
Pour vérifier ou détruire cette conje&ure ,
Bergman a' fait des expériences, & il a trouvé
que le cobalt, faturé artificiellement d'acide arfe-
nical, étoit exa&ement femblable aux criftaux naturels
de cobalt rouge, excepté <|ue ces derniers
font quelquefois mêlés d'oxide d arfenic. L’arfe-
niate de cobalt n’eft pas foluble dans l’eau, à
moins qu'il n’y ait excès d'acide, & c’eft peut-
être ce qui empêche la féparation de l’arfeniate
calcaire lorfqu’on le verfe dans la diffolution du
muriate calcaire en liqueur, mais le réfultat eft le
même avec l’arfeniate de cobalt naturel & artificiel.
En évaporant à ficcité , on obtient l’arfeniate
calcaire.
Bergman a féparé l’acide arfenique de ce fel
doublement métallique au moyen de l’acide ful-
furîque, & en traitant le mélange évaporé à ficcité
ar l'alcool, qui ne diflout point le fulfate dé co-
alt, & fe charge feulement de l’acide arfenique
qui eft libre.
L’arfeniate de cobalt naturel ne fe diflout guère
dans l'eau, à moins qu'elle ne foit chargée de
quelqu’acide. Quand on le diflout par ce moyen,
il faut le précipiter par le carbonate de foude
pour avoir la quantité de cobalt métallique. Cent
parties de ce précipité repréfentent foixante-deux
& demie de cobalt. La combinaifon artificielle
d'acide arfenical .& de cobalt, lorfqu’elle a été
fuflîfamment defféchée, fe comporte abfolument
comme celle que donne la nature.
L’oxide de cobalt noir fe trouve ordinairement
en maffes folides : on l’appelle mine de cobalt vi-
treufe, on la pulvérife, on la diflout dans l’acide
nitro-muriatique ou dans l’acide muriatique, & on
l'examine comme les précédentes. Il n’eft pas encore
certain que l’acide carbonique exifte dans ces
mines.
Cette mine ne fe diflout que très-difficilement
dans l’acide nitrique j elle donne de l’acide muriatique
oxigéné en fe difîolvant dans l ’acide muriatique
ordinaire i ce qui doit la faire regarder
comme un oxide furoxigéné de cobalt.
§. X V . Des mines de [inc.
Plufieurs doutent encore que le zinc fe trouvé
réellement natif dans les blendes ou faufles galènes
: il eft minéralifé par le foufre > dans la coju-
perofe blanche native, par l’ acide fulfurique j dans
la pierre calaminaire oc les minesqu'on nomme
vitreufes, par l'oxigène, & quelquefois par l’acide
carbonique.
Si la nature offre quelque part du zinc métallique
natif, il eft facile d’en faire l’effai, puifqu'il
eft promptement diflous par tous les acides minéraux
, & que le zinc précipite lui-même tous les
métaux étrangers. Il eft rare qu’il y ait autre,chofe
que du plomb dans celui qui eft produir par l’art.
Les blendes qui contiennent le zinc minéralifé
par Je foufre & toujours mêlé de fe r , doivent
être traitées avec précaution dans l’acide nitrique,
pour en retirer le métal fans perte de foufre.'S'il
n’y a d’autre métal étranger que le fer, on le précipite
par le zinc j s'il y a plufieurs métaux , ‘on
calcine d'abord le fer en faifant évaporer plufieurs
fois de fuite de l’acide nitrique fur l’oxide de
ce métal. On fait enfuite une nouvelle diffolution,
foit par l'acide acéteux, foit par un autre diffol-
vant, fuivant les circonftances, & il ne s’agit plus
que d'examiner cette diffolution.
En employant de l’acide fulfurique , il fe forme
beaucoup de gaz hépatique, & encore plus avec
l'acide muriatique 5 6c comme ce fluide élaftique
emporte une partie du foufre, on doit préférer,
pour l’eflai des blendes, l’acide nitrique, en y apportant
les précautions convenables.
On diflout dans l’eau le zinc uni à l’acide fulfurique
, & on précipite par le carbonate de foude.
Soit A le poids du précipité, le poids du métal
correfpondant fera fjff A.
S’il y a du fe r , ce qui eft très-ordinaire, on
le précipite avec du zinc, dont on a d’abord pris
le poids.
On diflout dans un acide le zinc minéralifé par
l ’acide carbonique j on le précipite par le carbonate
de foude, ou par le prufliate de potaffe : dans
le dernier cas, le cinquième du poids du précipité
indique celui du métal en régule.
On a indiqué ailleurs en détail la manière de
découvrir la nature des gangues & des autres mélanges
étrangers.
Bergman a fait l’eflai d’une mine de zinc découverte
par M. Deborn, & il a trouvé qu’élle
étoit minéralifée par l’acide carbonique mêlé de
quelques particules de quartz. Cette mine fe rapproche
ainfi beaucoup de celle que l’on prenoit
pour une zéolithe avant que M. Pelletier l’eût
fait connoître (1). ( Journal dePhyJique, tom.XX,
pag. 420.7.
§. X V I . Des mines £ antimoine*
L ’antimoine ( ftibium ) ne s’èft préfe.nté jufqu’à
préfent que dans trois états , natif, minéralifé par
le foufre & par l’oxigène.
L'antimoine natif a été. trouvé, en 1748, par
le célébré Swab, dans une gangue calcaire à S.ahl-
berg : on l'a aufli trouvé à Allemond en Dauphiné.
Pour éprouver la pureté de ce métal, on emploie
l’acide nitrique concentré , qui le réduit en
oxide : s’il eft pur , il ne refte rien dans la diffolution
, ou lé peu qui s’y trouve eft bientôt précipité
par l’eau.
On diflout dans l’acide nitro-muriatique l’anti-
(0 La grande volatilité du zinc exige que l’efai dq
(es mines par la voie fèche fe faflè dans des vàfes fermés
, des cornues de terre, par exemple, à col large 5C
alongé. C Voye[ la Docimafiefeche, art. Zinc. )
moine
moine minéralifé par le foufre : la partie métallique
eft prife par ce diffolvant, & le foufre refte
pur. En mêlant à la diffolution de l’acide nitrique
concentré, & faifant bouillir la liqueur , elle dé-
pofe bientôt l'antimoine en état d'oxide : on l'éprouve
enfuite, fuivant les circonftances, ou par le
prufliate de potaffe ou par un autre précipitant.
L’antimoine fulfuré devient roügeâtreau moyen
d’une certaine quantité d'arfenic j il préfente fou-
ventrdes filets en très-beaux fàifceaux, qui partent
du même centre. Voici la manière d'y découvrir 1 arfenic. On fait bouillir doucement l’antimoine
dans l'acide nitro - muriatique-, pour féparer le
foufre pur; la diffolution claire contient l'antimoine
& 1 arfenic : on y verfe de l'acide nitreux
concentré, &on fait bouillir pour què l'antimoine
oxide fe^ précipite en chaux blanche que l'on recueille
lur le filtre $ on fait évaporer à ficcité la
liqueur qui a pafle par le filtre j elle laiffe l'arfenic à l'état d'acide arfenical.
On;peut encore employer l’alcali cauftique, qui,
a 1 aide de la>chaleur, fe charge en même tems du
foufre & de l’antimoine : ce moyen convient fur-
tout lorfqu il s’agit de féparer l’argent ou les autres
métaux qui ne fe laiffent point attaquer par ce diffolvant.
Il fe forme à la vérité un fulfure alcalin
dans cette opération , mais il ne diflout rién, ou
du moins bien peu de chofe.
L’oxide natif d’antimoine , tel que celui qui fe
trouve à Allemont, peut être effayé par l’acide nitrique
qui diflout le fer, l’arfenic ou tout autre métal
qui pou|*roit y être mêlé, & né touche pas fenfible-
ment à 1 antimoine, furtout fi on a fait bouillir allez
long-tems. Pour favoir fi cet oxide contient de la
filice, il faut le traiter par l’acide muriatique concentré
qui en opère la diffolution, & laiffe la terre
dans fa pureté : s'il y avoit quelqu'autre terre ,
on pourroit les féparer de l'antimoine en précir
pitant celui-ci de fa diffolution concentrée par
l'addition de l’eau.
§. X V I I . Des mines de manganèfe.
Ce métal accompagne la plupart des mines de
fer, même celles qui font minéralifées par le foufre,
ainfi qu’il a été dit §. III. Ce métal a cependant
fes mines particulières, dans lefquelies il
forme la plus grande quantité , mais qui fe rencontrent
bien plus rarement : on ne l'a point encore
trouvé narif ni minéralifé par le foufre. Sa mine
en oxide eft plus commune, &c fe préfente fous
différentes formes j il eft très-fouvent pur & noir,
quelquefois minéralifé par l’acide carbonique.
La mine de manganèfe en oxide pur a une couleur
noire ou rouge, qui tient en partie du brillant
métallique, en partie de la couleur terreufe:
ces diverfes nuances ne peuvent être attribuées
qu à des quantités différentes d’oxigène.
On pulvérife ces mines, op les jette dans l'acide
nitrique, auquel on ajoute une petite portion de
Tom, 1 V~*
fucre, car on fait que l’oxide de manganèfe au
maximum, élude l'aétion des acides, à moins qu’il
ne fe trouve quelque matière qui lui enlève une
portion de fon oxigène. On verfe à plufieurs re-
prifes de nouvel acide, & toujours avec du fucre,
jufqu’à ce qu'il ne fe faffe plus aucune diffolution
à la chaleur de la digeftion : on réunit toutes les
liqueurs, & on les précipite par le carbonate de
foude. Soit le poids.du précipité blanc A , le régule
correfpondant fera A.
Ce qui refte fans être diflous eft de .la gangue
ou un mélange de corps étrangers.
Le manganèfe minéralifé par l'acide carbonique
fe trouve rarement pur j cependant il e'ft à peine
mêlé d§ fer dans la mine d’or de Nagyaye, dont
elle forme la gangue : du,moins fa diffolution ne
donne-t-relle pas.de bleu par le prufliate de potaffe.
La quantité de fer y eft ordinairement bien plus
confidérable , comme dans les mines de fer blanches.
Au refte, ces mines fe traitent de la même
manière: .que celles dont il a été queftion dans la
feétion précédente.'
Pour féparer le fer lorfqu’il eft un peu abondant,
ou du moins la plus grande partie, on fait évaporer
plufieurs fo is , à ficcité, de l’acide nitrique fur
la mine jufqu’à la faire rougir j après cela on la dif-
fout dans le vinaigre concentré ou dans de l ’acide
nitrique,délayé, auquel on ajoute un peu de fucre :
ces diffolutions ne tiennent que le manganèfe pur
ou chargé de très-peu de fer.
Le manganjffe , précipité de l’acide nitrique par
k prufliate de potaffe , fe rediffout en entier dans
l’eau diftillée : cette propriété, offre un nouveau
moyen de féparer le manganèfe du fer qui l ’accompagne.
Cette propriété fert^ très-bien à faire recon-
noître tout de fuite l’exiftence du manganèfe dans
un minéral, & même dans le fer j mais on ne doit
pas s'attendre à obtenir par-là une féparation complète
,des deux métaux : très-fouvent dans ces cas
la liqueur qui paffe par le filtre, emporte toujours
des particules bleues , qui fuffifent pour déceler la
préfence du prufliate de fer.
On ne fait pas encore fi le manganèfe fe trouve
quelque part avec l’acide muriatique.
Le moyen indiqué ci-deffus a fait découvrir à
M. Guytoh la préfence de ce métal dans les eaux
minérales de la côte de Châtillon, en Bugey 5 mais
il y eft minéralifé par l'acide carbonique j ce qui
lui a fait dire que le carbonate de manganèfe eft
fans doute plus commun qu'on ne penfe dans les
eaux minérales. Si on ne l'a pas découvert, c'eft
qu'on ignoroit les moyens de le reconnoîcre (1).
§. X V I I I . Du tellure.
C eft un métal caffant, dont Afuller & Bergman
• (i)M . Hielm a trouvé aufli ce métal dans des eaux
minérales, près du lac de Vetcern.
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