pour ne pas donner une idée fauffe : ce mot déjà ,na-
turalifé dans plufieurs langues, a été adopté par Bergman hii-même; (i). ..
La cinquième ; terre ejft la; .magnifie>• elle a été lohg-temps appellée magnefie
blanche pour, la. distinguer, de, ce. que. nous avons nommé .oxide de manga-
.nèfe. noir, auquel on,dopnoit auffi le .nom de magnefie; nous n’avons eu qu’à
retrancher l’épithète qui devenait abfolument oifeufe. _
Il eft fouvent commode, quelquefois même néceffaire à la clarté du dif-
cours, de pouvoir changer les fubftantifs en adjeâifs; nos dénominations n’excluent
pas. cette liberté. Ainfi, la liqueur de? cailloux prendra le nom d’aikali
Jiliçé, de potafie filkée.j & les . expreffions de nitrate alumineux , de muriate
calcaire, d'acétite barytique, de tartrite magnéfien, feront fynonymesà celles
de nitrate d’alumine, de muriate de chaux, à!acétite de baryte 8i de tartrite de
magnefie.
: S e c t i o n V, Des Alkalis.
Parmi les fubftances journellement employées dans les opérations des Chymiftes,
aucunes n’exigeoient une réforme plus entière que, cellçs que nous
continuerons de” comprendre avec eux fous le nom générique d alkalis: Combien
d’erreurs funeftes n’a pas fait commettre en Médecine la reftemblance
(1 ) D ife r ta tb de Syflcmate fijfilium namrali, §. 235. Mém. ,de la Société royale. d’Ü pfal, tpm. IV.
Voyez aulïi la Minéralogie de M. Kirwan.
A V E R T I S S E M E N T . " .
de fel de tartre avec crème de tartre? Eft-il befoin de relever l’impropriété,
le ridicule de ces expreffions : huile de tartre par défaillance, nitre fixé, alkali
extemporané, alkali marin, lefiive des favonniers, efprit de conte de cerf, &c.
&c? On ne doit point être étonné que,pour éviter ces noms abfurdes, quelques
modernes aient préféré les circonlocutions d’aikali fixe végétal pur, d’al-
kali fixe minéral pur, & d’aikali volatil pur. C’eft ce que fit d’abord le célèbre
Profeflèur d’Upfal ; mais dès qu’on eut propofé d’appliquer à chacun
de ces alkalis un figne particulier, qui, fans le fecours d’aucune épithète, pût
le repréfenter dans l’état cauftique, c’eft-à-dire privé de tout acide carbonique,
il fentit tous les avantages de cette méthode, & s’empreffa d’adopter, dans
fa diflertation latine fur les claffes des foffiles, les expreffions de potaffinum,
natrum, ammoniacum. Nous avons ajouté à ces vues de perfection de la langue chymique, en
féminifant les noms de ces trois fubftances, pour les rapprocher en quelque
forte des terres avec lefquelles elles ont en effet plus d analogie qu avec les métaux.
Les noms des trois alkalis dans leur jetât le plus fimple, feront donc la
potafie , la foude, Xammoniaque.
Le mot potafie, dont l’origine eft allemande, était déjà en ufage pour dér
figner i’alkali fixe végétal, retire par la leffive des cendres3 nous propofons
donc feulement d’y attacher déformais l’idee de pureté.
Nous avons préféré l’expreffion de fonde à celle de natron, non-feulement
parce quelle gardoit naturellement l’analogie du genre ; mais auffi parce
qu’elle fe trouvoit bien plus avancée dans 1 ufage. Il neft point de Chymifte
qui ne connoiffe les cryftaux de foude, & la fubftance qu’il falloir nommer,
eft précifément ce qui conftitue les cryftaux de foude, abftraètion faite de
l’acide carbonique qui la met en état de cryftaux.
Pour former enfin l'ammoniaque, nous n’avons fait qu’exprimer fubftanti-
1 vement ce que tous les Chymiftes exprimoient avant nous par l’épithète
ammoniacal.
Suivant le plan que nous avons annoncé, les cinq divifions du Tableau de
Nomenclature ne dévoient comprendre dans la première colonne que des
corps fimples, ou jufqu’à préfent non décompofés, & régulièrement l’ammoniaque
ne pouvoit y être admife, puifque l’on eft parvenu à découvrir quelle
■ n’étoit que le produit d’une combinaifon de . l’azote & de l’hydrogène. Mais,
nous avons cru qu’il fuffifoit d’en faire l’obfervation, pour que le rang que
nous lui donnons ici ne pût induire en erreur ; & que l’objet de ces divifions
étant fur-tout de foulager la mémoire par la méthode, il nous impofoit la
loi de ne pas féparer des fubftances qui ont tant de prppriétés communes,
qui fe comportent en tant d’occafions de la même manière, que l’on eft fi
accoutumé à trouver réunies qui ne font peut-être éloignées dans le moment
préfent, que parce que nous avons fait un pas de plus dans l’analyfe
de l’une que dans l’analyfe des deux autres.
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