
684 A I R
Le gas acide carbonique dégagé du (pat calcaire par
l'acide fulfurique & reçu immédiatement dans le ballon
rempli de mercure, y a été enfermé. comme
les précédens à la température de zéro , & porté
fucceffivement à la chaleur de l’eau bouillante ; les
produits de la dilatation ou les portions de gas ex-
pulfées du ballon par la chaleur ont été reçues dans
des récipiens féparés ; & leur volume déterminé à
la même preffion & à la température de zéro.
Les rapports fuivans indiquent les efpaces occupés
par une quantité de ce gas repréfentée par l’unité,
aux degrés correfpondans du thermomètre :
à 20 degrés ................................... i , i 105
à 4 0 ............. . . . . . .................... 1, 3066
4 6 0 ......................... .................. >»7385
à 80 SË.............................. 2,0094
Le produit de la dilatation dans le premier intervalle
furpaffe celui de tous les autres gas dans la
même divifton , & il feroit pofîible qu’il y eût
quelque excès, parce que ce premier produit n’ayant
pu être recueilli complètement à caufe de quelques
accidens, on le détermina par une fécondé expé-^
rience faite avec un ballon à col recourbé & dans
laquelle le gas employé fut reçu fur l’eau avant que
d’être tranfvafé au mercure. Cependant l’accroiffe-
ment eft encore affez marqué dans les deux intervalles
de chaleur qui fuivent. 11 y a au contraire
diminution dans le 4e. feroit - ce donc encore l’affinité
de ce gas acide avec l’oxide de mercure qui
en feroit la caufe ? On fe prêtera peut-être difficilement
à fuppofer que le mercure coulant pût contenir
une affez grande quantité de mercure calciné;
mais on fait combien il eft difficile d’obtenir le gas
carbonique abfolument exempt d’un peu d’air commun,
& il y a lieu de croire que ce dernier a eu
quelque part à l’effet qui a compenfé celui de la
dilatation, au moment où la température étoit le plus
élevée.
On s’eft affuré d’ailleurs que le gas acide carbonique
avoit été peu altéré dans cette opération, puifque
la portion^ trouvée dans le dernier récipient & celle
reftée dans le ballon ont été prefque en totalité ab-
forbées par l’eau de chaux.
Il a paru intéreffant de foumettre le gas ammoniacal
à la même épreuve, foit à caufe de fa com-
pofition , foit par rapport à l’expanfion tout-à-fait
extraordinaire qu’il avoit préfentée à M. Prieftley,
même à une température peu élevée. '
Ce gas a d’abord été dégagé de l’ammoniaque en
liqueur , ou alkali volatil caüftique , par la chaleur J
affez forte d’une lampe à mèche circulaire, & reçu
immédiatement dans le'ballon rempli de mercure, j
A ï R
Ce ballon ayant été fermé, comme dans les précédentes
expériences, & plongé dans la chaudière dont
l’eau étoit à zéro, le gas s’eft condenfé au point
qu’il eft rentré dans le ballon une quantité de mercure
,. que l’on n’a pu déterminer qu’après l’opération,
mais que la comparaifon des quantités en vplumes
de mercure employées a indiqué à très-peu près
0,813. P0llce cube ; ce qui a réduit la totalité du
gas. contenu dans le ballon & dans le (iphon à un
volume de 14,829 pouces cubes, la preffion étant
feulement de 23 pouces 6,5 lignes à caufe de la
colonne de mercure dans le fiphony
L’eau du bain a été échauffée comme à l’ordinaire
; & les produits de la dilatation recueillis dans
quatre récipiens féparés ont été ramenés à la température
de zéro, pour en déterminer le volume ;
mais les circonftances dont je rendrai compte dans
un inftant ne permettant pas de confidérer la mafte
du gas ainfi renfermé comme une quantité abfolue,
on a fuppofé la preffion = 1 , & dans cette fuppo-
fition le volume primitif du ballon étant 349,0746
pouces cubes, à . la température de zéro , lès ex-
panftons ont été trouvées comme il fuit :
de o à 20 degrés..................... 85,2051
de o à 40 ................................ 208,3457
de o à 6 0 ......... ; .................... 33^9957*
de o à 80 ................................ 463,8097
Pour donner maintenant à ces quantités des ex-
preffions plus comparables avec les réfultats des
précédentes expériences, il fuffit de les divifer par
la fomme qui repréfentera toute autre preffion; ainfi
en fuppofant, par exemple, la preffion de 28 pouces:
On a 12,4669 pouces cubes pour le volume primitif
, à la température de zéro.
Et les volumes de fluide aériforme forti du ballon
étant mefurés à la même preffion & à la même
température feront :
de o à 20 degrés . . . . . . . . 3,0430 pouc. cub.
de o à 40 ................. 7,4409
de o à 60 ......................................... ........................ ........................ 12,1056
de o à 80 16,5646
Mais en procédant à la vérification de l’expérience
par la correfpondance du volume primitif avec la
fomme des volumes reçus, plus la portion qui étoit
reftée dans le ballon, M. du Vernots ne tarda pas
à découvrir - la caufe accidentelle d’un effet auffi prodigieux
: la quantité totale de gas retrouvé foit dans
le ballon , foit dans les récipiens, excédoit de 4*3737
pouces cubes le volume primitif, ce qui ne per-
mettoit pas de douter qu’il ne fe fût formé de nouveau
gas d’une portion d’ammoniaque en liqueur
^Pfes /®s operations , n’ont-fejles aucune proportion avec celles que nous nous croyons fondés à attribuer à l’affinité ;
lair vital de M. Crawford étoit moins pur de qu’auparavant, & fop gas azote étoit devenu prefque tout air commun.
Cette remarque s’applique à toutes les expériences qui précèdent,
A I R
nm avoit paffé dans le ballon en même temps que
leeas; on apperçut effeâivement quelques gouttes de
fluide aqueux dans le ballon, à la furface du mercure,
après le refroidiffement. I , ,
Pour écarter ces accidens , l’expérience fut repetee
avec le gas dégagé (fit muriate ammoniacal par la
chaux. 11 ne fin reçu dans le ballon qu’après avoir
traverfé un vaiffeau intermediaire entoure de glace;
le gas du ballon fut lui-même ramené à la température
de zéro, & la portion de mercure qui y
étoit remontée par la condenfation ( & dont la fur-
face étoit encore couverte d’un peu de liqueur) fut
remplacé par du- gas confervé pour, cela ■ dans un
vaiffëau féparé & refroidi au même degré.
L’opération ayant été conduite comme pour les
autres gas, on a trouvé , par la réduâion des volumes
à une même preffion & à la température dezéro,
qu’une maffe de ce gas repréfentée par l’unité oc-
cupoit fucceffivement les efpaces indiques par les
nombres fuivans :
à 20 degrés de ch a leu r ............ i * 2-791
à 40 ............................................ 1 > 8487
à 60 ......... ........................... 3»5878
à 80 ........................................... 6 > 8069
Mais, malgré toutes les précautions prifes pour •
avoir un gas auffi exempt qu’il étoit poffible de li- j
queur capable d’en reproduire de nouveau, les vo- :
lûmes recueillis dans les récipiens ajoutes à la portion
reftée dans le ballon furpaffoient encore le volume
primitif ; tellement qu’au lieu de 15 > 3 2°7
pouces cubes de gas employé, il s’en trouvoit 15,8671.
Quelque foible que foit cet exces, en comparaifon
de celui de la première expérience , il ne laiffe pas
que de jetter encore de l’incertitude fur la vraie
quantité de ce gas expofé à la chaleur, & par con-
féquent fur les rapports de fon accroiffement.
On pourroit foupçonner qu’une portion de ce gas
a été décoinpofée à la faveur de la température,
par l’oxide mercuriel qui fe trouvoit accidentellement
dans Je mercure , & que le gas azote aftranchi
de cette combinaifon a occupé un plus grand ef-
pace ; mais, foit que le gas ammoniacal n’ait pas
rencontré affez de mercure oxidé pour rendre cet
effet fenfible ,. ou , ce qui eft auffi probable, que
cette affinité exige encore un bien plus haut degré
de chaleur , il paroît que cette caufe n’a pas concouru
; puifqu’après que l’on eut fait abforber par
l’eau le gas du ballon , la portion reftante de fluide
flaftique fut reconnue, à l’eudiomètre, pour de très-
bon air commun contenant o , 27 d’air vital. On
avoit remarqué d’ailleurs que les bulles avoient entièrement
ceffé de paffer dans le récipient vers le
74e. degré, ce qui ne peut guère être attribué,.
comme on l’a vu par tout ce qui précède, qu’à
l’affinité de la petite portion d’air introduite dans le
ballon par le mélange de celui des vaiffeaux & peut-
être auffi lorfqu’il fut élevé à la furface de la cuve
pour le boucher fans y laiffer de mercure, Ainfi
A I R _ 685
il y a tout lieu de penfér que la produftion de nouveau
gas a été encore plus confidérable & qu’indépen-
damment du demi-pouce cube excédant au volume
primitif, une autre portion a remplacé le volume
d’air diminué dans le dernier intervalle de chaleur.
Cela prouve fuffifamment toutes les difficultés que
préfente cette expérience fur le gas ammoniacal ; cependant
comme les phénomènes qui en troublent le
réfultat ne peuvent guère avoir lieu que dans les
deux dernières divifions , on peut déjà conclure que
c’eft un des fluides élafliques les plus dilatables par
la chaleur, & que fi fon expanfion dans les cinq
premiers degrés n’eft pas tout-à-fait quadruple de
celle de l’air commun, comme on devoit le juger
d’après les obfervations de M. Prieftley , elle approche
néanmoins de ce terme , puifque 100 pouces
cubes d’air commun à zéro n’occupent à 20 degrés
qu’un èfpace de 107,89 pouces cubes, tandis que
dans les mêmes conditions 100 pouces cubes de gas
ammoniacal occupent réellement un efpace de 127,93
pouces cubes.
Tel eft le précis du travail de M. du Vernois ;
quoiqu’il laiffe encore matière à de nouvelles recherches
, il n’en fera pas moins utile aux C h y -
miftes qui s’appliquent à mettre dans les expériences
fur les gas toute la précifion dont elles (ont fufcep-
tibles ; & j’ai penfé qu’ils me fauroient gré de leur
préfenter dans une feule table tous les rapports qu’il
a ainfi déterminés.
J’avertirai encore que plufieurs de ces rapports,
quoiqu’indiqués par l’expérience, font néceffairement
inexaéis, puifque l’effet a été en partie détruit par
des combinaifons à la faveur de la haute température;
ce n’eft donc que pour en faciliter le rapprochement
que je les ai confervés, & je les ai renfermés
entre deux crochets pour que l’on ne fût pas expofé
à les confondre avec ceux qui fuivent la loi de l’ac-
croiffement. L’expanfion du gas azote qui e ft, dans la
4e. divifion, de — -— , ou <: — -— fois fon volume,
pourra faire juger quelle eût été celle des autres gss-
à la même chaleur , s’ils n’avoient pas été diminués
par les affinités. Après le gas azote, le gas acide
carbonique eft, comme on devoit s’y attendre, celui
qui marche le plus régulièrement. _
La dernière colonne fait voir la fomme des ex-
panfions depuis zéro jufqu’à 80 degrés ; il ne faut
pas perdre de vue que ces quantités font affe&ées
des mêmes diminutions vers les derniers degrés, de
forte que le gas azote eft encore ici le feul dont la
mefure de la dilatation entre ces deux extrêmes
puiffe être regardée comme approchant de la réalité;
mais cela n’empêche pas que l’on ne puiffe tirer
quelques conféquences utiles des autres réfultats.
Par exemple , M. Crawford regarde comme prouvé
par les expériences de M. le Général.Roi, que le
volume de Y air commun à zéro du thermomètre de
Farenheit, eft à fon volume à 212 degrés , ou à la
chaleur de l’ébullition : : 1 : 1 ,4 ( on animal beat, &ct