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fe contentent de bouchons de liège , percés pour
recevoir l’entonnoir & le fiphon # & qu’ils enfoncent
avec un peu de force ; tous ces procédés
font également bons, pourvu que le gas ne s’é-
cliape pas. On pourrait même fubftituer au flacon
à deux goulots, une bouteille ordinaire, avec un
bouchon de liège qui porteroit le fiphon ; il n’y
auroit d’autre inconvénient que de laiflèr rentrer
de l’air commun , à chaque fois qu’il faudroit déboucher
la bouteille pour y ajouter des matières,
& cet inconvénient n’en efl pas un dans bien des
occafions oii ce mélange efl indifférent à l’ohjet
de l’opération.
Il efl aifé de voir qu’on recueilleroit également
l ’acide, foit en adaptant à la bouteille, dans laquelle
fe feroit là diflbiution , la vefîie de la fig. 3
loît en introduifant le tuyau recourbé C , fous
le récipient plein de mercure de la fig. 4. On auroit
ainfi l’avantage de ne pas perdre une partie
du gas méphitique, q u i, comme nous le verrons,
efl toujours abforbé par l’eau du précèdent appare
il; mais il arriverait fréquemment que l’acide
vitriolique pafferoit en vapeur avec le gas méphi-
' tique & même attaqueroit la vefîie ; on efl donc
bien dédommagé de cette perte légère par la certitude
de le recueillir plus pur, fur des matières
& dans des vaiffeaux qui ne peuvent y porter
aucune hétérogénéité, & qui plus e fl, déjà lavé
par l’eau qu’il a traverfée dans la bouteille.
M. Schéele fait ufage d’un appareil encore plus
fimple. Il met dans une vefîie ramollie A A (fig.
10, appareils.pour les gas) hrcraie dont il veut retirer
le gas,il lie la vefîie avec le fil B au-defliis de la craie,
il verfe par deffus un acide délayé dans l’eau , il
exprime l’air de la vefîie autant qu’il eft pofîible ;il la
ferme en C , & détachant le filB,fait couler l’acide fur
la craie. Alors la vefîie reçoit,en fe dilatant,le gas qui
fe dégage. Cet appareil fufïit fans doute, pour prouver,
d’une manière fenfible, qu’il fe dégage dans cette
opération un fluide élaflique ; mais l’acide agit
neceflairement un peu fur la vefîie , & M.
Schéele ne diflîmule pas que le gas méphitique,
pafle en quelques jours à travers fes pores, pour
peu quelle foit humide, ou qu’il y ait d’humidité
dans l’air.
La méthode de faire paffer Vacide méphitique dans
l’eau , eft fur - tout indifpenfable toutes les fois
qu’on l’a dégagé par les acides. M. Bergman
paroît même defirer que l’on lave également celui
qu’on a obtenu par le feu ou par la fermentation,
pour s’aflurer de fa pureté. C ’eft ce que l’on exécute
très-aifément dans la cuve repréfentée ( figure 18
appareils pour les gas ) , on remplit d’eau un flacon
i goulot évafé, & après l’avoir bouché avec l ’obturateur
, on le renverfe dans la cuve & on place
fon orifice fur un des trous de la tablette a , h..
Cela fait, on plonge dans l’eau de la cuve , toujours
l’orifice en bas, le vaifteau contenant le gas; on
Je débouche, on le retourne, & en même-temps
on place fon orifice directement fous le trou de
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la tablette. L’eaude la cuve entrant dans ce vaifleau,
force le gas à s’élever , il pafle par je trou de
la tablette ; il va déplacer à fon tour l’eau du
flacon renverfé au-defiiis, & fe purifie en la tra-
verfant. On feroit la même opération , quofqu’un
peu moins commodément, dans la cuvette de la
figure 9, pourvu qu’elle fût aflez profonde pour
placer un entonnoir de v erre’ dans le col' de la
bouteillle D E , fans la fortir de l’eau, & en même-
temps pour pouvoir retourner au-deflbus le vaifleau
qui contiendroit le gas.
M. Bergman recommande encore, avec raison
, d’employer à cette expérience le fpat calcaire
en criftaux tranfparens, il a reconnu que la
craie te'nqit prefque toujours un peu d’acide muriatique
, & j’ai vérifié que celle qui nous venoit
de champagne n’en étoit pas exempte. Le marbre
blanc tel que celui de carrare, peut être regardé
comme aufîi pur que le fpat. Au-refte, ce choix
n’eft néeeflaire que dans un petit nombre d’occa-
fions, il y en a une infinité d’autres, où il n’eft
déterminé que par la facilité de fe procurer une
matière plutôt qu’une autre, parce que la petite
quantité de parties étrangères à laquelle elle eft unie,
ne peut influer d’une manière fenfible fur le
réfultat de l’opération.
Il eft fouvent néeeflaire de mefurer la quantité
cTacide méphitique contenu dans quelque fubftance ,
les procédés varient encore fuivant l’objet : en
voici quelques uns qu’il importe principalement
de connoître
i ° . On fe fert d’une machine pneumatique or*
dinaire, difpofée pour faire à volonté des mélanges
dans le vuide ; lorfqu’on a pompé l’air autant qu’il
étoit pofîible, on tait tomber l’acide fur le corps
que l’on veut diflbudre ; connoiflant la capacité du
récipient, le baromètre qui eft placé deflbus in-
dique aflez précifément la quantité de fluide élafi.
tique qui eft dégagé. C ’eft ainfi que Boerhaave
démontrait que le gas produit pendant la diflbiution
d’une dragme de craie , dans deux onces de
vinaigre diftillé, remplifloit un efpace de 151 pouces
cubiques.
20. On le mefure commodément en le recevant
dans l’appareil au mercure -fig. 4. C ’eft pour cela
qu’on a tracé des lignes de divifion à la furface
extérieure du récipient E ; il ne refte plus qu’à
déduire la quantité d’air commun qui étoit reliée
dans les vaiffeaux ; pour la déterminer on fait ab*
forber tout Vacide méphitique par l’eau de chaux,
ainfi que je l’ai déjà remarqué, en rapportant une
expérience femblable de M: Prieftley.
30. Veut-on rendre l’effet très-fenfible en opérant
fur une quantité un peu confidérable ? il faut
fe fervir de l’appareil imaginé par M. Lavoifier,
( voyq; la fig. // , appareils pour le gas ) AB eft
une platine de"métal, de laquelle s’élève yne tige
C D , qui porte une autre platine EF. On place
fur cette dernière le bocal Q , & la phiole I fou-
tenpe dans fon chaflis par deux, calottes hémif-
phériques
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«Uriques qui font à vis dans les montais du chaf-
l s Ayant mis dans le bocal une certame quantité
de craie, & dans la phiole l’acide néeeflaire pour
la diffoudre complettement, on defeend cet appa
reil dans un fceau de fayence rempli d eau, on
defeend dans ce fceau le récipient de verre NN,
ayant l’attention de faire fortir les deux-cordons r r ,
attachés à hTbafcule de la. phiole; on fuce la it
par le. trou R pour faire monter l'eau jufques en
Y Y , ou pour plus d’aifance, on introduit lous ce
récipient l’ajutage recourbé de la pompe P P , au
moyen de laquelle on fait monter l’eau dans 1 intérieur
à la-hauteur que l’on défire ; on fait palier
enfin fous ce récipient, par le moyen dun entonnoir
courbé (fig, 12.) de l’huile qui vient fe. placer
à la furface de l’eau & y former une couche de
Tépaifleur d’une ©u deux lignes.
Tout étant ainfi préparé, on tire le cordon r
q u i, paflant fur les poulies de renvoi pM n , incline
la phiole I , & fait tomber l’acide fur la craie ; 1 effer-
vefcence commence auffitôt, & l’on voit defeendre
l’eau par la preffion du fluide elaftique dégagé.
Il faut avoir l’attention de ne pas verfer l ’acide
tout à la fois, autrement le mouvement de 1 effervef-
cence pourroit faire paffer la liqueur fur les bords
du bocal.
Il eft aifé de comprendre qu’en marquant exactement
la ligne à la quelle l’huile étoit’ arrêtée au
commencement de l’opération, & la ligne à laquelle
elle fe trouve au moment où toute effervescence
ceflfe, & même un quart d’heure après, pour
laifler difliper le peu de chaleur qui l’accompagne
ordinairement, on peut déterminer avec ^affez de
précifion la quantité d'acide méphitique qu’a fourni
le corps diflbus. M. Lavoifier a retire de cette manière
aoo pouces cubiques de 4 gros 63 grains de
craie deflèchée au degré du mercure bouillant. Un
morceau de marbre blanc d’un peu plus d’un huitième
de pouce" cube , pefant 1 gros 5 4 grains | , m a
donné dans cet appareil 94 pouces cubiques \ de
gas méphitique.
L’huile que l’on ajoute a pour objet d’empêcher
Fabforption de cet acide par l’eau, mais je ferai
voir ailleurs que ce fluide n’a ici d’autre avantage
que de rendre l’abforption plus lente ; ce qui doit
engager à prendre le point d’afeenfion de la couche
d’huile, immédiatement après que le fluide elaftique
s’eft remis à la température de l’air environnant.
40. On a enfin un moyen bien fimple &>bien
exa& d’analife des fubftances qui contiennent de
l'acide méphitique ; il confifte à mettre dans un
flacon de l’acide très-délaié, à en prendre le poids
jufte , à y jetter peurà-peu la'matière que l’on veut
analifer & dont on à également pris le poids, &
à pefer de nouveau le flacon après la diflbiution.
Si on a la précaution de ne le remplir qu’au tiers ,
même au quart, & pour plus de fureté de le
couvrit imparfaitement, il eft évident qu’il n’en
fortira aucune vapeur aqueufe, il n’y aura que le
gas qui aura pu fe difliper dans ces circonftances,
Chymie. Tome L
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parce qu’il n’y a que peu d’effervefcence à la fois
& point de chaleur; la diminution de poids indiquera
par conféquent la proportion.
L’acide nitreux doit être préféré à 1 acide vitriolique
dans cette opération, parce que ce dernier
forme avec les matières calcaires un fe! peu fo-
luble qui arrête la diflbiution des parties qu’il
environne.
L ’acide méphitique dégagé par tous les procédés
que je viens d’indiquer eft conftamment le même,
l’orfqu’il eft pur & féparé de toute matière étrangère;
on le conferve auffi long-temps que l’on le
defire, en le tenant renfermé fur le mercure, ou
dans des bouteilles renverfées fur leurs bouchons,
; en y laiffant, comme je l’ai dit , quelques gouttes
d’eau pour entretenir l’humidité du liè g e , & fermer
toute communication avec 1 air extérieur.
Jufqu’ic i , je n’ai conftdéré cer acide que dans
l’état le plus fimple & fous la forme de gas ;
mais il s’unit à l’eau très-facilement, il exifte dans
plufteurs eaux naturelles , & les Chymiftes failant
le plus fouvént abftraélion du véhicule aqueux dans.
leurs opérations fur les acides, il convient avant,
d’examiner celui-ci, de réunir aux procèdes de fa
préparation celui qui le donne fous la forme d un
fluide aqueux.
Procédés pour obtenir /’acide méphitique aqueux ou.
eau méphitifée.
J’ai déjà eu occafion de remarquer que l’eau
s’uniffoit à l'acide méphitique, il fiiffit pour cela que
ces deux fluides foient en contaél, mais la necefîite
de produire à volonté cette combinaison pour divers
ufages de médecine & de chymie a fait rechercher
les moyens de rendre cette préparation
plus prompte &. plus parfaite, jj
Le premier procédé employé par M. Prieftley
pour imprégner l’eau d'acide méphitique fut de conduire
, par le moyen d’un tuyau de cuir ou d’une
v e fîie , le gas qui fe dégageoit dans un flacon ,
pendant la diflbiution de la craie par un acide,
lous l’ouverture d’une bouteille pleine d’eau &
renverfée dans une cuvette. Cet appareil eft exactement
le même que celui qui a été cùdevant décrit
( fa. 9 ) excepté que le fiphon de verre CD elt
brife près du goulot A , & fes deux extrémités
réunies par uneveflie ficelée. Le but de cette pratique
eft de faciliter l’agitation, foit du flacon A
pour ranimer l’effervefcence, foit de la bouteille
E pour multiplier les points de contaél du gas avec
l’eau; car cette condition eft efîentielle pour obtenir
la faturation.
C ’eft encore dans la même vue de faciliter cette
agitation que M. Bergman a imaginé de bnfer le
fiphon de fon appareil en M , & d’en reunir les
bouts par un petit tuyau de réfine élaftique.
Quelques-uns craignant que le tumulte de 1 efter-
vefcence ne fit monter dans le tuyau, de la craie*