d’environ 3 ou 4 pouces à différentes hauteurs)
par quatre baguettes qui forment une étoile à huit
rayons. Ces rayons font eux-mêmes traverfés verticalement
au fond du baquet par des brins d’ofier
différemment inclinés de 6 pouces de longueur.
Ce bâton eff affujetti dans le bas par une pièce
de bois fixe qui en reçoit l’extrémité en forme de
tourillon , dans le haut par le collet pratiqué dans
la traverfe B ; il eff terminé par une poignée de
bois C en forme de béquille.
Lorfqu’on veut fe fervir de cet infiniment, on
le remplit d’eau, & on le futpend par quatre
cordes au-deflùs d’une cuve de bière, de vin, de
cidre, de poiré, ou autre liqueur en fermentation ;
plus on l’approche de la furface, & plus on eft
sûr de fe trouver dans la couche de gas ; il feroit
même avantageux qu’il fût enfoncé dans la liqueur,
ce qui peut fe faire fans inconvénient ; alors on
tourne la poignée alternativement à droite & à
gauche avec beaucoup de rapidité, l’eau fe trouvant
ainfi très-divifée , fe charge facilement de
gas méphitique, que fon poids entraîne à fa fur-
face ; ce mouvement favorife- tellement l’abforp-
tion qu’ii ne faut que peu de minutes pour faturer
toute la mafle cylindrique du baquet.
En fuivant cette méthode-,--il- n’y a pas à craindre
, comme le remarque très-bien M. le duc de
Chaulnes, que l’eau foit altérée par l’acide vitrio-
lique, ni par la craie. Elle procure d’ailleurs une
quantité confidérable d’eau gafeufe, & aux moindres
frais pollibles, c’en efi affez pour la recommander
toutes les fois qu’on fe trouve à portée
d’une brafferie.
On peut encore charger l’eau d’acide méphitique
en le retenant dans la diflôlution même où il fe
dégage : tel étoit le procédé de M. Venel pour
l’imitation des eaux de Seltz; il introduifoit dans
une pinte d’eau deux gros de fel de fonde & pareille
quantité d’un acide muriatique qu’il favoit
devoir donner, à cette dofe, le point de fatura-
tion ; il faifoit la combinaifon dans un vafe à col
étroit, il difpofoit même les matières en. forte,
qu’elle ne puffent fe mêler qu’après que le flacon
étoit exaâement bouché ; & forçoit ainfi le gas
qui fe dégageoit de la foude pendant fa combinaifon
avec l’acide muriatique , à s’unir avec
l’eau.
J’ai indiqué dans les cours de l’académie de Dijon,
un procédé fort analogue pour obtenir, fans
appareils , une eau gafeufe, martiale , très-légèrement
faline ; il confifie à mettre dans une pinte
d’eàu 8 grains de vitriol de fer bien pur, & for-
tout exempt de cuivre, & 5 grains de magnéfie
méphitifée ; on agite la bouteille, on la met à la
cave , renverfée fur foh bouchon pendant 12
heures, & on décante le lendemain pour féparer
la terre ferrugineufe qui n’a pas été diffoute. Il
ne refie alors dans cette eau que 9 grains de vitriol
de magnéfie ou fel d’Epfom, & une petite portion
de fer tenu en diffolution par l ’acide méphitique.
Enfin M. le doéleur Hulme a publié à Londres
en 1778, un nouveau procédé fondé fur le même
principe : il diffoxit dans une certaine quantité
d’eau, de la potaffe(fans doute méphitifée & non
'cauftique) il verfe cette eau doucement dans une
égale quantité d’eau dans laquelle il a mis autant
d’acide vitriolique qu’il eft néceffaire pour faturer
toute la potaffe ; l’alkali & ; l'acide très-divifés ,
font en fe rencontrant, une effervefcence prefque
infenfible, & le gas qui fe dégage, fe trouve fur
le champ intimement mêlé avec l’eau.
Il faut obferver, par rapport à ces trois derniers
procédés, qu’ils ne donnent jamais qu’une
eau foiblement chargée, parce que, comme je l’ai
obfervé d’après l’expérience de M. Bergman, la
diffolution s’arrête quand l’efpace manque à un
certain point au fluide gafeux pour recouvrer fon
élafticité , & qu’il fe diffipe prefque inftantané-
ment, fi les vaiffeaux ne font pas fermés. D ’ailleurs
une eau ainfi préparée, tient néceffairement
une petite portion de fel neutre, ce mélange peut
être indifférent, quelquefois même utile pour les
ufages médicinaux; mais la première règle en chy-
mie efi de n’opérer que for des matières abfolu-
ment pures.
Après avoir décrit avec tous les détails nécef-
faires les procédés les plus avantageux pour retirer
l’acide méphitique de diverfes matières , & le
recueillir , foit en état de gas , foit fous forme
aqueufo ; il eft temps d’expliquer fa nature Ôc fon
origine.
§ . I I I . De la nature & de ? origine de /raeîde
méphitique.
Les queüions qu’a fait naître la découverte de
ce HOuveau principe font auffi multipliées que difficiles
à réfoudre ; elles ont ébranlé un grand nombre
d’opinions reçues , elles intéreffent prefque
toutes les fciences & tous les arts, elles tiennent
à la pbyfique de tous les êtres; en un mot, elles
ont fi fort aggrandi l’efpace où l’efprit humain
peut promener fes cenjeâures avec l’efpérance
d’atteindre à quelque vérité , qu’elles femblent plutôt
appartenir à l’enfemhle de la philofophie naturelle,
qu’à une de fes branches: mais la chymie
feule peut achever ce qu’elle a commencé, ce
n’eft que par fes expériences exaûes que l’on peut
affeeir fur une bafe folide, les théories qui doivent
réfulter de l’examen de ces grands problèmes
, & ils rentrent par-là dans fon domaine.
Ces queffions peuvent fe réduire à cinq chefs
principaux qui embraffent tous les autres dans leurs
divifions. i ° . Ce fluide aériforme efl-il véritablement
un acide? 2°. Efl-il le principe acide univerfel? 30.
Exifle-t-il tout formé dans tous les corps dont on peut
le retirer? 4°. Peut-il être décompofé & ramené à un
état plus fimple ? 50. Quels font fes rapports nécef-
fiires & immédiats avec la théorie de la calcination
de la combuflion, de la végétation, de la refpiratiort
de la fermentation? Jè ne me difîîmnlc pas que
c’eft ici un des articles les plus difficiles de la tache
que j’ai à remplir pour expofer 1 état de nos con-
noiffances en chymie, que maigre les travaux des
Prieftley, des Lavoifier, des Bergman, des Fon- ,
tana & d’un grand nombre d’autres phyficiens célèbres,
je pourrai à peine raffembler fur tant d’objets
, quelques rayons épars d’une lumière encore
incertaine, que je trouverai fouvent les plus fortes
raifons de . douter à côté des conjectures les plus
probables, & qu’en ne me bornant pas à la Ample
fon&ion d’hiftorien de leurs opinions, je m’engage
peut-être témérairement dans ce' labyrinthe ' que
leurs obfor varions favantes ont préparé à la
curiofité de notre efprit, avant que le fil nous ait
cté donné pour en fortir ; mais l’intérêt de la
fcience nous preffe de relier tous ces faits à un
fyftême qui les concilie, & la difpofition à l’abandonner
à la première objeétion- folide , efi tout
ce qu’exige de nous l’amour de la vérité.
I. Le fluide élaflique que l’on peut recueillir par
les divers procédés que je viens d’expofor, efivéritablement
un acide propre de fon genre : ce premier
point n’eft pas difficile aujourd’hui à établir l’accord
de tous les Chymiftes de tous les p ay s , a
vaincu la rèfiftance opiniâtre de ces hommes q u i,
fans principes comme fans jugement, fe permettent
de nier tout ce qui fort de la fphère étroite de leurs
idées , & qui fe chargent ainfi, à l’époque de chaque
découverte, de payer à l’humanité le tribut
humiliant d’une docilité aveugle aux préjugés de
l’ignorance. Les preuves de l’acidité de ce gas font
fi nombreufes & fi décifives, qu’on ne fauroit trop
s’étonner qu’elles n’aient pas plutôt défillé tous les
yeux.
Ce gas eft conftamment le même, de quelque
matière & par quelque procédé qu’il ait été retiré
lorfqu’il a été purifié ; il eft le même for-tout,
lorfqu’on le dégage par le feu fans acide, ou par
les acides fans feu ; donc il n’emprunte pas de ces
agens, les qualités par lefquelles nous le jugeons
effentiellement acide.
Uni à l’eau, il la rend acidulé & piquante.
Il altère en rouge l’infufion de tournefol, &
cette altération difparoît à mefore qu’il fe diffipe,
nouvelle preuve que ce n’eft pas un a-cide étranger
qui lui communique cette vertu ; la chymie
n’en connoit point d’auffi fugace.
M. Bergman a obfervé qu’une partie d’eau mé-
phitifée pouvoit rougir fenfiblement 50 parties
d’une infufion délayée au point de ne conferver
que la teinte bleue ; il remarque très-bien que s’il
ne rougit pas auffi le papier coloré par cette in-
fufion, c’en que rien ne s’oppofe à fa volatilifa-
tion ; que s’il ne fait aucune impreffion fur le fi-
rop de violettes, le .vinaigre n’en fait point for le
papier à focre , & l’acide vitriolique lui-même aucune
fur la fécule de l’indigo.
V Ce gas attire puiffamment les alkalis, Içs fature,
leur ôte leur caufiicité, les rend cryflallifables &
moins folubles. •
Il confiime de vrais fois avec les terres barotique
, calcaire & magnéfienne.
Il diffout plufieurs terres métalliques.
Il décompofé les hépars & les diftblutions al-
kalines.
Enfin , dans ces différentes combinaifons,iI garde
conftamment cet ordre d’affinités que nous »ré-
fentent les autres diffolvans acides.
Je 11e fais qu’indiquer ici ces phénomènes, fur
lefquels je forai obligé de revenir.; il réfulte de
cette fimple expofition, qu’il réunit en effet les
principaux caraéfores d’iin acide. La forme de gas ,
fous laquelle nous l’avons d’abord obtenu, ne peut
plus répugner à l’idée que nous avons des propriétés
ellenrielles des fiibfiances de cette claffe,
puifque les acides vitriolique 8c muriatique, peuvent
être réduits eux-mêmes en état de gas : à la
vérité, leur abforption par ï’eau eft beaucoup plus
rapide; mais ce n’eft point l’intenfité de l’effet qui
décide la convenance de propriété, ainfi l’objection
11e fort qu’à confirmer l’analogie.
II. L acide méphitique efl-il le principe acide univerfel?
Il exifte dans tant de corps, il eft fi abondamment^
répandu dans les trois règnes de la na-
tUre ? ^ n furprenant que l’on ait été
porte a. le confidérèr comme le diffolvant le plus
fimple & le principe de toute acidité; d’autant
plus que Ion commençoit à douter que l’acide vi-
triolique fut réellement l ’acide univerfel, comme
on l’avoit cru long-temps d’après Stahl, & qu’il
paroiffoit néceffaire de remettre quelque choie à
la place de cette hypothèfo.
Les premières expériences faites avec l’appareil
pneumato-chymique fur les acides végétaux 8c animaux,
fombloient fournir des preuves directes de
ce fyftême. M. Bertholet ayant expofé à l’a&ion
du fou l’acide tartareux dégagé par l’acide nitreux
& l’acide acéteux, faturé d?alkali végétal, obtint
par la ^ décomposition de ces acides une quantité
confidérable de gas méphitique.
M. Fontana examina en 1778, plufieurs fubfo
tances .animales & végétales, dans la vue de re-
connoître la nature de leur acide ; il trouva que
l’acide formicin fe réduifoit tout entier en gas méphitique
par l’aâion du feu, qu’il en étoit de même
des acides tartareux, acéteux, citronien , faccharin
du lait, des fols effenriels, des gommes, des réfines,
&c. Il conclut que les acides qui fe trouvaient
dans ces corps n’étoient qu’un feul & meme
acide, & que cet acide ri!étoit que du pur air fixe ,
ou acide méphitique ; n’exceptant de cette conclu-
fion que l’acide phofphorique, parce qu’il ne favoit
pas encore le décompofer.
M. Prieftley avoit obtenu, dès fes premiers ef-
fais , une grande quantité de gas méphitique pendant
la difiolution du fer dans l’acide nitreux, &
du mélange de cet acide avec l’elprit de vin ; il
traita depuis à là {Affiliation l’acide vitriolique lui