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production d’acète de cuivre. Ce fol fera d’autant
plus aifé à féparer, qu’il reliera dans la liqueur, tandis
que le vitriol de plomb eft infoluble. M. Wenzel
croit que ce fel ne coûteroit par ce procédé qu’en-
yiron les deux tiers de ce qu’il fe vend dans le coin--*
merce, même fans faire état du précipité qui peut
(d it-il) être employé comme blanc de plomb. Ce
Chymifte applique en cette occafion les réfultats de
fes recherches fur les proportions des parties confti-
tpantes des fols , 6c l’on fent que cette connoiffance
n’eft pas moins importante, lorfqu’il s’agit fur-tout
de faire la balance des dépenfes & des produits d’une
opération ; mais on a vu qu’il redoit encore beaucoup
à faire avant qu’on eût fur ce point des bafes
fur es.
Ainfi, pour m’en tenir ici à ce qui concerne les
affinités, quand on a des rapports déterminés en
nombres des forces que l’on doit mettre en jeu, on
eft en état de prévoir 6c de calculer le réfultat avant
l’expérience 8c fans aucun tâtonnement ; quand on
eft réduit à attendre la fokuion do la queftion de l'événement
des tentatives dirigées pour fuppléer l’é-
valuatiqn de quelques-unes de ces forces, qui n’ont
pas encore étp données, on a la fati$fo£tion de remplir
un vuid^ dans l’édifice de nos connoiffances, de
préparer, pqpr foi 6c pour les autres , des principes
d’après lefquels^ on, pourra déformais prononcer avec
certitude, & redçeflèr les obfervations même dans
lefquelles on auroit été fiirpris par quelque accident;
en un mot, d’ajouter à la fournie des vérités qui
peuvent feules abréger la route au Phyficien qui
fait des, recherches > comme à l’Artifte qui afpire à
tif^r parti de fon travail. C ’en efi affez pour foire
fentir tous les avantages, que la fçiençe des affinités
procure dans la pratique de la Chymie.
§ , V I. Des moyens de compléter le fyjleme des affinités.
. Après avoir expofe tout ce qui eft connu jufqu’à
ce jour des affinités, il ne fera pas inutile,en terminant
cet article, de fixer l’attention des Çhymiftes
fur la route qu’ils doivent fuivre pour aller au-delà.
On peut être étonné au premier coup d’oeil de l’efi-
pàce immenfe quirèfte à parcourir ; mais il y a de
quoi fe raffiner en portant fes regards fin* le terme
d’où font partis ceux qui nous ont précédés, 6c encore
mieux fur les moyens qui leur manquoient 6c
que des découvertes qu’ils ne pouvoient même ef-
pérer ont mis en notre poffeffion. Il ne s’agit donc
que d’avoir continuellement préfens à l’efprit ces
moyens, 6c tout ce qui peitt.aflùrer les- conféquences
de nos obfervations : l’objët de ce paragraphe eft
d’on offrir- le réfumé.
L ’obfervationde^précipitstions.d’une fubftance par
une autre;, ou d’attraétion éleétive entre trois corps,
e ft, comme nous l’avons v u f o n d em e n t le plus
fur de la fcience des affinités ; mais les Tables qui
en oi)t été dreffées font encore bien imparfaites : on
doit donc s’attacher d’abord à les compléter & à
le*, perfectionner,
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Pour les compléter, il faut y ajouter plufieurs fubf-
tances qui n’y ont pas -été admifes , parce que ceux
qui s’en font occupés fe font plutôt laiffé conduire
par les faits qui fe préfentoient à eux prefque fortuitement
, qu’ils ne les ont recherchés dans un ordre
méthodique. On ne voit pas, par exemple, pourquoi
le loufre y a été placé, tandis qu’il, n’y eft
pas queftion du phofphore, qui eft bien ftianifefte-
ment une matière de même nature, par rapport à
fes affinités 6c à fes combinaifons.
Bergman eft le premier qui ait laiffé une colonne
pour la matière de la chaleur 6c pour l’air vital ;
o r , les affinités de #es deux corps font les plus importantes
, puifqu’il eft peu d’opérations où elles n’influent
fenfiblement fur les réfultats. Il faudra bien
auffi, parla même raifon, fe hâter d’mfcrire fur ces
Tables le gas inflammable 6c l’air phlogiftiqué, ou
plutôt les bafes fixes de ces fluides aériformes, fi
elles font réellement dans la claffe des fubftances
les plus Amples que nous connoiffions, ainfi que
l’annoncent les expériences les plus modernes.
Non-feulement tous les acides devront y être
compris, fi l’on veut prévoir l’effet de leurs combinaifons,
mais encore leurs bafes acidifiables ou
leurs radicaux, lorfque l’on fora parvenu à les féparer
du principe acidifiant.
Les fels neutres exercent auffi des affinités dans
lefquelles ils doivent être confidérés comme corps
fimples I puifqu’ils agiffent comme tels' 6c ne fe ré-
fqlvent point en leurs élémens : pourquoi n’a-t-on
pas penfé à indiquer les fubftances avec lefquelles ils
s’unifient, 6c aies ranger dans un ordre correfpondant
à l’énergie de cette action? II n’y en a point d’autre
raifon que le défaut d’obfervations affez exaéles pour
en déterminer les procédés, pour- mettre fur la voie
d’en apprécier les conféquences.
Indépendamment de ces matières, dont l’habitude
a fait prefqu’exclufivement le fujet de l’A r t , telles
que les fe ls , les terres , les métaux , les huiles, 8iC.
combien d’autres que nous ne connoiffons encore
que bien imparfaitement I 6c il n’y en a aucune qui
n’ait fes affinités, qui ne produife des combinaifons
à raifon de ces affinités.
M. le Sage , de Genève, dans fon Effai de Chymie
méchanique, propofe d’enrichir les Tables d’une
colonne pour les affinités de la lumière avec divers
fluides 6c des couleurs du prifme avec le verre. Newton
avoit déjà obfervé que l’attraétion de la lumière, par
les différens corps, n’étoit pas uniquement proportionnelle
à leurs denfités : celle du diamant eft à celle
du verre d’antimoine dans un rapport trois fois plus
grand que celui de leurs pefanteurs fpécifiques.
Il y a long-temps qu’on a foupçonné que la nutrition
des végétaux pouvoit s’opérer par l’affinité
des matières qu’ils s’approprient ; M' Muftel a rapporté
quelques obfervations qui font favorables à
cette conjeélure. Enfin, jufques dans le règne animal
, l’influence de l’affinité fe rend fenfible : elle y
i entretient la chaleur par la décompofition de l’ait
I p u r , elle détermine cette diffoiution des alimens
qut
8ul prend le nom de digeftion ; elle y exerce des
combinaifons nouvelles des élémens divifés des autres
règnes ; elle furmonte quelquefois, par l’intenfité de
fa puiffance, l’a&ion des forces organiques : c’eft ce
que le Phyfiologifte le moins initié dans notre fcience
eft contraint d’avouer, quand il voit les fubftances
de la claffe des pqifons agir fur le vivant absolument
comme fur le mort ; ces germes virulens , qui fe multiplient
fous tant de formes dans l’animal, ne font
encore probablement que des poifons engendrés fpon-
tanément de diverfes matières réunies par leurs affinités,
détruifant tout ce qu’ils touchent par l’énergie
de leurs affinités.
L’illuftre Bergman n’avoit pas envifagé ce plan dans
toute fon étendue, lorfqu’il difoit déjà qu’il faudroit
plus às trente mille expériences pour porter la Table
des affinités à un certain degré de perfection : -celui
pour qui cette contemplation deviendroit un motif
de découragement , n’auroit pas une jufte idée de
cette partie de la Philofophie naturelle ; l’homme
agrandit réellement fon être toutes les fois qu’il
peut reculer le but. vers lequel- fe dirigent les effors
de foii intelligence ; il ne s’agit point de marquer la
tâche d’un feul ou d’un temps limité, mais de montrer
jufqu’où peuvent atteindre les travaux accumulés
dans la fucceflion des âges , les fruits qu’ils
promettent, les vues générales qui doivent leur fer-
vir de point de ralliement : quel attrait puiffant pour - ;
nous y ramener, que la certitude de faire quelque
chofe d’utile, de recueillir, de quelques heures d’application
, . des .vérités de fait, qui ne paffent pas
comme les opinionsqui s’enrégiftrent auffi tôt pour
fervir en tout temps ! Aucune étude n’offre un perf-
pcétive auffi flatteufe.
Le premier voeu doit être cependant de perfeSlionner
ce qui exifte ; plufieurs expériences demandent à être
refaites, de celles mêmes que nous devons aux Chy-
miftes les plus exaCls , lorfqu’il leur a manqué quelque
connoiflânce, effentielle pour bien diftinguer ce
qui fe paffoit dans leurs opérations. Peut-être feroit-
il important de revenir üne fois à comparer les affinités
de tous les corps trois à trois, pour décider j
abfoluinent leur ordre refpeétif, & d’en compofer
des Tables féparées à l’exemple de Marrher , qui, en
travaillant fur ce plan , a divifé en 120 colonnes la
Table de Geoffroy ( de afjinitate corporum, Vindoh.
1762). On conçoit d’ailleurs que cette forme ne feroit
convenable que pour un travail préparatoire :
quand les faits font bien vérifiés, il n’y a plus d’autre
intérêt que d’en préfenter la férié de la manière la ’
plus funple , & celle de Geoffroy mérite à cet égard
la préférence.
Suppofons ( dit Bergman ) que l’on cherche feulement
à déterminer la férié des cinq termes a, b,
e:M§& e par rapport à A ; il faudra, pour y parve-
n,r » /30 expériences ; car , en général, fi le nombre
des termes eft n, le nombre des expériences fera n
\ n'— 1 ). Il eft bon fans doute de fe fervir de cette
formule pour connoître d’avance tous les cas que l’on.
Chymie. Tome ƒ.
a à obferver ; mais la férié trouvée , ces détails deviennent
fuperflus, & le Chymifte Suédois s’eft bien
gardé d’en furcharger fes Tables. -
On a vu que les ^figures ou fymboles qu’il a imaginés,
étoien tu ne maniéré d’écrire les affinités doubles,
qui en focilitoit fingulièrement la comparaifon ; il
pourra donc être quelquefois avantageux de fe rendre
compte de la quantité de ces fymboles qui feroient
néceffaires pour épuifer tous les cas poffibles fur un
certain nombre de fubftances compofées : ce problème
eft aifé à réfoudre. Que l’on demande, par exemple ;
combien de ces fymboles pourvoient être conftruits
d’après la Table d’affinités que j’ai donnée précédemment
{page ïf8 ) : je remarque d’abord qu’elle comprend
5 acides & 7 bafes, qui forment 35 fels neutres
ou moyens, c’eft-à-dire ,. 7 vitriols, 7 nitres, 7
muriates, &c. Mais chacun des composés de l’une
de ces cinq claffes doit être préfenté à chacun des
compofés des quatre autres claffes ; ainfi, je prends
le quarré du nombre des bafes, je le multiplie par
le double du nombre des acides, & le produit 49a
eft la fournie cherchée, ou la quantité de fymboles
néceffaires pour repréfenter le jeu des affinités, dans
tous les mélanges de ces 3 5 fels neutres deux à deux.
Soit N le nombre.des acides, n le nombre des bafes,
8c x la fomme des figures Symboliques, on aura la
formule générale nn (2 N) = x. Appliquant ce calcul
aux combinaifons des 29 acides & des 24 bafes,
.dont nous avons fait état jufqu’à préfent, & qui
produifent 696 fels neutres, on trouvera qu’ils exi-
geroient 33408 fymboles d’affinités doubles.
Ce feroit bien autre chofe fi on confidéroit, fous
le même point de v u e , les compofés à trois , à
quatre, à cinq, à fix parties , 8cc. car nous ne pouvons
douter, non-feulement qu’il n’y ait dans la nature
un bien plus grand nombre de cés furcompofés
exiftans que ceux que l’analyfo nous a fait connoître,
mais même qu’il ne s’en forme tous les jours fous
nos yeux qui nous échappent, faute de pouvoir fuivre
la progreffion de furcompofition.
Le célèbre Hielm, dans fon Difcours fur la Chymie
, examine quel feroit le nombre poffible des
combinaifons, en allant feulement jufqu’aux furcompofés
à cinq parties : voici le réfultat de Cet examen,
dans lequel il porte à 57 le nombre, des principes
que l’on peut regarder comme fimples ou Elé-
mens chymiques , n’ayant pu jufqu’à préfont être
décompofés.
, . , , , /- produits' ^combinées 2 a 2 i . donneront 15’ 9Z 6 rd,i.f/ferr ens 37 y 3 a 3 ............. 29200 •*'
fubft.X 4 à 4 ............. 395010
C . ç à 5 ............41871Ô6
Tota l, 4612972
Ainfi, 57 fubftances peuvent fournir mathématiquement
4612972 compofitions effentiellement d ifférentes
, fans éprouver êlles-mêmes aucun changement
; je. dis mathématiquement, pour qu’on ne fuppofo
pas que toutes ces compofitions foient çhymiquement