
fes réfuhats lui conviennent exclufi veinent, quoi- ,
qu’ils n’en dévoilent pas entièrement la nature ; mais
l’auteur paroît marcher furies traces de P ott, 8c il
eft rare que dans ce cas on foit tenté d’aller plus
loin que fon guide. .
Il eft temps d’indiquer les caraélères propres des
fieux efpèces auxquelles nous confervons lesmoms ;
diftinéis de molybdène & de plombagine :. ils. ont
été très-bien préfentés par M. l’abbé Mongez dans
fes additions à la fciagraphie de l’illuftre Bergman.
La molybdène eft compofée de particules écail- .
leufes plus ou moins grandes, peu ferrées les unes
contre les autres ; elle eft douce & grade ^au toucher
, tache les doigts, laide des traces d’un gris
de cendre-, fa pbuffière eft bleuâtre; elle fe coupe
au couteau, elle fe volatilife prefque toute entière
à feu ouvert, & exhale une odeur de foufre ;
quand le foufre eft diffipé., il ne refte qu’une terre
blanche ; l’acide nitreux & l’acide arfenical font les
feuls qui attaquent ce minéral ; il fe didout avec
effervefcence dans la foude au feu du chalumeau ,
&. produit avec elle un hépar de foüfre vitriolique ;
il fait détonner le nitre, & laide une made rougeâtre
; expoie à la flamme du chalumeau dans une
cuiller, il y dépofe une fumée blanche. C ’eft le
blyertç ou molybdène des Suédois , le potelot de M.
Daubenton. 11 fe trouvé à Bifpberg en Suede , a
Altemberg en. Saxe, &c.
La plombagine eft également d’un gris cendre ,
fe coupant au couteau , falidant les doigts , douce
au toucher , feulement un peu moins grade , plus
grenue , compofée de petites molécules brillantes ;
jexpofée fous la moufle , elle perd environ 7^-,
fans donner de fumée vifiblè, & le réfidu eft une
jerre martiale ; elle peut être unie accidentellement
jà une portion de pyrite , alors il s en dégagé , pendant
la calcination, une odeur fulphureufe. Elle
ne donne point de fumée blanche au feu du chalumeau
; elle, ne forme point d’hépar avec les alcalis
; elle ne fe laide attaquer par aucun acide. On
v o it , par une note de la nouvelle édition de la
minéralogie de Cronftedc, que les Suédois font
convenus de la diftinguèr aujourd hui fous le nom
de plumbago ; car quoiqu’il paroiffe par la fciagraphie
de M. Bergman, que M. Cronftedt en faifoit
deux genres différens , puifqu’il renvoie aux §§. 145
& 154 de fon fyftême , c*eft une faute typographique
de l ’édition latine ; il n’en parle que dans un
feul endroit, où il réunit la molybdène 8c la plombagine
, blyertiWajfer-bley. Les Allemands la
•nomment aufli reisbley.--La plus belle plombagine ou
•mine de plomb dont on fait les crayons d Angleterre
fe trouve à Reifwich dans le duché de Cumberland,
où , fuivant M. P lo tt, elle, fe nomme
kellou. Le célèbre Kirwan la diftingue fous le nom
de plumbago, & ne parle pas au furplus des lieux
où elle fe trouve. Celle dont on fait des creufets
. &. autres vraiffeaux à Ypfe, eft plus groffière , &
probablement plus ferrugineufe. J ’en ai vu fur une
pierre marneufe trouvée aux environs de Dijon,
& j’âi obfervé qu’il s’en, formoit tous les jours dans
un grand nombre d’opérations. ( Mém. de l ’acad. de
Dijon, an.-1783-, premier fém.)
Après cela il ne fera plus permis fans doute aux
minéralogiftes de confondre ces deux matières , bien
moins encore aux Chymiftes , à qui il ne fuffit pas
de les connoître , qui doivent encore les travailler
pour icpueillir féparément leurs principes , & èn
découvrir les affinités. Ce rapprochement de caractères
étoit néceflàire pour faire mieux fentir les
difconvenances , pour déterminer une fois l’appro =
priation des noms par lefquels on indiqueroit 1 une
ou l’autre de ces lubftances, comme fujet d’expériences.
Je ne m’occuperai plus ici que de la première
qui donne lieu à cet article par l’acide particulier
qu’elle fournit ; je renvoie tout ce que j’ai
à ajouter concernant la fécondé à l’article PLOMBAGINE.
L ’acide que l ’on retire de la molybdène appartient
au. règne minéral 8c au genre des acides métalliques,
puifque l’on peut le mettre en état de
métal. Voye{ MOLYBDENE. Cet acide exifte natu-
tellement combiné avec le foufre ; M. Kinyan
eftime que les proportions font de cinquante^cinq
livres de foufre par quintal , &. de quarante-cinq^
livres de molybdène, le fer ne s y trouvant qu accidentellement.
Ce foflile doit donc être confidérë
comme une véritable pyrite , 8c prendre , ayant fa
réduction , la dénomination de mine de molybdène,
Voici les procédés par lefquels M. Schéele nous
a appris à retirer l’acide métallique de cette mine.
. Lorfqu’on traite au feu la mine de molybdène
feule dans des vaiffeaux ouverts, elle fe volatilife
prefque toute .entière ; mais fi on en préfente un
j fragment fur une lame d’argent à la flamme du
chalumeau , ôn voit une fumée blanche s’attacher
fur la lame comme une petite écaille brillante,
dans la même direction que la flamme a cte pouf-
fée. Cette efpèce de fublimé eft véritablement de
l’acide molybdique féparé du foufre qui s’eft brûlé.
Voilà un premier procédé pour avoir cét acide ; mais
qui ne peut en donner en fuffifante quantité , 8s.
qui ne fert en effet qu’à faire reconnoître cette
mine. , A 'i
Le fécond procédé confifte à djftiller l’aoide arfenical
fur la mine de molybdène ; tant qu’il refte de
l’humidité , l’acide n’a aucune adiion ; mais quand
toute l’eau a paffé, fi on augmente un peu la chaleur,
il fe fublime de l’arfenic au col de la cornue;
fur la fin ce fublimé eft jaune ; on trouve da-ns le
récipient de l’acide vitriolique phlogiftiqué ; 8c le
réfidu contient une portion & acide molybdique concret
, féparé de fon foufre qui a été en partie dé-
compofé , en partie fublimé avec l’arfenic.
L ’acide nitrepx a encore une adtion plus marquée
fbr la mine de la molybdèn« ; .c’eft l’agent que
l ’on emploie dans le troifieme procédé, & qui donne
l’acide libre dans l’état le plus pur , & eq plu§
grande quantité»
%
M. Schéele ayant fait la première fois un mélange
de deux parties-d’acide nitreux phlogiftiqué ,
& d’une partie dè mine de molybdène pulvérifée,
à peine la coirnuè fut elle échauffée , tout pafla
enlenible en une feule fois dans le récipient, avec
forte chaleur & vapeurs obfcurément rouges ; il ne
douta point que la matière ne fe fut enflammée, fi
elle eûtété^en quantité un peu confidérable, & prit
le. parti d’employer de l’acide nitreux délayé.
On met dans une cornue de verre , affez grande
pour qu’elle ne foit remplie qu’à moitié, deux onees
‘ dé miné de molybdène en poudre ; on verfe deffus
dix onces d’àcide nitreux ordinaire, même aftoibli
d’un quart d’eau ; on lutte le récipient, & on dif-
tille au bain de fable. Quand la liqueur commence
à bouillir, l’acide nitreux s’élève en vapeurs rouges,
très-élaftiques , avec une forte écume ; on continue
la diftillation jufqu’à ficcité, & il refle dans
la cornue une matière de couleur cendrée.
On recommence cétte opération jufqu’à trois ou
quatre fois , en mettant toujours dix encès de nouvel
acide fur le même réfidu, & diftillant toujours:
jùfqu’à ficcité. Onobferveles mêmes phénomènes ,
excepté que les vapeurs rouges font moins vives
8c moins abondantes, & que la c'ouleur dû réfidu
s’affoiblit de plus en plus ; il fe trouve à la fin
blanc comme de la craie, c’eft l’acide'molybdique
concret.
Cet acide retient encore des parties hétérogènes ;
mais comme elles font bien plus folubl.es que lui ,
on les féparé âifément par Teau ; on l’édulcore
■ donc avec de l’eau chaude, jufqu’à ce qu’on n’àp-
perçoive plus de traces d’un acide étranger ; on
le Lifte alors fécher doucement, & on trouve environ
une once 8c vingt-quatre grains d'acide molybdique
pur.
Les eaux qui ont fervi à l’édulcoration font claires -
& fans couleur ; fi on les réduit par l’évaporation
à cinq ou fix gros , la liqueur prend une belle
couleur bleue, elle contient un peu de fe r , 8c
pour la plus grande partie de l’acide vitriolique ;
en l ’étendant avec de l’eau , la couleur difparoît. •
Il y a un quatrième procédé pour retirer l’acide delà
mine de la molybcène , mais qui ne le donne
qu’en état de fel neutre 8c combiné avec une'
bafe alkaline. 11 ne fuffit pas pour cela de traiter ;
cette pyrite avec les alkalis même cauftiques, par
la voie humide; ils ne l’attaquent pas : mais fi on
fait détonner dans un creufet bien rouge quatre
onces de nitre pur , & une once de mine de molybdène
réduite en poudre, on trouve une maffe
rougeâtre ; fa diflblution dans l’eau eft limpide 8c
fans couleur ; elle laiffe fur le filtre une pouffière
rouge qui n’eft autre chofe que la chaux martiale,
& qui pèfe environ dix à douze grains loriqu’elle
eft sèche. L*. diflblution fournit par l’évaporation
des cryftaux de nitre non décompofé & de vitriol
-dë pQtafle ; il en refte une portion confidérable qui
refufe de fe. cryltallifer, il faut l ’étendre avec un.
peu d’eau froide, y verfer, goutte à goutte, de l’acide
vitriolique aftoibli, jufqu a ce qu’il n’occafionne plus
de précipitation fenfible ; (les acides nitreux &
muriatique produiroient le même effet) on éduleore
le précipité, toujours dans l’eau froide , & on le fait
fécher doucement ; c’eft, comme nous le verrons,
du molybde de potaffe. Si l’opération eft bien faite ,
que l ’on ait laiffé refroidir la diflblution avant de
tenter la précipitation, 8c que l’on n’ait pas outré-
paffé la dofe d’acide , qui dans ce cas rediffoudroic
le précipité, on obtient environ trois gros de ce
fel.
Dans tous ces procédés, on retrouve les condi-
' tiens que nous avons - reconnues effentielles à la
formation des acides , & qui nous dévoilent leur
nature.-
La pyrite de molybdène contient, comme le
réalgar où pyrite d’arfenic , une terre particulière
ou bafe qui eft tout-à-la-fois acidifiable & métalli-
fable. ( Voyeç A c ide m é t a l l iq u e .) Cette terre
n’eft point aéluellement acide , parce que le principe
acidifiante lui manque ; elle eft au contraire
plus rapprochée dé l’état de métal, puifqu’efleeft
combinée avec le foufre , & elle ne peur entrer
dans cette combinaifon qui , dans notre théorie,
approche fort d’un alliage , qui dans le fait s’en rapproche
encore par la préfence d’une portion de fer,
1 qu’autant qu’elle retient un peu de phlogiftiqué ou
du moins qu’elle eftdifpofée à partager l’affinité.de
celui du foufre; il faut donc tout-à-la-fois & par
un aéle fimultané , rompre cette affinité avec le
principe métallifant , & lui fournir l ’air vital principe
acidifiant. C ’eft ce qui arrive ici bien clairement:
A la flamme du chalumeau , cette pyrite fe brûle
exactement comme le foufre , ce qui ne peut fe
faire fans air vital & fans qu’il s’en fixe une portion
dans le réfidu de ces matières eombuftibles.'
L ’acide arfenical , dans le fécond procédé , eft
régénéré en arfenic ; il peid donc l’air vital qui le
conftituoit acide ; ce principe eft repris en partie
par la bafe du foufre , en partie par celle de la
molybdène. :
L ’acide nitreux contient abondamment de l’air
vital, & il eft fort avide de phlogiftiqué ; il doit
donc , à l’aide de la chaleur , s’emparer du phlo-
giftique de cette pyrite , détruire fa couleur, s’élever
enfuite en état d’acide nitreux phlogiftiqué,
laiffer en échangé une portion de fon air vital à la
bafe du foufre & à la bafe de la molybdène. Il eft
facile de fuivre cette progreifion d’effets dans le troi-
fième procédé.
Gn fait enfin que le nitre qui s’alkalife produit
• de l’air vital ; il n’eft donc pas étonnant que la bafe
de là molybdène fe foit trouvée en état de neu-
tralifer une portion de la potaffe à la manière des
acides. ..
U acide moiybdique concret', préparé comme nous
l ’avons dit, eft blanc ; il laiffe fur la langue une