
certain point à froid , ce que ne fait pas le diaf-
bôn pulvèrifé ; l'effet eft inftantané avec le Charbon
ardent, & cela ne doit pas étônneV. Le foufre
fe ù l, ^même au degré de chaleur où il fe diffout
'dans l'acide , ne lui. communique que fdiblement
cette propriété. Une goutte d’huile fuffi^.pour
phlogiftiquer une quantité affez confidérable d’acide,
& dans ce cas il n’y a pas à craindre que la réaction
fubite occafionne quelque accident, quand même
1 acide feroit concentré'. M. Macquer rapporte qu’en
voulant eflayer Taélid.n des acides fur les huiles,
& ayant mis pour cela dans une cornue de l’huiïè
d’olive avec de l’acide vitriolique àffoibli d’unfe
grande quantité d’eau, il y eut explofion qui brifa
Tes vaiffeaux , dès la première impreffion de la
plus douce chaleur, & avant qù’il ie fut dégagé
clu gas acide fulfureux ; ce qui le porte à foup-
çonnër que ce fut un dégagement fnbit, nOh de
gâs fulfureux, mais de gas inflammable qui occa-
îionna cet accident. Ce phénomène mérite d’être
de nouveau obfervé avant de chercher à en tirer
des conféquences, mais il n’eft pas inutile d’en
prévenir ceux qui peuvent s’occuper de ce.s expé^
iriences.
M. Léonhardi penfe que cette conje&ure a été
fuffifamment vérifiée par les expériences de
!M. Prieftley, qui n’a en effet obtenu que du gas
inflammable lorfque ion acide étoit délayé ; mais
ce phénomène, qui eff bien connu dans la diffo-
Jution des métaux par l’acide vitriolique foible ,
doit être de nouveau obfervé avec l’huile, avant
C[ue de chercher a en generalifer les confé-
quences.
4 ° . Une des méthodes qui m’a paru : la plus
avantageufe pour obtenir l’acide vitriolique très-
p u r , & en même-temps très phlogiftiqué, eft de
le diftiller fur les fubftançes métalliques qu’il n’attaque
.qu’à la chaleur de la diftillation , telles que
l’antimoine, le bifniufh-, le plomb, & même le
mercure.
5°. M. Seehl a donné dans les tranfaâions
philofophiques de 1744 , la defcrîption d?un procédé
qui me paroît mériter attention, d’autant plufc
que M. Sedey a affuré .depuis avoir répété fes
expériences avec tout le fuccès annoncé par le
Chymiffe anglois (Jefulphure, &c. dijfenat. Vienne
1766 ). Il forma de l’hépar de foufre I foit avec
la potafle pure, foit avec la potafle diffoute d’abord
dans l’eau de chaux ; il mit l’hépar fec dans une
cornue rnbulée, & vèrfa-jleffus de l’acide vitriol
lique a plufieurs reprifes ; à chaque fois le récipient
fe remplit de vapeurs épaiffes & fulfureufes j
il y p a fia un. peu de foufre en nature 3 & il s’éleyq
enfuite un acide volatil très-pénétrant. ■
6 . Enfin , on obtient 1 acide vitriolique phlogifli-
que en faturant beau de gas acide vitriolique , &
il eff conftamment le même , foit que ce gas ait
été préparé avec l’huile, foit qu’il l’ait été par le
charbon ou les métaux. ( V o y e^ (Ïa s acjde v i - 1
TRIÔUQÜE.) M.' Prieftley a obfervé que l’eah
prenoit dix fqiç moins d’acide vitriolique pour fa
■ fatiiration que de gas deide miAiatiqué : daris cette
fuppofition, 1060 grains d’eaü, à la temp&àtiire
d environ iô degrés, ne prendroieht que 39,6 de
gas acide vitriolique; car nous verrons à l’article
A c id e m u r i a t i q u e , que, fuivant l’expérience
de M. Kirwaii, la même quantité d’eau prend, à
Cette température, 396 pouces Cubiques de gis
acide muriatique. °
L’acide vitriolique phlogifliqué doit être mis
dans des flacons qui bouchent aufli exàftertient
qu’il eft poffible , encore ne s’y conferve - 1 - il pas
long-temps. Je nai pas effayé de le tenir dans dés
vaiffeaux fermés hermétiquement, mais il efttrès-
probàble qu’il n’y éprouveroit pas plus de changement
que l’hépar de foufre en liqueur, & qu'àinlî
fon altération progreffive ne vient que de l’im-
perfeftion des bojichons de cryflal les mieux dou-
cis. M. Poerner affure même avoir confervé plufieurs
années, fans la moindre altération , dans
un flacon bien bouché , de l’acide fulfureux qu’il
avoir obtenu d’un mélange de deux parties d’ef-
prit-de-yin , avec une partie d’acide vitriolique,
en continuant la. di{filiation après que l’éther
a voit paffé * & mettant de l’eau dans le récipient;
procédé qu’il regarde comme le plus avantageux
pour avoir cet acide très* fort.
II. Dans le fyftêrae de Stahl, comme dans ce*
lui de M. La voilier, l'acide vitriolique fulfureux
eft également de l’acide vitriolique tenant du
foufre; car il s’y reforme néceffairement, fuivant
le premier, par l’union du phlogiftique avec l ’acide;
il s’y retrouve en nature, fuivant le fécond, parce
qu’il n’a plusj toute la quantité d’air vital dont il
a befoin pour fe montrer en état d’acide. Maison
a déjà vu que ces explications ne fatisfaifoient pas
a tout, & on en trouve ici de nouvelles preuves
en s’attachant aux faits, pour en déduire les conféquences
dire&es.
La première de ces conféquences eft que Y acide
‘vitriolique phlogifliqué ou fulfureux nefl autre chofe
que de Veau imprégnée de gas acide vitriolique ; cç
que l’on peut affirmer même de l’acide renduVul-
fureux par tout autre procédé, dès que les propriétés
font abfolument identiques ; & ces propriétés
ne varient effectivement que par la préfence accidentelle
duce portion dacide non fulfureux, tout
de même que fi , après avoir formé l’acide fülfu-
reux par imprégnation., on le mêloit avec de l’acide
pur. C ’eft pour éviter ce mélange & la confusion
d’effets qu’il pouvoit produire, que le célèbre
Schéele a imaginé le procédé que j’ai décrit.
Il ne s’agit donc plus que de favoirce que c’eft
véritablement que le gas acide vitriolique. Seroifr
ce de l’acide lui-même privé d’eau & mis en état
gafeux par fa combinaifon avec la matière de la
chaleur? Il eft biencertain que le principe calorifique
entre effentiéllement dans la composition aérifbrme^
ïî entre peut-être aufli dans la compofition sèche
des acides ; on fait qu’en s’unifiant à l’eau ils pro-
duifent de la chaleur. Cependant il ne faudroit pas
conclure delà que le gas acide fulfureux n’eft que
de l’acide uni au calorifique ; M. Prieftley a vérifié’
qu’on n’en ©btenoit point par la feule application
de la chaleur en vaiffeaux clos. Une observation
curieufe de M. Weftrumb en fournit encore une
preuve bien décifive: ce Chymifte ayant v e r fé ,
en une feule fois, 240 grains d’acide vitriolique
fur 20 grains de mâgnéfie calcinée, il fe développa
une chaleur capable; de produire de,s; étincelles
& une flamme vive:; cependant, les vapeurs
qui s'élevèrent n’avoient rien de fulfureux:. (. Crelly
annal. 17.84;, Tom. IL3 page 432. \
On ne feroit pas plus fondé à penfer que le gas.
acide fulfureux eft exaéïèment à l’acide vftriolique
ordinaire ce queft le gas acide muriatique à l’acide
muriatique ; il y ‘a ici des différences très-marquées''
qui nous avertiffent de i l'influence de quelques,
caufes particulières. Le gas .muriatique produit avec
l’eau- de l’acide muriatique ordinaire« oc le gas fulfureux
produit .un acide qui ; s’éloigne fenfiblement
de l’acide vitriolique ordinaire ; le premier peut,
être- abforbé' par l’eau jufqu’àuy point de former
l’acide^ muriatique Te; 'plus concentré ; l’eau fatur
fée rfu fécond n’approche nullement dé l'état de
concentration auquel l ’acide vitriolique peut, être
porté. Il faut donc fe borner à dire avec l’illuftre
Macquer, que le gas fulfureiix eft exactement à
l’acide vitriolique fulfureux ce qu’eft le gas acide
muriatique à l’acide muriatique , & conclure ultérieurement
que l’acide vitriolique, èn devenant
gafeux ,'p re d autre chofe que ce que prend l’acide'muriatique
qui paffe, à cet état; ou , fi l’on
veut, que celui-ci abandonne le principe modifiant
en s’uniffant à l’eau, ce que ne faifpas le gas fulfureux
Quel eft maintenant ce principe modifiant ?
Voilà le point de la difficulté. Si c’étoit du foufre,
comme l’entend M. Lavoifier, il feroit fortinutilè
d’employer des moyens recherchés pour ramener à
1-état de foufre une portion de l’acide vitriolique
tout formé ; il feroit bien plus court de mettre du
foufre même dans l’acide , on feroit bien fûr alors
qu’il y feroit par excès ; & en lui appliquant la chaleur
; toutes les conditions devroient évidemment
te rencontrer pour-produire le meilleur acide vitriolique:
or ,, mes expériences & celles de M. Dollfulz
prouvent que cela ne réuffit pas que le foufre fe
«>nd plutôt qu’il ne fe diffout dans l’acide vitriolique
bouillant, qu’ils peuvent s’élever enfemble par la
Violence du feu ; mais que le foufre fe dépofe en
fublimé , tandis que l’acide fe condenfe par le re-
fooidiffement& que le dernier ,n’a guères plus
o odeur fulfureufe que s'il eût été diftillé feul. Foyer
A cide v it r io l iq u e ,. § , V, n„III,.& A c id e
VITRIOLIQUE f u m a n t .
é ;pK I Pas.nonPlus du phlogiftique dans le fens
à tah lc a r il ne pourroft toujours que régénérer
du foufre , & on ne feroit pas plus avancé pour
comprendre pourquoi du foufre , ainfi régénéré ,
refte diffous dans l’acide refroidi & très-délayé*,
pourquoi il le rend fi odorant , fi volatil, tandis
que le foufre tout formé fe refufe à cette combi-
naifon.
Ainfi , nous fommes conduits par les faits à
admettre, avec l’illuftre Bergman , une fubftance
.qui ferve de lien à la matière de la chaleur , pour
mettre en éta,t de gas permanent cet acide qui«,
tant qu’il eft pur fe transforme feulement en var
peurs, comme l’eau par l’aéfion du feu ; qui, comme
e lle , retombe en gouttes, par le froid : & c’eft le
phlogiftique. ( Dijfertat. X X X l l l \ g 48. )•
Le phlogiftique admis comme intermède d’union
du principe calorifique , il fembleque l’on n’ait plus-
befoin« d’autre chofe pour concilier tous les phénomènes,
On n’eft pas embarraffé d’indiquer où l’acide
prend ce phlogiftique , puifque la préfence de
quelque matière pourvue du principe jEombuftible,,
eft une condition effentielle de l’opération qui le produit
; puifque , dans quelques - unes de ces opéra--
fions , & particuliérement dans le cas où l’on emploie;,
des métaux , il fe dégage fenfiblement une-
portion furabondante de ce principe en état de gas
inflammable. Il n’y aurait plus à craindre que l’on
pût obje&er que dans cette fuppofition le phlogif-
tique ne devoit encore fervir qu’à reproduira du
foufre : il eft préfentement bien connu que cela ne
peut arriver qu’autant que l’acide perd en même-
temps fOn air acidifiant, qu’autant qu’il y a en jeu:
une double affinité pour le lui enlever, & fur-tout
que l’on n’obtient du foufre qu’à la faveur d’une-
très-grande concentration , même dans les cas où
l’acide fe trouve en contaâ avec une quantité cen-
fidèrable de gas inflammable, furabondant. Toutes-
ces ckconflances. manquant à-la-fois«on ne doit
pas’être étonné que le phlogiftique qui adhère lui-
même à la matière de la chaleur produife une com-
binaiion gafeufe avec une portion d’acide tout form^
& fans le décOmpofer.
Cependant il peut fe faire, il y a même quelque:
probabilité que le phlogiftique ne fertr pas feulement
à enchaîner la matière de la chaleur, mais encore
une portion de foufre, comme dans le gas hépatique.
Toutes les circonftanees qui peuvent fonder
cette probabilité tendent aufli à fortifier plutôt
qu’à affoiblir les preuves de la préfence fimultanée:
du phlogiftique. Quand on verfe de l’acide nitreux,
dans l’eau faturée de gas fulfureux ,.il opère même à
froid, & l’on voit fur>le-champ s’élever des vapeurs:
; rouges , parce qu’i l porte fa première aôion fur lé-
' phlogiftique ;. au lieu que s’il ne pouvoit changer
\ fes propriétés qu’en décompofant le foufre r fon ac-
j tion feroit infiniment lente, & ,.à vrai dire , infen- 1
; fible , fans le fecours de l’ébullition..L’argument que:
| fournit ici la différence d’a&ion de l’acide nitreux
l fur le phlogiftique & fur. le foufre ,* devient bien:
i plus fo r t, fi l’on eonfidère l’afit on de l’air, vital fuir
, ‘ les mêmes fubftances ; tout le mondé fairqu'il nei