
de la félènite, ou feulement des vapeurs agueufés
imprégnées d’acide minéral, ont propofé d’interrompre
le tuyau qui doit conduire le gas par une
petite phiole^ A ( fig. ) , deftinée à recevoir ces
matières. Il n’eft pas douteux que cette addition rend
la manipulation un peu plus erabarraffante, mais
ç’eft en menu - temps une très-bonne invention pour
prévenir ce qui n’arrive que trop fouvent entre les
mains de gens peu attentifs ou peu exercés ,. qui'
verfent trop d’acïde à la fois, ou quand' le flacon-
eft déjà trop plein, & qui l’agitent maladroitement;
de forte qu’au lieu d’une eau gafeufe on a une. eau
vitriolique & féléniteufe. Il n’y aura plus rien à
craindre avec cet appareil, parce, que toutes ces
matières pefantes s’arrêteront néceflairement dans
îa phiole intermédiaire, & qu’il n’y aura-que le
gas méphitique qui enfilera la portion du tuyau C
pour fe rendre dans la bouteille.’ Ainfi cette précaution
qui petit être négligée par des Chymiftes
confommés, devient effentielle quand on eft obligé'
de confier le foin de cette opération à desperfonn.es
qui n’en ont ni la théorie, ni la pratique.
M. le doâeur Nooth a donné dans le foixante-
dnquième volume des tranfaâions philofôphiques ,
la conftru&ion d’une machine deftinée à, remplir j
plus commodément le même objet qui a depuis
porté le nom dé ce favant, quoiqu’elle ait été cor-,
*igée & perfectionnée par MM. Parker & Magellan.
Elle efl compofée des trois vaifleaux A , B , C ,{fig..
•4 » appareils pour les gas. ) Le vaifleau A , qui a.la
forme, d’un pied, & qui. porte en effet toute la ma-
chine , efl dêftiné à recevoir le mêlange' effervef-
cent le vaifleau du milieu B en forme dè globe
avec deux goulots un peu gros en Z & en V , &
Mi*, troinêmé petit goulot fur le coté en -n ;- c’e-fl
dans ce vaifleau que l’on met l’eau que l’on veut
charger- décide méphitique. Le vaifleau fupériëureft
un globe un peu plus petit portant en ƒ un goulot
avec fon bouchon ufé à l’éméril, & terminé au
bas pan un- tuyau courbé g. ,. reflemblant au col
d’une cornue. Ce tuyau doit remplir exactement
le goulot du fécond vaifleau quLefl ufé à l’éméril
pour le recevoir comme un bouchon. La pièce la
plus importante. & . la plus difficile à exécuter dans
cet. appareil efl le bouchon de criflal V du vaifleau
du milieu, lequel doit faire fbnéfion de foupape pour
retenir l’eau .& laiffer paffer le gas méphitique : pour
cela on: a compofé ce bouchon de deux parties
percées dans; toute leur longueur dé petits trous
formant des tuyaux capillaires ; & dans l’efpàce que
laiflent entrelles.ces,deux parties,,on place une
lentille dé. verre plan-.convèxe, dont le plan tombé"
for la-partie inférieure du bouchon, & empêche l’eau
renfermée dans le vaifleau B , d’én fortir ; qui S oulevée
par l’a&iondu fluide élaftique, dégagé par
la tfiffolution de. la craie, dans k.vaifleau A , lui
lîyre î>ai|ages.
Lorrqu’on veut- fé fërvir de cet appareil, on
commence par enlever le vaifleau C;, on remplit
d iim le, globe. B , en. la verfant par. l’ouverture.
flipérièure , & l’on replace aufli-tôt le vaifleau C
, comme le repréfente la figure ; on enlève après
cela, tout à la fois , les deux globes fupérieurs B
&^C que l’on a pofês à côté lur un pied de bois
préparé pour les, contenir dans la même fituation ;
on met dans le vaifleau A de l’acide, vitriolique
délayé, 8c de la craie, du. {pat,. ou du marbre
pulvérifés, & on replace tout de fuite les deux
vaifleaux fupérieurs.
On fe fert d’un entonnoir pour introduire l’acide
& la craie, afin qu’il ne refle rien au goulot qui
puiffe empêcher le vaifleau B d’y entrer & de le
fermer exactement. 11 importe encore de dofer
convenablement l’acide 8c la matière calcaire, pour
que l’effervefcence & la dîffolution ne foient ni
trop rapides, ni trop lentes. On recommande à
cet effet d’avoir de petits vafes qui fervent de
mefures^
On conçoit que tout étant ainfi difpofé, lé gas
élaftique qui fe dégage du mélange effervefcent
dans le vaifleau. A ,. foulève la lenrille qui fait
foupape entre les deux portions du bouchon tu—
bulé V , & paffe dans le vaifleau dû milieu. Ce
gas s’élevant dans la partie fupérieiire de ce vaif-
ieau , preffe l’eau qui eft obligée de s’élever par
te tuyau courbé G dans lë globe C ; enfin l’air de
ce globe s’échappe par fon ouverture fupérieure,.
ou feulement par un petit canal que l’on a s pratiqué.
dans le bouchon, 8c qui- fuffit pour laiffer
fortir & rentrer l’air atmofphérique à mefûre qu’i l •
eft chaffé par l’eau , ou qu’il fe fait un.vuide par
! l’abforption^
Cette machine eft auffi ingéniëufe qu’élégante,..
& on ne peut difconvenir qu’elle n’ait de très-
grands avantages : l’opération n’exige aucune attention,
on n’a point à fe mouiller, les* doigts,
l’air commun ne fe mêle point au gas acide, ce
gas éprouve de la part de l’eau une preffion qui.
en favorife l’abforption;: en foulevant les deux
vaifleaux fupérieurs , on fait fortir la portion de
gas qui réfute de fe combiner ; l’ouverture en m
donne là facilité de renouveller l’eôërvefcence par
l’addition de l’acide & de la matière, calcaire, fans
rien déplacer ; Je bouchon n fert dè robinet pour
tirer à volonté une quantité d’eau faturéè fans in-
terrompre l’opération ; enfin cette méthode peut,
devenir encore très-expéditive, fi on ajoute à cet
appareilfùivant le confeil de M. Magellan, deux
autres vaifleaux^ B & C qui puiflent également
s’adapter au collet du vaifleau A , parce qu’alors,
au moyen d’un ou deux pieds dé bois pour les
porter, on a-là facilité de les fubftituer les uns
aux autres-:, & de les agiter fortement à mefiire
qu’on tes enlève de deflûs le pied de verre ; car
cette agitation eft toujours nééeffaire pour hâter:
l’abforption-6c cette agitation n’ëft pas poffible.
tant que les trois vaiffeauxfont réunis, parce qu’elle,
exçiteroit dans le vaifleau inférieur une effervef*
cence tumultueufe qui feroit paffer l’acide vitriolique.
dans l’eau, M, Magellan eft parvenu de cette
rflianière à fe procurer en moins d’un ^art-d’heure
.deux maffes Veau très-chargée, tandis
auparavant près de douze heures pour en obtenir
une dans ce même appareil.
M. Warltire a obfervd qu en fubftituant au bou-
■ chon’ de cryftal ƒ un bouchon de liège portant un
tuyau de verre courbé, dont i’extremite plonge ;
dans un vafe rempli de mercure , la condenfation
favorife l’abforption au point que l’eau pétillé naturellement
comme l’eau de feîtz.
Il ne faut pas diffimuler cependant que le prix
de cet appareil, fa fragilité, & la difficulté de
trouver des ouvriers en état de l’executer, ou
■ feulement de le réparer, en ont prefque fait abandonner
l’ufage. C ’eft ee qui me détermine a laire
•connoître ici celui dont on fe fert au laboratoire de
l’académie de Dijon, qui eft beaucoup plus Ample
, très-peu difpendieux , qui fuffit a tout, &
’dont une expérience habituelle & prefque continue
•n’a fait que conftater les avantages.
■ On choiflt un grand matras A (j%. i f , appareils
pour les gas.) de verre un peu fort, dont le
•col ait environ dix-huit pouces de longueur, &
qui puiffe contenir fept à huit pintes ; l’ayant rempli
de l ’eau qu’on veut charger $ acide méphitique,
on met la main à l’extrémité de fon c o l , de manière
à contenir l’eau, & on le retourne dans la
cuvette BB. Cette cuvette eft de bonne fayance,
ou encore mieux de poterie cuite en grais, il fuffit
qu’elle îpuiffe contenir à peu près les deux tiers
du matras. On la place d’avance fur une table dans
l’angle d’une chambre, & on y verfe de l’eau de
la hauteur de deux pouces pour recevoir l’extrémité
du col du matras, à l’inftant que l’on ôte la main, &
afin que J’air atmofphérique ne puiffe y pénétré^. Au
fond de la cuvette eft un morceau de bois C , qui n’y
eft fixé que par le.poids même du matras. Cette
’planchette;»d’un pouce d’épaiffeur, doit etre de fapin
ou autre bois blanc qui ne communique rien à
l’eau} elle eft creufée dans le milieu d’une bonne
ligne de profondeur pour recevoir le bout du matras
, & l’empêcher de gliffer ; enfin elle porte du
«ôté D une rainure ou entaille de toute fou epaif-
feur, de quatre à cinq lignes* de largeur, pour
que le bout recourbé du fiphon E puiffe y couler
librement, 8c être pouffé jufques fous le col du
matras.
Le matras ayant été retourné, comme je Fai
d it , dans l’eau de la cuvette, on fait gliffer def-
fous la planchette, on le laiffe pencher dans l’angle
, où il fe trouve fuffifamment appuyé, & on
introduit le fiphon recourbé dans la rainure, après
avoir mis dans Je flacon F le mélange effervefcent
à l’ordinaire»
Cet appareil, indépendamment de fa {implicite ,
avantage qui lui eft commun avec celui de M.
Bergman ( fig. <?-) 8c de quelques autres Chymiftes,
en a un qui lui eft particulier, 8c qui peut décider
la préférence , c’eft l’aifance qu’il donne pour
l ’agitation de l ’eau avec 1e gas ; 8c l’on a vu que
cétfre agitation étoit abfolument rieceflaire, foit
pour hâter l’abforption, foit pour achever la fatn-
ration. Quand le fluide élaftique a déplacé 1 eau
d’à-peu-prés le tiers ou la moitié de la boule du
matras , on l’empoigne en C avec les deux mains ,
on l’éloigne du mur 8c on le fecoue fortement fans
déplacer le bout de deffus la planchette ; par ce
moyen, la plus grande partie du gas eft promptement
abforbèe , on en fait paffer de nouveau,
en ajoutant dans le flacon de l’acide & de la craie -,
& en quelques minutes l’eau eft faturee. Si on en
veut avoir une plus grande quantité,on remet dans te
matras , par le moyen d’un entonnoir, 1 eau de la
cuvette qui eft déjà elle-meme tres-chargee, on
achève de le remplir de nouvelle eau, 8c on re- I commence l’opération. On peut ainfi obtenir en
moins de trois heures 15 ou 18 pintes d eau me*
phitifée.
Cet appareil pourroit être placé dans rembra-
fure d’une fenêtre , comme dans l’angle d un appartement
; mais il faut prendre garde qu il ne foit
pas expofé à l’impreffion de la lumière du foleil ;
on fait premièrement que l’eau fe charge d autant
moins de cet acide qu elle eft à une température
plus chaude ; en fécond lieu , j’ai obfervé nombre
de fois que dans cette pofiiion -la cuvette 8c même
la partie inférieure de la boule du matras fe tapif-
foient en trés-peu de jours d’une moufle verte qu
donnoit à l’eau un coup' d’oeil défagréable. Ce
phénomène ne doit plus étonner depuis les belles
expériences publiées par M. Sennebier , qui prouvent
que cette conferve végète avec d’autant plus
de vigueur qu’elle reçoit plus facilement, en meme
temps, Xacide méphitique 8c les rayons de la lumière.
, .
Tous ces procédés pour imprégner l’eau d acidè
méphitique font à la main du Chymifte dans tous
les temps ; il en eft un qui ri’a pas à la vérité 1e
même avantage, mais qui peut être utile dans bien
des occafions, 8c qui mérite par conféquent d’être
connu. a
On a vu qu’il s’élevoit des grandes maffes de
matière en fermentation , une quantité prodigieufé
d'acide méphitique qui formoit a leur fiirfiice une
couche diftinâe de l’air atmofphérique , il étoin
bien naturel que l’on cherchât à en tirer parti. Le
célèbre Pricftley. propofa d abord .de tianfvatef
plufieurs fois de l’eau d’un bocal dans un autre
au-deffus d’une cuve de bière, 8c par ce moyen
l’eau fe trouvoit réellement imprégnée à un certain
point; mais cette manipulation étoit longue,
embarraffante, 8c produifoit peu. M. te duc de
Chaulnes imagina d’appliquer à cette opération une
efpèce de mouffoir ; voici la defeription qu’il donne
de cet appareil.
On fait feier pat fon milieu un quart de muid
tenant environ 70 pintes A {fig. 16, appareils pour
les gas) , ou fait tourner un bâton long d’environ
2 pieds, traverfè { à l’une de fes extrémités oC
parallèlement au fond du baquet, fur la longneue L 2