
5 Ï 4 A F F
qui concourent au meme but. O r , puifque tout dépend
du calcul des forces réunies, il peut auffi bien arriver
que , dans le cas de ce concours, une fubftance
qui feule auroit rompu l’union de deux autres principes
par fon affinité fupérieure, ne foit plus en état
d’opérer cette réparation, quand elle eft elle-même
unie à une autre fubftance. Il n’y a rien là qui
doive plus étonner que de voir deux fubftances exercer
enfomble une a&ion efficace, tandis qu’elle fe-
roit impuiffante fi elles étoient féparées. C ’eft un
réfultat bien plus fréquent qu’on ne l’imagine, & auquel
les Chymiftes ne me paroiffent pas avoir fait
jufqu’à préfent toute l’attention qu’il mérite. Comme
il eft abfolument contraire à celui dont ils fe font
plus particuliérement occupés, il pourroit être important
de le diftinguef fous le nom dyaffinité double
inverfe. En voici un exemple.
L’affinité de l’acide vitriolique avec la potaffe eft
plus grande que celle de l’acide muriatique avec
la même bafe ; auffi dès qu’on préfente l’acide vitriolique
au muriate de potaffe, ce dernier eft obligé
de céder fon alkali. Que cette décompofition n’ait pas
lie u , quand- l’acide vitriolique eft lui-même faturé
d’une bafe avec laquelle il a encore plus d’affinité
qu’avec la potaffe , par exemple , quand il eft uni
au barote , cela parcîtra tout fimple : mais que fon
aéiion devienne impuiffante, quoiqu’il foit moins
attiré par la bafe qu’il tient, que par celle que lui
apporte l’autre compofé, c’eft là proprement le cas
de l’affinité double inverfe, parce qu’il ne peut dépendre
que du calcul des forces réunies, & que la
puiffance divelïente eft affoiblie au lieu d’être augmentée
par le concours.
Ce phénomène peut être repréfenté de la manière
fuivante.
'Mon-décompofition du Muriate de Potajfe par le Vitriol
calcaire
Acide 6 l potaffe
vitriolique
54 •+■ 3*] = 8 6
Chaux îO A .cide
muriatique
5 2., fomffle des forces divellentes, étant plus foible
que 8 6 , fomme des forces quiefcentes , tout refte
comme ayant le mélange.
Quoique l’effet inverfe des affinités doubles foit
fuffifamment cara&érifé dans cet exemple, il l’eftbien
davantage lorfque les deux fubftances qui conftituent
l ’unides compofés, ont également lé pouvoir de rompre
A F F
l’union de l’autre. Ce phénomène eft très-commun;
je ne fâche pas cependant qu’on en ait fait la remarque
; la raifon eft qu’on étoit prévenu de l’idée
que, quand une fois deux principes qui avoient entre
eux une très-forte affinité, fe faturoient réciproquement
, on ne devoit pas efpérer de^ rompre cette
union, à moins que l’on ne découvrît quelque fub-
ftance qui eût une affinité encore plus forte avec
l’un ou l’autre de ces principes ; or il n’eft plus permis
de retomber dans cette erreur depuis qu’il eft
démontré que, dans les affinités par concours, ce
n’eft pas une feule affinité, quelque grande qu’on la
fuppofe , mais la fomme des affinités qui maintient
ou qui change la compofition ; depuis que nous ayons
vu le {pat pelant, la plus forte des combinaifons
falines connues, céder à l’a&ion combinée de l’acide
méphitique & de la potaffe. Je ne crains pas qu’on
me demande à quoi pourra fervir de recueillir &
de comparer tous les cas où il n’y a ni decompo-
fition, ni compofition nouvelle; nous ne fournies
plus dans cet âge de la Chymie, ou une grande
vérité excitoit moins d’intérêt qu’une petite manipulation
: je ferai voir bientôt que c eft une des
données les plus utiles pour arriver a l eftimation
des forces d’affinité, en refferrant confiderablement
les limites des rapports dans lefquelles nous avons
été obligés jufqu’à ce moment de prendre les nombres
qui les repréfentent,
Pour donner un exemple de cette affinité double
inverfe, j’obferverai d’abord qu’il eft bien certain
que Pacète calcaire eft décompofé par la fonde qui
s’empare de fon acide ; qu’il eft également connu
que l’acide muriatique décompofo ce fel en lui prenant
fa bafe; enfin, qu’il n’y a aucun changement
quand on mêle les diffolutions d’acète calcaire & de
muriate dè foude.
Appliquons maintenant à cette efpèce les nombres
que nous avons déjà employés ailleurs, qui nous
ont donné dans d’autres circonftances des réfultats
tout contraires , & nous verrons qu’ils quadrent encore
parfaitement avec l’obfervation.
Exemple de non-décompofiiion par affinité double inverfe*
Acide ✓ 2- Soude J
!
acéteux ' I
f Muriate
19 »-J- 28 ] = 47 \ de
f foude
rC'uh au~x so muAricaitdi(ej Ue II
A F F
•eut y avoir aucun changement, & ce réfultat, au
heu .d’être l’effet d’une feule affinité fupérieure , eft
réellement déterminé par l’excès du total des attractions
qui concourent à maintenir les compofés dans
leur état aéhiel, for le total des forces contraires.
Avant que d’aller plus loin, il ne fera pas inutile
de fixer les règles d’après lefquelles il convient de
conftruire ces figures ou fymboles du jeu des affinités,
puifqu’il y a lieu de croire que l’ufage en
deviendra plus commun à mefure que l’on aura à
réunir un plus grand nombre d’obfervations de ce
genre, & qu’ils ne peuvent être avantageux qu’au-
tant qu’ils feront affujettis à des principes clairs &
des formes non équivoques.
i° . A l’imitation de Bergman, qui le premier a
employé ces figures, nous y repréfentons féparément
les compofés & les parties compofantes. Les compofés
font placés à droite & à gauche, en dehors
des accolades perpendiculaires ; ils fervent à indiquer
dans quel état de compofition a&uelle les principes
font livrés au jeu des affinités, ce qui eft un des
points effentiels. Les parties compofantes font au
contraire difpofées dans l’efpace renfermé par les
deux accolades, mais de manière que chacune des
parties compofantes, qui eft alors féparée, fe trouve
du même côté que le compofé auquel elle appartient,
afin de montrer ou de rappeller, s’il en eft befoin,
les produits & les élémens de la compofition. Sous
le nom de parties compofantes ou d’élémens , on ne
doit entendre ici que les fubftances dont l’union peut
être rompue, par exemple, l’acide & la bafe d’un
fel, qui font affurément très-éloignés d’être des matières
fimples dans la rigueur des termes.
20. On obferve de placer toujours les acides ou
autres diffolvans vis-à-vis des bafes, c’eft-à-dire,
l’acide d’un des fels & la bafe de l’autre fur la même
ligne horifontale, afin que, s’il y a nouvelle compofition
, ils fe trouvent d’avance rapprochés de leurs
produits.
30. Lorfqu’il n’y a aucun changement, on laiffe
ld figure en cet état. Tout ce que l’on y ajouteroit
feroit fuperflu ou même embarraflànt ; à la réferve
pourtant des nombres dont il fera queftion dans un
inftant. J’ai donné un exemple de cette figure, en
parlant ci-deffus de la non-décompofition par affinité
double inverfe.
4°* Si les affinités donnent lieu à de nouveaux
compofés, il me paroît indifpenfable de les écrire
ou de les repréfenter au demis & au deflous en
dehors des accolades. Je ne puis comprendre pour
quelle raifon Bergman les a quelquefois omis dans
fes Tables, puifque c’eft la première chofe qui doit
frapper les yeux pour annoncer s’il y a , ou non,
décompofition.
forme :
Elle convient le plus
ordinairement aux opé-
rationsparla voie fèche.
Quand les deux produits font des fublimés, je
désigne ce cas, ainfi que Bergman l’a pratiqué, en
5 | Mais ces nouveaux compofés peuvent refter
diffolution ; ils peuvent former des précipités,
dès fublimés ; ils peuvent enfin être en partie dif-
i°us , en partie précipités : on conviendra fans doute
quil y auroit un grand avantage à défigner tout de
A F F
fuitê ces dtfférens états ; c’eft pour y parvenir, que
je vais propofer de légers changemens à la manière
dont Bergman a employé ce qu’il appelloit virgule
horifontales, que nous rendrons par ces mots ufités
dans l’art de l’Imprimerie accolades horifontales.
Quand les deux nouveaux produits, reftent diflous
dans la liqueur, je termine Amplement le haut & le
bas de la figure par deux lignes horifontales, ou par
deux crochets prolongés, fans pointe faillante ail
milieu, à peu près en cette forme.
Vitriol de magnéfie
I l A cjde jo Magnéfie
vitriolique 0
,8 . n 4° ] = 9 8
Soude <0 Acide
nitreux
= 100 m
Nitre de foude
C ’eft pour n’avoir pas noté ce phénomène parti-*
culier, que M. Quatremere Dijonval a été induit à
nier la décompofition du vitriol de foude par le
muriate magnéfien ( Journ.phyf. tom. XIX. pag. 392);
décompofition qui n’eft pas moins complette, quoique
les deux nouveaux compofés foient folubles,
& dont il eft facile d’acquérir la preuve par la cryfo
tallifation des fels. Foyer A cid e vitriolique, S,
V I . 0
Il eft donc réellement intéreffant de diverfifier ces
fignes fuivant les différens phénomènes qui peuvent
accompagner ces décompofitions. Voici ce qui m’a
paru Quand le plus les fimple deux pour,produits les faire de l’affinité correfpondre font des à tous
précipités
les cas , poffibles.
les accolades horifontales prennent cette
Quand les deux compofés reftent diffous dans la
liqueur , les deux accolades horifontales font ainfi
figurées :
' ............................ -'s
A a a a i j