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teftacées. Ses fragmens font anguleux, Indéterminés
y avec des bords peu aigus ; il eft toujours
opaque ; en le raclant il donne une poudre d’un
brun rougeâtre obfcur; il effc mol& exceflîvement
pefanr. La pefanteur fpécifique de celui qu’ont
employé MM. d’Elhuyar, & qui venoit des mines
d'étain de Zinnwalde, dans les frontières de la Saxe
& de la Bohème, s’eft trouvée :: 6,835. M. de
l’Ifle rapporte qu’un morceau de voifran tres-pur
de fon cabinet a donné à M. Briffon 7,1195 , tandis
que la pefanteur du fchorl verd prifmatique de
Dauphiné n’étoit que 3,4529.
Au feu du chalumeau , le volfran ne fe fond pas
fe u l, à peine parvient-on a en arrondir les angles;
il ne donne point de fumée arfenicale, comme
le dit M. l’abbé Mongez, du moins n’en ai-je eu
aucunes traces dans mes effais fur un morceau de
volfran venant d’Ehrenfriederfdorff, qui m’avoit
été donné par M. Beflon , & qui reffembloit parfaitement
à celui décrit par MM. d’Elhuyar,
Avec le pkofphate natif, on fe l microcofmique ,
le volfran fe fond avec effervefcence, & forme un
verre d’un rouge d’hyacinthe dans la flamme- extérieure
, qui devient plus obfcur dans la flamme
intérieure.
.Avec le borax, il fait effervefcence, & forme un
verre d’un jaune verdâtre à la flamme bleue, qui
tourne au rouge à la flamme blanche.
Le velffan pulvérifé , fur lequel on fait bouillir
de l’acide muriatique,prend, commela mine blanche
de tungftè ne, une couleur jaune.
Il tient communément fix parties de cette terre
acide métallique, deux parties de chaux noire 'dé
manganèfe, une partie de chaux de f e r , & un peu
de terre quartzeufe.
6. II. De la manière de retirer Vacide de la tungftène.
T. On pulvérifé la quantité que l’on veut déminé
blanche dans un mortier de verre, on la mêle
bien avec quatre parties de méphite de potafle, on
fait fondre ce mélange dans un creufet, & on la
coule tout de fuite fur une plaque de métal. On
fait enfuite diffeudre la mafle dans douze parties ;
d eau bouillante.
Pendant la difïolution , il fe fépare une poudré
blanche qui fe dépofe au fond du vaiffeau ; ce
précipité efl, pour la plus grande partie, du méphite
calcaire formé de la chaux qui exiftoit dans lamine,
& de l’acide méphitique qu’elie a pris à la potafle ;
il efl ordinairement mêlé d’une portion de tungf-
tènenon décompofée & d’un peu de quartz : pour
en faire la féparation, on commence par verfer
fur le précipité bien édulcoré, de l’acide nitreux
qui diflout avec effervefcence la terre calcaire;
on traite de nouveau le réfidu avec du méphite
alkalin, que l’on fait fondre & que l’on jette „dans,
l’eau comme la première ffois ; la décompofition
étant ainfi achevée * l’acide nitreux verfé fur le
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nouveau précipité ne laiffe plus qu’une très-
petite quantité de poudre grife qui efl la terre
quartzeufe.
L’eau qui a été verfée fur les mafles fortant des
creufets, & qu’on a féparée par décantation dut
précipité dont je viens de parler, tient en diffo-
lutîbn une nouvelle fu b fiance faline compofée de
l’alkali & de l’acide tungftique.
Pour obtenir cet acide libre , on fature la dif-
folution d’acide nitreux, il s’empare de la bafe
alkaline, le mélange s’épaiffit & il fe précipite
une poudre blanche qui efl l’acide tungftique.
Tel efl le premier procédé indiqué par Mo
Schéeîe : ceChymifle confeille d’employer un creu-
fetde fer pour la fufion de la mine blanche avec la
potafle , mais cela n’eft néceffaire que quand orr
travaille dans des vues d’expériences, & pour
éviter le mélange d’argille que les creufets ordinaires
portent toujours dans les matières qu’on eft
obligé de décompofer par l’alkali ; & dans ce cas,
on ne doit compter que fur les creufets de platiné
qui, lorfqu’ils font bien conditionnés , n’abforbent
. ni ne fourniffent aucune matière , au lieu que le
fer laiffe toujours des écailles adhérentes dans tous
les points de contaéL
Pour lefecond procédé de M. Schéele, on* n’a pas
befoin de la chaleur de la voie fèche. Sur quatre-
vingts" grains de mine blanche de tungftène bien
pulvérifée, on verfe trois fois autant d’acide nitreux
ordinaire , ou eau-forte pure ; ce mélange
, ne fait point effervefcence, on l’expofe à une
forte digeflion , & bientôt, on y apperçoit une
poudre d’un jaune citrin ; on décante la liqueur
dans un autre vaiffeau , on édulcore la poudre
jaune , on verfe defliis cent foixante grains d’alkalï
volatil cauflique, & on place le vaiffeau fur un
bain de fable : alors la couleur jaune difparoît, là
poudre devient- blanche & fe trouve fenfiblemenî
diminuée ; on décante la liqueur claire que l’on a
foin de mettre dans un flacon féparé. En répétant
plufieurs fois la même opération fur cette poudre,
d’abord par la digeflion dans l’acide nitreux , &
enfuite dans l’alkali volatil, tout efl enfin diflous >
à la réferve de trois ou quatre grains qui paroif*
fent être de la terre quartzeufe.
L’étiologie de ce procédé efl aifée à faifir : l’acide
nitreux attaque la bafe calcaire qui fe trouve dans-
la mine, & comme elle n’eft pas unie à l’acide
gafeux , il le diflout fans effervefcence , & l’acide
concret rendu libre fe montre en forme de poudre
jaune. Mais l’acide nitreux n’a pas décompofé toute
là mine r on emploie donc l’alkali volatil pour
former avec l’acide libre un fel foluble que Foi®
emporte dans la liqueur, & on fépare de cette
manière à chaque fois la mine qui refte à dé-
compofiir, fur laquelle on opère avec les mêmes
agens. •
On voit donc premièrement que Facide nitreux
s’eft chargé fucceflivement de toute la terre cai-.
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ca!re qui étoit en état de combinaîfon dans la mine.
Cette diiiblution précipitée parle mephite de po-
taffe donne en effet quarante-cinq grains de terre
ca'caire. Si on y verfe-avant cette decompofmon
quelques gouttes de liqueur pruffque g g g obtient
environ deux grains de bleu de Pruffe. L acide
muriatique pourroit-être employé dans cette operation
comme Facide nitreux, M. Scheele a
feulement remarqué que la diffolution tournoit
plus au jaune.
On voiten fécond lieu que l’acide tungftique efl
encore engagé avec l’aîkali volatil que l’on a
employé pour le rendre foluble ; il ne s agit donc
plus que de lui reprendre cette bafe, ce qui fe fait,
aifément par l’addition de Facide nitreux, & Facide
tungftique efl précipité fous la forme d’une poudre
blanche.
C’eft cette poudre blanche que MM. Schéele &
B* rgman n’ont pas héfitè de regarder comme un
acide concret. Il efl sûr qu’elle a une faveur acide
marquée, qu’elle rougit l’infufion de tournefol,
qu’elle efl foluble dans vingt fois fon poids d’eau
bouillante , qu’elle s’unit aux alkalis & aux terres ,
qu’elle décompofé plufieurs diffolutions métalliques,
ce qui paroîtra fur-tout décifif, qu’elle régénère
la mine blanche de tungftène, foit direâementaveç
l’eau de chaux. foit en décompofant le nitre cal-
Les favanis Efpagriols qui ont retiré la même
fubftance du volfran, qui ont opéré enfuite fur
la mine blanche de tungftène pour s’affurer de
l’identité parfaite des produits, confirment par leur
témoignage la vérité de toutes ces obfervations ;
ils reconnoiffent même que ce nouveau métal,
peut, comme l’arfenic , prendre l'état d'acide , & cependant
ils penfent que la poudre dont nous
venons de parler n’eft pas encore' Facide tungftique
pur, mais un mélange de cet acide avec
l’acide précipitant & une portion d’alkalj. Je rapporterai
les expériences fur lefquelles ils fondent
cette opinion , qui font très-utiles pour nous aider
à déterminer la nature de ce nouvel être chy-
mique ; mais il faut auparavant indiquer les procédés
qu’ils ont mis en ufage pour obtenir cette
matière du volfran.
II. MM. d’Elhuyar mirent dans un creufet deux
gros de volfran réduit en poudre, & quatre gros
de potafle : ce mélange fe fondit aifément 3 on le
coula fur une plaque de cuivre. Il refta dans le
creufet une matière noire qui, bien édulcorée, pe-
fo-it trente-fept grains, & qui n’étoit qu’un mélange
de fer & de manganèfe. On verra ailleurs la manière
de fép.arer ces deux métaux. ( Voye^ A n a lyse
MINÉRALE. )
La mafle coulée furfla plaque fut diffoute dans
l’eau, la diffolution réunie à l’eau qui avoit édulcoré
la matière noire fut jettée fur un filtre , &
k liqueur claire faturée d’acide nitreux , qui y
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occafionna un précipité abondant; c’étoit la poudre
blanche, abfolument femblable à celle que donne
la mine blanche de tungftène.
Le procédé de M. Schéele, par la voie humide,
réuflit également avec le volfran , & même il a
paru à MM. d’Elhuya'r plus avantageux pour dofer
exa&ement les produits. Ces Cbymiftes ont mis
dans un matrascent grains de yolfran en poudre,
ils ont verfé deflirs affez d'acide muriatique pour
le couvrir de l’épaifleur d’un doigt , & ils ont
fait bouillir pendant une heure au feu de fable ;
ils apperçurent bientôt de la poudre jaune , ils
décantèrent la liqueur, ils édulcorèrent le réfidu ,
ils verfèrent defliis de l’alkali volatil qui fit dif-
paroître la couleur jaune. Cette opération fut continuée
en traitant alternativement le réfidu avec
de nouvel acide muriatique -& avec du nouvel
alkali, ayant-- foin d’édulcorer à chaque fois foi-
gneufement, & de mettre ces liqueurs différentes
dans des vaiffeaux féparés : à la fin tout fut dif-
fous, & il ne refta que deux grains de matière
infoluble, qui parut être en partie du quartz, en
partie une chaux d’étain , autant qu’il fut -poflible
d’en juge r , fur une aufli foible quantité.
L’acide muriatique fe trouva tenir en diffolution
vingt-deux grains de chaux noire de manganèfe,
treize grains de fer , & une portion de terre
calcaire, mais en fi petite quantité, que MM. d’Elhuyar
ont été portés à croire qu’elle pouvoir
venir de l’eau employée aux édulcorations, quoiqu’elle
eût été diftillée,.
L’alkali v ola til, verfé à-différentes fois fur la
terre jaune , s’étoit emparé de Facide tungftique ;
il fut dégagé de -cette bafe par l’addition de l’acide
nitreux, qui le précipita en forme de poudre
blanche. Il n’étoit plus queftion que d’édulcorer ce
précipité, e’eft-à-dire , de le précipiter du nitre
ammoniacal qui s’étoit formé par l’addition de
Facide nitreux : MM. d’Elhuyar effayèrent d’abord
de pafler de l’eau defliis ; mais s’étant ap-
perçus qu’elle en diflblvoit une partie, & voulant
déterminer la quantité , ils prirent le parti de
faire évaporer le tout jufqu’à ficcité, & de mettre
enfuite le réfidu dans une capfule de verre, fous
la mouffle d’un fourneau de coupelle ; par ce
moyen, le nitre ammoniacal fe volatilifa, & il
refta une matière d’un jaune de fouffre qui pe-
foit 65 grains. Lorfqu’on fe fert d’une capfule de
terre , la matière jaune y pénètre de la profondeur
de près d’une ligne, & il y a en conféquence
une perte fenfible.
g. III. De la nature & des propriétés de facide
tungftique.
J’ai déjà annoncé que, fuivant MM. Schéele
& Bergman , c’étoit la poudre blanche précipitée
par l’acide nitreux qui étoit véritablement l’aéide
tungftique, au lieu que, fuivant MM, dTlhuya* 9