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dénomination de ce radical, en le diftinguant du charbon dans l’acception
vulgaire, en l’ifolant, par la penfée, de la petite portion de matière étrangère
qu’il recèle ordinairement, & qui conftitue la cendre, nous lui adaptons l’ex-
preffion modifiée de carbone , qui indiquera le principe pur , effentiel du
charbon, & qui aura l’avantage de le fpécifier par un feul mot, de manière
à prévenir toute équivoque.
La plombagine, qui n’eft que du carbonate uni au fer, prendra le nom de
carbure de fer, fuivant l’analogie établie.
L’acide muriatique, tiré du latin muria, muriaticum, avoit déjà pris la place
dbacide marin dans les Écrits de quelques Chymiftes ; mais il elt bien connu
qu’il forme un acide à part, en ce qu’il fe charge par excès d’oxigène, & que,
dans cet état, fon acidité paroît plutôt diminuer qu’augmenter, ce qui vient
peut-être de ce que l’oxigène retient dans cette combinaifon une plus grande
quantité de calorique. Quelle que fût la caufe de ce phénomène, il lui falloit
fans doute. une dénomination appropriée à ce caraétère particulier, que l’on a
jufqu’â ce jour défigné fort improprement par le nom d'acide marin déphlo-
gijliqué. Les expreffions d’acide muriatique oxigèné, de muriates oxigènés, nous
ont paru les plus fimples, les plus conformes à l’objet que nous nous fommes
propofé, de n’exprimer que les faits bien avérés. C’eft en fuivant toujours cette
règle, que nous avons formé les noms de toutes les autres combinaifons de
l’acide muriatique : le fublimé corrofif devient alors le mUriate mercuriel cor-
rofifi le mercure doux, le muriate mercuriel doux ; le fol produit par la diffo-
lution ordinaire d’étain dans cet acide, le muriate d’étain ; le beurre d’étain, le
muriate d’étain fublimé; la liqueur de Libavius, le muriate d'étainfumant, &c. &c.
L’analogie nous porte à croire que l’acide muriatique a une bafe acidifiable,
de même que les acides carbonique, fulfurique & phofphorique, qui fort également
à donner un caraftère propre & particulier au produit de la combinaifon
oxigène. Nous n’ayons dû défigner. cette fubftance que par l’expreffion
de radical muriatique ou principe radical muriatique, afin de ne pas donner
un nom à un être inconnu, & pour nous renfermer dans l’expreffion de la
feule propriété que nous lui connoiffons, qui eft en effet de produire cet acide.
Nous avons eu la même circonfpeéfion par rapport à tous les acides fur lefquels
les connoiffânces ne font pas plus avancées , & dont il efl très - poffible que,
dans la fuite, on découvre les bafes parmi des fubftances déjà nommées. Nous
fommes forcés de comprendre dans cette claffe jufqu’aux bafes des acides végétaux
& animaux, dont nous n’ayons pas encore d’analyfe exacte, malgré
la facilité avec laquelle on réfout ces compofés en leurs élémens.
La nature de la bafe acidifiable étant indépendante de la proportion dans
laquelle elle fe trouve unie à l’oxigène, il efl évident que le foufre, par
exemple, efl tout à la fois le radical fulfurique &.le radical fulfureux; mais
il convenoit de rendre cette expreffion uniforme pour tous les acides, & nous
nous fommes arrêtés à la terminaifon qui annoncera faturation la plus complète
de la bafe acidifiable. Ainfi, nous dirons : radical boracique, radical
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acétique , & même radical tartarique, &c. &c. quoique nous ne connoiffions
o u e l’acide tartareux, c’eft-à-dire, le radical tartarique uni a une tres-foible
portion d’oxigène, autant que l’on eh peut juger par les phenomenes de fa
combuftion. . ... , , . - , „ '
Le choix de l’une ou l’autre de ces terminaifons devenoit plus important
pour indiquer, dans les combinaifons acides elles-mêmes, ces différens états,
de faturation. Lorfqu’ils ont été .connus, nous n’avons pas héfité de faire prévaloir
l’autorité de la règle fur celle de l’habitude, en nommant, par exemple,
acide nitrique, celui où l’azote efl: pourvu de tout l’oxigène qu’il peut prendre ,
& .réfervant le nom d’acide nitreux à cet acide beaucoup plus foible, ou
la même bafe fe trouve unie à une moindre quantité d oxigène. ^
Suivant cette analogie, l ’acide phofphorique volatil, ou phlogiflique, efl devenu
Xacide phofphoreux ; les expériences de M. Berthollet fur le vinaigre
radical, ayant fait voir que ce n’étoit que le vinaigre ordinaire furcharge
d’oxigène (i) , nous avons cru devoir diftmguer Xacide acétique & 1 acide
acéteux. Cette diftinétion une fois établie, nous a donné les nitrates & les nitrites
, les phofphates & les phofphites, les acétates & les acétites, comme on
l’a vu pour les fels formés de l’acide du foufre : il n’y a d’exception que
pour le mot nitre, que, par refpeft pour fufage, nous avons confervé comme
fynonyme de nitrate de potajfe. . . . .
A l’égard des autres acides que l’on, n’a pas encore obtenus dans deux
états de faturation oxigène., & qui ne font peut-être fufceptibles que de l’un
ou de l’autre, nous devons avertir, que ne pouvant appuyer que fur de très-:
foibles conjectures le choix de la terminaifon appropriée à l’un de ces états,
nous n’avons eu, le plus fouvent, d autre motif, que d éviter des dénominations
défagréables à l’oreille, & de nous écarter le moins qu’il étoit poffible
de l’ufage : ce qui nous a paru une raifon fuffifante de préférence, jufqu’à
ce que de nouvelles découvertes ayant marqué la véritable claffe de ces
acides, le temps fût venu de faire çeder ces confiderations a 1 interet plus
réel de la Science & de la clarté de fa langue. Au furplus, nous avons toujours
gardé le rapport d’analogie qu’indiquent les terminaifons correfpondantes
de ces deux états des. acides & des fols qui en font formés. L’acide benzoïque
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des tanrites, &c. ÿ; _ ’ ., ,
Les acides cjue l’on retire 9 par diftillcUion? du tartre 9 des matières îucréçSj
du bois, &c. ont été nommés, par les .Chymiftes, efprits empyreumatiqu.es ;
il nous a paru important de faire entrer c e caraêfere dans leurs dénominations j
mais, pour en rendre l’expreffion d’un ufage plus commode, nous 1 avons réduite
au diffyllabe pyro. L’efprit empyreumatique du tartre devient, de cette manière
, Xacide pyrotartareux , & fos fels des pyrotartrites ; 1 efprit empyreu-
hiatique du bois, l’acide pyroligneux, & fos fels des pyrolignites; l’efprit em-
( i) Mém. de l’Académie royale des Sciences, année 1783 > p. 4° 3*