
acide nitreux, & on continue de faire bouillir
jufqu’à ce qu’il ne paffe plus de vapeurs rouges
ni d’acide fumant.
On verfe alors la liqueur encore chaude dans
une capfule évafée, 8c il s’y forme pendant le
refroîdiffement des cryftaux prifmatiques, quadrilatères
, longs & étroits , afiemblés communément
les uns aux autres fous un angle de 45 degrés,
qui, recueillis & fechés fur le papier gris,
pefent 109 grains.-
On remet la liqueur reliante dans la cornue
avec 2 onces de nouvel acide nitreux , en fait
bouillir jufqu’à ce que les vapeurs rouges diminuent
;on verfe , comme la première fois, dans un
autre vaifïeau, & on y trouve après le refroidif-
fement environ 43 grains de petits cryftaux en aiguilles.
Si on verfe encore à différentes reprifes jufqu’à
2 onces d’acide nitreux fur la portion de liqueur
qui refie 8t qui efl alors épaiffe & vifqueufe,
on-obthnr par l’ébullition 8c l’évaporation à fie--
cité une maffe faline brune , gluante, déliquef-
cente qui, après la defficcation parfaite, en du
poids de 30 grains , mais qui éprouve un déchet
de près de moitié lorfqu’on veut la purifier.
Les cryftaux que l’on a ainfi obtenus, & principalement
les derniers , doivent être rediffous &
cryftalliiés de nouveau.. La dernière leflîve mife
en d:geftion avec l’acide nitreux, 8c évaporée à
ficcité par la chaleur du foleil, fournit encore
quelques prifmes femblables à ceux de la première
opération.
On v o ir ain fi qu’il- faut à-peu-prè.s trois parties
de fucre , & trente d’acide nitreux pour en avoir
une d'acide faccharin ; M. Bergman avertit qu’il y
a un déchet confidérable fur ce produit, pour peu
que l’ébullition ait été portée trop loin.
Les cryftaux de Vacide faccharin font des prifmes. 1
qui divergent communément autour d’«n même
centre ; chacun de ces prifmes a quatre côtés po-
fés obliquement, comme dans le fpat , dont les
deux alternes font plus étroits : les deux plans quadrilatères
fouvent inégaux fe terminent aux deux
extrémités, ou à une feule, par un fommet en
forme de toit. Il s’y trouve quelquefois des prif-
mes fi courts, qu’ils reffemblent parfaitement aux
cryftaux de fpat à angles aigus tronqués parallèlement
, d’où l’on peut aifément juger leur forme
primitive.
Quelquefois le prifme eft pâogonal , 8c les
plans du fommet égaux ; la figure du fommet varie
auffi par les angles que fes plans forment avec
les côtés du prifme. Lorfque la liqueur a été troublée
dans fa criftallifation , ou qu’elle n’a pas été
fuffifamment chargée , on n’obtient que des prifmes
tronques, irréguliers, à cinq ou fix.côtés.
La diffolution de ces cryftaux dans l’efprit-devin
devient un peu trouble, 8c donne par le re-
froidiftement des cryftaux en écailles irrégulières,
d’une odeur agréable, 8c qui blanchiffent en fé-
chan't.
C’eft ainfi que M. Bergman décrit la' forme régulière
de cet acide concret, & les variétés qui
réfultent de fa cryftallifation ( Opufc. & c . tome ƒ ,
page 274). Suivant M. de Romé de Pille , les cryftaux
de Yacide du fucre offrent la même forme
primitive , 8c les mêmes variétés que les cryftaux
de fucre 5 il n’y a de différence que par rapport
au volume. Voye£ les figures des cryfiaux de fucre.
II. L e 'favant Suédois a bien penfé que le fucre
n’etoit pas la feule matière dont on pût retirer cet
acide ; il- l’a cherché dans la gomme arabique, 8c a
reconnu que cent parties de ce mucilage, traitées
avec n eu f fois autant d’acide nitreu x, fourniffoient
pendant le refroîdiffement, vingt - une parties d’acide
en cryftaux prifmatiques, indépendamment
de ce qui reftoit dans la liqueur, 8c qui peut être
eftimé cinq parties , ayant produit avec l’eau de
chaux onze parties de faccharite calcaire.
Huit parties d'efprit-de-vin très - reÊtfié, traitées-
avee 24 parties d’acide nitreux, donnent, fuivant
M. Bergman, trois parties d’acide faccharin, mais il
convient qu’il eft le plus fouvent en forme d’ècailles,
8c chargé de beaucoup d'humidité.
« On l’obtient ( dit-il enfin ) du miel, & de toutes
» les fubftances qui contiennent le principe fucrè,
” par le même procédé ; quoique fa faveur & fa
» cryftallifation écailleufe lui donnent une forte
” de reffemblance avec. l’acide du tartre ,. celui ci-
y> diffous de même, & bouilli avec l’acide nitreux
» de vient _n éan m oins un peu plus blanc, 8c il n’eft
» point altéré dans cette.opération ,'puifque le feu:
» le convertit en charbon comme auparavant».
# Le célèbre Fontana a fournis à l’à&ion de l’acide
nitreux, par le même procédé, la gommeadragant,.
de même que plufieurs fucs gommeux de différens
arbres : toutes ces fubftances lui ont donné un-
acide concret dont il a obtenu au feu les mêmes
produits que de l’acide du fucre ; il a retiré, toujours
par le moyen de l’acide nitreux , un fel acide
de Yhydromel, du cidre , de la Hère ,. du vin, de la
réfine appellée vulgairement gomme élémi, & d’un
affez grand nombre de matières analogues, pour
fe croire autorifé à conclure que les fubftances gom-
meufes & réfineufes donnoient auffi un fel acide entièrement
femblable à celui du fucre'. Journ.phyf.
tome X I I I , page 22.
M. Bergman avoit annoncé pour le 3? volume
de fes opufcules, une differtation où il fe propos
foit d’établir que cet acide entroit dans la com-
pofition des calculs ; mais il y a lieu de croire qu’il
\ 4ePu*s reconnu des propriétés différentes dans
l’acide des bézoards. Voye^ A cide zootique, &
les additions à l ’article acide.
Ceft à M. Berthollet que l’on doit la découverte-
de cet acide dans des fubftances animales:
Ce célèbre Chymifte traita la foie avec l’acidè
nitreux par le procédé qui vient d’être décrit 3 « elle
» fut attaquée promptement ; il fe dégagea beau-
•77 coup de vapeurs rouges, & bientôt elle fut
v totalement diffoute, de façon qu’on n’apper-
37 cevoit dans la cornue qu’une liqueur très-elaire
v & bleuâtre , comme il arrive toutes les fois que
>7 l’acide nitreux eft phlogiftiqué à un certain de-
>7 gré ». Lorfqu’il vit qu’il reftoit peu de liqueur,
il laifta refroidir l’appareil; il trouva le lendemain
dans la cornue une quantité affez confidérable
d’un fel qui , après une fécondé cryftallifation,
étoit bien tranfparent, bien cryftallifé en aiguilles
prifmatiques, & qui préfentoit, foit dans fa forme,
foit dans fes combinaifons, foit dans la diftillâtion
pneumato - chymique , tous les caractères du fel
qu’on connoît' à préfent fous le nom d’acide faccharin.
M. Berthollet a obfervé que, lorfque l’acide nitreux
qui avoit diffous la foie fe réfroidiffoit, ilfe
figeoit à fa' furface une fubftance graiffeufe qui,
par le moyen de la chaleur, fe diffolvoit entié-
reriTent dans la liqueur, quoiqu’on l’affoiblit de
beaucoup d’eau , & qui paffoit avec elle par le
filtre ; mais pour obferver cette graiffe , il ne faut
pas diftiller fur la foie une quantité d’acide nitreux
qui foit fuffifante pour laiffer Yacide faccharin dans
lin état de pureté, car l’acide nitreux l’emporte
avec lui dans le récipient; il en furnage alors une
portion, mais la plus grande partie refte combinée.
Mém. de Vacad. roy. des fc. ann. 1780. '
Ce favant académicien a fournis à la même expérience
de la laine, une peau préparée , des tendons
8c des cheveux ; toutes ces matières lui ont
. donné de Yacide faccharin , la laine plus que les
autres : .6 gros ont produit e 3 gros 8c quelques
grains , c’eft-à-dire, dans une proportion plus considérable
que le fucre même.
11 a traité de la même manière une partie muf-
culcufe, autant privée de graille qu’il étoit poffible,
& qui avoit été tenue long-temps en digeftion
dans l’eau pour en féparer la partie gélatineufe ; il
s’en fépara beaucoup de graiffe qui ne lui permit
pas de faire cryftallifer régulièrement la petite
portion d’acide, La gelée donna extrêmement peu
d’acide,
Le coagulum du fang a donné beaucoup d’acide
& de graiffe. .
Le partie albumineufe de la férofité s’eft comportée
comme la gelée.
ji Le blanc d’oeuf dard par .^ébullition a fourni
peu de graiffe 8c beaucoup diacide faccharin.
Le jaune d’oeuf n’a donné que peu de fel acide.
La partie amilacée 8c la partie glutineufe de la farine
ont donné l’une 8c l’autre beaucoup diacide
faccharin.
Enfin M. Berthollet a choifi, pour une de fes expériences,
le coton , dans les mêmes vues qu’il avoit
pris la foie, c’eft-à-dire, comme une fubftance homogène
dans fes principes, 8c parce qu’étant d’un
caraélère tout végétal, elle devoit lui’ donner beaucoup
diacide faccharin, fi cet acide entroit comme
partie effentielle dans la compofition des végétaux*
Il s’eft fervi d’un acide nitreux très - concentré,
parce que le coton réfifte beaucoup plus à la dé-
compofition que les corps fucrés 8c les fubftances
animales ; mais après une diffolution complette, 8c
la diffolution fuffifamment évaporée, il n’a laiffé
qu’une quantité infinimentpetite d’acide faccharin.
Il paroît que tous les acides végétaux peuvent
être convertis en acide faccharin. M. Schéele l’a
obfervé du jus de citron: M. Bergman dit avoir
effayé' fans fuccès, de l’obtenir de l’acide tarta-
reux, 8c qu’il ne put même parvenir à le dépouiller
affez du principe huileux pour l’empêcher de
noircir au feu ; mais on verra bientôt que MM.
Hermftadt 8c Weftrumb ont réuffi de manière à
mettre la poffibilité hors de doute.
On eft moins étonné de le voir produire par le
fucre de lait ; 1 f once ou 720 grains de ce fel ont
donné à M. Weftrumb 66 grains d’acide faccharin.
Mr Hèrmftadt avoit déjà publié la même obferva-
tion, 8c annoncé un produit plus que double, puif-
que 960 grains de ce fel lui ayoient fourni 210
grains de cryftaux diacide faccharin.
MM. Hermftadt 8c Wiégleb ont retiré cet acide
de l’efprit-de-vin dans des proportions différentes
de celles de M. Bergman: je reviendrai fur leurs
expériences pour apprécier les conféquences qu ils
en tirent. .
On juge bien que ce n’eft pas fans raifon que je
m’attache à déterminer les différentes fubftances
qui peuvent fervir à la préparation de notre acide,
qu’il s’agit bien moins de multiplier les moyens
de l’obtenir que de chercher dans ces faits la cori-
noiffance de fa vraie nature ; mais avant d’en tirer
-les conféquences, j’en ajouterai un que la
Chymie doit à la fagacité du célèbre Schéele, 8ç
qui me femble devoir répandre fur ce fujet de
nouvelles lumières.
Uacide faccharin fe tire encore des huiles 8c des
graiffes, foit végétales, foit animales ; mais l’opération
n’eft pas auffi fimple qu’avec le fucre. M.
Schéele expofe ainfi le 'procédé qui lui a réuffi ,
pour mettre à nu le principe doux particulier qu’il
avoit obfervé dans les préparations emplaftiques.
« J’ai fait diffoudre une partiè de litharge pul-
77 vérifiée dans deux parties de graiffe de porc,
» en y ajoutast un peu d’eau, 8c tenant le mê-
» lange en émillition ; quand la graiffe eut pris la
». coniiftance d’onguent, je la laiffai refroidir, 8c
» j’en féparai l’eau par décantation. Cette eau con-
33 tenoit le principe doux dont il s’agit: je la fis
» évaporer en confiftance de fyrop . . . . .
» Si on diftille de l’acide nitreux fur ce principe
» doux huileux, 8c qu’on répète plufieurs fois
» cette diftillâtion , il fié trouve enfin converti en
» acide faccharin, 8c-l’acide nitreux eft très-phlo-
73 giftiqué. Mém, de Chym. de M, Schéele, part. I I ,
M . i