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nierons ces fcories déchets de rejfuage ; comme elles
fe mêlent avec les braifes, on les lave pour lès en
féparer.
Si l’on s’appercevoit que la chaleur fut trop forte
& qu’elle fît couler du cuivre, on profiteroit du
moment qu’on nettoie les voies pour laitier ralentir
la chaleur, après quoi l’on remettroit du bois dans
les voies ; on peut aufïi, en cas de néceflité, modérer
la chaleur en bouchant les fbupiraux en partie.
Si la chaleur efl trop foible , fur-tout vers la fin
de l’opération, ou elle doit être allez forte pour bien
torréfier le cuivre, on met dans les voies du bois
refendu en petits morceaux, ce qui augmente le
volume de la flamme & la chaleur. Il faut que le
bois qu’on emploie dans cette opération foit fec , tous
les bois y. font bons, mais le hêtre 8c le fapin font
préférables.
La durée d’un refluage efl de trente à trente-fix
heures, la confommation des matières combuftibles
d’environ quatre cordes de bois ( de 8 pieds de long,
4 de haut, & les bûches de 3 pieds de longueur) avec
un quintal de charbon.
Les matières qui fortent des pièces liquéfiées dans
l’opération dont nous traitons, font compofées, i °.
de la plus grande partie du plomb qui y étoit refié
après la liquation, ce plomb fe vitrifie prefque entièrement
au refliiage; 2°. d’un peu de fer; y°. d’une
portion de cuivre plus ou moins grande, fuivant
qu’on a bien ou mal opéré 8c conduit le feu ; 40. d’un
peu d’arfenic.
Les premières fcories qui tombent dans les voies
reflemblent aux crafles ou écumes que l’on retire des
plombs impurs au commencement d’un affinage,
elles font de même d’un gris noirâtre & fpongieufes ;
mais celles qui viennent après acquièrent infenfible-
ment une couleur rouge ; de forte que celles qui
coulent à la fin de l’opération font très-rouges 8c
compares, ce qui annonce la préfence d’une plus
grande quantité de cuivre, 8c qu’il efl temps de
cefler l’opération, fans quoi on s’expoforoit à faire
fondre le cuivre. Celui qui fait partie des fcories
dont on vient de parler, & que nous «nommerons
aufli déchets de rejfuage, e f l, ainfi que le plomb qui
y efl mêlé, dans un état de vitrification, & ces
deux métaux fe brûleraient en partie, fi on n’avoit
pas. foin , ainfi que je l’ai remarqué ci-deflùs, de les
îortir des voies toutes les foisjgu’on y met dû bois.
L’opération du refliiage étant finie, on nettoie les
voies pour la dernière mis, 8c aufîi-tôt l’on, ôte le
lut du tour de la porte qu’on enlève avec le même
treuil qui a fervi à la defcendre.
Alors les Ouvriers,- par le moyen de crochets
de fe r , font tomber, fur l’aire de la fonderie, les
pièces de cuivre qui doivent être rouges, fans quoi
elles feraient adhérentes les unes aux autres, & on
parviendrait très-difficilement à les défouder. On n’a
pas ici à craindre, comme après la liquation, que
les pièces fe brifent, mais on doit avoir foin de ne
point endommager les petits murs de féparation des
voies, & de ne pas laiffer tomber dans ces voies'
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des pièces qui endommageraient les briques, & qu’il
ferait même difficile d’en arracher. On pourra éviter
cela , en plaçant au milieu de chaque voie , 8c fui-
vant fa longueur, une ou deux barres de fer ou
ringards, 8c cela à la hauteur des murs de féparation
; ces barres porteront d’un bout contre.le mur
du fond du fourneau ,• mû leurs pointes entreront
d’environ un pouce entre deux rangées de
briques ou de pierres ; leur autre bout portera fur
une barre de fer mife en travers au devant du fourneau
fur les parties faillantes des plaques de fer fondu
qui couvrent les murs de féparation, & que nous
avons omis de dire qu’il faut, pour leur confervation,
enduire d’argille avant que d’y ranger les pièces.
Il efl fort aifé de faire tomber les premières rangées
de pièces qui font fur le devant du fourneau,
mais celles du fond exigent plus de travail ; outre
les crochets de fer dont on fe fort pour faire tomber
ces pièces, un des Ouvriers'muni d’un fort cifeau
de fer, emmanché au bout d’un long bâton , détache
les pièces qui font adhérentes enfomble, l’autre avec
j fon crochet les attire à lui à mefure qu’elles font
défoudées 8c les fait tomber à terre.
Ce travail doit fe faire promptement, afin de ne
pas laiffer refroidir le cuivre qu’il ferait beaucoup
plus difficile d’arracher, ainfi que je l’ai déjà dit;
mais, comme il efl extrêmement fatiguant, il y
faut au moins quatre hommes qui fo relaient de
deux en deux.
A mefure que les pièces tombent du fourneau ;
un homme les prend avec des tenailles & les jette
dans une caifle pleine d’eau froide ; où, s’il efl pof-
fible, on en fait paffer un petit courant pour l’èm-
pêcher de s’échauffer. La fraîcheur de cette eau fait
gerfer & même écailler les fcories ou métaux vitrifiés
, qui, fous la forme de vernis, couvrent toute
la furface des pièces. Un moment après on retire
ces pièces de l’eau ; on les range de côté lorfqu’elles
font toutes refroidies de cette manière. Des femmes
ou des enfons, munis de petits marteaux à pointes,
frappent tout autour de ces. pièces afin d’en détacher
les fcories, & avec un petit balai fort rude ils fi-
niflent d’en enlever les fcories.
Le cuivre ainfi nettoyé efl mis en magafin pour
être raffiné, ainfi que je le dirai chap. V I . Quant
aux écailles qui proviennent des pièces, on les doit
raflembler avec foin & les mettre avec les autres
déchets de ce travail pour les traiter ainfi qu’il efl
dit chap. VII. Si on laiffoit ces écailles fur le cuivre,
on feroit plus de temps à le raffiner, & une partie
des métaux qu’elles contiennent feroit détruite.
R e m a r q u e s .
L’on a vu que les procédés de la liquation &
du refluage, décrits dans les deux derniers chapitres
, exigent deux fourneaux allez difpendieux, principalement
celui du refliiage (planche V ) qui, outre
la dépenfo de fa conflruâion ? prend un emplacement
affoz vafle, qu’il efl indifpenfable de mettre
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v couvert par un bâtiment qui coûte encore plus
que le fourneau ; on a aufli dû remarquer que la
confommation du bois 8c du charbon dans ces deux
procédés, ne laifle pas d’être confidérable.
v Schlutter, dans fon Traité de la fonte des mines,
traduit de l’Allemand par M. Helliot, a donné un
fourneau de liquation , planche 4 9 , dans lequel il
faifoît liquéfier le plomb.de douze pièces, avec un
peu de fagots 8c de bûches; les fagots fo mettaient
dans une chauffe à côté du fourneau, 6c les bûches
dans le fourneau même, entre les pièces & au def-
fus, de manière que toute la capacité du fourneau
en étoit exactement remplie, ainfi que cet Auteur
s’en explique, chap. 113. Mais outre que ce fourneau
efl très-difpendieux dans fa conflruâion, à caufe
de la grandeur exceffive qu’ôn efl forcé de donner
à la cheminée qui doit abforber les fumées perni-;
cieufos du plomb, la confommation du bois efl confidérable
, 8c fon arrangement difficile ; d’ailleurs les
vapeurs, les filmées du bois & la flamme qui n’ont
d’iflue qu’autour de la porte qui,pour cet effet, n’efl
point lutée contre le fourneau, doivent fort incommoder
lés Ouvriers. Il avertit des précautions qu’il
faut prendre pour que la chaleur foit égale dans toutes
les parties de fon fourneau , qui préfonte encore
un autre inconvénient qui efl la néceflité, quoique
la liquation foit achevée,'de laiffer entièrement con-
fommer les charbons réfultans de la grande quantité
de bois mis dans le fourneau, avant de pouvoir
en fortir les pièces liquéfiées ; ce qui exige au moins
une heure de plus; c’efl ce qui fait dire à l’Auteur
qu’il faut fix heures pour foire la liquation de douze
pièces dans fon fourneau , dans lequel il paraît qu’il
avoit eu intention de faire de fuite, après la liquation
, l’opération du refluage des pièces ; mais il convient,
page 54!, qu’il n’y aurait pas de profit à y
torréfier les pièces de liquation, parce qu’il s’efl ap-
perçu que le bois qui remplit le fourneau dans le
commencement de l’opération de la liquation étant
une fois confommé, il faudrait en remplir une fécondé
fois le fourneau pour exécuter celle de la torréfaction
qui prendroit autant de temps que la première,
& encore plus d’embarras pour arranger ce bois entre
les pièces qui foraient encore rouges. Il a pareillement
conçu que le fimple feu de fogots continué
dans la chauffe , feroit infuffifont pour foire foui la
torréfoélion qui exige même plus de chaleur que la
liquation; ainfi les vues de l’Auteur n’ont pas toutes
été remplies. Son fourneau de liquation à rever-
■ bère dont nous venons de parler , a même plus d’in-
convéniens en général, que le petit que je donne
planche I V , qui efl en ufoge, qui coûte beaucoup
moins pour fo conflruâion ,* & que l’on peut foire
double.
La confommation du bpis qu’exige, le refliiage,
les frais de manipulation , le déchet du cuivre 8c du
plomb, toutes ces confidérations m’ont engagé à chercher
les moyens de Amplifier les procédés de la liquation
8c du refluage, 8c de les rendre dêpendans l’un
«e‘ l’autre, en les exécutant dans un foui 8c même
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fourneau de réverbère ; c’eff-à-dire que tout le plomb
chargé d’argent qui peut fortir des pièces par la liquation
, étant extrait, on procédera au refluage ou
torréfaction defdites pièces fans les déplacer.
Cette double opération pourra aufli bien fo foire
avec le charbon de terre qu’avec le bois, fur-tout
lorfque le premier fera réduit en coaks.
Je n’ai pas la préfomption de croire que mes procédés
que je vais décrire dans le chapitre fuivant,
ainfi que le fourneau que je donne pour leur exécution
, foient à leur degré de perfeClion ; je fuis
au contraire perfuadé qu’il efl poflible de rendre plus
Amples, & par conféquent beaucoup moins difpen-
dieufos, prefque toutes les opérations de la Métallurgie
; il forait à defirer pour le bien public, que
j les favans Chymifles de nos jours, & notamment
| ceux de l’Académie , enflent le temps de s’en occuper
, & qu’ils fuflent à portée de voir des établiflè-
rnens de fonderies où les minéraux 6c les métaux fo
traitent en grand.
C H A P I T R E IV .
Du double procédé, de la Liquation & du Rejfuage.
L’on a vu dans les chapitres II 8c I I I , les méthodes
en ufoge pour opérer les deux efpèces de fontes
nommées de liquation 6c de refliiage, je vais foire
part des moyens qui- m’ont paru les plus Amples 6c
les moins difpendieux, pour l’exécution de ces deux
procédés dans le fourneau que je propofe. ( Voy. la
planche VI & Vexplication.')
Plufieurs fourneaux que j’ai fait exécuter pour la
converfion du fer en acier, m’ont donné l’idée de
celui-ci, qui a les dimenfionS néceflaires pour y placer
à la fois quinze grandes pièces de liquation , de
deux pieds de diamètre , 6c du poids de 3 50 liv. chacune.
En rie donnant que 18 pouces de diamètre aux
pièces , 6c 232 liv. de pefonteur, la longueur du fourneau
fora fuffifonte de cinq pieds 6c demi, au lieu
de fept pieds que je donne à celui de la planche ,
il contiendra également 15 pièces de liquation.
P r emi è r e S e c t i o n .
Difpofitions avant la Fonte.
On portera fur les plaques de fer formant des
plans inclinés quinze pièces ou pains de liquation en
trois rangées de cinq, de maniéré que les diftances
entre les pièces foient égales, ainfi que le fait voir
la figure 4 de la planche. On commencera par placer
les cinq pièces de la rangée du milieu , après
quoi on fera l’arrangement de cinq pièces à l’une des
extrémités du fourneau, 6c on finira par les cinq de
l’autre bout.
On conçoit que ces pièces ne pourraient pas fe
foutenir dans la fituation verticale qui leur efl nê-
cefîaire fans quelques moyens; car on ne mettra ici
ni bois ni charbon entre ces pièces qui puifiè les fou-*