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•recherche des moyens de guérir une maladie doit
avoir pour bafo, autant qu’il eft poflible, la con-
noiflance parfaite de la matière qui la conftitue.
C ’eft ainfi que Cai'etan Tacconi voulut déjà terminer,
par l’expérience, la queftion fort agitée de
<bn temps, fi le principe de la goutte étoit acide
ou alkalin ; il travailla lui* la liqueur fynoviale des
goutteux, & ayant vu qu’elle étoit également
'Coagulée par les acides & par les alkalis , il en conclut
que la goutte pou voit reconnoitre l’une &
l ’autre caufe; ce qui, fuivant lu i , devoir concilier
les obfervations des auteurs , & diriger dans le traitement.
Les Chymiftes de notre temps accorderont
peu de confiance à des conféquences aufii
précipitées ., fondées fur quelques eflais aufii équivoques
; il y a cependant un fait remarquable que
Tacconi dit avoir lui-même,obfervé, c’eft que le
firop violât a été rougi par la fynovie de certains
outteux , & verdi par celle d’autres goutteux.
Mém. de Vinflitut de Bologne dans la, colleSl. acad.
Tom. X 3 pagiBâ.^) On a publié dans les mémoires
d e l’académie de Stockolm, pour 1783 , une obfer-
vation de M. Roering qui conftate que des concrétions
expeélorées par un vieillard fujet à des ac-
cidens arthrytiques fe font trouvées de nature
ofîeufe ou fel phofphorique calcaire. Mais un des
■ faits les plus nouveaux & les plus importans, eft
'celui que M. H. Watfon a configné dans les medical
communications de Londres ( Tom. 1, 1784 )c après
avoir examiné le' tuf ârthrytique trouvé lors de la
«üfleéfion du cadavre d’un goutteux, il conclut que
c e tuf efi très-différent de la matière du calcul,
puifqu’il fe diflout dans la fynovie, fe mele -facilement
à l’huile & à l’eau, ce que ne peut faire la
pierre urinaire.
Par rapport aux propriétés de Tacide lithiafique ou
du calcul, il fuit de ce qui précède , que c’eft un
acide concret, très-peu foluble, qui fe décompofe
-en partie à ladiffillation, qui fe foblime en partie.
Cet acide traité avec l’acide nitreux n’éprouve
pas fimplement de i i part une aéfion de difîblution .;
la maffe qui refte, dit M. Bergman., après l’évaporation
àficcité , eft fort différente de l’acide conc
re t, car elle eft d’un rouge ' obfcur ; elle attire
Thumidité de l’air; il n’en faut qu’une trèspetite
portion .pour donner une couleur rofe à une très-
;-grande -quantité d’eau ; en un m o t , elle tache la
peau , les os , & même îe verre , comme la
‘difiolution nitreufe. Ce grand Chymifte -obferve |
«très-bien que ces phénomènes viennent bien plu- 1
'aôt de l’altération de la partie phlogiftique de l’a- i
eide animal que d’un refte d’acide nitreux; mais I
pour rendre l’explication complette, il faut ajou:- I
'■ ter que l’acide nirreux, décompofé hii-même dans I
«■ cette opération, laifie à l’acide lithiafique fon air. î
Vital acidiffant, qui le met réellement dans-le même ]
«état que l’acide muriatique déphlogiftiqué. , g
iL’acide lithiafique s’unit aux .terres-,? aux alkalis I
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& aux chaux métalliques. Voye$ L i t h iASITE cabs
CAIRE, L iTHIASITE DE SOUDE, &C.
Il paroît préférer les alkalis aux terres ; il cède
ces bafes aux plus foibles acides végétaux, même
à l’acide méphitique ; & cette circonftance fuffit
pour établir un caraélère propre , différent de tous
les acides connus jufqu’à ce jour, fi l’on en excepte
l’acide prufiique avec lequel il ne peut être, confondu.
Il refte au furplus bien des expériences à
faire pour completter le fyftêrae de fes affinités.
III. L 'A c id e b o m b y c in ou du ver à foie a été
annoncé par M. Chauflier, dans les mémoires de
l ’académie de Dijon ( année. 1783, 2e. fem. )
Lifter avoit foupçonné qu’indépendammefit des
fourmis, bien d’autres inieéles donnoient une liqueur
acide, & il en indique particuliérement un
de l’efpèce des mille pieds. ( Colle IL acad. Tom. //,
p. 503. ) M. Bonnet avoit obfervé que la liqueur que
fait jaillir la grande chenille à queue fourchue du
faule, étoit un vrai acide, & même très-aftifi
( Savans étrangers, Tom. I I ., pag. 276. ) M. Bergman
le compare au vinaigre le plus concentré.
( Nova alla Upfal. Tom. IV. ) Plufieurs auteurs
avoient fait une mention vague de l’acide fpon-
tané des infeâes ; enfin M. l’abbé Boiffier de Sauvages
avoit remarqué que dans l’état de maladie
que l’on nomme mufcardine, l’humeur du ver à
foie manifeftoit au goût une forte acidité ; mais
les obfervations de M. Chauflier nous ont donné
une connoiffance .plus fatisfaifante fie l’acide propre
à cet hifede.
Le ver à | foie, après avoir fobi fa métamor-
phofe en papillon, -répand une liqueur qui rougit
très-fenfiblement le papier & le linge teints par le
-tournefol ; ce fut le premier phénom ène qui éveilla,
l’attention de l’académicien de Dijon. Il reconnut
bientôt que c’étoit dans le temps où l’animai, prefie
;par le befoin devuider les réfervoirs du foc gommeux
, jettoit les premières trames de fon cocon ,
que la liqueur acide commençoit à fe' dépofer»
& s’accumuloit peu-à-peu dans-une capacité abdominale
qui fe formoit près de l’anus ; de forte que
la lymphe qui, avant la métamorphofe, circuloit
dans le tiftu fpongieux -, & en remplifloit les cellules
, fe trouvoit après cela raffemblée dans ce
nouveau réfervoir de 4a chryfalide ou du papillon
naiftant.
M. Chaufiler imagina d’abord de couper les
chryfalides avec des. ci féaux pour en féparer la partie
poftérieure où efi contenu l’acide , & il obtint
de cette manière une liqueur d’une couleur ambrée,
d’une faveur particulière , légèrement mu-
queüfe, qui rougi fibit fur-le-champ le-papier bleu,
s’unifibit aux alkalis avec effervefcence, & atta-
quoit fenfiblement l’acier des cifeaifx ; cet inconvénient^
qui décéloit un acide affez|ajftif, engagea
•cet académicien à chercher un autre procédé pour
fe procurer-cette liqueur: il broya dans un mortier
de verre -i# onces de chryfalides faines.,
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eértiment tirées de leurs cocons, elles fournirent,
par l’expreflion à travers un linge, 9 onces d’un
fuc épais, jaunâtre, très-fortement acide. Les chryfalides
qu’on ne tire de leurs cocons qu’après le
£lage, & qui ont été expofées à la chaleur du
four, ou à la vapeur de l’eau bouillante, donnent
encore la même liqueur.
Cette liqueur cependant étoit mêlée de parties
muqueufes qui diminuoient fon énergie difiolvante,
& qui l’auroient promptement difpofée à la putréfaction.
M. Chauflier vit bien qu’il falloit l’en dé-
barrafler ; il verfa en conféqtienee z onces d’efprit-
de-vin fur les 9 onces de liqueur exprimée & très-
épaiffe: le mélange s’échauffa un peu, il s’éclaircit
bientôt; & ayant été jetté fur le filtre, il pafla
une liqueur. claire d’une belle couleur orangée,
confervant une odeur approchant de celle du ver
à foie ou du mûrier. M. Chauflier verfa encore
de l’efprit de-vin dans cette liqueur ; à chaque fois
il fe formoit un précipité blanc léger ; il continua
jufqu’à ce qu’il n’occafionnât plus de précipité, il
en fallut encore 3 f onces.
La matière renée fur les filtres pefoit -fonce;
il fe raflembla à fa furface une huile d’une belle
couleur orangée, ayant l’odeur du ver à foie,-qui
coloroit l’efprit de vin fans s’y difloudre. Une partie
du furplus étoit de nature gommeufe, & fe
diflolvoit dans l’eau ; une autre partie parut à M.
Chauflier une efpèce de gluten animal intimement
uni à une terre & à une huile grafle. .
Au lieu de broyer les chryfalides, on peut les
faire fimplement infufer dans Pefprit-de-vin, il fe
trouve au bout de quelque temps chargé de toute la
partie acide ; & comme elle eft beaucoup plus fixe
que l’efprit-de-vin, on fait évaporer celui-ci à une
chaleur douce, & on a pour lors un acide très-
pur, qui, rapproché par l’évaporation à l’a ir, &
purifié de la matière muqueufe par des filtrations
répétées , n’eft plus fujet à s’altérer.
M. Chauflier s’eft principalement attaché à ré-
foudre la queftion de favoir fi ce principe acide
exifie dans tous les âges de la vie de l’infe&e, ou
s’il nefe forme que lorfqu’il pafle à l’état de êhry-
falide. Il avoit d’abord embraffé la dernière opinion,
fondé fur ce que la diftillation de 12 onces
de vers à foie dans le quatrième âge ne lui avoient
donné que du flegme,de l’huile empyreumatique,
de l’alkali volatil, fans aucune trace d’acide , ni
même de gasquî auroit pu annoncer la décompo-
fition de l’acide. Mais il n’en a pas eu davantage
lorfqu’il a traité à la diftillation les chryfalides elles-
memes, où l’acide eft fi développé ; d’autre part,
les réfidus charbonneux de l’une & de l’autre opération
, leffivés dans l’eau bouillante, ont fourni
un fol nçutre ammoniacal, & même les oeufs de
ver à foie digérés dans l’eau mêlée d’un peu d’ef-
prit-de-yin , lui ont donné quelques Agnes foibles,
mais fenfibles d’acidité. D ’où il a cru pouvoir conclure
que cet acide exifloit dans le ver comme
dans la chryfalide , dans les oeufs comme dans le
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papillon, avec cette différence, que dans l’oeuf &
le ver il n’étoit pas libre & manifefte , mais combiné
avec une fubftance gommo - glutineufe qui
mafquoit fes propriétés.
Je ne diffimulerai pas que ces dernières confe-
quences me paroiflent encore fufceptibles de bien
des objeâions : on ne voit pas, par exemple, ce
que devient à la diftillation l’acide qui fe trouve au
moins par excès dans la chryfalide ; il n’eft pa&
plus aifé de concevoir comment cet acide pourrait
former avec l’alkali volatil un fel ammoniacal qui
réfifteroit au feu de diftillation, même fans fe fu^
blimer; en un mot, les oeufs des vers â foie peuvent
laifler , après leur macération dans l’eau &
l’efprit-de-vin, quelques traces d’acide fans qu’il
en réfulte que ce foit le même acide que celui delà
chryfalide. Comme il eft bien prouvé que celui
ci eft bien autrement abondant & manifefte, je
ferois plus porté à penfer qu’avant cette metamor-
phofe l’animal n’en recèle tout au plus que la bafe
acidifiable, & qu’alors 'elle pafle à l’etat d.acide
parfait en fe combinant avec l’air vital acidifiant M
au moyen de quelque fonâion propre a fa nouvelle
organifation.
Il eft très-probable que le v e r à foie n’ eft pas
le feul infe&e qui fournifle de l’acide, j’ai déjà
rappelle l’obfervation de M. Bonnet au lujet de--
l’acide de la chenille du faule , & M. Chauflier dit
avoir aufiî retiré de l’acide des fauterellés, du mille-
pied , de la punaife rouge, de la lampyre, & da
quelques autres irtfecies, par le moyen de la di-
geftion dans l’efprit- de - vin. Ces acides font - ils
identiques avec l’acide bombycin ? il n’y a point,
d’analogie qui puiffe autorifer à l’affirmer avant
qu’on ait examiné & comparé leurs propriétés.
IV . La liqueur qui fe fépare de la membrane-
interne du ventricule de l’eftomac dans les animaux
, & qui fert à la digeftion des ali mens , a -
des earaâère.s falins & même acides fi manifeftes,
du moins en quelques circonftances, que je crois
devoir en faire mention dans le nombre des acides;
propres au règne animal, fous le nom d ’A c id e
GASTRIQUE.
Dès le temps de Diofcoride, on connoifibit la
propriété de laprefure Si du gallium, ou caille-lait»,
de déterminer en peu de temps la coagulation du
lait ; comme on avoit aufii remarqué que tous les
acides avoient la même vertu , il etoitaffez naturel
de foupçonner que la prefure & les plantes qui
produiraient ce phénomène recéloient aufii un
acide. On trouve dans les aâes de Copenhague
une analyfe du caille-lait entreprife par Olaus Bor^-
richius, précifément pour vérifier cette conje&ure,
& où il aflùre que quelques poignées des fomusités
de fes fleurs lui ont donné, par la diftillation ’
à un feu incapable d’en opérer la décompofition »
près de 3 onces d’une liqueur acide qui coagula le
lait chaud aufîi-hien que le vinaigre. {Coll, acad*
Trtne V I , pag. 372.) J’ai fait voir à l’article acide