
45© AGI auffi une déphlogiftication analogue? C’eft précîfé-
ment parce que nous payons encore que très-peu
de lumières fur cette propriété fmgulière du charbon,
qu’il eft permis de fe livrer à des conje&ures pour
en rechercher les effets.
Les barres de fer placées dans la caiffe du fourneau
de cémentation fe trouvant raréfiées confidérable-
ment, & même ramollies par la violence de la chaleur
, il ne répugne point du tout d’imaginer que
la plombagine puiffe, à la longue, pénétrer jufques
dans leur intérieur , d’autant plus que cette fiibffance
eft mife elle-même par le feu dans un état prefque
aériforme ; qu’il y a entre ces deux corps une affinité
quelconque qui détermine leur union J & que c’eft
un effet de l’affinité, comme nous le verrons ailleurs
, de fovorifer la tranfmiffion du corps fluide à
travers le corps folide. Ici nous avons des preuves
que la converfion ne s’opère que fuccêffivement de
la furface'1 au centre, puifque fi le feu n’a pas été
entretenu affez I long - temps, le noyau refte fer ;
une progreffion auffi lente fuffiroit feule pour ca-
ra&érifer une matière différente du principe calorifique
, dont la communication eft bien plus
rapide.
L’obfervation du célèbre Rimnan, que le fer de-
yient acier fans toucher immédiatement aucun cément
charbonneux, & pourvu que le creufet foit
environné de charbon j§£L,placé dans la caiffe de
cémentation, pourroit faire penfer que cette converfion
dépend en effet d’une matière plus fubtile
que la plombagine ; mais d’abord, ce ne peut être
le principe calorifique, puifque ce Métallürgifte s’eft
affuré que la converfion ne s’opéroit pas dans, un
cylindre de v e r re , quoique placé dans la même
caifle ( Voy. ci-devant expér. fur le fe r , n os. 6 & 7).
Il feroit donc plus raifonnable de conjeélurer que
le charbon, ou la plombagine , ne fourniffent à la
nouvelle compofition que leurs élémens gafeux,
plus fufceptibles de pénétrer à travers les creufets
& les cémens inaélifs, & qu’ainfi une portion du
fer même fe combinant avec ces gas, ou feulement !
avec le gas méphitique, régénère la plombagine ju fques
dans l’intérieur des maffes : mais cette fuppo-
fition me paroît inutile , dès qu’il eft vérifié que la
plombagine elle-même peut être mife par le feu
en état de" vapeurs. D ’ailleurs, l’accroiflement du
poids de l’acier, & les produits de fon analyfe,
forment, ce me femble , fans rien donner à l’hypo-
thèfe, une preuve affez forte & plus directe de la
compofition du fer dans fon paffage à l’état d’acier.
Dès qu’il y a compofition nouvelle , on ne doit
plus s’étonner qu’il y ait des propriétés différente»;
c’eft une conféquence néceflaire non-feulement du
changement de proportions des matières- qui exer-
çoient des affinités fimples, mais encore des affinités
qu’acquiert le produit de leur union. Tout ce que
l’on peut defirer pour ajouter à la vraifemblance de
ces changemens de propriétés par le foui effet d’une
auffi foible acceffion de matière j. eft que la même J
combinaifon apporte toujours des modifications ana- ]
logues, & pour ainfi dire proportionnelles aux dotes'
c’eft ce que nous trouvons ic i, en comparant les
degrés de fufibilité de la fonte, de l’acier & du
fer , leur difpofition à la rouille, l’intenfité des taches
qu’y laiffent les acides ; en confidérant que l’acier
devient intraitable. comme la fonte dans la plombagine
, que la fonte grife durcit fenfiblement à la
trempe , &c. &c. Demander après cela pourquoi le
fe r , devenu acier, ne reffemble plus entièrement
au fer , c’eft demander pourquoi le cuivre ne reffemble
pas abfolument au laiton.
Concluons donc que l’acier , de quelque manière
qu’il foit formé , n’eft que du fer qui s’approche de
de la nature du fer duélile , parce que la, terre mar-
. riale y eft plus exempte de parties hétérogènes, &
finon plus parfaitement, du moins plus complètement
métallifée que dans la fonte ; qui s’en éloigne,
1 parce qu’il admet dans fa compofition une quantité
fenfible de plombagine ; que l’acier s’approche de
la fonte, même encore plus que du fer diiàile, à
cïiufe de la préfence de ce fbufre méphitique ; qu’il
né diffère guère ; de la fonte grife -, qu’en ce que ce
foufre eft beaucoup plus abondant dans celle-ci ; qu’il
s’éloigne davantage de -la fonte blanche, parce que
celle-là recèle des parties terreufos, non métallilées
ou même étrangères, qui peuvent en être féparées
par une fécondé fufton tranquille , en vaiffeauxclos
& fans addition ; que le paffage de la fonte à l’état
d acier fe foit ainfi, dans tous les cas, par dépuration
du fer & fouftraéiion de l’excès de plombagine; que
la converfion du fer en acier s’opère principalement
parce qu’il s’y forme ou qu’il reçoit une quantité
fenfible de plombagine ; que la chaleur n’influe
d’abord dans ces changemens qu’en produifont &,
entretenant la fluidité , fans laquelle il ne fe fait
point de combinafons ; que la compofition qui confti-
tue l’acier, peut très-bien, par .fon affinité propre,
fixer une plus grande quantité de la matière de la
chaleur ; en un mot, que les propriétés générales,
de l’acier dépendent d’unie jufte dofe de,, ces principes
, comme les différentes qualités des aciers dépendent
des accidens qui en varient les proportions.
On jugera peut-être que j’aurois pu me difpenfer
de rapporter un auffi grand nombre d’expériences
& d’obfervations -pour préparer cette conclufîon ;
mais il s’agifïoit d’un des points de théorie les plus
obfcurs, les plus controverfés, & en même temps
les plus importuns de la Chymie du feu & des
métaux : je ne pourvois l’éclaircir qu’en» comparant
les faits ; avant de les comparer, il felloit les éta-
blir ; plufieurs ne font encore écrits que dans des
ouvrages étrangers, il folloit les expofor avec affez
de détails pour les foire entendre ; qui ne foit d’ailleurs
que ce font les foits qui forment la partie la
plus utile d’un ouvrage de fcience? On aime à le*
y retrouver, lors même que de nouvelles découvertes
font fentir la néceffité de les encadrer dans une autre
hypothèfe.
Quand ces principes mieux connus, éprouvés par
îe frottement des opinions, commenceront à obtenir
l’affentement général, qui eft pour le plus grand
nombre la meilleure de toutes les démonftrations, ils
Serviront probablement à perfectionner la fabrication
de l’acier ; mais jufques-là on doit fe garder d’abandonner
trop légèrement les procédés en ufoge , &
même la manière de les raifonner, qui a paru affurer
le fuccès de ces grandes manufactures , d’autant plus
que l’innovation la mieux combinée ne fort fouvent
qu’à occafionner des pertes confidérables ; on ne fera
donc pas étonné que l’Auteur de la Métallurgie ait
dirigé fon travail fur ce plan.
En Chymie, nous devons tenir déformais pour
confiant, avec l’illuflre Bergman, que lorfqu’il s’agit
des propriétés du fe r , ce n’eft pas l’acier, comme
on l’a cru, qui doit être pris pour fujet d’expérience,
mais le fer duélile., qui eft le plus pur métal de cette
efpèce, & , f i l’on peut le dire, le plus fer.
A C IE R . ( Pharmacie. ) Il paroît par ce que dit
Xemery., que l’acier a prefque toujours été employé
par préférence au fer dans les préparations pharmaceutiques
, telles que la limaille porphyrifée , le fo-
fran de mars, l’éthiops, &c. Cette préférence eft-
elle fondée ? Il s’eft élevé autrefois à ce fujet une
grande difpute entre Lemery & Charas ; le premier
foutenant que le fer étoit plus avantageux à raifon
de fa plus grande diffolubilité, de fes pores plus ouverts
& du fol qu’il recèle plus abondamment ; lè
fécond fondant la prérogative de l’acier fur ce qu’il
n’eft qu’un métal plus pur , fur ce qu’il eft tout .
auffi foluble que le fer dans les acides , dans le !
vin & même dans l’eau , lorfqu’il a été fuffi- '
famment atténué fur le porphyre ; fur ce que fa dureté
pouvoit elle - même devenir avantageufe , en
arrêtant plus long-temps les parties diffohfântes des
fucs dans l’eftoinac, &c. Neuman croyoit que le fer
devoit avoir plus de vertu ftyptique, en cè qu’il
contenoit une plus grande quantité de terre non
métallifée, que l’acier devoit être plus apéritif, comme
étant beaucoup plus riche en parties inflammables.
Il feroit inutile de difcuter les foits qui fervent de
fondement à ces opinions ; on peut voir dans le §. 3
de l’article précédent, qu’ils ne s’accordent nullement
avec les réfultats des nouvelles analyfes bien plus
exaâes ; & il ne paroît pas qu’on ait rien obfervé
dans la pratique qui puiffe fàvorifer l’un ou l’autre
parti. Auffi Baron, dans fes Notes fur Lemery, quoiqu’il
donne gain de caufe à Charas, n’héfite-t-il pas
de dire qu’i/ efl parfaitement indifférent d*employer aux
ufages de la Médecine la limaille d’acier ou la limaille de
f er i il fe borne à recommander la limaille d’aciei
oc fur-tout celle des foifeurs d’aiguilles , parce qu’elle
eft moins fujette à tenir du cuivre que celle des ou-
v.rjers fi§f font fervir ce métal à la foudure des
pièces de fer. M. Baurné confeille, parla même raifon
, la limaille des épingliers, qui ne font que des
clous de fe r , nommés clous d’épingles , lorfqu’on ne
veut pas préparer foi-même la limaille .avec du fir
fres-pur, ce qui eft encore le plus fur»
Nous renvoyons à l’article Fer pour la manipu-
lation, les vertus & les dofes de cette préparation,
en avertiffant néanmoins que nous femmes fort éloignés
de vouloir préjuger par-là que l’acier ne puiffe
avoir des propriétés particulières, ou que ces propriétés
ne puiffent jamais trouver une application
utile en Medecine ; puifque fe compofition eft différente
de celle du fe r , il eft bien évident qu’il ne
peut agir abfolument de la même manière; les principes
matériels qui le modifient, fuffent-ils par eux-
mêmes inefficaces , augmentent ou diminuent nécef-
fairement fon aélion, quand ce ne feroit qu’en
prenant une quantité quelconque fur le poids donné ;
ces différences qui échappent au Médecin le plus
attentif, fi le fil de l’analogie ne le guide dans l’ob-
fervation, n’en font pas moins réelles pour le malade.
D ’autre part, qui eft-ce qui oferoit affurer que
la plombagine ne jouit pas auffi de quelque vertu,
foit feule, foit dans fon état de combinaifon avec
le fer ? C’eft faute de connoiffances plus exaéles
que nous jugeons des remèdes , moins par leurs
effets que par le temps qu’ils mettent à les produire;
il n’y a le plus fouvent que cet intervalle qui fé-
pare les plus aélifs de ceux qui font réputés les plus
inerts. Si l’on découvrait , par exemple, que la
fonte grife eût dans certaines occafions une efficacité
plus marquée, on 11e pourroit fe diffimuler
qu’elle la devroit, au moins én partie, à la plombagine,
qui s’y trouve en proportion affez confidé-
rable ; & la facilité fingulière avec laquelle elle cède
à la lime, & s’atténue fous la molette du porphyre,
en rendroit l’ufoge auffi commode qu’avantageux. (ff)
ACIER. ( Métallurgie. ) L’acier, ce métal fi connu
, eft , plus que tout autre , fufceptible d’acquérir
une tres-grande dureté par la trempe, qui, en le
durciffant confidérablement, le rend caffant; comme
cette fragilité lui feroit préjudiciable en beaucoup de
circonftances, l’on eft parvenu à la détruire, en tout
ou partie, par le recuit qu’on lui donne après la
trempe, & à ne lui laiffer • que la dureté néceftaire à
l’outil qui en eft fabriqué ; cette facilité eft du plus
grand fecours, fans elle, l’acier n’auroit pas, à beaucoup
près, autant de propriétés qu’il en a , l’on ne
pourroit pas en faire des reflorts, ni quantité d’autres
inftrumens fi utiles aux arts & à la fociété.
Il y a plufieurs méthodes pour parvenir à faire
de T acier, chaque nation, chaque pays a des procédés
différens; les uns , tels que les Allemands, le
font par la fufion de la fonte dü fer de gueufe, &
par la macération de cette même fonte. Les autres
convertiflènt en acier le fer déjà tout fabriqué, en
y employant des matières propres à opérer cette
converfion. L’on nomme cette dernière manière de
procéder, foire l’acier par la cémentation du fer.
La méthode de faire l’acier par la fonte eft très-
ancienne, celle par la cémentation eft nouvelle, les
Anglois font parvenus à tirer le plus grand parti de
cette dernière.
Je décrirai, aufti fuccinélément qu’il me fera poffi-
L l l i j