
i f i t À C I
converti en acier, préfente le fer le pkis doux &
le plus nerveux, quand même le fer que l’on a fournis,
à cette opération, auroit été caflant. Ces remarques
pourroient conduire à quelques découvertes
utiles à perfectionner le fer & l’acier les plus défectueux.
Malgré l’émanation ou dilîipation des parties
hétérogènes pendant la cémentation, j’ai toujours
trouvé mon poids. Il faut donc que les parties étrangères
qui s’évaporent, foient remplacées par d’autres :
dirons-nous que ce font des parties ignées ou le
phlogiftique ? Penfera-t-on que le fer a fubi une ef-
pèce de calcination qui a pu augmenter fon poids
à peu près dans la même proportion des fubftances
évaporées? Cela n’eft pas vraifemblable, puifque,
au lieu d’avoir enlevé du phlogiftique au fer, la
cémentation lui en a fourni de nouveau, or la
préfence du phlogiftique met obftacle à la réduction
des métaux en chaux.
Tout le monde fait que le charbon ne fe réduit
point en cendres dans les vaifleaux fermés, même à
la chaleur la plus violente & la plus long-temps
continuée; nous en avons une preuve bien convaincante
dans le procédé que nous venons de décrire, ■
car lorfqu’on retire l’acier cémenté de la caifle, l’on
y trouve le charbon dans le même état où il étoit
en l’y mettant & aufli noir. J’ai voulu m’afîiirer fi
-ce cément pouvoit fervir une fécondé fois, je l’ai
humeélé de nouveau, ,&_l’ai mis au fourneau avec
du fer, je me fuis apperçu qu’il falloit plus de temps
pour faire l’acier cette fécondé fois que la première,
ce qui doit être, à caufe du phlogiftique qu’il a perdu
dans la première opération, ainfi je ne confeille
pas de l’employer.
Il fe fait un très-petit commerce de l’acier bourfoufflé
, car outre que les marchands le prendroient
pour du mauvais fer caftant, il eft rare de trouver
des ouvriers qui fâchent l’employer avant d’avoir
été paffé au martinet, opération que nous allons décrire.
Comme l’acier cémenté eft beaucoup plus dur
que le fer, & que chaque percuflïon du marteau
n’y fait pas grande impreflion , il faut des martinets
qui aient le plus , de vîtefle poflible afin de gagner
par la vîtefle, ce qu’on perd par la dureté de l’acier,
& fi l’on veut faire de l’acier aufli bien forgé que
celui d’Angleterre, que l’on appelle à Paris acier fondu,
il faut que les tables des martinets & des enclumes
foient de bon acier & bien polies.
L’on confeille d’avoir deux martinets, l’un du poids
d’environ 150 livres, & l’autre de la moitié de ce
poids ; la même roue peut les faire aller tous les
deux. Le gros marteau fera deftiné à forger* les plus
grofles barres d’acier & à les réduire en barreaux du
plus gros échantillon ; le petit martinet fervira à
forger en petites barres unies l’acier pour les couteliers
; l’on peut aufli, par le même arbre, faire
aller un petit marteau d’une douzaine de livres pour
forger de très-petits barreaux d’acier pour burins ,
petites limes , &c. mais ces martinets doivent donner
au moins 300 coups par minute. .Cet acier fe
chauffe vis-â-vîs la tuyère d’un foufHet de bols oit
de cuir qu’il eft bon de faire mouvoir par l’eau afin
de ménager la main-d’oeuvre. L ’on met du charbon
de bois ou de terre fur le foyer, l’on y place
cinq ou fix barres d’acier bourfoufflé que l’on a cafte
en bouts d’environ deux pieds de longueur ; lorf-
que la barre la plus près de la tuyère eft couleur
de cerife, on la porte au martinet où l’on en étire
un bout auquel, fi l’on veut, on donne les dimen-
fions requifes dès cette première chaude ; on remet
la barre au feu pour chauffer & 'forger une autre
partie, tandis qu’elle chauffe l’on forge les autres,
de forte que le martinet peut aller fans interruption.
Lorfque le chauffeur & le martineur s’entendent,'
le premier doit avoir la plus grande attention de ne
pas laiffer brûler ni griller fon acier ; il ne faut pas
même qu’il lui donne dans cette première chaude
affez de chaleur pour pouvoir être foudé. A mefure
qu’il y a des barres qui ont acquis le degré de chaleur
convenable, il les porte fous le marteau, le
martineur les faifit & les façonne , l’on ne trempe
point cet acier, on le préfente dans le commerce
tel qu’il fort du martinet. Si l’on trempe un de ces
barreaux d’acier & qu’on le cafte, l’on verra que
les gros grains à facettes larges qu’il avoit avant
cette opération , font devenus très-petits & très-ferrés
, enforte qu’il reffemble, pour la finefîè , au bon
acier d’Allemagne, fur-tout fi on ne lui a pas donné
trop de chaleur ; le meilleur degré eft la couleur de
cerife, même un peu rembrunie ; .fi on le trempe
trop chaud, le gpin n’en eft pas aufli fin, & ce
qu’il y a de fingulier, il a moins de dureté que
lorfqu’il eft trempé plus froid : les artiftes qui emploient
de l’acier fait par cémentation, doivent avoir
cette attention & celle de lui donner beaucoup de
recuit.
Il s’en trouve qui fait la rofe dans fa caflùre,’
mais il n’en eft pas meilleur ; cette rofe ou tache
n’étant que fe produit de l’eau qui, en le trempant,
s’infmue dans de petites gerfures tranverfàles qui fe
font en forgeant les barreaux.
Le déchet de l’acier bourfoufflé en paflant au martinet
, n’eft communément que de cinq à fix pour cent,
fi on ne le chauffe pas trop.
Lorfque les Anglois veulent faire de l’acier fembla-
ble à celui d’Allemagne, ils procèdent comme il
fuit.
Ils prennent de l’acier tel qu’il fort du fourneau
de cémentation, ils en forment une trouffe de dix à
douze barres ; on chauffe cette trouffe au feu de charbon
de terre;de temps en temps l’on jette deflùs de
l’argille fèehe pulvérifée, ce qui concentre la chaleur
& empêche la dilîipation du phlogiftique ; l’on
•a reconnu que l’argille eft préférable au fable , lorfqu’il
s’agit de forger l’acier , & que le fable vaut
mieux pour le fer.
Lorfque la trouffe a acquis le degré de chaleur
convenable pour pouvoir fe fouder, pn la porte fur
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A CI
l'enclume ", oïl fait agir le marteau & on l’étire en
barreaux dans les proportions demandées, car ils ne
font de celui-ci que par commiffion. L'on conçoit
nue cet acier éprouve beaucoup plus de-déchet par
cette opération que par le précédent procédé & qu il
coûte plus de fabrication. Les Anglois fuivent en
cela la méthode en ufage en Styrie lorfqu’on veut
y faire de l’acier fuperfin.
’ Certains forgerons d’Angleterre font cémenter une
fécondé fois l’acier qu’ils ont fabriqué à l’inftar fie
celui d’AUemangne, & le forgent enfuite en trôuffe
comme la première fois , mais ils obfervent de ne
chauffer cet acier au feu de forge qu’avec du charbon
de bois.
Les Anglois fabriquent e'n outre de l’acier fondu;
pour cet effet ils remplirent un creufet, d’environ 10
pouces de hau! & 7 de diamètre, avec des bouts
d’acier bourfoufflé & rognures d’ouvrages en acier;
ils y ajoutent un flux dont ils font myflère : l’on
place ce creufet fur fa tourte dans un fourneau à vent
femblable à ceux dont on fait ufage pour le laiton,
mais plus petit, puifqu’on n’y place qu’un creufet,
ce fourneau eft furmônîé d’üne cheminée qui le fait
tirer davantage ; on le chauffe avec du charbon de
terre réduit en coaks dont on entoure le creufet,
l’on en remplit entièrement le fourneau ; ce four,
neau eft cinq heures en feu avant que l’acier foit
parfaitement fondu, l’on verfe cet acier dans des
moules quarrés longs , il y en a d-’oélogones, ils font
compofés de deux pièces de fer coulé qui s’adaptent
exactement l’une contre l’autre; les lingots,au for-
tir des moules , reffemblent à du fer de gueufe ; l’on
étend cet acier au marteau comme l’acier bourfoufflé,
en obfervant feulement de le chauffer encore moins
& avec plus de précaution, parce qu’il fe briferoit.
L’objet de cette opération eft de rapprocher les
parties conftituantes de l’acier, & d’en détruire les
pailles & foufflures qui exiftent communément dans '
tout autre acier.
Cet acier fondu, outre qu’il eft cher par fonpro-,
cédé difpendieux, n’eft pas propre à tous les ouvrages,
fur-tout à ceux q u i, avec la dureté, exigent une
grande ténacité , afin de réfifter aux efforts & aux
chocs 'les plus violens ; mais il eft bon pour les ra-
fo.rs, les canifs, & principalement à faire des chaînes
de montre, & généralement tous les bijoux & autres
ouvrages auxquels l’on veut donner le plus beau
poli; aurefte cet acier n’étant pas d’un ufage bien
général, il s’en fait peu de confommation.
En fàifant des eflais l’on peut, ainfi que les Anglois,'
parvenir à faire de -l’acier fondu.
E X P L I C A T I O N des Planch es de J e u x fournea u x fervan t à la converfion
du fe r en acier -par la cémentation.
P L A N C H E T®. ( M é ta llu rg ie ) .
Cette planche repréfente le deffin du grand fourneau
'dont les Anglois fe fervent pour convertir le fer en acier. ^
T .A première*figuré A B C D eft le plan ou coupe
horizontale.de ce fourneau, au niveau du fond
des caifles ou creufets.
EF la grille de fer fur laquelle on met d’autres barres
pour contenir le charbon de terre.
G petits murs fur lefquels font conftruits les deux
caifles ou creufets.
H paflage de la flamme entre les fufdits petits murs,
qui doit en même temps circuler dans tout le
pourtour des creufets.
La deuxième figure A B C D eft le plan ou coupe horizontale
au niveau de la partie fupérieure des
caifles ou creufets.
EE les deux creufets dans lefquels on met le fer
pour être cémenté.
F cinq murs en arceaux qui traverfent la grille de
la chauffe, & qui fervent à empêcher l’écartement
des. parois des creufets.
H les différentes ouvertures par où fort la flamme
de deflous & des côtés des caifles»
I les quatre ouvertures pour les cheminées des
angles , par lefquelles la flamme entre, avant que
de fe rendre auxdites cheminées.
K quatre autres ouvertures fervant au paflage de
la flamme qui fe rend dans lès quatre autres cheminées
; on bouche leurs ouvertures extérieures
L pendant l’opération , après laquelle on les
ouvre pour accélérer le refroidiflement du fourneau.
La troifième figure eft la coupe du fourneau for la
ligne A C de la figure première.
C vue d’un côté long du creufet.
D foupiraux ou paflage de la flamme au deflous du
creufet.
E les cinq murs en arcs qui foutiennent les parois
dés caifles.
F H la grille compofée de neuf barreaux de fer qui
traverfent la chauffe, & qui fervent a en recevoir
d’autres placées longitudinalement à l’effet
de contenir le charbon.
IK le cendrier.
L l’efcalier pour defeendre dans le cendrier.
MM deux cheminées des extrémités du fourneau\
dont les conduits font ponélués.
N N deux autres cheminées idem des angles.