
par l ’eau de cryftallifation que ce vitriol retient en
abondance.
Que Y acide muriatique decompofe , parde même
procédé , les nitres à bafe d’alkali fixe ; que la
décompofition du nitre de foude eft auffi plus
prompte & plus complette avec la même dofe ;
qu’il fe dégage, pendant ces opérations, des vapeurs
rouffes , pénétrantes, ayant abfolument l’odeur
de l’eau régale ; que les eaux-mères"reftantes
après la cryflallifation des muriates diffolvent l’or
comme l’eau régale.
Que Y acide muriatique agit encore d’une manière
plus marquée fur les yitriols & nitres à bafe ammoniacale.
Enfin , qu’à Tinftant de la diffolution de .tous
Ces fels neutres par Y acide muriatique, il y a toujours
un réfroidiffement très-fenfible , ou quantité
de chaleur abforbée , déterminée par Tabaiffement
du mercure dans le thermomètre , depuis fix juf-
qu’à deux degrés. -
Çette décompofition des vitriols & des nitres
alkalins par 1’acide muriatique , préfente une anomalie
qui a fort embarraffé jufqu’à préfent tous les
Chymiftes ; M. Cornette paroît même difpofé à la
regarder comme une exception aux loix générales
des affinités ; mais il eft facile de la concilier avec
ces lo ix , maintenant que l’on fait que Vacide muriatique
tient une portion de phlogiftique ; c a r ,
comme le dit très-bien l’illuftre Bergman , ï’acide
du nitre s’empare de cette portion de phlogiftique
à l’aide de la chaleur, & devenant alors plus foi-
ble, cède fa bafe alkàline à Y acide-muriatique. On
en a une preuve bien fenfible dans les vapeurs
d’eau régale qui s’élèvent dans ces décompofitions,
& qui annoncent la préfence de Y acide muriatique
déphlogiftiqué : on en aura une fécondé preuve
plus décifive/fi on fait attention que l’acid^ acé-
teux eft lui-même capable de déçompofer le nitre
qui a été expofé feul au feu pendant quelque temps.
( Voyei A cide n itr eu x & Nit r e . ) 11 faut
donc confidérer ici quatre fubftances au lieu de
trois , & pour lors tout rentre dans l’ordre , il eft
facile de concevoir le jeu de cette double affinité.
Quoique le vitriol de potaffe ne foit pas abfolument
dans le même cas que le nitre, puifque la chaleur
feule ne relâche pas l’union de fes parties,iln’eft
pas moins certain qu’il a auffi une très-grande affinité
avec le phlogiftique, laquelle, ajoutée à 1 affinité
de Y acide muriatique avec la bafe alkaline, fait de
deux fommes rèfpeélivement impuiffantes une foraine
de forces fuffifantes pour déterminer l’échange.
C ’eft par le même principe que le favant pro-
feffeur d’Upfal a expliqué très-clairement les doubles
décompofitions des vitriols alkalins par le
muriate calcaire. Stahl, Pott «8c Margraff avoient
parlé de ces phénomènes ; Boülduc paroît encore
leur avoir donrfé plus d’attention; mais ils ont été depuis
beaucoup mieux décrits & circonftanciés par
JVl. Cornette, dans un mémoire faifant fuite à celui
que j’ai déjà cité.
Il a reconnu que lorfqu’on mêloit le muriate calcaire
en liqueur à la diffolution de vitriol de po-
taffe , de même qu’à la diffolution de vitriol de
foude;, le mélange fe troubloit & qu’il fe dépofoit
du vitriol calcaire , dont partie étoit en cryftaux
foyèux; que le muriate magnéfien décompofoit les
vitriols alkalins, de même que le muriate calcaire’;
enfin que le vitriol magnéfien étoit également dé-
compofé *par le muriate calcaire. Ces décompofitions
annoncent, fuivant M. Cornette , que l’acide
vitriolique cherche plutôt à fe combiner avec les
terres qu’avec les alkalis , & il les regarde en con-
fequence comme faifant autant d’exceptions à la
table des affinités ; mais la loi de cette table fub-
fifte dès qu’il eft reconnu que les terres, même cauf-
tiques, ne décompofent point les vitriols alkalins;
il faut donc que dans notre hypothèfe il y ait une
caufe nouvelle & indépendante de cette attraction
direéle ; pour la trouver, il n’y a qu’à appliquer le
«aïeul , à l’exemple de l’illuftre Bergman & fufvant
fes principes ; c’elt ce qu’a fait M. Fourcroy dans
un mémoire dont nous tirerons la folution de ce
problème.
11 a fuppofé l’affinité de Y acide vitriolique :
Avec l ’alkali g=3 8.
Avec la chaux ==: 6. v
L ’affinité del’acide muriatique avec l ’alkali == 6.
Avec la chaux == 3. 8 -+■ 3 fomme des affinités çonfpirantes pour
maintenir les-de'ux fait le mélange , étancot mplpuosf pése tidtaen qs ule’é tat où on en 6 -{ -6 fomme
des affinités qui tendent à les détruire , il doit y avoir échange des bafes. Voye£ AFFINITÉ.
U acide muriatique s’unit très-facilement à toutes
les chaux métalliques, & forme des fels qui fe
cryftallifent plus aifément que les diffolutions nitre
ufes.
Lorfqu’on lui préfente ces fubftances en état de
métal, il y en a plufieurs quai n’attaque pas, même
à la chaleur de la digeftion : tels font l’o r , la platine
, l’argent & le mercure. Cette négation apparente
d’affinité a fort embarraffé les Chymiftes
jufqués dans ces derniers temps, fur-tout par rapport
à l’argent 8c au mercure qu’ils yoyoient quitter
l’acide nitreux pour s’unir à cet,, acide «Sc lui
adhérer fortement ; la raifon de ces phénomènes fe
préfente aujourd’hui tout naturellement : ces mér
taux ont plus d’affinité avec lui ; mais la force avec
laquelle ils retiennent le phlogiftique eft fupérieure
à celle que l’acide exerce fur le même principe ;
d’où il fuit qu’il ne peut les mettre dans cet état
de déphlogiftication , fans lequel il n’y a point de
diflolution métallique. Ont-ils été privés de^cette -
portion par un autre agent quelconque ï l’affinité
de l’acide avec la chaux métallique s’exerce dans
toute fon énergie.
Les difTolutions des autres métaux par cet acide ^
de ceux-même qu’il attaque le plus facilement,
font moins y iy e s , moins tumultueufés qu’avec
l'acide
l'acide nitreux , parce que fon aélion fe borne a
déplacer le phlogiftique , & qu’il ne forme pas
avec lui un nouveau compofé plus eflentiellement
gafeux ; parce qu’il ne fait_que partager fuccefïï-
vement fon principe acidifiant avec la terre métallique
, fans la lui abandonner prefque tout d un
coup , en échange du principe métallîfa.nt.
Lorfqu’on lui préfen.te des chaux métalliques, il
les difibut facilement, il attaque même .celles qui
font affez déphlogiftiquées pour réfiftertux autres
acides , parce qu’il eft en état de leur reftituer la
portion de ce principe néceflaire à la diffolution.
C ’eft ainfi qu’il diffout la chaux noire de manganèfe,
qu’il fe colore fur le champ fur la chaux de fer la
plus appauvrie de phlogiftique ; c’eft par cette raifon
enfin qu’il fert fi efficacement à enlever les taches
de rouille qui s’attachent aux vâiffeaux de verre,
& qui éludent l’aélion de tout autre diffolvant ,
comme l’a obfervé le célèbre Prieflley.
Une fois uni aux terres métalliques, il leur adhère
affez fortement pour volatilifer, avec lui,
même les plus fixes ( Voyeç MURIATE D’ARGENT ,
Muria te m er cu r ie l ) , pour les faire pafler à
fa diftilîation , 8c les mettre prefque en état de gas.
Voye{ Mu r ia t e d’è t a in .
Plufieurs Chymiftes regardent; encore l’affinité :
plus puiflànte de Yacide muriatique fur quelques
métaux, tels que l’argent, l’étain , le plomb, &c.
comme une propriété particulière qui peut fervir à
dévoiler la nature de cet acide , & à fonder la dif-
tiriélion des métaux blancs ou lunaires & des métaux
folaires ; mais un coup d’oeil fur nos tables
d’affinités fait bientôt juger de la futilité de cés
hypothèfes, puifque toutes les terres métalliques;
gardent le même ordre avec tous les acides; que
par rapport à l’argent, Y acide muriatique partage ,
cette propriété avec fix autres acides' qui l’enlèvent
auffi à l’acide nitreux, & que Y acide muriatique ne
fe trouve lui-même qu’au troifième rang dans la
colonne de l’étain, & au neuvième dans celle du
plomb.
Pendant la diffolution des métaux par Y acide muriatique,
il fe dégage une*odeur qui a quelque rapport
à celle de l’ail & de l’arfenic , mais qui ne
dépend,' comme toute autre odeur, que de la manière
dont l’organe eft àffeété par les matières Amples
ou compofées qui y font apportées par quelque
agent volatil, 8c d’où il peut réfui ter une fenfation
dont la différence foit infenftble, fans qu’elle annonce
pour cela un principe Identique,
L 'acide muriatique dégage du gas inflammable '
très?-pur en fe combinant avec les métaux pourvus
de leur phlogiftique; il eft remarquable que Ton n’a
pu encore parvenir à retirer de l’air vital de fes
combinaifons falines métalliques. La facilité avec
laquelle il volatilife les chaux les plus fixes, eft
vraifemblablement le principal obftacie'à la déeom-
pofition néceffaire à cet effet.
C’eft une opinion âffez générale que lès muriates
métalliques font plus corrofifs que les yitriols 8c
Çhymie. Tom, I.
les nitres métalliques, & il faut convenir quelle
n'ell pas fans fondement ; cependant je ne
crois pas qu’on ait fait une comparai on a, z
vie de l’aétion de ces fels fur les matières animales,
dans un degré égal de neutralifation, & m me ,
concentration , pour admettre ce principe lans re-
ferve. Le muriate d’argent, même coule au teu , eu
bien éloigné de produire les mêmes efiets que le
nitre d’argent dans l’état de fufion qui le eonftitue
pierre infernale; la combinaifonde l ‘acidemuriatique
avec le mercure préfente elle-même des différences
t As-marquées à cet égard, fuivant la proportion
de phlogiftique qui y entre ; en un mot la qualité
corrofive dépend , comme nous le verrons, de plu-
; fleurs caufes encore peu déterminées , mais donc
il n’y en a aucune qui paroiffe devoir appartenir
privacivémenf à Y acide muriatique. . r •
En traitant1 dés muriates métalliques je rerat
. connoître plus particuliérement les phenomenes
que préfente la décompofition de ces fels par double
affinité ; en voici un exemple que je choi îs p
. confirmer ce que j’ai dit plus haut de la ne^ l’ c=
de tenir compte du phlogiftique dans le n
des fubftances qui agiffent refpeébveinent .les unes
fur les autres : l’acide muriatique n attaque pas antimoine
en régale, & cépêridant ce demi-meul
enlève cet acide au mercure & decompofe
muriate mercuriel corrofif ;. cela vient ,
l’obferve l’illuftre Bergman. de ce que la chaux de
mercure reprend d’abord à l ’antimoine une portion
1 de fon phlogiftique, & fe révivifie de cette manière
prefque inftantanément, ou du moins a un
degré de chaleur bien inférieur à celui ou il pour-
roit fe réduire feul comme métal parfait. ■
Stahl avoir avancé que l'acide muriatique cm an
fer acquerroit les propriétés de 1 acide nitreux,
toutes les tentatives qu’on a faites a ce tujec ont
été inffuélueufes. Cependant elles ont preiente a
M. le dite d’Ayen des obfervaticns importantes lur
l’adhérence de cetaci.de à la terre martiale , la lubli-
mation & les différens états du, fel qui enreiulte ,
comme on peut le voir à 1 article MURIATE
M A R T IA L . , „
M Schéele- a bien remarque que 1acide muna*
tiqué mis en digeftion fur Ja mine .noire de ,manganèfe
aroit une odeur nitreufe , & qu apres 1 avoir
. perdue en réfroidiffant, la liqueur la reprenou des
qu’on la faifoit chauffer. C’eft fans douce fur quelque
indice pareil que les anciens Chymiftes ont
affirmé la poffibilitè de là conveTfion. Le célébré
académicien de Stockolm , en faifant mention de
cette circoliftance , l’apprécie à fa Jufte valeur
La-table des affinités de Geoffroy donne celles
de Y acide muriatique avec les, métaux dans l’ordre
. fuivant : l’étain, l’antimoine , le cuivre, 1 argent
: le mercure. , , -a:
La table de Gellert indique d abord le phlog’ tti-
que; c’étoit alors l’opinion des Chymiftes que les
trois acides minéraux dévoient fe reffemfcle
certain point, par la propriété de s’tmpa