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tallique quand elle demeure long-temps expofée à
la chaleur. M. Baumé aflure qu’ayant eu occafion
de l’obferver, pour avoir employé dans une femblable
opération plus de plomb que le poids de la coupelle,
11 eut la curiofité de continuer l’expérience pendant
12 heures de fuite, pendant lefquelles il vit le plomb
fortir de la coupelle comme par un refluage en petites
grenailles, qui venoient fe réunir au bain métallique
, fe calciner enfuite, paroître & dilparoitre
ainfi fuccelîivement un grand nombre de fois. ( Chym.
expérim. tom. 7 , png. ƒƒ• ) 11 confoille, pour achever
en pareil cas la coupellation, de mettre fous la coupelle
un peu de chaux éteinte à l’a ir , qui abforbe
l’excédant de la litharge. t
J’ai déjà annoncé que la féparation du fin par la
coupelle n’étoit jamais entière. En effet, il refte toujours
dans le bouton un peu de cuivre ; il retient le
plus fouvent avec cela un peu de plomb , & même
il y a une portion des métaux fins abforbée dans la
coupelle : quoique les erreurs qui en réfultent inté-
reffent bien plus effentiellement l’art , de l’effai que
celui d’affinage, la recherche de leurs caufes n’eft
pas moins importante à la théorie de cette dernière
opération. | ^
Quelques-uns penfent que la coupelle nadmet
abfolument que des verres métalliques ; telle eft l’opinion
de Lomonofow ( Comment, pelropol. tom. 1) ;
elle eft fuivie par M. Sage, qui la fonde principalement
fur ce que le plomb précipité 1 or 8c 1 argent
de leur drffolution en forme de chaux, & fur ce
que l’o r , moins difpofe a la calcination que 1 argent,
eft auffi, toutes chofes égales, abforbé en moindre
quantité par la coupelle. Ces raifons ne me parodient
pas décifives ; les métaux fins étant d avance
en état de chaux dans leur diffolution acide , les
conditions ne font plus les mêmes, & on ne peut
plus tirer de cbnféquence d’un cas a l’autre. Il fou-
droit fuppofer que le verre de plomb tout formé
eût une aélion marquée fur l’or Sel argent, ot ceft
ce qu’on n’a pas encore eu occafion de foupçonner ;
on ne doit jamais perdre de vue qu’indépendamment
de l’attraélion qui conftitue l’affinité & qui produit
la combinaifon , il y a une attraftion d’adhéfion qui
fuffit pour unir inftantanément les corps, fur-tout
à la faveur de la fluidité , du mouvement & de la
chaleur ; o u , pour mieux dire, qui eft caufe qu’il
efi prefqu’impoflible que dans ces çirconftances deux
matières mêlées exaélement fe féparent fans que
Pune emporte quelques particules de 1 autre j nous
avons vu que cette force d’adhéfion dérivoit auffi
du contaâ des figures , elle doit donc varier a peu
près comme la force d’affinité, & fous ce point de
vue elle ferviroit très-bien à expliquer l’inégalité
de l’effet par rapport aux différens métaux non calci-
nables. Enfin, M. Sage nous fournit lui-même l’argument
le plus concluant contre fon hypothèfe : ce
Chymifte a trituré pendant 3 heures une once
de cendrée , c’eft-à-dire, de coupelle faturee , avec
4 onces de mercure ; l’amalgame bien lavé pour le
féparer dé la terre ofleufe & de la litharge, a été
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pafle dans un linge, il a été diftillé à la cornue, Sd
il eft refté au fond des portions (Purgent fous forme
métallique : ce font fes expreflions. Comme on ne
voit dans tout ce procédé aucune circonftance qui
ait pu donner lieu à la rédu&ion de l’argent, s’il eût
été en chaux, s’il eût été à plus forte raifon diflous
dans le verre de plomb, il eft âflez prouvé, ce me
femble, non-feulement que cet argent exiftoit fous
forme métallique dans la cendrée , mais encore qu’il
étoit entré fous çette forme dans la coupelle; car il
n’y a pas plus de vraifemblance qu’après y être, entré
en état de chaux vitrifiée, il ait p u , dans la fuite
de l’opération, fubir la revivification fitns aucune
caufe déterminante, & environné de toute part d’une
matière qu’on fuppofe capable de le calciner.
Cette conclufion fe vérifie par une autre obferva-
tion fur laquelle M. Sage eft d’accord avec la plupart
des Métallurgiftes ; c’eft que Vabforption du fin
par la coupelle ne varie pas fuivant les proportions
du plomb, mais fuivant celles des métaux fins. Il
eft évident qu’en confidérant le verre de plomb comme
diflolvant de ces métaux à un degré quelconque, à
l’aide de la chaleur, la portion diflbute fera d’autant
plus confidérable , que le diflolvant fera en plus
grande quantité : les expériences, fuivantes prouvent
que c’eft le contraire qui arrive.
M. Sage a coupellé 12 grains d’or pur avec 2
gros de plomb , le bouton de retour a pefé un trente*
deuxième de grain de moins.
Il a coupellé 6/grains d’or avec 2 gros de plomb,
l’abforption par la coupelle a été de même d’un trente-,
deuxième de grain.
U a coupellé un grain d’or avec 2 gros de plomb,
il n’y a eu qu’un deux cents quatre-vingt-huitième
de grain d’or abforbé.
Ayant paflè de même à la coupelle avec 2 gros
de plomb, un alliage de 30 grains d’argent pur &
de 12 grains d’o r , l’abforption a été de huit trente-
deuxièmes de grain.
A la coapeHation de 12 grains d’argent avec 2
gros de plomb , huit trente-deuxièmes de grain ont
été abforbés.
Enfin J p a coupellé 1 gros d’argent pur avec 2
gros de plomb, & l’abforption n’a été que d’un
loixante-quatrième de grain.
L’affinité du métal vitrifiant avec les différens
métaux fins , ne peut manquer. d’influer auffi très-
fenfiblement fur les réfultats de la coupellation. Il
eft certain que l’affinage de l’or n’eft jamais aufli
parfait que celui de l’argent ; quand il retient du
plomb, cela peut venir en partie de ce qu’il exige
un plus grand degré de chaleur que l’argent pour
être tenu en fufion ; mais il fe peut auffi, comme
le dit M. Pinus ( §. 22 ƒ ) , que le plomb ait moins
d’affinité avêc l’or qu’avec l’argent, car Bergman ne
donne point comme décidé, l’ordre dans lequel ces
métaux fe trouvent placés dans fa table ; or, dans
ce cas, il eft tout Ample que le plomb ne détruife
pas auffi facilement l’union de l’or avec les métaux
| imparfaits, & particulièrement avec le cuivre, fjju
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.„lui-même plus d'affinité avec l'or qu’avec l’argent
Cramer avoit déjà remarqué que le cuivre allie
i un métal fin, réfiftoit bien plus a la fconfacation
5 le plomb, que .lorfqu’il étoit foui. Seize parties
Se plomb, d it-il, fiiffifent pour en détruire enne-
rement une de cuivre, quand il eft pur ; mais il
n’en eft pas ainfi quand il eft allié , même a l argent;
6 plus la proportion de ce dernier eft confidérable,
plus il fout augmenter la quantité de plomb, autrement
la portion de cuivre , quoique reliant la meme,
ne feroit plus confuinée en entier fur la coupelle.
' A l’égard de l’o r , M. Tillet s’eft aflure, par des
expériences-direâes, de la difficulté de le dépouiller
abfolument de cuivre par la voie de la coupelle,
lors même que ce dernier ne fe trouve joint au premier
qu’en petite quantité. Il a fait pafler a la coupelle,
dans .un gros de plomb , qu’il y a mis en une
feule fois, 11 grains d’or fin & 1 grain de cuivre;
,1e bouton d’effai a pefé 11 grains ^ il a répété
cette expérience en employant 2 gros de plomb,
& en les mettant dans la coupelle à trois reprifes,
le bouton pefoit encore — au-delà des 11 grains de
fin & cet excédent eût été encore plus marque ,
s’il eût extrait de la coupelle & joint au poids du
bouton la parcelle d’or que la litharge avoit entraînée.
A in fi, quoiqu’il eût employé dans la première expérience
une quantité de plomb fix fois plus confidérable
que l’alliage, foixante & douze fois plus que
la portion de cuivre qui y étoit entrée, quantité
.qui eût fuffi , d’après le réglement, pour affiner^ de
l’argent allié d’un douzième, le cuivre n’a pu être
entièrement feorifié. La féparation n a pas encore ete
complette , même en doublant le métal vitrifiant &
le jetant fucceflivement dans la coupelle ; procédé
dont ce célèbre Académicien a bien conftate les
avantages pour produire le plus grand effet poffible
fur l'alliage ; il n’a eu plus de fuccès pour epurer
l’or qu’aux dépens même de ce précieux métal.
( Mtm. de l’Acad. Royale des Sciences , ami. 1776 ,
pag. 40 f . J
S’il fe trouvoit de la platine dans l’alliage, non- |
feulement elle réfifteroit, comme je l’ai dit,.,à l’action
du verre de plomb, mais fon extreme infufi-
bilité rendroit la coupellation bien * plus difficile,
parce que le plomb qui lui eft allie a affez d affinité
avec ce métal pour participer à cette propriété, &
que les dernières portions fur-tout fe trouvent défendues
de l’accès de l’air néceffaire a la calcination.
J’ai coupellé i gros de platine avec 2-gros de plomb ,
un feu de 2 heures n’a pu faire pafler dans la coupelle
que ÿ5- du plomb ; il a fallu quatre autres operations
, à un feu de la dernière violence, foutenu
pendant 4 heures , c’eft-à-dire, tant que les yaifieaux
les plus réfra&aires pouvoient rèfifter , pour réduire la
platine à fon premier poids. Le bouton refté fur la
•coupelle fe trouva à la fin très-exaftement d’un gros;
mais comme il s’étoit feorifié un peu de fer que tient
la platine, &c qui avoit fenfiblement taché les coupelles
, on ne peut pas affurer qu’il n’y reftât encore
du plomb en quantité fuffifante pour compenfer,
Chymie, Tome I.
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ce déchet. Au furplus, ce bouton étoit caverneux,
& quoique fufçeptible de recevoir quelque itnpref-
1 fion du marteau, encore fort éloigné du degré de
i du&ilité de la platine pure. T e l fut le refultat de
j ces expériences que je communiquai, en 1773 , à
M. le Comte de Buffon, fur la coupellation de la
platine , & qui ont été publiées dans fes Supplemens
( tom. 1 , pag. 331 ) .
Tous les métaux imparfaits ne fe comportent pas,
à beaucoup près, de la même manière à la feori-
fication par la coupelle , ce qui vient de leur plus
ou moins de fixité, de leur difpofition a pafler plus
ou moins facilement à l’état de v erre, de l’affinité
qu’ont leurs chaux avec le verre de plomb ; enfin ,
de l’affinité que ces métaux ont avec quelques-uns
des métaux nobles, & qui les défend plus ou moins
efficacement de l’aéfion du métal vitrifiant. Il refte
encore bien des expériences a faire pour déterminer,
avec qiielque précifion, les rapports de ces affinités ;
on trouvera encore dans leur application, les mêmes
difficultés que préfentent tous les phenomenes qui
réfultent de plufieurs caufes combinées ; cependant
il y a déjà plufieurs obfervations intéreffantes que
je ne dois pas omettre ic i, non-feulement par ce
qu’elles peuvent fervir à préparer la théorie géné-
raie de l’affinage par le plomb, mais encore parce
! qu’à défaut de cette théorie , ce font jufqu’à pré-
j fent les feuls guides, que le Chymifte puifie avoir
dans la pratique de cette opération.
Le cuivre donne à la coupelle une couleur d’un
rouge-brun. Quelques Métallurgiftes ont cru que
c’étoit le feul métal qui fût véritablement entraîné
avec le verre de plomb dans les pores de la coupelle
; mais il eft certain que toutes les chaux métalliques
fufceptibles de fe vitrifier au feu de cour-
pellation, font également abforbées, & en quantité
d’autant plus confidérable, qu’elles ont plus d’affinité
avec le verre de plomb ; le cuivre emporte toujours
lui-même une portion des autres métaux calci-
nables auxquels il eft uni : c’eft ce qu’on reconnort
très-diftinéfement aux différentes nuances que prennent
les coupelles , quand on y traite du cuivre
allié d’autres métaux.
Quoique Vétain s’unifle au verre de plomb, comme
le prouve l’émail de la faïanee , il pafle cependant
très-difficilement & feulement en petite quantité a
la coupelle ; la plus grande partie de la chaux d’étain
s’élève en filets ou mamelons ; ceft ce quon
nomme coupelle hériffée. Pour éviter cet accident, qui
trouble les opérations de l’affinage & de le fla i, on
a grand foin de clioifir du plomb qui ne tienne point
d’étain. Lorfqu’on s’apperçoit que la coupelle commence
à fe hériffer, foit que cela vienne de l’étain
; uni à l’argent, foit qu’il ait été porté par le plomb,
j on peut y remédier par un des deux moyens que
Grofle a indiqués, après avoir vu manquer un affinage
à l’Hôtel des Monnoies de Lyon par la même
caufe. Le premier confifte à ajouter dans la coupelle
un peu de limaille de fer, q u i, ayant moins
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