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n’y a plus de gas inflammable ; mais au contraire une quantité de bafe acidifiable
correfpondante à la portion d’acide qui a été décompofée. Ainfi, avec
l’acide vitriolique on retrouve du foufre en nature ; ainfi l’on trouve du gas
nitreux dans toutes les opérations où, l’acide nitreux a été forcé“ de céder une
partie de fon principe acidifiant ; & la différence des produits gafeux dans la
diffolution des métaux par l’acide nitreux ou par les autres acides, dont il
étoit impoffible de rendre raifon dans l’ancien fyfteme, eft un refultat prevu,
■ une chofe tout-à-fait naturelle & néceffaire dans la nouvelle doarme.
-o jj ^tojt jqen connu qu’il fe produifoit de l’air fixe ou acide méphitique
pendant la combuftion du charbon (voye{ ci-devant page 94)-, on favoit également
que la plus grande partie de l’air expiré etoit de lair fixe; mais on
fe refufoit à croire qu’un corps auffi groffier que le charbon pût fe trouver
en nature dans les poumons, & l’on avoit recours à la matière plus fubtile
du phlogiftique, pour expliquer cette converfion de l’air en acide. Quand il
eft bien vérifié que le charbon eft un combuftible particulier, qu’il difparoît
prefque en totalité & fe retrouve en poids dans la compofition du'gas acide,
que la fubftance charbonneufe ne recèle effentiellement pas un atome de gas
inflammable, quelle n’en produit qu’autant quelle s’acidifie en décompofant
l ’eau; quand on eft parvenu à combiner d’autre manière & fans combuftion
l’air vital avec cette bafe charbonneufe (i) ; quand on eft forcé d’avouer enfin
que le gas acide expiré eft abfolument identique avec celui qu’on compofe
en vaiffeaux fermés, de 28 parties, en poids, de chai bon, avec 7 z dair
vital, il n’eft plus digne d’un Philofophe d’oppofer une répugnance d’habitude
à une telle évidence. ! < , .
6°. Le célèbre Prieftley, lors de fes premières expériences, avoit ete induit
à penfer que l’air rendu nuifible par la combuftion & la refpiration, pouvoir
être rétabli par l’agitation dans l’eau (2). De là s’étoit formée l’opinion générale
«ue c’'étoit de l’air altéré par le phlogiftique dégagé des corps vivans ou com-
buftibles, & cette éthiologie s’accordoit trop bien avec le fyftême dont tous
les elprits étoient préoccupés, pour qu’on en recherchât d’autres preuves; elle
fut bientôt confacrée par le nom d*air phlogiftique, qui fut donné à tout air
diminué. ^ I . .
Bergman cependant ne s’en laifla point impofer par cette opinion ; tout eti
admettant le principe de Stahl5 il avoua de bonne foi que le rôle quon lui
ïhollet, &c. & qui ne peut être maintenant combattue, ainfi que le remarque M. Lavoifier, que par
ceux qui ne s’apperçoivent pas combien il efi abfurde de fuppofer que deux grains^ de gas inflamma *
puïffent tenir huit ou dix grains d’eau en diffolution. (Rapport fur les nouveaux C arable res chymiques, ùic.)
Je ferai mention d’un feul fait, parce qu’il démontre à la fois plufieurs vérités conféquentes a cette doctrine,:
en traitant à la cornue 8 gros d’acide nitreux pur & ||j gros d’étain, je n’ai recueilli ni ga
inflammable, ni gas nitreux ; mais j’ai trouvé dans le réfidu environ 42 grains d’alkali volatil provena
d’un des principes conftituans de l’eau, uni à la bafe acidifiable de l’acide. , principes Je donnerai da,ns la fuite un
defcription exaéte de cette expérience.
( 1 ) Voyez ci-devant p. 574.
(2) Expériences 6* Observations fur l'Air 9 &Ci trad, par M* Gibelin 3 totn» x 3 p. 124 o£
faifois
A V E R \T I S S E M E N T .
faîfolt jouer dans cette csccafion*, était inconciliable, avec les. faits ; il fut tenté
d’en Conclure que cet air,:qu’il appeila.fim planent.'vicié, péchoit plutôt par
défaut que par excès de phlogiftique, & ne diflimula pas fes doutes fur la
poffibilité de le rétablir par l’agitation dans l’eau ( Diftena-t. X I I I , §. 3).
■ iMaiS nous devons-à la. franehife' du Doâeur Prieftley d’avoir détruit lui-
m êm e l’erreur à laquelle il avoit donné lieu par fon premier jugement y il s’eft
affûté que l’air,nuïfible n’étoit corrigé ni par fon-féjour fut l’eau, ni parffotr
agitation!1 avéc elle-,, quand la communication avec'Uair aimhiant était interceptée
par le mercure ( Continuation, &c. vol. 3 , fecl. zf ) .
Enfin, la découverte de M. Cavendish fur la génération de l’acide nitreux
par l’union inftantanée de l’air phlogiftiqué & de l’air viral en vaiffeaux clos
ftphilôft Trànf. ann. i j 85, p. 3 j z ) , découverte confirmée par’ lés obfervarions
de M. Van Marum, par lès belles analyfes de M. Hertholltft ( r ) , par une
foule d’expériences qui coïncident fi naturellement Vers ce nouveau ' trait’ de
lumière, 11e laiffe plus aucun doute que cet air prétendu phlogiftiqué1 ne foit
un être propre de fon genre, qui n’a de commun avec l’air vital que de fe
montrer comme lui en état de fluide élaftique, quand il eft* combiné* avec
la matière de la chaleur; que l’on ne peut corriger ni modifièr àü point-de le
rendre vital ; qui çonftitue la bafe acidifiable de l’acide nitreux ; q;ui eft un des
principes de l’alkali volatil; en un mot, que l’oft fait entrer dans diverfes
compofitions & qu’on ne décompofe point.
Ainfi nous n’aurons plus à errer de Conjectures en conjectures fur la vraie
nature du radical nitreux ; nous ne ferons plus'déforftiais-obligés de,nous repré-
fenter le phlogiftique,* tantôt comme une matière dttnt-lé poids doit être Compté
dans les analyfes; tantôt comme le plus fiibtil des -çdrj»j* de le* fuppofer içi
non perméable aux vaiffeaux, fâ tout aufli incoercible que la chaleur; de lui
attribuer des propriétés contraires, fuivant les circonftances, fans pouvoir nous
mettre d’accord avec nous-mêmes : nous ne ferons plus réduits à prendre
pour explication la fiction qui idéntifioit dés'corps -âuffî divers que l’air vital,
l’air nuifible, 1 ç gas nitreuxfiAe gàispinfidWirnéble fixe i & qui ne feifcit
dépendre-dès différences fi énonùesy-qüé d’un‘ -peu’ plus* ou-d’un peu moins
de phlogiftique (2). Dès qu’on a abandonné l’hypothèfe d’un combuftible
unique, on voit tout rentrer dans* l’ordre conforme à la nature des* chofes
chaque coîiibuftible eft un être-de fon gèn-fe , qui laiffe un produit effen-
( ï ) Je ne veux pas feulement parler de fes Obfervatlons importantes fur la décomposition de l’acide
nitreux, que j’ai fait connoître à l’article acide nitreux, mais encore de fes Analyfes de l’alkali volatil, du
nitrate ammoniacal & des fubftances animales, imprimées dans le Recueil des Mémoires de l’Académie,
de j 78 5. Je crois, pouvoir ajouter ces preuves l’expérience indiquée dans la note précédente.
(3) 'Indépendamment des- CbymiÉes déjà cités , je dois compter encore'au nombre de■ ceux- que leurs
propres expériences ont convaincus de l’erreur de ce fyftême, M. Lubbpck, dans fa Diftertafton de Pria-
cfP l° forbili, publiée à Edimbourg en 1784; M. Scott, dans fon Eflai de Acido aereo (Èdimb. 1786);
« M-.- Green, qui-a très-bien démontré qu’on ne pouvoir retirer ni air- fixe, ni air- phlogiftiqué de la
combuftion du foufre, du phofphore, du gas inflammable, non plus que de la calcination des métaux „
01 mélange de l’air vital avec le gas nitreux, Qell. Beytrage ru den chemifch. AnnaL 1787, part. 2 & 4,
C/iymie. Tome I. J. 111