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principe, par préférence à toute autre fubftanÊe ;
& l’illuftre Macquer regardoit lui-même comme
certain que Y acide muriatique n’étoit difpofé à une
facile combînaifon avec l'eSprit-de-vin, à donner
l ’éther muriatique, que parce qu'il fe chargeoit d’une
partie du principe inflammable des métaux, avec lesquels
on Tavoit d’abord uni. ( Voye% MURIATE
d’étain 6» Ether muriatique. ) 'Mais nous
favons préfentement que cet acide, dans l’état que
nous lé confidérons , ne peut en être fort avide ,
puifqu’il en eft en quelque forte Saturé; qu’il peut
en céder lui-même à la chaux de mercure , au point
de la révivifier , pendant la digeftion ; aux chaux
de f e r , de manganèfe , &c. pour les rendre Solubles
, & qu’il eft fufceptible de prendre la forme
gafeufe par l ’acceffion feule de la chaleur, Sans
addition de phlogiftique, à la différence des acides
vitriolique 8c nitreux.
Gellert s’écartoit déjà, pour les métaux, de l’ordre
indiqué par la table de Geoffroy, puifqu’il mettoit
le cuivre avant l’étain &. l’antimoine. M. Bergman,
après avoir recueilli, comparé & vérifié les obfer-
vations., a vu qu’ils dévoient ici garder absolument
le même ordre qu’avec tous les autres acides, en
confidérant, comme on le doit , plutôt les chaux
métalliques que les métaux_eux-mêmes. ( Voyeç AFFINITÉ.) Voici le rang qu’il affigne à, toutes les
baSes par rapport à Y acide muriatique.
Le barote.
La potaffe.
L a Soude.
L e calcé.
La magnéfie.
- L ’ammoniac.
L ’alumine.
Subftances.
métalliques.
Le zinc.
Le fer.
La manganèfe..
Le cobalt.
iL e nickel.
■ Le plomb.
ILétain.
/Le cuivre. .
VLe bifmuth.
lL ’antimoine.
■ L’arfenic.
' Le mercure.
L ’argent.
L ’or.
. La platine.
L ’eau.
L ’eSprit de vin.
Le phlogiftique.
§. De Vatiion de cet acide fur les huiles
On a cru long-temps que Yacide muriatique n a-
voit aucune aélion fur les huiles ; M. Achard Soupçonne
que cette erreur vient de ce qu’on 11 a pas
employé cet acide affiez concentré.
Ce Chymifte a obServé que les huiles eflentielles
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8c les huiles empyreumatiques fe diffolvoîent es
J entier dans Y acide muriatique , pourvu qu’il fût
alTez concentré , en aftez grande quantité , & aidé
de la chaleur. (Journ. phyf. tom.XVII ypag. 113. )
Ayant fait bouillir Y acide muriatique fumant avec
Y huile effentielle d’anis , elle devint noire &. épaiffe ,
& ne Se congela plus par le réfrôidiffement ; Y acide
muriatique avoit pris une couleur de diflolution
d’or ; il étoit encore fumant, mais Son odeur ap-
prochoit de celle de l’acide vitriolique phlogiftique.
L ’addition de l’alkali y oecafionna un précipité
blanc abondant, qui n’étoit que l’huile effentielle-
d’anis précédemment tenue en diftolution, & qui
redifparoifloit fi on ajoutoit de 1 alkali au-delà du
point de Saturation de l’acide , & en Suffisante
quantité pour mettre l’huile en état de Savon. Cet
-acide a pris une couleur brune avec Yhuile de
gayac , une couleur rouge avec Yhuile de cire.
Ces huiles font elles-mêmes devenues plus colorées
8c plus épaiffes,.& ont été de même précipitées
par l’alkali. Uhuile flamandes douces tenue
en digeftion pendant quelques jours dans Y acide
muriatique fumant, a feulement pris un peu plus
de confiftanee 8c perdu de Sa tranfparenee.
Nous ayons déjà obfervé ( Voye{ AciDÉ VITRIO-
LIQUE.) que M. Cornette s’étoit appliqué , dans
le même temps que M. Achard , à déterminer
l’aélion des acides Sur les huiles; il réfui te du
travail de cet académicien , que fi Y acide muriatique,
paroît avoir moins d’aélion fur ces Subftances que
l ’acide vitriolique, e’eft qu’il eft toujours moins
concentré, mais qu’il les attaqueroit plus puiflam-
ment s’il pouvoit contenir autant de matière Saline
fous le même volume. L ’attention qu’il a eue
de tenir note de la chaleur produite, de claffer les.
huiles , de fe Servir d'acide muriatique concentré
à diffiérens degrés , & d’examiner les propriétés des
produits, rend Ses expériences très-intéreflantes.
Il employa d’abord de Y acide muriatique fumant
reélifië Sur le Sel commun, dont la pefanteurSpécifique
étoit 1,169. Voici les réfultats de Ses observations.
Cet acide agit aftez vivement fur Yhuile effentielle
de théréVentine ; il la colora Sur-Ie- champ en
jaune , elle devint prefque noire par l’agitation ;
il s’excita une chaleur capable de taire monter le
thermomètre de fix à douze degrés. Ayant Sait
bouillir le mélange, la couleur de l’huile Se fonça
davantage , l’acide, au contraire, perdit de fa couleur.
Après le -réfroidiflement, l ’huile Se trouva
plus épaiffe, l’acide étoit feulement un peu jaune,
il avoit l’odeur de l’huile, & en tenoit quelques
gputtes en diftolution ; mais il ne devint pas laiteux
en fe mêlant avec l’eau. L’alkali en Sépara
l’huile en globules. ( Mém, de l’acad. roy% des
fcienc. ann. 1780 , pag. 160.)
Uhuile de lavande fe comporta à-peu-près de
même, excepté qu’il y eut moins de chaleur à
Tinftant du mélange, & que l’acide prit, par la
Simple digeftion , une couleur rouge plus foncée.
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Deux onces de cette huile ayant été traitées à a
diftillation dans une cornue de verre avec pareille
quantité du même acide, il paffa d abord un peu
d'acide légèrement coloré, enfmte une pomon
d'huile jaune-orangé; l'huile trouvée dans le récipient
avoit perdu l’odeur de lavande , & en avoit
pris une qui fe rapprochoit beaucoup de celle du
ftarabé ou fuccin, & on auroit pris 1 aci de lui-
même pour de l’acide karabique ou efpnt volatil
de Saccin. . , .
Uhuile de lin , choifie pour exemple dans la
claffe des huiles Siccatives | fut noircie très-promptement,
mais non réduite à letat Savonneux ;
l ’efprit de vin reétifié s’empara, par la feule agitation
, de toute la partie colorante de cette huile ,
qui , après avoir rendu quelque temps la liqueur
laiteufe, fe raflembla au fond du matras , ayant
perdu toute fa couleur. La même huile foumife
plufieurs fois à ce procédé eft devenue entièrement
Soluble dans l’efprit de vin , ce qui fait croire à
M. Cornette que dans ces cohobations elle a été
fucceffivement réduite à l’état refineux. N
Uhuile (Colive, parmi les huiles graftes, fe mêle
avec l’acide Sans chaleur : tenue long - temps en
digeftion fur le fable chaud, elle fe noircit, elle
devient en partiefoluble dans l’efprit de vin reélifie,
mais au bout de quelque temps une portion de
l’huile difloute fe précipite 8c ne peut fe difloudre
de nouveau.
M. Cornette a répété ces expériences avec Y acide
piuriatique Séparé du muriate mercuriel corrofif par
l’étain ou efp?it de Sel fumant1 à la manière de
Libavius ( Voye:i MURIATE d’ETAIN ) ; les phénomènes
ont été un peu diffiérens.
en moins de huit,jours.toute la maffe fut précipitée
L ’huile de thérébèntine agitée avec le double de
Son poids de cette liquèur fumante de Libavius
oecafionna une ébullition fi confidérable , que tout
fortit de la fiole. Le mélange de quatre gros de
cette liqueur 8c de deux gros iYhuile de thérében-
tine dans une grande capfule , oecafionna une effer
vefcence confidérable , accompagnée de vapeurs
très-épaiffes , mais qui ne s’enflammèrent poin»’
même par l’addition d’une nouvelle portion de L
queur acide. Les vapeurs ayant effleuré le Sable
fur lequel pofoit la capfule , il fut teint en cet
endroit d’un beau rouge pourpre. 11 refta dans la
capfule une matière noire , caftante, qui n avoit
point de liant, qui fe liquéfia à une douce cha
leur, & fournit alors beaucoup de vapeurs acides
qui n’étoit que très-foiblement Soluble dans 1 eau |
& qui ne forma point de Savon. Il en fut de meme
de Yhuile de lavandei
Uhuile de lin ne fut pas attaquée auffi vivement,
il y eut moins de chaleur 8c d’ébullition , cependant
l’huile s’épaiflàt 8c prit une couleur d’un brun
foncé ; quelque temps après elle fe trouva convertie
en unë maffe Solide très-volumineufe, dont les
parties avoient entre elles un peu d’adhérence, &
qui fe laiffioit brifer facilement ; mife dans 1 eau,
elle fe couvrit d’abord d’une poudre blanche, &
en petits grumeaux d nu blanc laie. L
queur étoit laiteufe & tenoit un peu d huile en
diflolution à la faveur de l ’acide.
M. Cornette a obfervé que toutes les huiles
eflentielles Stficcatives foumifes i 1 aflion de cet
liqueur acide acquéraient de la conhftance,
Iayoient dans l’eau & s’y précipitoient eu floccons
blancs; qu’en cet état elles étoient folubles dans
l’efprit de vin , & quelles exigeoient pour leur
liquéfaélion.une bien plus grande chaleur qu aupa-
Pendant le mélange de Vhuile i olive, i ' .n y
eut ni chalenr ni mouvement apparent, pas meme
de vapeurs fenfibles ; cependant 1 huile fe co ora
fur-leFchamp ; elle prit ikenfiblemem. la coule»
du baume de Canada; elle fut alors: foluble dans
l’efprit de vin ; digérée dans l’eau , elle fe convertit
ycomme les autres, en poudre blanche ftufeep-
tible de fe liquéfier au feu ; 1 eau dans laquelle elle
avoit été délayée fe trouva un peu aiteufe M.
Cornette effaya d’enflammer cette huile P“ ,
nitreux, de même que les huiles g t a f f e s f « ^ *
par l’acide vitriolique; mais il n y eut qu un Ileger
bouillonnement qui laiffa l ’huile decoloree , alp’re-
fume que l'expérience reufliroit en opérant
P' c e f obfemrions'de M. Cornette ne permette«
plus de douter que Vacidt- murmuque n ait une^éhon
Fur les l’ubftauces huileufes ; car quoique la liqueur
fumante de Libavius tienne toujours
portion d’étain, & qu’amfi Ion ne pmffe la regar
der comme de l ’acide munauque pur cependant
les effets de cette liqueur & de 1 acide munauque fumant ordinaire fe correfpondent affez
penfer que le peu de fel métallique qui exifte dans
Fa première n’y contribue pour rien , & que touce
la différence vient effeaivement de la plus grande
concentration. j» A, • Il n’eft pas aifé d’expliquer la mumere d agir de
cet acide ; comme il aucun changement ne paroît éprouver, ü il eft tres-vraifemblable qu l
ne perd ni ne prend de phlogiftique ; mais on ne peut
pas dire non plus qu’il diffout ces huiles, en leur
Faiffant toutes leurs parties conttituantes de la .
même manière que les acides aceteux & ’“areu*
diffolvent les huiles empyreumatiques, puflqu elles
relient altérées après leur réparation , qu elles ne
neuvent plus reprendre la même fluidue, & que
Fhuile grFffe devient en partie foluble dans 1 efpnt
de vin La chaleur qui fe dégage pendant les mélangés
annonce, à la vérité , qu il y a perte réefle
d’une portion de calorifique ; cette perte fe fait
fans doute par celui des deux corps qui éprouvé un changement fenfible : la difficulté avec laquelle
ces huile!altérées fe liquéfient, meme ila,^ du
feu , eft un nouvel indice de cette perte, & es
qu aiititésrefpeélivesde chaleur fpecifique des hufles
eflentielles , ficcatives & greffes s accordent^affez
bien avec les phénomène» qui viennent d etre ne