
7 i<S AIR
réfultats de M. Lavoifier : il donne, dans fa dernière
édition, pour terme moyen 2,8,34 grains d’acide
carbonique produit de la combuftion de 12 ,5 grains
de charbon & de 22,35 grains d’air pur confommé
(page 348). Je n’entreprendrai pas de décider quelle
eft entre toutes les caufes poffibles celle qui a produit
une différence aufli confidérable ; mais on s’ap-
perçoit au premier coup d’oeil que dans cette évaluation
de M. Crawford, il y a fur le charbon un
déchet prefque double de celui dont il a fait état dans,
la compofïtion de l’acide gafeux : & cette feule cir-
conffance peut faire juger que le charbon qu’il a
employé n’avoit pas été expofé à une chaleur fumfante
pour le dépouiller au même degré d’hydrogène; d’où
il fera arrivé que l’air pur que celui-ci' a dû s’approprier,
étant mal à propos ajouté à la portion
combinée avec le charbon aura doublement changé
le rapport des ingrédiensde cette compofïtion^ comme
je l’indiquerai plus amplement dans la fuite. Pour
jn o i, il m’eft impoflible de douter de ce que j’ai vu ,
M. Lavoifier ayant eu la complaifànce de répéter en
ma préfence fon expérience en 1786 ; & l’ayant
moi-même exécutée depuis dans les Cours publics de
l’Académie de Dijon, fans appercevoir de variations
capables de changer fenfiblement les rapports indiqués.
J’ai eu foin de faire remarquer qu’aucun des com-
buflibles dont nous avons jufqu’à préfent fuivi l’action
fur l’air, ne donnoit de gas acide carbonique bu
air fixe ; lorsqu’il fera queftion des opérations dans
lefquelles on emploie l’air vital lui-même ou fes.prin-
cipes dans un état différent, j’examinerai quelques
faits dont MM. Prieftley, Rirwan, Hermftadt, &c.
fe prévalent pour foutenir que la bafe de cet acide
n’eft que le phlogiftique ou le gas hydrogène modifié
; il me fera facile de faire voir qu’on l’obtient
toujours avec le charbon, qu’ôn ne l’obtient jamais
qu’avec des matières qni tiennent du charbon & en
proportion de ce qu’elles en recèlent ; je ferai distinguer
en même temps les produits foit de la petite
quantité d’hydrogène que retient le charbon, foit de
l’eau dont il eft fi difficile de le priver fans combuftion
: je dois me borner en ce moment aux conséquences
directes des expériences décrites. J’obfèr-
verai feulement que ceux mêmes qui, comme M. Grens
admettent encore l’acide préexiftant & tout formé
dans le charbon, font pourtant forcés de reconnoître
que quand on le diftille feul, il ne donne que des
quantités de gas hydrogène & d’acide carbonique,
qui n’ont aucun rapport avec fa maffe ; que quand
on le brûle en vaiffeaux clos, il y a conftamment
diminution , ou , pour mieux dire, difparution totale
^d’une partie de l’air renfermé (1). En un mot, s’il
pouvait refter quelque doute fur la production du gas
acide carbonique par la combuftion du charbon , ou 1
fur la préfence de ce dernier en nature dans cet acide , !
i l R il faut qu’il difparoiffe devant la preuve arithmétique
déjà oppofée par plufieurs Chymiftes & que je trouve
ainfi préfentée dans l’Ouvrage de M. Crawford : il
eft de toute impoffibilité que le gas acide carbonique
vienne du charbon feul, puifqu’il en excède le poids ;
il eft également impoflible qu’il vienne de l’air feu l,
puifqu’il excède encore, le poids de celui qui a dif-
paru ; cet excès ne. peut être attribué à une portion
d’eau qui fe réunirait à l’acide, puifqu’on a le même
excès quand on opère fur le mercure; donc l’acide
eft formé de l’air uni à un principe fourni par le
charbon. M. Prieftley a lui-même reconnu l’évidence
de cet argument ( Continuation , frc. tome 7 , fetf,
X IV .).
Le gas réfidu, pu ce qui refte de fluide aériforme
après la combuftion du charbon dans l’air commun
eft en général de même mature que cet air diminué
par tout autre combuftible, en ce qu’il ne peut plus
fërvir ni à la combuftion ni à la refpiration; cependant
il eft toujours mêlé d’un peu d’air commun
qui a échappé au conta6: de la matière enflammée.
Si le charbon n’a pas été tenu auparavant au grand
feu en vaiffeaux fermés , ou qu’on lui ait laifle reprendre
de l’humidité, on trouve encore fous le
récipient du gas hydrogène, ainfi que M. Prieftley
Ta obfervé il y a long-temps ( tome /, fetiiôn VII).
Ce gas hydrogène charbonné eft probablement ce
qui en rend la vapeur fi pernicieufe; je croyois en
avoir eu le premier l’idée, mais elle n’a pas échappé
à l’illuftre Schéele qui s’eft également affuré de la
réalité de cette fubtile dïftolution du charbon dans le
gas hydrogène dégagé pendant la combuftion des
charbons , diffolution qui ne fut pas décompofée par
le lait de chaux, & dont il fépara ce principe en
quantité fenfible par la détonnation du gas. ( Traité
du Feu, édit. fr. p. 24p. )
E x p é r i e n c e X X X .
Au nombre des fubftances les plus fimples, les
plus effentiellement combuftibl.es, les Phyficiens admettent
préfentement ce fluide gafeux qui fe dégage
en diverfes opérations chymiques, que l’on a
d’abord nommé air inflammable, auquel nous avons
cru devoir approprier la dénomination plus caraélé-
riftique de gas hydrogène ; fon aétion fur Pair mérite
toute notre attention.
On prépare-du gas hydrogène très-pur à la manière
ordinaire; c’eft-à-dire, en faifant difïoudre du
fer ou du zinc dans de l’acide fulfuriqueaffoibliau point
que fa pefanteur Spécifique ne foit plus à celle de
l’eau que dans le rapport de 11 à 10, ou à peu
près.
Ce gas ayant été reçu ou tranfvafé dans un récipient
rempli de mercure, on y introduit une pe-
(1) C r e ll, Beytrage, & c . tome a, fa r t. 3 , pag. 32 8 & fu iv . M. Gren ayant traité à la cornue 120 grains de charbon,
.& pouffé la diftiilation au feu le plus'violent, n’en obtint que pouce cube de gas acide carbonique , ôc 1 pouce
cube de gas hydrogène.
A I R tite capfide dans laquelle on a mis de l’amadou &
environ •?' de grain de phofphore ; on porte lur le
phofphore (en le paffant rapidement à travers le
mercure ) un fer un peu gros , courbe en S , que
l’on a fait rougir auparavant : le phofphore^ touche
du fer chaud le fond à l’inllant, mais il n y a au-
curie inflammation. . x •
Il en eft de même de quelque maniéré que I on
tente d’allumer le .gas tandis qu’il eft feul, foit en y
faifant bouillonner & fublimer du phofphore dans j
le récipient cornu par l’application de la bougie,
foit en dirigeant le foyer de la lentille fur du phosphore,
du foufre, du charbon ou tout autre combuftible
difpofé pour cela fous1 la cloche qui le contient,
foit en y faifant paffer l’étincelle éta^nquè
• delà manière qui fera décrite dans l’experience XXXlII.
M. Prieftley y a brûlé de la poudre à canon par le
moyen d’ün verre ardent, elle y a détonné tout-à-
fait librement , mais elle a laifle le gas tel qu il étoit
auparavant (Exp. &c. part. 2s fe&. 7). Il eft bon d être
prévenu qu’il y auroit un très-grand danger à repéter
cette expérience, s’il fe trouvoit en même temps de
l’air commun dans les -vaifteaux.
E x p é r i e n c e X X X I .
Après avoir rempli une bouteille du meme gas,
‘également p u r , on la bouche en mettant le doigt
fur l’orifice, & l’ayant ainfi retirée de la cüvê pneumatique
, on lève le doigt & on lui préfente fur-le-
champ une bougie allumée ; le gas s allume , on voit
la flamme defcendre fucceflivement dans la bouteille;
& f i , avant qu’elle ait ceffé, on plonge le col dé
la bouteille dans l’eau ou dans le mercure, ces fluides
y rentrent prefque inftantanément & en rempliflent
une partie. Le gas réfidu n’eft plus que cette partie
de l’air commun qui ne fert pas à la combuftion,
mêlé d’un peu de gas hydrogène qui n’a pas ete con-
fumé.
La flamme n’eft pas néceffaire pour allumer, ce
gas : M. Vol ta l’a allumé avec le fer rouge , avec
l ’étincelle du briquet ; j’ai laiffé tomber dans un petit
ballon qui en étoit rempli, un charbon encore
ardent mais très-avancé & prefque cendreux, 1 inflammation
a été fubite au point de faire, éclater ta
ballon & de rejeter ta charbon à plus de deux pieds
de hauteur. ?
Cette expérience prouve que ce n’eft qu au moyen
du contaéf de l’air commun que ce gâs peut etre allumé.
Elle s’exécute de bien d’autres maniérés : on
remplit de ce gas une grande cloche de verre 011
récipient portant à fa tubulure un robinet furmonte
d’un ajutage droit ou courbé; on comprime ta gas
en abaiffant ta récipient au deflous du niveau de
l’eau dans là cuv e; on ouvre alors ta robinet, &
on préfente la flamme d’une bougie à l’extremite de
l’ajutage ; le gas s’allume à l’inftant & forme ce
qu’on a nommé chandelle phïlÔfophique , qui dure tant
qu’il refte du gas & qu’on ta forcé à fortir en def-
cendant ta récipient fous l’eau.
A I R 717
Une veflie ficelée fur un robinet, ou tout Amplement
fur un petit tube de verre & dont on fait
fortir ta gas en la preffant, fuffit pour la démonftra-
tion de ce phénomène. Pour remplir la veflie, on
l’adapte à un récipient tubulé ( Voye£ fig. 3 des appareils
pour .les gas ) ; mais il ne faut pas perdre de vue
ce que j’ai dit précédemment, que les veflies font
fujettes à recevoir & à tranfmettre infenfiblement
tas fluides aériformes par leurs pores , de forre qu’il
pourroit y avoir dü danger fi l’on tardoit a exprimer
une veflie ainfi chargée.
On a-imaginé un autre appareil plus commode ,
mais aufli plus difpendieux, connu fous ta nom de
lampe à air inflammable, & dont je ^ donnerai une
plus jufte idée en ta nommant globe d comprimer lés
gas. S’il ne fervcit qu’à cette expérience , je pourrais
bien le laiffer dans la claffe de ceuxqui ne font qu’ajouter
au luxe des cabinets, mon intention étant de faciliter
à tout le monde la pratique de ces opérations
& d’indiquer en conféquence les moyens tas plus
fimples; mais ta globe à comprimer les gas eft d’un
ufaiTe affez général, j’ai déjà fait mention de quelques
cas où il eft difficile de s’èn paffer ( Voye^ ci-devant
pages 673 fr (55/). Il ne férâ donc pas inutile d’en
donner la defcription, quand ce ne ferait que pour
faire connoître ta principe d’après lequel il eft conf-
truit à ceux qui voudroient lui donner une forme
plus économique.
A (fig. 38 des appareils pour les gas ) eft un globe
de verre à deux goulots, l’un defquels eft maftiqué
dans la douelle qui termine 1e pied de cuivre B. Ce
pied eft vuidé intérieurement en entonnoir, dont il
doit faire fbnâion quand ta robinet R eft ouvert ; ce
robinet doit être afféz gros pour laifler defcendre 1 eau
en même temps que 1e gas monte ; il eft avantageux
de pratiquer £ la clef de ce robinet une iffue pour
vuider d’air ta pied quand on l’enfonce dans l’eau de
la cuve. ___
C eft un très-grand entonnoir de verre réuni au
globe par la garniture D qui porte aufli un robinet e 3
l’entonnoir fe prolonge intérieurement jufqu à la partie
inférieure du globe parta moyen dii petit tube / ,
que l’on fait ordinairement de métal & qui feroit encore
mieux de verre.
F eft un tuyau de métal communiquant dans l’intérieur
du globe & portant à fon extrémité un troi-
fième robinet g terminé par un ajutage d un tres-petit
diamètre. ' | .
H eft un appareil éle&rique compefé à 1 ordinaire de
petits conduâeurs de métal ; .1 un des deux eft ifole
par un fupport de verre.
Le globe ayant d’abord été rempli d’eau, on ta
place fur la table de la cuve, on fait fortir l’air commun
du pied ; & tas robinets e & g-étant bien fermés,
on ouvre le robinet R pour y faire paffer le ^ gas
hydrogène. Le robinet inférieur étant refermé &
l’entonnoir C rempli d’eau dans toute fà hauteur , on
ouvre à la fois tas deux petits robinets e & g , ta gas
comprimé par l’eau s’échappe par le bout de 1 ajutage;
on l’allume alors facilement, foit par l’approche de