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Ces obfervations, par leur réunion, forment un ta- j
.bleatf jmpofont, & l’on doit des, éloges au zèle du
célèbre Académicien qui s’en eft occupé avec tant
de confiance; ce n’eft pas néanmoins qu’ elles nè
fourniffent encore matière à bien des qneftions , fur-
fjtdut-lorsqu’on les fuit arec attention, & qu’on rapproche
ceux .ides réfultats dont les affinités chymi-
" jques font affez certaines pour tirer quelques lumië-
1res' de la . coinparaifon ; mais c’eft déjà un grand pas
jque d’avoir réduit le problème à Féxplication de
quelques anomalies. Ces queflions & ‘ ces objeâions
trouveront place dans le paragraphe fuivànt, je dois
•foire état ici du dernier argument employé par M.
Àchardi pour fortifier le fyftême de ces tables.^
i | Si la! propriété du corps fluide (a-t-il dit) qui foit
varier fa force d’adhéfion au corps folidè, & qui
• eft exprimée par b dans les équations precedentes, ,
eft une, propriété générale & non bornee a la feule
adhéfion de ces fluides au verre , on doit arriver
par-le même calcul à des réfultats conformes à
ceux donnés par l’expérience & indiqués dans les
trois dernières tables, en prenant pour bafe les ob-
fervations de la force d’adhéfion de l’eau avec des
foiides de différentes matières.
La valeur de b étant ainfi déjà connue, il nè s?a-
■ git plus que de trouver la valeur de d , expreffion fie'
la force d’adhéfion des difques de différentes matières
avec tous les fluidesnommés dans les tables, &
.elle fo tire facilement de l’équation fuivante t
k _tooo m d v
““ ne
* donc d = iooo m ;
M. Achard a déterminé de cette manière les- valeurs
de tf, ou les forces d’adhéfion des dix-neuf fondes
placés au deflous du verre dans les tables précédentes’,
avec tous les fluides qui y font indiques ;
a pris enfuite la différence de cette détermination
-avec celle donnée- par l’expérience. Je crois pouvoir
me difpènfer de rapporter les tables particulières qu’il
en a dreffées , chacun pouvant faire ces vérifications
Mûr tel exemple qu’il jugera à propos. Ce Phyficien
ayant reconnu par-là que fur 481 réfultats il y en
avoit 354 dont la différence ne s’élevôit pas même
à l’unité j qu’il n’y en avoit que trois au deffus de
5 • en Un mot ; que de ces différences , les unes
étoiènt en plus, les autres en moins; il en a conclu
qü’il ne pouvoit plus y avoir de doute fur la vérité
& la généralité de la règle, qu’ainfi la valeur
de b' dépendoit de la figure dés parties du fluide ,
parce que, fuivànt la différence de cette figure , le
fluide fo trouvoit avoir plus ou moins de points de
contaâ avec le corps folide, ï & que l’adhéfion étoit
en proportion; de forte que b exprimoit réellement
la fomme de ces points de contaâ.
Mais la denfité du folide, & la figure de fo s parties
conflituantes ne contribuent - elles pas auffi a
augmenter ou diminuer fo force d’adhéfion ayec l e .
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fluide ? Pour ce qui efl de la denfité, il y a même
raifon de le croire que pour celle du fluide, car
comme c’efl la matière qui fo touche, plus il y aura
dé matière diflribuée dans tous les points de la fur-
face du difque folide , à égal diamètre, plus il offrira
de points de contaâ au fluide, & ce rapport
de la quantité de matièrë au volume donné eflpré-
ciféinent la denfité oh pefanteur fpécifique.
A l’égard de la figure des parties conflituantes du
folide , c’efl une des co’nfçquences les plus évidentes
de la théorie de ces attraâiohs prochaines , que
lorlque les deux corps qui s’attirent font de nature
différente, la force attraâive n’eft pas comme la
fomme des points dé contaâ que la figure des molécules
de l’un des deux corps admetJ avec une figure
fëmblâblë, mais comme la fomme des points
de contaâ que folle ffigtire admét refpeâivement à
telle autre; parce qu’elles concourent également à
augmenter.ou diminuer la diftanee,& que c’efi uniquement
cette diftance ou plus grande ou plus petite
qui'décide tous les' degres: d’attraâion, depuis
l’adhérence la plus foible, jufqu’à la cohéfion ia. plus
forte, jufqu’à l’affinité la plus puiffante.; A ufli, comme
le remarque M. Achard, fuffit-jl de jet.er un coup
d’oeil fur nos tables d’adhéfion, pour fo ■ convaincre
que la propriété qui fait varier la force d’adhéfion de
divers foiides au même fluide , ne dépend pas abfo-
lument de la denfité de ces foiides; car, fi cela
étoit., le fbufre ne devroit pas adhérer à l’eau plus
que lé verre, l’ardoife plus que le cuivre, l’albâtre
à l’acide vitriolique plus que le fe r , la cire - à i’-ef-
prit-de-vin plus que le quartz, de foufre aux aL-
kalis plus que l’étain , &c. &c. 11 efl facile d’en multiplier
les exemples. Il y a donc manifeflement une
autre caufe, ce ne peut être que le plus ou le
moins d’aptitude des parties de la furface du folide
à recevoir le contaâ du fluide, à raifon de leur
figure.
Partantde ces principes, voici la formule que pro-
pofe M. Achard, comme pouvant s’appliquer à tous
les cas, & réunifiant tous les élémens du calcul de
la force d’adhéfion d’un folide à un fluide.
La fomme des points par lefquels un difque de
verre, d’un diamètre donné, touche à l’eau, étant fup-
poféë == 1000;
Soit la fomme des points par lefquels un difque
de même grandeur ,mais d’une autre matière ,, touche
à l’eau —: B. 1
La force d’adhéfion du verre à l’eau = C.
La force d’àdhéfîon du difque fait d’autre matière
.à l’eau = D.
La péfanteur fpécifique du v e r r e z M.
Et la pefanteur fpécifique de l’autre matière = N.
On aura la proportion fuivante»,
c : d : : 1000 M: NB.
Mais on a déjà vu , en opérant fur la proportion
c : d :: 1000 m m b , qu’il en rêfultoit ;
1000 D M _____ 1000 d n* ~~WïT~ — »F" '
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Donc D M n b = d m N B .
D’oîi l’on tire cette proportion :
b : B : : d m N : D M n.
n & N étant des quantités connues, aufli bien que
m & M , connoiflant également b & d, & la valeur
de D pouvant être trouvée par expérience, il eit
facile de. déterminer la valeur de 13, qui eft la propriété
du corps folide qui le fait adhérer avec une
force différente au même fluide & qui dépend de
la figure de’ fes molépules. ,
Quand on a la valeur de b pour chaque matière,’ on
peut calculer une table de la force d’adhéfion de
tous les corps foiides avec un fluide donné , pour-
vu que l’on eonnoifie feulement leur pefanteur fpe-
cifique & leur force d’adhéfion avec leau, on na
befoin pôur cela que de cette équation :
B d m N
^ — b M n
§ III. Obfervations fur les expériences d*adhéfion ,. &
° fur les califes qui peuvent jeter de, l’incertitude fur
les réfultats.
I. En confidérant attentivement les données des
tables de M. Achard, on regrettera fans doute avec
nous que ce Phyficien fe . dévouant avec courage a
une fuite d’opérations auffi laborieuses, n’ait pas pris
uniquement pour fujets de fes expériences, des fubf-
tances fimples dont les affinités plus puifiantes ^ &
mieux connues nous euffent mis fur la voie d établir
un parallèle plus décifif de la force, diffolvante
avec cette force d’adhefion, ou de découvrir, du
moins quelque accord confiant de cette derniere
puiffance avec le degré de folidité des diverfes.com-
pofitions ; car nous verrons que, quoique cette capacité
de contaâ foit toujours la caufe eflèntielle des
affinités, cette caufe première eft modifiée par tant
de caufos fecondaires ,que l’on efl fouvent obligé de
diftinguer l’affinité qui produit la combinaifoii, de
celle qui la maintient. , ;! - ... ' ;
Nous regrettons à plus forte raifon que M. Achard
ait laiffé vuides les cafés deflinées à recevoir l’expref-
fion de la force d’adhéfion du marbre & de la plupart
des métaux avec les trois grands acides minéraux,fans
nous dire s’il a effayé de la déterminer & quels ob-
ftacles il a rencontrés. Auroït-il penfo qu’il n’y avoit
plus lieu d’eftimer l’adhéfion de deux corps quand
four contaâ devoit produire difi'oiution ? On a vu que
cette confidération ne m’avoit pas arrêté par rapport
aux amalgames qui font de vraies diffolutions ,
& que l’aâion , quoiqu’aifez rapide, du mercure fur
l’or , l’étain , &c. ne m’àvoit pas empêché de prendre
la force d’adhéfion dans un degré fuffifant d’approximation
pour qu’elle fuivit l’ordre des affinités.
Je fais bien que, pour peu qu’on tarde dans ce cas à
rompre le contaâ, il fo forme entre le folide & le
fluide une lame ou couche qui n’eft plus aucun des
deux corps Amples , mais un compofé des deux ; que
ce compofé, fe difféminant dans le fluide, change
fo denfité & même fa propriété attraâive; que s’il
adhère au difque 3 domine dans l’amalgame, U en
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augmente le poids, & que fi la féparation fe fait
dans l’épaiffeur de cette, couche, on ne mefure plus,
au lieu de l’adhéfion diî folide au fluide, que la
cohéfion des parties du compofé qui en refulte : mais
il y a néceffairement un moment où le çontaâ exifte
fons que la diffolutiori ait foit affez de progrès pour
nuire fenfiblement à l’eftimation, il ne s’agit que de
fe préparer à le foifir. Ce qui n’eft^que difficile , ne me
paroît pas devoir nous foire abandonner de pareilles
recherches , d’autant mieux que ce ne font pas des difficultés
étrangères à leur objet, que ces difficultés
procèdent de la caufe même que nous voulons re-
connoître, & qu’ainfi nous ne devons pas délëfpérer
de faire entrer ces irrégularités même dans notre
calcul, & peut-être d’en tirer encore des lumières
plus favorables à nos. vues.
Il eft bien certain que la chaleur, le dégagement
des gaz méphitique ou inflammable qui accompagnent
la plupart des diffolutions, apportent encore des obstacles
plus réels à la précifion de l’obfervation , &
je fuis fort tenté de foupçonner que c’eft ce qui a
produit l’efoèce d’anomalie que préfentent les tables
de M. Achard par rapport à radhéfion du fer & du
cuivre à l’acide vitriolique, la première fe trouvant la
plus foible,, quoique l’affiniié du fer avec cet acide
foit reconnue généralement plus grande que celle
du cuivre. On conçoit, en effet, que l’agitation , la
réaâîon que: produit une diflolufion rapide & tumul—
tueufe, eft très-propre à rompre le contaâ , & qu’ainfi
l’excès même de l’attraâion peut en diminuer l’effet
apparent ; .mais les Chymiftes savent auffi qu en
prenant les acides ou tres-délayés ou très-concentrés,
on parvient à en ralentir à fo n gré l’aâion ;
ç’eft donc à l’induftrie à choifir les xirconftancès les
plus favorables à l’expérience ; comme la caufe n’eft:
j pas -moins agiffante, quoique fes progrès ceffent d’être
vifibles, l’obfervation fera également fûre , &
l’on retrouvera enfin par le calcul le terme qui.doit
fervir à la coinparaifon des réfultats qui pourraient
exiger des conditions différentes.
D ’autres occupations m’ont forcé de renoncer au
projet que j’avois formé de multiplier les expériences
fur cette matière importante, mais je n’ai pu négliger
de m’afturer du moins que ce que je propofo
ici n’eft pas impraticable. J’ai façonné & drefié fur
le tour un cylindre de marbre blanc cryftallin, de
1 i pouce de diamètre ; l’ayant fufpendu au bras
d’une balance & mis parfaitement en équilibre, j ai
appliqué horizontalement l’un de fes bouts au mercure
placé au deffous ( la température étant à 11 degrés
du thermomètre de Reaumur ) , la force d adhe-
fion n’a été que de 22. grains , la furface du mercure
étant de 2 pouces, & de 181 quand elle eut 5 pouces
de diamètre.
Je l’ai appliqué à Veau dijlillée, il a follu 100 grains
pour rompre l’adhéfion.
Je l’ai appliqué au vinaigre diflillé ( à 1013 de pefanteur
fpécifique) la répulfion occafionnée par l’effer-
vefcence, n’a pas empêché que l’adhéfion ne fe foit
I maintenue jufqu’à l’addition de 98 grains. Pour ne.