
terminer les do Tes, ‘\\ a pareillement fait defféclier
_& brûler 25 pintes .de lait dç vache, & en ayant
JefTivé la cendre , & évaporé cette lefiivé'à ficcité,
11 'a trouvé 9 gros 48 grains dé matière faliné y
dont il n’y avoit tout au plus que 2 gros d’alkali
fixe végétal, dont le furplüs étoit du muriate de
potaffe.
Non-feulement M. Baumé a ?pperçu cet alkali
végétal , mais il l’a vu en. quantité bien plus fen-
lible; il l’a ttouvé dans l’eau-mère , ou dans la liqueur
qui refufe de cryftaliifer ; il l’a trouvé dans
la cornue après la diftillation du fucre de lait,
& il en a conclu mie cet alkali s’obtenoii fans corn-
luflion, que le fucre de lait avoit beaucoup de propriétés
communes avec l’acidule tartareux ou
crème de tartre, à l’exception qu’ il n’étoit point
acide: ce font principalement ces cireonftances &
les confêquences que M. Baumé en a tirées qui
ont été conteftées par M. Rouelle; mais fi l’on
fait attention que M. Baumé a pu être trompé par
l’alkali féparé du muriate de potaffe par un acide
plus puiffant, & qui eft ainfi obtenu fans combuf-
tion, on voit que la plus grande différence des ré-
fultats n’eft que dans la quantité même de cet
alkali. Quant à la comparaifon du fucre de lait
avec le tartre, il eft évident qpe M. Baumé n’a
pas cherché à établir une identité , mais feulement
le rapport de quelques propriétés.
Pour réunir tout ce qui peut affurer & .complet
ter l’analyfe du fucre de lait, je ferai connoître
les expériences plus nouvelles de deux célèbres
jÇhymiftes , MM. Schéele & Hermftadt.
Le mémoire de M. Schéele a été publié dans le
recueil de l’académie de Stockolm pour 1780 ; il y
établit que le fucre de lait donne à la diftillation
les mêmes produits que tout autre fucre , il rapporte
feulement comme une fingyiiarité remarquable
, que l’huile empireumatique a une odeur
qui approche de celle de l’acide benzonique, ou
fçl de benjoin.
Le célèbre académicien de Stockolm examine
enfuite comment le fucre de lait fe comporte avec
l’acide nitreux,. & il fait voir qti’on en retire par
cette opération du véritable acide faccharin, tout
de même que du fucre ordinaire. Je ne m’arrête
pas à l’explication' qu’il donne de la formation de
cet acide, par la déphlogiftication qu’opère l’acide
nitreux , ce point de théorie fe trpuve difcuté à.
l’article acide faccharin ; mais je dois préfenter
toutes les cirçonftances de cette expérience de M.
Schéele, puifque .c’eft de là qu’il a été conduit à
la découverte de l’acide jachrlaftique , & qu’il y a
quelques faits dont M. Hermftadt n’eft point d’aç>
£ord.
« Sur 4 onces de fucre de lait purifié , & réduit
» en poudre fine , on verfa ( dit M. Schéele) 12
w onces d’acide nitreux délayé, que l’on mit dans
» jiijc cornue de verre fut un bain de fable. Lojrf-
» que le- mélange ’ eut pris' un certain degré de
» chaleur , on remarqua une violente ébullition ;
» ou plutôt une effervefcence, Ce qui obligea de
v retirer la cornue du fable, & de la porter fur
» le bord avec le récipient; le- mélange devint
» toujours plus chaud, & l’efférvefcence plus forte *
v avec des vapeurs d’un rouge brun , & continua
» à bouillir de cette manière fur le bord, fans
» feu, une demi-heure. 11 fe dégagea pour lors
» une grande quantité de gas nitrepx &. d’acide
» méphitique ; c’eft' pourq.uoi-eri répétant cette ex-
» périence 9 on .ne doit pas prendre une cornue
» trop petite, ni lutter trop fort lé récipient. Lorf-
» que l’ébullition eut ceffé, on replaça la cornue
» dans le fable, & on diftilla l’acide nitreux jufqu’à
» ce que le mélange prit une couleur jaunâtre,
» temps auquel on enleva bien vite la cornue du
»' fable. Après un efpace de deux fois 24 heures,
n la diffolution ne parut avoir éprouvé aucun
» changement fenfible, ni difpofée à donner des
» cryftaux ; c’eft pourquoi on y verfa encore 8
3? onces du même acide nitreux , & la cornue fut
» remife comme auparavant dans le bain de fable.
33 Dès que le mélange fut Chaud , la couleur jaune
». difparut, & la matière entra en effervefcence
33 comme la première fois , cependant avec moins
33 .de violence. Lorfque le mouvement eût ceffé,
»3 on diftilla de nouveau l’acide nitreux jufqu’à ce
33 que la diffolution q u i, pendant cr temps-là,
>3 avoit été troublée par une poudre blanche, eût
33 pris une couleur un peu jaunâtre ; alors on re-
33 tira la cornue du fable. Le tout étant refroidi,
33 on trouva dans la cornue une matière épaiflie,
33 que l’on fit, rediffoudre dans 8 onces d’eau , &
33 lé tout fut enfuite jetté fur le filtre ; il refta fur
3> le filtre une poudre blanche qui, étant édulco-
33 rée & féehéepe foit 7 drachmes & demie ; la li-
33 queur qui avoit paffé par le filtre étoit abfo-
» lument acide, elle fut évaporée en confiftance
» de fyrop ; alors on y mêla de nouveau 4 onces
33 d’acide nitreux, que l’on fit paffer encore à la
v diftillation fur lè bain de fable. Après le refrôi*
33 diffement on trouva de petits cryftaux longs &
>3 acides, avec un peu de poudre blanche très-
33 fine ■: on fépara les cryftaux , & fur le reftant de
33 l’acide ., on verfa encore de l’acide nitreux qui
33 fut de même diftillé , & il fe forma plufieurs
33-cryftaux femblables, Cette opération fut répétée
33 plufieurs fois., & à la fin tout fut changé en
33 cryftaux pareils,qui pefoient environ 5 drachmes;
n ce fel fe comporta dans toutes les expériences
33 connue l’acide faccharin ». Mémoires de Chymp
édition franc, part. I I , page 70.
Il paroît que ce mémoire n’étoit point encore
parvenu à M. Hermftadt lorfqu’il publia en 1782 ,
dans la cinquième partie des Nouvelles découvertes
en Chymie de M. Ç re ll, l’examen dp ce fel & de
fon acide.
M. Hermftadt a fait fes. expériences fur le fucre
de lait, tel qu’il fe prépare en Suiffef en grande
quantité, avec le lait de vache que Ton fait cailler
'•par la piefure.
*' Ayant mis dans une cornue 2 onces ou 9 ^ g pm s
de Ce fel effentiel pulvérifé, à peine cbmrriençoit-
: elle à S’échauffer , que le récipient fut rempli de
vapeurs blanches. Ces vapeurs devinrent plus
épaiffes à mefure que le feu fut augmenté ; elles
-paroiffoient d’ailleurs faire peu d’efforts contre les
Itits, quoiqu’elles paffaffent dans le récipient comme
partorrens & avec plus d’impétuofité que les
acides fuir.uns. La diftillation ayant été pouffée jufqu’à
ce qu’il ne montât plus'tien,, il fe trouva
dans le ballon 360 grains de liqueur jaune empireumatique,
à la furface de laquelle étoient feulement
quelques gouttes d’huile d’un rouge obfcur
& très-empireumatique. La liqueur filtrée avoit
une faveur acide , mais difficile à diftinguer à caufe
de Pempirmeiie , & d’une odeur fingulière. On
•effaya de la purifier en la combinant avec l’alkali, ;
mais ce mélange filtré & évaporé ne laiffa qu’un
magma plus empireumatique que falin.
Il refta dans la cornue une matière charbonneuse
d’un noir brillant, très-poreufe, qui pefoit
,360 grains; il y avoit par conféquent perte de
;240 grains, que l’auteur attribue à l’air dégagé
pendant la décompofition totale du fucre de lait.
■ -Ce charbon calciné dans un creufet n’éprouva aucun
changement, excepté qu’il perdit un neuvième
de fon poids. Il effaya fur ce charbon l’aélion des
acides minéraux pour en féparer la terre ; les dif-
folutions chargées autant qu’il étoit poffible par
la digeftion & même par l’ébullition , furent étendues,
filtrées & précipitées par la potaffe; tous
ces précipités ne formèrent qu’un poids d’environ
90 grains qui, rediffous dans l’acide nitreux , donnèrent
de la félénite avec l’acide vitriolique : d’où
l’auteur conclut que le fucre de lait tient réellement
de la terre calcaire, mais qu’elle n’y exifte
qu’en petite quantité ; que c’eft l’acide qui en fait
la portion la plus confidérable, enfuite cette terre,
& énfin la partie hüileufe ou mucilagineufe.
Pour vérifier ces obfervations par la voie humide
, 1e favant Ch’ymifte d’Hambourg-fitdiffoudre
du fucte.de lait dans l’eau bouillante, & effaya
d’en précipiter la terre , foit par l’acide vitriolique,
fbit par la potaffe ; mais il n’y eut aucun changement,
même à l’aide de la chaleur. Il n’y eut pas
plus de. décompofition lorfqu’il ajouta de l’alkali
dans le mélange où il avoit mis l’acide, ou de
1-acide dans la diffolution mêlée avec l’alkali ; les
deux liqueurs-reprirent’ leur faveur douce, & on
y diftingüoit à peine la préfence du fel neutre qui
s’y étoit formé;1 d’où il conclut que les principes
de ce fel effentiel étoient intimement unis ; que
« M. Lichtenftein avoit eu un précipité terreux
par l’alkali, il falloit que fon fucre de lait eût été
différemment préparé.
M. Hermftadt a également appliqué l’acide ni-
Jreux à la décompofition du fucre de la it, dans la
vue d’en féparer la partie phlogiftique, comme
l’ilîuftre Bergman l’avoit fait fur le fucre pour en
tirer l’acide faccharin.
Au lieu d’acide nitreux fumant, M. Hermftadt
préféra de l’eau forte double , fimplement reéli-
fiée fur le nitre , dont il avoit féparé les premières
gouttes plus aqueufes. Ayant mis dans' une cornue
4 onces ( 1920 grains) de fucre de lait pulvérifé,
il verfa deffus 26 onces de cet acide ; le fucre de
lait refta d’abord au fond fans fe diffoudre ; la cornue
ayant été placée fur un feu doux, les vapeurs
. rouges commencèrent à s’élever ; la diftillation
fut pouffée jufqu’à ce qu’il ne montât plus que
quelques gouttes d’eau. Il trouva dans la cornuer
une liqueur acide d’un brun foncé & fort épaiffe,
il l’étendit d’un peu d’eau, .& la laiffa refroidir ; i l
' s’y dépofà une quantité ajfe£ confidérable de matière
terreufe, la furface fe couvrit' d’une pellicule de même
nature, qui fe renouvella plufieurs fois après avoir
"été enlevée. La liqueur reftante , après-la féparation
de cette terre par le filtre, réunie à l’eau qui
avoit fervi à l’édulcorer, fut de nouveau traitée'
à la cornue avec 6 onces d’acide nitreux , & cette
fois M. Hermftadt arrêta la diftillation dès qu’il
s’apperçut que les gouttes qui tomboient dans le
récipient n’étoient plus que foiblement acides, afin
que l’a&ioii de la chaleur ne noircît pas la liqueur
de la cornue; elle fe trouva par ce moyen affez
claire : cette liqueur évaporée au point de cryftal--
lifer, donna ,■ par le refroidiflement, Une maffe
informe ; il fallut la rediffoudre dans l’e a u l a filtrer
pour en féparer encore beaucoup de parties ter-
reïifes ; après quoi, concentrée au degré convenable
& mife au frais, elle donna de petits cryf^
taux qui, purifiés par une fécondé cryftallifation,,
pefoient 21Ô grains. Ils montrèrent abfolumenfc
tous les .caractères du véritable acide faccharin. •
Jufques-là cette analyfe de M. Hermftadt ne
fait que mettre dans un nouveau jour ce qui avoit
de même été apperçu & annoncé par M. Schéele^-
& on peut regarder comme bien prouvé par leurs
expériences & par celles rapportées dans le paragraphe
précédent, que le fucre de lait bien préparé
& purifié ne tient ni acide, ni alkali libre
ni fel neutre minéral; que fes parties conftituantes<
effentielles font, iG. un vrai fucre femblable au
fucre de canne, c’eft-à-dire, fuivant les principes4
établis à l’article acide faccharin, le radical de cet
acide uni à l’acide fyrupeux qui exifte tout formé;.
20. une autre fubflancé qui a une apparence terreufe9,
& qui modifie les earaâères extérieurs du. fucre-
ordinaire..
Il s’agit préfentement de déterminer la nature’
de cette fubfiance terreufe qu’il a fallu féparer de
la liqueur avant que d’obtenir les cryftaux d’acide
faccharin ; & c’eft fur ce point important que?
les deux Chymiftes dont j’emprunte les obfervations
, fe trouvent contraires ; M. Schéele le regardant
comme un acide propre de fon genre, &