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grain de mercure) ; c'eft-à-dire, qu’un volume d’environ
0,0092 pouce cubique de France abforba 0,3466
pouce cube ou 37,6 fois autant des fluides aériformes.
Suivant les Académiciens d'Harlem, un 8e. de pouce
de leflive alkaline abforba fucceflivement 22,23
pouces ou 178 foisfon volume d’un mélange de fept
parties d’air vital & de trois parties de gas azote,
& il étoit encore très - éloigné de faturation ( Expériences
par le moyen de la machine Teylerienne, &c.
première Continuation , part, 2, chap. / ). M. Van-Ma-
rum remarque que la feule différence effentielle de
fon procédé eft qu’il a employé de l’air vital tiré
du précipité rouge & du minium, au lieu que M.
Cavendish avoit fait ufage de l’air vital obtenu de
la poudre noire que produit l’agitation du mercure
avec le plomb ; & il paroît foupçonner que la différence
de réfultat peut tenir à cette circonftance : je
croiroîs plus volontiers qu’elle vient du degré de
concentration de la leflive cauftique; un peu plus
ou un peu moins de pureté de l’air vital ne pouvant
, fur-tout dans le cas particulier, changer aufli
fenfiblement les rapports. Au refte, comme le dit
très-bien M. Van-Marum , cela n’empêche pas que
les expériences ne s’accordent pour le fond.
M. Cavendish a fenti que, pour compléter les
preuves de fa découverte, il étoit important d’examiner
fi l’air vital feul & le gas azote feul n’éprou-
veroient pas aufli une diminution par les décharges
éle&riques , & il a vu que, dans ces deux cas, il n’y
avoit aucune diminution. M. Van-Marum a de même
ebfèrvé que le gas azote n’étoit pas diminué (1). A
l ’égard de l’air v ita l, il avoit jugé, lors de fes premiers
effais, qu’il n’étoit point altéré ; mais l’ay ant.
fournis aux mêmes épreuves dans un tube beaucoup
plus petit, pour que le rayon éle&rique devînt plus
puiffant en opérant fur une moindre maffe, il a
trouvé que cet air étoit diminué de o , 2 fur le mercure,
& même de 0 ,13 6 fur l’eau. Il fembleroit
donc, au premier coup d’oe il, que le fait peut encore
être mis en queftion ; cependant il eft aifé de
difliper le doute qui naîtroit de cette diverfité apparente
de témoignages. Il fuffit pour cela de confi-
dérer d’abord qu’il n’y a plus aucune proportion de
cette diminution de rair vital feul avec celle de l’air
commun; & puifqu’il'eft généralement accordé que
l’autre partie de l’air commun n’en éprouve Séparément
aucune, il fuit que la différence très-marquée
de l’effet tient à une autre caufe ou à la combinaifon
même des bafes des deux gas. En fécond lieu, la
diminution de l’air vital feul s’explique tout naturellement
dans l’expérience de M. Van-Marum par
la calcination du mercure, qui fut telle, fuivant les
expreflions de ce Phyficien, qu’à la fin les parois du
tube éloient f i couvertes de chaux de ce métal, quon ne
pouvoit voir au travers.
La diminution opérée fur l’eau n’étant guère que
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le 3e. de celle que ce Phyficien avoit obfervée, dans
les mêmes circonflances avec l’air vital mêlé de gas
azote, on pourroit très-bien l’attribuer à la portion
de ce gâs dont il eft fi difficile de priver entièrement
lair vital, & qu’il fuffiroit ici déporter à un 16e.
pour rétablir la correfpondance entre la taufe &
l’effet. Mais, indépendamment de ce qui tient à cette,
impureté ordinaire de l’air vital, il y a une autre
circonftance qui ne mérite pas moins d’attention,
c eft la calcination que ne peut manquer d’éprouver
la furface du conduâeur de métal, dans l’intérieur
du tübe, par la répétition des décharges éle&riques
dans cette efpèce d’air. Ce qui m’a fou vent fait regretter
qu’à l’exemple de M. Monge, les Phyficiens
n’aient pas pris le parti de foire exécuter les boules
de ces condu&eurs en argent ou encore mieux en
platine , pour n’avoir pas à craindre leur amalgation ,
quand on opère fur le mercure.
La formation de l’acide nitrique par la combinaifon
de l’air vital & du gas azote fe trouve donc parfaitement
établie, il n’eft même plus poflible de douter
que la matière grave du dernier ne paffe en entier dans
le nouveau produit, puifque M. Cavendish s’eft af-
furé qu’en ajoutant fucceflivement de l’air vital pour
décompofer ce qui reftoit d’une quantité donnée de
gas azote , & reprenant enfuite par le fulfure de
potaffe l’air vital qui étoit en excès , on ne trouvoit
à la fin qu’une petite bulle qui n’excédoit pas le
120e. de la totalité du gas azote employé.
Ce combuftible d’un nouveau genre préfente dans
fon aéfion fur l’air, des phénomènes qui lui font propres,
6c dont l’obfervation ne doit pas être négligée
dans le rapprochement des faits de cette grande
analyfe.
C ’eft de tous les corps combuftibles celui qui exige
la plus haute température : nous ne connoiffons jufqu’à
préfont que deux manières d’opérer fa combinaifon
avec la bafe de l’air; l’une au degré de chaleur que
produit la combuftion du gas hydrogène, & que nous
avons vu être très-confidérable , relativement à la
maffe du corps brûlé; l’autre au degré certainement encore
plus élevé que produit l’étincelle éle&rique, dont
l’intenfité fe dérobe, il eft v ra i, à nos fens par l’inftan-
tanéité de fa durée & par la petiteffe de l’efpace où
elle agit, mais qu’il nous eft d’ailleurs facile de juger,
lorfque nous la voyons fondre fubitement le fer qui
réfifte au feu incandefcent & remplacer la flamme
aéluelle pour allumer le gas hydrogéné. Mais ce qu’il
ne fout pas perdre de vue, c’eft la diftance prodi-
gieufe qui fe trouve entre la température qu’exige
cette première combinaifon qu’on pourroit appeller
l'oxidation de Cabote 6c la température qui fiiffit à
fon oxigénation complète ; nous avons vu ( Expérience
IX ) que le gas nitreux brûloit fpontanément 8c
fubitement dans l’air des plus froides régions. De là
M Ce gasprh a» contraire un accroiffement de 0,125 de fon volume, mais -qu’il fe trouva avoir perdu
pheoomene que iAuteur regarde comme l’effet d’une forte de dilatation par l’éleftricité. { P a r t . 2 , chap. ,
le lendemain,
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tm doit conclure ,' comme je l’ai déjà dit j q u e , dans
la produélion habituelle du nitre, la nature a des
moyens qui nous font encore inconnus, qui deviennent
peut-être efficaces par le concours des affinités, ou
bien qu’elle en prend les matériaux dans un état
tout différent 6c bien plus favorable à la combinaifon
( V o y e i ci-devant AFFINITÉ , page 7 7 4 ) .
Y a-t-il chaleur dégagée pendant cette combinaifon ? :
On n’a pu encore s’en affurer, je n’imagine même pas
par quel moyen on pourroit y parvenir ni en déterminer
la quantité. Trois raifons principales nous au-
torifent feulement à penfer que cette chaleur ne peut
être que très - foible en comparaifon de celle que
donnent les autres corps, & fur-tout le gas hydrogène.
i° . M. Crawford. a fait voir que la chaleur
comparative ou capacité de chaleur du gas azote étoit
à celle du gas hydrogène :: 21,4:0,7936. 20. Il eft
certain que lecompofé , produit de cette union, retient
beaucoup de chaleur , puifqu’on la retrouve
lors de la détonnatiori du nitre. MM. Lavoifier &
de la Place ont reconnu que la chaleur dégagée par
la détonnation de 576 grains de nitre avec 192 gr. j
de charbon pouvoit fondre 6912 grains de glace j
( Mém. de P Acad. my^desSc. an. 1780, pag: 378),
30. Enfin la chaleur mife en liberté ne fuffit pas
pour entretenir la température communiquée & propager
la combuftion ; & c’eft précifément pour cette
raifon que l’on eft obligé de renouveller d’inftant en
inftant cette première inflammation, ou que l’azote
ne paroît brûler que d’un feu étranger.
Mais comment fe fait-il que cette température foit
^néceffaire à la combinaifon de deux fubftances qui
font habituellement dans l’état de fluidité & de cont
a i le plus favorable à la combinaifon ? Cela eft
d’autant plus difficile à comprendre, que leur affinité
de compofition n’a à vaincre ici ni une affinité
différente ni leur affinité d’aggrégation, puifqu’elles
fe trouvent dans l’air commun , unies feulegnent à
ce même calorique qui leur donne la forme gafoufe,
qui doit refter en grande partie dans la compofition,
o u , ce qui eft encore plus fort, qui fert à la déterminer.
Quand on confidère attentivement toutes
ces chofes, on s’étonne également & de ce que ces
deux fubftances cohabitent dans l’athmofphère fans
contraâer cette union d’où réfulte l’acide nitrique,
& de ce qu’elles la contraélent par la feule condition
de la température ou de l’accumulation de la matière
de la chaleur. On eft ramené malgré foi à cette fage
réflexion de M. Monge : qu’il paroît contraire à ce
qui s’obferve généralement en Chymie, qu'en augmentant
la dofe du dijfolvant, on diminue fon adhérence
avec fes bafes : je ne répéterai pas ce que j’ai dit ailleurs
pour effayer de lever cette difficulté ( V. affinité,
§. I I I , feEl. 2, 6e. loi)', j ’ajouterai feulement que je
fuis plus éloigné que perlonne de me contenter d’explications
fondées fur de prétendues modifications d’un
même corps fans intervention d’un autre agent matériel
, & que, dans le cas où cette manière d’être
de la chaleur , qui la rend préfente par - tout, qui
en fait réellement le diflolyant univerfel, ne fuffiroit
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pas pour faire ceflef cette contradi&ion apparente,
je ne refuferois pas l’aveu qu’il nous manque encore
quelque connoiffance pour rendre parfaitement raifon
de ce qui fe paffe dans ces circonflances. Il ne fe-
roit pas impofiible , par exemple, que la lumière
qui fait paffer l’acide nitrique à l’état d’acide nitreux,
qui fépare par conféquent de l’azote une portion de
la bafe de Fair v ital, jouât aufli un rôle dans l’a&e
de leur première combinaifon. Au furplus, quelque
conjeélure que l’on veuille former fur la nature de
l’agent dont la préfence ou l’abfence conflitue ici
deux conditions différentes d’affinité, la démonftra-
tion des vraies parties conftituantes de l ’acide n’en
eft pas moins complète.
Si l’on a tant de répugnance à admettre qu’une
température plus ou moins élevée puiffe déterminer
ou fufpendre la combinaifon de deux corps aéluelle-
ment fluides, combien ne feroit-il pas plus contraire
à toutes les idées reçues de fuppoler que le produit
de la combinaifon des deux mêmes fubftances varie
fuivant la température à laquelle elle-s’opère! C ’eft
cependant ce que demandent les Chymiftes qui
s’obftinent à ne reconnoître qu’un feul principe combuftible;
& celui de tous qui foutient cette doctrine
avec le plus de fagacité, le célèbre Kirwan, eft
î encore dans l’opinion que le même principe qui
forme de l’eau à la chaleur rouge, ne produit que de
v l’air fixe à une moindre chaleur ; il fuppofe d’autre
part que dans la diflillation du nitre per fe , ce principe
que nous regardons comme fa bafe, peut être dé-
compofé & brûlé (Effai fur le phlogiflique, &c. feâl.
4 ) ; ce que j’ai dit précédemment de l’intenfité de
chaleur néceffaire à la combinaifon de l’azote, exclut
à ia- fois l’une & l’autre de ces fuppofitions, puisqu’il
en réfulteroit qu’on ne devroit obtenir que de
l’eau de la combuftion du gas azote par l’étincelle
éle&rique, & à plus forte raifon , quand il s’enflamme
en même temps que le gas hydrogène auquel il fe
trouve mêlé accidentellement. Nous voyons au contraire
que le gas hydrogène pur ne fournit jamais d’acide
nitrique ; que le gas azote nefe convertit jamais en
eau ; que dans les expériences où ils te rencontrent
expofés à une température convenable, en contaél
avfec l’air vital, les quantités d’eau & d’acide nitrique
font conflamment proportionnelles aux quantités que
ces deux fluides élaftiques portent dans leurs com-
pofés refpeélifs : l’acide nitrique eft donc le feul 6c
unique produit de la combuftion du gas azote.
Je conviens, avec M. Kirwan, qu’on ne doit pas
refufer toute croyance à ceux qui affurent avoir vu
l’eau de chaux fe troubler quand ils faifoient paffer
l’étincelle éle&rique dans l’air commun ; mais de cç
que le fait eft poflible, de ce qu’il eft arrivé quelquefois
, il faut fe garder aufli d’en conclure qu’il
foit un réfultat néceffaire de l’opération. Ce Phyficien
a recueilli avec foin toutes les obfervations qui
pouvoient annoncer dans l’acide nitrique & dans fes
compofés , ou dans les réfidus de fa décompofition
une portion de ce gas carbonique qu’il regarde
comme le principe acidifiant unique & univerfel ; &