59* A F F
pour recueillir & édulcorer le fpat pefant, avoît une
très-forte odeur qui fubfifta plufieurs jours, 8c qui,
au jugement de tous ceux qui étoient préfens, ne pou-
.voit être comparée qu’à celle des fleurs de châtaigner.
Le réfultat de cette expérience s’éloigne bien peu
de la précédente, puifque le rapport exad feroit de
1 9 1 ,4 , au lieu de 187. Il eft même remarquable
que ce produit eft plutôt au deflbus qu’au defliis,
ce qui peut venir de ce que la diflolution des 20
grains de foufre dans la potafle a exigé plus de temps,
àc qu’une plus grande partie a été emportée par le
gas inflammable, qui, chargé de foufre, conftitue
l ’odeur qu’exhalent ces diffolutions.
Troijième expérience.
J’ai pris *8 grains d’acide vitriolique très-pur ,
dont la pefanteur fpécifique fe trouvoit de 1841,
le thermomètre étant à 8 £ degrés au deflùs de
zéro ; j’y ai verfé de la diflolution d’acète barotique,
jufqu’à ce qu’elle n’occafionnât plus de précipité
; j’ai été étonné de voir qu’il ne fe dégageoit
qu’une très-foible chaleur , pendant le mélange, malgré
la concentration de l’acide ; ce qui venoit fans
doute dé ce que l’acide fe portant tout de fuite fur
la bafe terreufe n’agifloit pas fur l’eau, quoique très-
abondante, de la diflolution acéteufo. Ce phénomène
prouveroit encore, s’il en étoit befoin, que
dans le mélange d’acide & d’eau, c’eft cette dernière
qui perd le plus de chaleur. La petite quantité
qui a été rendue libre dans mon opération, pourrait
donc avoir été abandonnée par l’acide foui ; 8c dans
cette fuppofition, ce feroit un moyen d’eftimer la
part que cet acide fournit dans fes» mélanges avec
l’eau ; car il eft évident qu’il doit en perdre autant
& même plus, quand il s’unit à une bafe. terreufe
ert état concrèt.
Le fpat pefant, formé dans cette expérience, bien
édulcoré 6c féché , pefoit 110,3 grains.
Quatrième expérience,
Il m’a paru intéreffant de lavoir ce que donnerait
de fpat pefant la liqueur provenant de l’acide vitrio-
,-Kque fec ou en cryftaux, dont j’ai parlé précédemment
(pag. 585) : pour cela, j’ai commencé par
filtrer toute cette liqueur, pour en féparer une matière
cendreufe tirant au noir, qui étoit en partie du
mercure coulant, en partie du mercure.calciné, 6c
même à l’état de vitriol ; j’en ai pris enfuite une
portion qui s’eft trouvée du poids de 214 grains,
8c l’ayant furfaturée d’acète barotique , j’en ai obtenu
101,54 grains de fpat pefant, édulcoré & féché. D’où
il étoit facile de juger que fi la totalité de la liqueur *
eût été traitée de même,elle aurait fourni 979,3 grains
de fpat pefant.
Voyons préfentement les conféquences que l’on
peut tirer de ces quatre premières expériences,
La régénération du fpat pefant eft un des procédés
les plus'commodes 6c des plus heureufçment
A F F
Imaginés, nôrt-feulement pour reconnecte l’àcldé
vitriolique, mais encore pour en déterminer les
quantités, parce qu’étant abfolument infoluble, même
dans l’eau bouillants i il peut être complètement édulcoré
; au lieu qu’en traitant les autres précipités fa-
lins, il y a toujours à craindre ou d’y laifler des
matières étrangères, ou d’en emporter une portion
fenfible par des lotions multipliées.
Ce fel offre ici un autre avantage bien précieux;
celui de pouvoir être amené à un degré plus confiant
"de defliccation, à raifon de l’adhérence de fes
principes, de fon infufibilité, 8c fur-tout du peu
d’eau de cryftallifation qu’il contient. J’avois d’abord
penfé qu’il pourrait fuffire de le laifler sécher à l’air
libre ; mais j’ai éprouvé depuis qu’il faudrait un temps
trop confidérable pour qu’il s’y dépouillât çomplè-
tement de toute humidité ; du fpat pefant artificiel
que "j’avois expofé plus d’un mois auparavant à une
chaleur de 25 degrés , perdit encore au creufet un
peu plus de 0 ,12 de fon poids, tandis que le fpat
pefant naturel ne perd au même fou que 0,073. ^
donc pris le parti de tenir ces fortes de précipités
dans un creufet rouge pendant une demi-heure, &
après cela, il fe trouve rarement un centième de
différence , quand ils ont été auparavant édulcorés
avec foin.
Puifque nous pouvons connoître affez fùrement de
cette manière les quantités de fpat pefant régénéré,
nous pouvons juger par ces produits les quantités
d’acide réel, car il eft évident qu’elles font proportionnelles
; il reftoit donc à déterminer une fois ce
qu’une quantité donnée d’acide pouvoit produire de
fpat pefant ; c’eft ce que j’ai cherché dans les deux
premières expériences : en partant de ce principe
également certain, que les quantités d’acide réel font
comme les quantités de foufre paffé à l’état d’acide,
elles nous mettent en état de conclure les dofes des
parties, compofàntes par la fomme du compofé.
Il s’en fout beaucoup que les réfultats de ces expériences
foient favorables au fyftême, d’après lequel
M. Kirwan a évalué la quantité d’acide réel
contenue dans l’acide vitriolique ordinaire, à diffé-
rens degrés de concentration. On a vu que l’acide
dont je me fuis forvi dans la 3e. expérience étoit à
environ 1840 de pefanteur fpécifique; fùivant la
Table de M. Kirwan, un pareil acide devoit tenir
au moins 612 d’acide réel pour 1200 de liqueur,
& par conféquent 29,5 pour 58 ; je dis au moins,
parce que cette proportion eft celle que l’Auteur
indique pour un acide, dont la pefanteur fpécifique
ne ferait que de 1742 ; 6c cependant, en fuppofant
que mon acide n’ait été qu’à ce degré, cette évaluation
feroit déjà exceflive 6c hors de toute mefure
»avec mes expériences : car fi 14,65 d’acide fec forment
9 5 ,7 de fpat pefant, 29,5 auraient dû produire
19 2,7 de même fe l:o r , ces 58 grains d’acide
n’ont donné réellement que 110,3. Donc au lieu
de 29,5 , ils ne tenoient qu’environ 17 d’àcideréel»
8c l’évaluation de M. Kirwan eft trop forte de plus
d’un tiers.
L’acide;
A F F
• L’acide employé dan« la quatrième expérience,
& qui provenoit de l’acide concret, a produit plus
que celui de la 3e. ainfi qu’on devoit s y attendre à
raifon de fon extrême concentration ; cependant, la
différence n’eft pas en proportion, ce qui vient de
ce qu’il s’en eft diflipé une partie en vapeurs avant
.qu’il ait été poflible de le fixer dans l’eau, 8c aufli
de ce qu’une partie a agi fur le mercure, avec lequel
il a été un moment en contaél pour en prendre
la pefanteur fpécifique. Je n’ai aucune bafe pour
évaluer ces pertes, mais je ne puis me perfuader
qu’elles s’élèvent au tiers du total ; o r , dans cette
fuppofition, le réfultat prouveroit encore que la
quantité d’acide réel eft fort au deffous de celle indiquée
par la Table de M. Kirwan, puifqu’en diminuant
un tiers fur la totalité de l’acide, le produit
eût été prefque double.
Cette expérience paraît également confirmer ce
que j’ai dit précédemment, que l’on ne doit pas con-
fidérer comme acide réel la pure combinaifon du
foufre avec la bafe de l’air v ita l, & qu’il y entre
néceffairement une portion d’eau, qui exifte même
dans les cryftaux de l’acide fumant, à plus forte
raifon dans l’acide que M. Kirwan a regardé comme;
pur, 8c qui l’accompagne dans toutes fes fureom-
pofitions.
Bergman a trouvé dans le fpat pefont 84 de bafe,;
13 d’acide pur & 3 d’eau ; mes deux premières
expériences ne quadrant pas tout-à-foit avec ces proportions
, j’ai cherché à en découvrir la caufe. M.
Kirwan fuppofe à la vérité dans fa Minéralogie, que
le fpat pelant régénéré ou artificiel ne tient que 67
de barote ; mais je me fuis affuré que cette différence
entre le natif 8c l’artificiel ne fubfiftoit plus,
ou du moins qu’elle devenoit infenfible , quand l’un
6c l’autre avoient été tenus pendant une demi-heure
dans un creufet rouge. D ’ailleurs , l’eftiination de
M. Kirwan ne correfpondroit pas mieux avec mes
réfultats ; car, fi la première indique une quantité
un peu trop forte de bafe, celle-ci la donnerait beaucoup
au deflbus de ce qu’elle eft néceffairement.
S’il y avoit réellement 84 de terre pure dans 100
de fpat pefant, il fuivroit de ma première expé- ;
rience qu’il n’y aurait que 0,07 d’eau, tant de celle -
qui feroit effentielle à l ’état falin acide, que d’eau
de cryftallifation, ce qui n’eft guère vraifemblable,
quoiqu’il doive en effet tenir très-peu de la dernière
, à en juger par fon peu de folubilité, 6c fur-
tout lorfqu’il a été calciné au rouge. Pour éclaircir
les doutes que m’a foit naître cette réflexion, j’ai
pris du inéphite de barote qui étoit préparé depuis
près d’un an 6c très-foc ; je l’ai mis dans une cornue
dont j’ai fait rougir le fond, 6c j’ai vu qu’il y per-
doit encore 0,032 de fon poids. Ce même fel dif-
fous lentement dans l’acide nitreux affoibli a encore
«prouvé une diminution de 0,094 par la diflipation
de l’acide gafeux, au lieu de 0,070, comme Berge
n l’a trouvé : d’où il paraît que ce Savant a établi
fon calcul fur le pôids d’un méphite barotique
qm n’étoit pas complètement fec. J’en ai obtenu une |
Chymie. Tonie /,
A F F 393
dernière preuve, en décompofant, par l’acide vitriolique,
100 grains de barote méphitifé, séché de
même au feu , lefquels n’ont produit que 72 ,59
grains de fpat pefant, au lieu de 77 qu’ils auraient
dû former, fuivant le calcul de Bergman.
Ces circonftances fuffifent pour rendre raifon de
la différence de mes réfultats à ceux de Bergman ,
différence qui feroit d’ailleurs trop peu confidérable
pour affoiblir les conféquences que j’en ai tirées.
Cinquième expérience.
Pour jugfer le fyftême de M. Kirwan fur l’affinité
égale des trois acides minéraux avec les alkalis,
j’ai perde qu’il fuffirait de confronter avec fes propres
données quelques eflais faits avec exaélitucle.
J’ai donc faturé des quantités connues de chacun
de ces trois acides, dont la pefanteur fpécifique avdit
été auparavant bien déterminée ; j’ai employé poùr
cette faturation une diflolution alkaline formée d’une
quantité connue de cryftaux de méphite de potafle
très-pur ; j’ai pris toutes les précautions convenables
foit pour prévenir la perte aune partie d’acide, foit
pour atteindre le point de faturation ; & le conftatèr
par les réadifs les plus fenfibles. Voici les réfultats
de ces eflais.
Une quantité d’acide vitriolique contenant, à très-
peu près, too grains d’acide réel, fuivant la Table
de M. Kirwan, a exigé, pour fa faturation, 201 grains
de méphite de potafle.
Une quantité d’acide nitreux , contenant de même
/00 grains d’acide réel, fuivant la Table de M. Kirwan
, a exigé, pour fo faturation , 302 dü même
méphite de potafle.
Une quantité d’acide muriatique contenant aufli,’
fuivant ce Chymifte , 100 grains d’acide réel y a pris ,
pour fa faturation complète, 905 grains du même
méphite de potafle.
Je crois pouvoir d’autant plus compter fur ces réfultats
, que je n’avois ici à redouter aucune incertitude
fur le point de defliccation toujours fi variable;
les cryftaux de méphite de potafle n’éprouvant aucune
altération à l’air, il eft évident qu’ils tiennent
conftammént, à poids égal, une même quantité de
potafle pure ; & comme toute erreur de manipulation
, en n’atteignant pas oti en outre-paffant le point
précis de faturation, ne peut jamais être que de 2
ou 3 grains, en procédant le plus négligemment,
cette foible quantité feroit bien peu dp cnofe pour
d’aufli grandes différences.
Il me paraît dès-lors fuffifamment prouvé qu’en
partant des évaluations de M. Kirwan pour les quantités
d’acide réel contenues dans les trois acides minéraux,
à différens degrés déconcentration, les quantités
de bafe alkaline qüi les faturertt, au lieu d’être
égalesf comme il le fuppofe, font très-différentes,
& : : 201 : 302 : 905.
On pourra être étonné de voir dans ces expériences
que ce font les acides les plus foibles qui prennent
le plus de bafe, d’autant mieux que fans admettre
f f f f