
porteroît de beaucoup fur les autres par la p e - 1
fanteur fpécifique dans Ton état naturel, cepen- I
dant elle n’eft que de 4,226 , & nous verrons I
que celle de l’acide nitreux, déterminée par la
même méthode, eft de 5*530; celle du gas acide
muriatique dans fon état d’union avec l’eau a été
trouvée de 3,106. M. Kirwan fe fait, au fujet
de ce dernier , l’objeâion que l’on peut douter que
la denfité de l’acide muriatique ne vienne pas
uniquement de la denfité du gas, mais enjpartie
de Fattraâion qu’il a avec l’eau, & il la réfout,
par la confidération que la longueur du temps
qu’exige l’abforption fuppofe que cette attra&ion
eft peu confidérable ; il eft néanmoins certain
qu’elle doit être a fiez puiffante pour dégager la
chaleur qui tenoit l’acide en état de gas, & cette
féparation, lente, mais néceffaire, de la chaleur, eft
la caiife déterminante de la diminution prodigieufe
de fon volume; elle eft la caufe unique de la
denftté de l’acide fous forme fluide aqueufe, fi
l ’eau qui entre dans cette combinaifon né perd
pas aufli de fa chaleur fpécifique ; dans le cas contraire
elle n’en eft plus que la caufe partielle.
On peut demander, à plus forte raifon, fi l’eair
qui eft unie à l’acide vitriolique n’a pas aufli diminué
de volume, 8c par conféquent augmenté
de denfité : MM. Lavoifier 8c de la Place ont
obfervé que pendant le mélange de 5266,28
grains d’acide vitriolique (dont la pefanteur fpécifique
étoit 1,87058.) avec 3949*71 grains d’eau,
à la température de zéro, il y avoit eu production
de chaleur capable de fondre 14 onces z gros
62 grains de glace; c’eft-à-dire qu’une livre de
ce mélange développoit autant de chaleur que
14 onces 2 gros 6a grains d’eau qui auroit été
chauffée à 60 degrés. (acad. des Je. ann. 1780^
pag. 577. ) Il eft bien difficile de croire que c’eft
l’acide réel qui perd lui feul toute cette chaleur;
car quoiqu’il entre de l’air vital dans fa compofi-
tion , comme nous le dirons bientôt, 8c que cet
air .en recèle une très-grande quantité, il eft
évident qu’il a perdu ce qu’il devoit perdre à
l ’inftantde la formation de 1 acide, qui ne change
plus par fon union avec l’eau. D ’ailleurs ces académiciens
ont vu , de même que M. Crawford,
que l’acide vitriolique avoit moins dé chaleur
fpécifique ou de capacité de chaleur que l’eau,
qu’il en avoit d’autant moins, qu’il étoit plus concentré.
11 y a plus, en rapportant leurs obferva-
0,387 de chaleur fpécifique , puifque celle de
l’eau pure eft 1 ; or celle du mélange ne s’eft
trouvée par l’expérience que de 0,334.
Etant prouvé que l’eau qui s’unit à l’acide perd
une partie de fa chaleur fpécifique, on eft en
droit d’en conclure que. fon volume change par
cette perte, & que ce changement produit, au
moins en partie, l’accroiffement de denfité. Mais
ce qu’il importe de remarquer , c’eft que, dans
cette hypothèfe, la denfité propre à l’acide réel,
dans fon état naturel, feroit encore au-deffous
du terme auquel M. Kirwan l’a portée, & qui
nous paroiffoit déjà fi foible ; car fi l’eau, combinée
tiôns à la table de M. Kirwan , on démontre
facilement que l’eau unie à l’acide a perdu elle-
même au moins une partie de fa capacité de
chaleur; en effet, l’acide de M. Kirwan à 1,8846
de denfité contient encore, fui van t fa t a b l e '
UJLL. d’eau ; il y en avoit bien fûrement davan<-
tage dans l’acide des académiciens de Paris, qui
n’étoit qu’à 1,87038; ainfi, même en fuppofant
nulle la capacité de chaleur de l’acide réel, ce
qui eft impoflible, la portion d’eau retenant la
fienne fans diminution, çlçvoit donner au moins
à l’acide déplace moins que fon poids d’ean
ordinaire, tout ce qui s’en manquera devra être
ajouté au volume de l’acide réel. Ainfi, en admettant,
par exemple, que le volume de l’eau
ait diminué d’un 18e. dans cette combinaifon,
ce ne feroit plus 2,95 qu’il faudrait déduire des
3 >79 grains d’eau que nous avons vu qui repré-
fentoient le volume de 6,5 grains d’acide, à 1,819
de pefanteur fpécifique, mais 2,9 5 — J = 2,787 ;
la perte de poids de l’acide réel feroit alors de
1,003 > & fa denfité s— 3,539 au lieu de
4,226.
§ . V . Des parties conjlituantes de P acide
vitriolique.
Dès que les Chymiftes ont été en poffeflion
de ce premier acide minéral, ils ont dû naturellement
s’appliquer à en rechercher l’origine, 8c
à en découvrir les principes ; mais ils n’étoient
pas affez avancés dans l’obfervation, les efprits
n’étoient pas encore défabufés de l’efpérance de
s’élever par la feule conception à la connoiffance
de la génération des êtres, & les idées vagues
du poflible arrangées avec une certaine adrefle
faifoient une impreflion prefque égale à celle
du vrai. On imagina une fubftance faline primitive,
compofée d’eau & de terre fubtile, un foufre
principe s’élevant du centre de la terre, ou
engendré à fa furfaçe par la chaleur du foleil &
autres hypothèfes qui méritent encore moins d’être
rappellées, 8c on crut avoir réfolu le problème
par lequel la Chyrnie moderne eft encore
arrêtée.
Stahl vint & démontra que l’on pouvoit retirer
du foufre d’un mélange de vitriol & de
charbon : avant lui Blaife de Vigencre avoit décrit
la préparation de l’hépar de foufre ; Glauber
avoit vu lé magiftère de foufre, en fondant le
vitriol de foude avec le charbon , & précipitant
l’hépar par un acide ; Boy le avoit obtenu du foufre
en traitant l’acide vitriolique avec l’huile de
thérébentine ; mais ils n’avôient pas faifi tous les
rapports de ces phénomènes , & l’explication que
l’illuftre Stahl en a donné, la théorie nouvelle
qu’il a établie fur ces expériences 8c qui embraffe
tout le fyftême de la Chyrnie, formeront toujours
A C I
une des époques les plus mémorables dans l’hif-
toire de cette fcience, quel que foit le fort de fa
doctrine, 8c nous laiffent déjà cette vérité à recueillir
d’un confentement unanime, que ce n’eft
que par la connoiffance de la nature même du
foufre que nous pouvons arriver à celle de l’acide
vitriolique.
Qu’ejl ce que le foufre ? Si l’on eût fait cette
queftion, il y a peu données, tous les Chymiftes
auroient répondu que c’eft un compofé d’acide
vitriolique 8c de phlogiftique , 8c que les
belles expériences de Stahl ont mis cette vérité
dans le dernier degré d’évidence ; ce font les termes
de l’illuftre Macquer , dans fes élémens ; 8c
quoiqu’il eût commencé à foupçonner que l’air
augmentoit le poids de l’acide pendant la com-
buftion du foufre, il écrivoit encore dans fes
derniers ouvrages « que nos connoiffances fur le
w foufre étoient, par les travaux de Stahl, des
m plus complexes 8c des/plus fatisfaifantes que
» nous puifiions avoir fur un compofé naturel ;
» qu’il en réfultoit que ce corps étoit une com-
» binaifon particulière du principe inflammable
« le plus pur avec l’acide vitriolique ( Diélion.
édit, de 1778 au mot SoÜFRE.)
Aujourd’hui trois opinions principales femblent
partager les Chymiftes. Les uns fe renferment encore
étroitement dans le fyftême de Stahl ,-8c confi-
dèrent en effet le foufre comme un compofé de
phlogiftique 8c d’acide vitriolique tout formé; les
autres penfent, avec M. Lavoifier, que le foufre n’eft
que la bafe acidifiable de l’acide vitriolique,qu’il entre
tout entier dans cette compofition , qu’il acquiert
feulement de l’air vital, 8c que le phlogiftique de
Stahl n’eft qu’un être imaginaire; d'autres enfin
ne trouvent d’explication fatisfaifanre que celle qui
fuppofe tout-à-la-fois un principe combuftible dans
le foufre, un principe acidifiant dans l’acide, 8c
qui réunit les puiffances de leurs affinités pour
opérer la converfion de l ’un en l ’autre.
Ceux qui ne jugent les chofes que pour trouver
dans lqprs jugemens des motifs de ne rien approfondir
, demanderont peut - être, quelfe confiance
mérite une fcience qui eft obligée de remettre
en queftion ce qu’elle avoit érigé en principe
; mais ceux qui ont fait quelques progrès
dans cette branche de la philofophie naturelle
le garderont bien de confondre ni la théorie de
■ bthal, ni les doutes du célèbre académicien de
Paris, avec ces fyftêmes qui ne font que le fruit
c!e 1 imagination, qu’on oublie à mefure qu’ils fe
luccedent, 8c qui difparoiffent fanslaiffer aucunes
traces; ilsfavent que ces opinions amenées par les
xaits ont conduit à des découvertes réelles, indé-
pendantes de toute opinion. Je m’occupe ailleurs
„ leur examen dans l’enfemble de leurs confi-
■ eurs aPPlications à MU S les phéno-
G lS T I o S y ï r f eS, ’ WË, Am S- PHLOoui
r -ne> ^era ^onc ici queftion que de ce
peM fervir * déterminer S vraie nature du
A C I 3 6 7
foufre & de fon acide, mais l’intérêt de cette dif-
euffion n’en eft pas moins tout entier dans chacune
de fes' applications : quelque part que fe trouve la
foiution de ce grand problème, elle devient abfolue
& fondamentale.
I. Si on fait fondre dans un creufet couvert un
mélange de parties égales de foufre en poudre1 & de
potaffe sèche, ou alkali fixe végétal, la maffe fondue
& coulée fur un marbre poli & graiffé , ou fur une
plaque de métal, eft ce -que l ’on nomme hépar ou
foie de foufre.
ij Que.l’on pulvérife cet hépar avant qu’il ait attiré
l’humidité de l’athmofphère, que l’on le mette fur
un feu doux dans un vaiffeau large & plat, que
l’on augmente le feu par degrés, jufqu’à ce’ qu’il
ne s elève plus ni fumée ni vapeurs, ayant l’attention
de remuer continuellement, on trouvera
à la fin de l’opération qu’il ne relie plus ni foufre
M hePar;v“ a,su" e mat' ère faline qui, rediffoute
oc cryitallifee, eft abfolument du vitriol de potaffe
ou tartre vitriolé. .
Cette expérience ne prouve au fond rien de plus
que le procédé que j’ai donné précédemment pour
retirer l’acide vitriolique du foufre , en le brûlant
ious la cloche ou dans le fourneau à double courant •
mais elle ne doit pas être féparée de l’expérience
fumante, dont elle fait apprécier d’avance les
moyens , & dont les réfultats font d’autant plus
importans, quils fe préfentent dans un ordre in-
v erfe.,
Si on prend de l’acide vitriolique bien pur &
qu en le faturant d’alkali fixe végétal, on en forme
le Vitriol de potaffe; le mélange de deux parties
de ce fe l, de deux parties d’alkali fixe & d’une
partie de pouffiere de charbon , donnera en peu de
temps .dans ùn creufet couvert & expofé au feu ,
une maffe fondue que l’on pourra couler fur une
table de pierre ou dans un mortier de cuivre, nui
fera rouge & caftante, qui exhalera une forte odeur
défagreable ; c’eft le même hépar de foufre que celui
de 1 expérience précédente, il fera feulement chargé
de couleur , & tirant au noir, à caufe d’une portion
de charbon que ce compofé a la faculté de diffoudre.
Cette maffe jettee dans l’eau s’y fond aifément:
que l on filtre la liqueur, & qu’on y verfe un acide
quelconque , même le plus foible des acides végétaux,
il s’empare fur-le-champ de l’alkali, il fe
dégagé une forte odeur hépatique, & au même
mitant il fe précipite une poudre blanchâtre que
Ion anommee magiftère de foufre , c’eft-à-dire, un
vrai foufre produit par l’a r t, qui en a abfolument
toutes les propriétés, que l’on peut réduire en
maffe, cryftallifer, ou fublimer en fleurs, tout de
meme que le foufre naturel,
c T fUe/ f0"* ^es deux grandes expériences de
Stahl, dans efquelles fes difciples voient diltinc-
tement , i ° . l ’analyfe du foufre,ou fa réfolmion en
fes parties conftituantes ; favoir, l’acide vitfiolique
qui neutralife la potaffe, & le phlogiftique qui fe