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Il enlève le zinc aux acides acéteux, arfénîcal,
&£ même à l’acide phofphorique.
On a peu examiné l’avion de ces acides fur
les huiles ; il y a lieu de croire qu’elle ferait bien
foible, vu la quantité d’huile qui entre dans fa
eompofition Sç la facilité avec laquelle il fe détruit
au feu. M. Berthollet oblerve que c’eft une différence
à ajouter à celles qui forment les cara&ères
diftinftifs , de l’acide oxalin & de l’acide tartareux,
que le premier avec les huiles donne une efpèce
de favon acide. A la vérité, ces expériences n’ont
pas été faites fur les acides libres, mais M. Berthollet
ne paroît attribuer l’aâion du fel d’ofeille
qu’à fon acide même, puifqu’il confidère le produit
comme analogue aux favons acides. ( Mémoires de
Vacadémie, année 1782 )
On verra aux articles A lcohôl & Ether ,
comment cet acide eft dulcifié par l’efprit de v in ,
& ce que l’on doit penfer des expériences par lef-
quelles quelque^ chymiftes ont cru l’avoir porté
à la combinaifon éthêrée.
§ . VI. De Vacidulé tartareux, vulgairement cri, ne
de tartre|
Il a été bien démontré par tout ce qui précède,
que l’acidule tartareux, ou tartre raffiné, étoit un
tartre de potaffe avec excès d’acide. Il ne s’agit
donc plus que de conüdérer fes propriétés comme
diffolvant, & d ’indiquer fon aétion fur les différentes
ba fes.
L’acidule tartareux a une faveur moins piquante
que l’acide tartareux pur , mais pourtant encore
fenfiblement acide ; il rougit le firop de violettes
& Finfufion de tournefol.
Ce fel eft, comme je l’ai dit, très-peu foluble
dans l’eau, elle n’en prend fuivant M. Wenzel,
que le trentième de fon poids , même à la chaleur
de l’ébullition. Les chymiftes fe font' appliqués dans
tous les temps à le rendre plus foluble, fans
changer fes propriétés, pour l’ufage de la médecine.
Lemery avoit obfervé que le borax rendoit
le tartre beaucoup plus foluble, il dit expreffément ,
dans un fnémoire inféré dans le recueil de l’académie
pour 1728, que deux onces de borax mêlées
avec quatre onces de crème détartré en poudre &
bouillies pendant un quart d’heure dans douze onces
d’eau s’y diffol vent paifiblement, & ne fecryftalli-
fent pas en refroidiflant. La même année, le Febvre
médecin a U zè s , avoit communiqué à cette compagnie
une pareille obfervàtion, & remarqué que
chacun de ces deux fels fe fondant difficilement
dans une quantité donnée d’eau, s’y dirfolvoient
très - promptement lorlqu’ils étoient réunis. Ce
procède a été tout nouvellement annoncé au public
comme tres-avantageux, & il eft bien vrai que
l ’addition d’un cinquième feulement de borax fuffit
pour rendre les deux fels foluhles & même incryf-
tsllifables : c ’eft la proportion indiquée par M. ÇerÀ
C I
gius, ( nova a&a nat. cur. tome I V , page ne V
Mais je ne fais fi cet auteur, ainfi que les pharmaciens
qui ont depuis recommandé cette prépaie
*011 dans quelques feuilles périodiques, fe font
bien rendu compte de ce qui fe paffcit dans le
mélangé : il eft certain que l’acide tartareux a plus
a affinité^ avec les alkalis que l’acide Boracin ou
lel fedatif; le premier doit donc s’emparer non-
leulement de la bafe alkaline que le borax du
commérce tient toujours par excès, mais même
de la portion neceffaire à la faturation de l’acide
boracin ; & comme le tartre trifule de foude qui
refulte de cette décomp^fition eft très-foluble,
comme l’acide boracin libre lui-même fe diffout
*?ans ^°"1S f°n poids d’eau froide , & que cette
foluDilité peut très-bien être augmentée de quelque
chofe par la préfence d’un autre fe l, il n’eft pas
étonnant que tout refte*diffous. Je n’entreprendrai
pas de déterminer les vertus médicinales d’une
diffolution ainfi compofèe, je crois feulement devoir
obferver que ce n’eft plus l’acidule tartareux
qu’on adminiftre, mais un mélange de tartre
trifule- de fondé & d’acide boracin ; en effet, on
obtient une liqueur qui a abfolument les mêmes,
propriétés en mêlant des diffolutions faites fépa-,
rément de l’un & de l’autre de ces fels.
En faifant diffoudre quatre gros d’acidulé tartareux
dans quatre onces d’eau bouillante & y ajoutant
un gros d’acide boracin, ainfi que M. de Laffone
la propofé dans les mémoires de l’académie des
fciences de 175 5 , on eft fur du moins qu’il n’y
a aucune decompofition, & on ne rifque que
d’augmenter un peu l’acidité; la propriété de cette
diffolution de ne pas cryftallifer même par l’évaporation
& de ne laiffer qu’une maffe gommeufe,
annonce plutôt une interpofition de parties fans
affinité réelle, qu’une vraie faturation refpeéÜye.
Voye{ C r y sta llisa tion .
On a encore propofé le fucre dans la même
vue de procurer une diffolution plus chargée d’a-
cidule tartareux ; fon effet n’eft pas, à beaucoup
près auffi confidérable, mais il a l’avantage d’être
moins cher, & comme il ne fert réellement qu’eti
augmentant la denfité du fluide diffolvant, il ne
peut guère altérer les vertus du médicament.
L’acidule tartareux agit fur les terres & les
alkalis comme l’acide libre , mais il faut diftinguer
avec foin les produits qui, fuivant les circonf-
tances, fe trouvent des fels doubles ou des fels
triples. Par exemple, lorfqu’on jette de la craie
dans une diffolution d’acidule tartareux dans l’eau
bouillante , il y a une vive effervefcence, & on
trouve après qu’elle a eeffé deux fels doubles, l’un
eft le tartre calcaire qui fe précipite comme infolu-
b le , l’autre eft le tartre de potaffe qui refte dans la
liqueur. Si on jette dans une pareille diffolution de
la chaux v iv e , tout l’acide tartareux paffe à l’état
de tartre calcaire, & la liqueur ne contient plus
qu*un alkali libre, Il y a long-temps que Neuman
a c 1
a obfervé qu’il en étoit de même avec l’eau de
chaux, quoique la petite quantité de terre qu’elle
contient fern pie ne devoir fiiifir au prèmier iriftant
que l’acide furabondant, & former un trifule en
s’unifiant au fel neutre alkatin.
Lorfqu’on fature d’alkali végétal la même diffo-_
lution d’acidule tartareux, on "n’a encore qu'un
fel double compofé d’un acide uni à une feule
bafe. Voyeç T ar tr e ca lca ir e , tartiie de
potasse.
Il n’en eft plus de même lorfqu’on fature cette
diffolution avec l’alkali minéral ; comme il ne déplace
pas la potaffe qui exifte déjà dans l’acidule
tartareux, il en réfulte un trifule ou fel à deux
bafes, c’eft celui qui eft connu fous le nom de fel
feignette, & que j’appelle T artre trisule de
soude.
L’acidule tartareux s’unit avec effervefcence à
l’alkali volatil, & forme auffi un fel tres-différent
delà combinaifon dire&e.de l’acide libre avec cette
bafe. Voyeç T artre T risule am monia ca l.
On voit donc ici les bafes fe partager , pour
ainfi dire, en deux elaffes ; les unes qui, comme
la foude font reçues en fécond ordre avec la bafe
naturelle de l’acidule ; les autres qui, comme le
calce , fe refufent à cette concurrence , même dans
le cas où une portion de l’acide refte en combinaifon
avec cette bafe naturelle, & ou l’on ne peut dire
conféquemment que e’eft par la fiipériorité d’affinité
qu’elle s’empare de la totalité de l’acide. Il ferait
très-intéreffant d’examiner jufqua quel point
on peut faturer l’acide furabondant fans décotn-
pofér le fel neutre, & de déterminer fur-tout les cas
où cette décompofitiôn n’eft qu’une précipitation
opérée par la nouvelle bafe que l’on préfente à
l ’acide en quantité fuffi&nte pour It faturer. On
trouverait probabièment que le barote fe comporterait
comme le calce , mais il pourrait arriver
qu’une jufte dofe de magneße ne fit que s’unir à
l’acidule fans cfiaffer fa bafe naturelle.
L’acidule tartareux diffout, fans fe décompofer,
Yalumine ou terre de l ’alun & forme avec elle un
fel gommeux. M. de Laffonne avoit penfé qu’il
ne devoit ce cgraftère qu’à la combinaifon de la
terre avec l’aikaii du tartre, mais le tartre alumineux
fait par l’acide purr n’eft pas plus eryftal-
lifable. Voyez T artre trisule alumineux.
Les métaux fur lefquels l’acide tartareux libre
n’a aucune aâign , font encore moins attaqués par
l’acidule tartareux. Les chaux métalliques n’étant
pas en état de dccompofer le tartre de potaffe , il
femble au premier coup d’oeil qu’il ne puiffe ré-
fulter de leurs combinaifons que des fels triples,
& iL eft bien certain que c'eft le cas le plus- ordinaire
; cependant ne pourroit-ii pas arriver auffi
que quelque terre métallique eut , avec l’acide
tartareux libre, une affinité plus forte que celle
qui:unit cet acide au tel neutre ? IL y aurait alors
précipitation- de e t dernier, & formation féparée
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d’un fel tartareux métallique double, comme clans
le mélange de la craie : c’eft un phénomène dont
on ne s’eft pas encore occupé. Hors de ce cas ,
ce n’eft ni l’acide furabondant, ni le fel neutre
qu’il faut confidérer comme le vrai diffolvant ,
mais bien le compofé tout entier dans fon état
aétuel. D’après cela, on doit fe garder de juger
précipitamment par fimple analogie des affinités
gui peuvent, à un certain point, fe trouver différentes
de celles de l’acide pur , ainfi que des
propriétés des fels furcompofés qui en réfultenr.
Suivant les auteurs du Cours de Chymie de l’académie
de Dijon , l’acidule tartareux diffout le
précipité de platine, mais il n’attaque pas Yor ni
l'argent en maffe & ne s’unit pas même à leurs
chaux ; cependant M. Wenzel a obtenu avec l’argent
précipité par l’a lkali, une diffolution qui a été
précipitée en état de métal par le mercure. Je fuis
très-porté à croire qu’on réufliroït de même â
combiner la chaux d’or avec ce diffolvant.
L’acidule tartareux éteint ou calcine le mercure
par la trituration, il fe combine avec fa chaux par
la voie humide.
Il attaque le cuivre & la combinaifon qui en
réfulte forme la bafe d’une couleur connue fous le
nom de verd deBrunfwick raffiné. V»y. C ouleur.
Il agît très-puiffamment fur le fe r , faiblement
fur Y étain, un peu mieux fur le plomb & s’unit
facilement à leurs chaux.
Il fe comporte de la même manière avec les
demi-métaux ; il faut voir fur les propriétés de
fes fais métalliques les articles T artre trisule
d’ar g en t , T artre trisule m art ia l , T a r tre
trisule antimonial , &c. & c . Il eft re^
marquable que fon a&ion fur le plomb & fur
l étain eft plus marquée que celle de l’acide tartareux
pur.
De ce qu’il ne fe fépare point d’alkali lors de
la préparation du tartre émétique, on a cru nouvellement
avoir trouvé dans cette obfervation une
preuve que Talkali n’y exiftoit pas tout formé ,
mzis la découverte n’eft pas heureufe .* on fçair r
rl y a long temps que le tartre de potaffe on tartre
tartarifé diffout les chaux d’antimoine auffi bien
que l’acidule ou crème de tartre , Neuman fait
mention de cette combinaifon, ce phénomène a
été mis depuis dans un plus grand jour par l’illuf-
tre Bergman. ( Opufc. Tom. I Dijfertat. X. ) .
Il réfulte même de fes expériences que l’acide
complètement neutralifé par Talkali , agit tout
auffi effi cacement fur le verre d’antimoine et la
poudre d’algaroth que l’acide abfaiument libre ;
que ce dernier ne donne jamais avec les chaux
d’antimoine qu’une diffolution avec excès d’acide
& qui rougit les couleurs bleues végétales ; en un
m o t, que l’acide libre prtnd en effet moins‘de
poudre d’algaroth que racidtle tartareux : or ,
puifque la bafe alkaline influe d’une manière auffi
fenfible fur les propriétés du diffolvant, il n’tft