
rendu entier de la liqueur évaporée à ficcité ,
aptes l'avoir brûlé, & en leflivant fon charbon : ii
elt alors blanc & pur.
L'acide amnique, extrait & purifié par le procédé
indiqué , eft blanc , brillant, légèrement
aigre , rougi (Tant le tournefol , peu fpluble dans
l ‘eau froide, un peu plus foluble dans Veau bouillante
, qui le laifl'e dépofer en criftaux par le re-
froidiiftment. Il fe bourfoufle fur les charbons
allumés, noircit, exhale de l'ammoniaque & de
l'acide pruflique, iaiiTe un charbon a (fez volumineux.
Les alcalis le rendent très-foluble, & il en
eil précipité en poudre blanche criftalline par. les
acides. Il ne décompofe les carbonates alcalins
que par la chaleur ; il ne précipite point les Tels
terreux ni les nitrates de mercure, de plomb &
d'argent. Il a quelques rapports avec les acides
muqueux ou fachla&iquesSç uriques ; mais il diffère
du premier en ce que celui-ci, infoluble dans ƒ alcool
, ne donne ni ammoniaque ni acide pruflique
au feu » du fécond, parce que ce dernier ne crif-
tallifant pas comme lui, eft infoluble dans l’alcool,
fe colore d'ailleurs à l'air, & devient rouge par
l'acide nitrique.
8. Quant à la matière extra&iforme colorée qui
exifte dans Veau de Vamnios de la vache, elle eft,
comme l'acide, d’une nature particulière. Voici
les caractères que les auteurs de cette analyfe y
ont reconnus. Elle, eft d'un rouge-brun, d'une
faveur faline fingulière, d'une odeur forte , analogue
à celle de l'urine évaporée, très-foluble
dans Veau qu'elle colore fortement, infoluble dans
l ’alcool qui la fépare de Veau ; elle donne, à la
diftiUation de l'ammoniaque, une huile empyreu-
matique & de l'acide pruflique, comme une véritable
fubftance animale. Mife fur- les charbons
allumés , elle fe gonfle, fe bourfoufle beaucoup,
répand d’abord une odeur de pain brûlé, enfuite
elle exhale celle de l'huile, de l'ammoniaque, &
enfin de l’acide pruflique. Elle s’enflamme, & laifle
un charbon volumineux, facile à incinérer, dont
la cendre très-blanche eft du phofphate de magné-
fie i elle donné à Y eau une certaine.vifcofité mouf-
feufe ; elle ne prend point la forme de gelée, &
ne s'unit point avec le tannin. L'acide nitrique la
décompofe, en dégage du gaz azote & du gaz
acide carbonique, fans la convertir elle-même en
acide. Ses propriétés la font différer de toute autre
fubftance animale.
Ces faits fur l'eau de Vamnios de la vache, en
montrant une grande différence entre ce liquide
& celui qui exifte dans la femme , prouvent combien
il eft important de multiplier l’examen chimique
des matières animales.
Eau de chaux. L'expreflion à!eau de chaux eft
depuis long-tems en ufage pour défigner la diffo-
lution de chaux dans Veau. Cetteeau ou cette dif-
folution, qui ne contient que quelques millièmes
de fon poids de chaux, eft cependant âcre, chaude,.
urineufe, un peu, plus lourde que Veau diftiïlée*
elie verdit le firop de violettes, fe trouble parle
conta# de l'acide carbonique, fe couvre d’une
pellicule par le conta# de l’ air, précipite par les
acides phofphoriques & oxaliques. C’eft un réactif
très-employé, très-utile dans les laboratoires ;
c’eft auffi un remède dont les médecins obtiennent
de grands fuccès dans quelques cas, & fur-
tout dans les ulcères, l’afcefcence des premières
voies , &c. ( Voye% le mot Chaux.. )
Eau de citerne. Dans les villes qui n’ont pas
de fleuves ou de rivières , ou qui en font trop
| éloignées; dans celles que des, raifons de com-
: merce ou le caprice des, conquérans ont fait éle-
: ver fur des lieux élevés , fecs & arides, le défaut
; d'eaux courantes a forcé ceux qui lès ont conf-
• truites, d’y creufer des citernes pour y recevoir
& y recueillir Veau des pluies, où elle eft confer-
. vée pour lés tems de. fëchereffe.
I Cette eau eft la plus mauvaife de toutes lorf-
: qu’elle eft gardée un certain tems. Non-feulement
elle eft privée d’ air, mais elle contrarie, par une
longue ftagnation & fouyent par fon aélion fur
: les parois, une faveur de moifi, une odeur déf-
• agréable, & cous les cara#ères d’une eau crue
! & dure. On eft obligé, pour s’en fervir fans err
: être incommodé , de la faire bouillir, de l’eXpo-
J fer enfuite à l’air pour la rapprocher de l’eau des
rivières.
Eau de CRISTALLISATION. Veau de criftalli-
fation eft la portion de liquide que les fels entrai-'
. nent avec eux, & qui fe trouve combinée dans
leurs criftaux. On croit que , logée entre les petites
lames qui conftituent les criftaux par leur
rapprochement, elle fert de lien ou de gluten
entr’elles.
Elle exifte en quantité très-variée dans les dif-
férens fels. Quelques-uns, comme le fulfate de
foude, l’alun, &c. en contiennent affez pour fe
liquéfier par la chaleur,.& éprouver ce qu'on
nomme la fufion aqueufe. On la reconnoît.en ce
quelle ceffe par la continuation de la chaleur, 8c
en ce que les fels fe deffèchent peu à peu, D’autres
en tiennent trop peu pour éprouver cette-
fufion , & lorfqu’on les chauffe brufquement ,
comme lorfqu’on les jette fur les charbons ardens,
leur eau de cri(lalüfation , raréfiée fubitement ,
chaffe devant elle les molécules falines, qui frappent
l’air, & font naître ainfi le phénomène
connu fous le nom de décrépitation: Tels font le
fulfate de potaffe , le fulfate de chaux, le mûri
ate de foude, &c.
L ’eau de. criftallifation adhère plus ou moins fortement
. aux fels qui la. contiennent. Les uns la
cèdent plus ou moins facilement à l'air fec auquel
on les expofej alors ils fe deffèchent à leur fur-
face , perdent leur tranfpavence, & quelquefois
même leur forme 5 de manière qu'ils tombent eit
pouflîère. On nomme ce phénomène efflorefcence.
D’autres ne cèdent point leur eau à l’air, & n’y
éprouvent point d’altération : il en eft quelques-
uns qui, loin de fe laiffer enlever leur eau de crifi
tallifation par l ’air le plus fec, lui enlèvent au
contraire celle qui eft diffoute, s’hume#ent &
même fe fondent à l’air : on les nomme déliquef-
cens. Les fels les plus efflorefcens font le fulfate
de foude & le carbonate de fonde, qui fe rédui-
fent entièrement en pouflière à l’air. Les fels,
dont l’efflorefcence fe borne à leur furface, font
le fulfate de magnéfie, l’alun, le borax, &c.
Enfin, les plus déliquefcens font le muriate de
foude, de chaux, de magnéfie; les nitrates de
chaux & de magnéfie, & c.
L'eau de criftallifation n’eft pas de Veau pure ;
c’eft une diflolution faturée du fel dans lequel
elle exifte. Lorfque la chaleur la dégage des fels,
ou lorfque l’air l'enlève aux criftaux, l’un & l’autre
de ces agens ne féparent que de Veau pure, &
laiffeht par conféquent la plus grande partie du
fel que contenoit cette eau. ( Voye£ les mots
Cristallisation, 6 e l s , Efflorescence,
Déliquescence )
Eau de l u c e . On 'appelle eau de luce une préparation
chimico-pharmaceutique , qui confifte à
unir de l’ammoniaque à de l’huile volatile de fuc-
cin : c’eft une liqueur favonneufe un peu opaque,
d’une odeur forte & vive, qu'on emploie à l’extérieur
pour faire revenir les perfonnes qui fe
trouvent mal, pour calmer les douleurs qui ré-
fultent des piqûres des infe#es, & qu’on a donnée
à l’intérieur à la dofe de quelques gouttes
dans des tifanes pour exciter la fueur & ranimer
les forcés. On s’en eft fervi avec un grand fuccès
pour des hommes mordus par des vipères, & l’en
a cité avec enthoufîafme une belle cure faite par
Bernard de Juflieu avec ce médicament, dans une
herbôrifation à Montmorency. On trouve dans
le Diélionnaire dé Macquer, un article qui contient
des détails affez intéreflans fur la préparation
de Veau de luce, pour mériter d’être placée
ici. ' -
Veau de luce eft une efpèce dé favon volatil &
en liqueur, dont l’odeur eft très-forte & très-pénétrante.
Cette liqueur eft compofée d’alcali volatil
fluoré du fel ammoniaque fait par la chaux, &
l’huile de fuccin rectifiée ;, qu’on mêle enfembley
de manière qu’il en réfulte une eau d’un blanc
niât & laiteux. Elle fert, par fon odeur vive &
irritante, à exciter les éfprits dans les cas d’apoplexie
, de fuffoçation, d’évanouiffement & autres
, queur laiteufe, telle qu’on la defire ; mais cette
couleur n’ eft point de durée ; elle difparoît par le
repos & en affez peu de tems, foit parce que
l’alcali volatil diflout complètement l’huile de
fuccin lorfqu’il y en a peu , foit parce que cette
huile fe débarraffe d’entre les parties de l’alcali
volatil, & fait bande à part : cela arrive lorfqu’ il
y en a une affez grande quantité. Dans l’un 8c
l’autre cas, la liqueur devient claire & tranfpa-
rente. Or, la beauté de Veau de luce eft de conserver
femblables.
U eau de luce ne fe peut bien faire fans le fe-
cours de quelques manipulations particulières ;
car fi l’on fe contente de mêler & d’agiter en-
femble l’éfprit volatil du fel ammoniaque & l ’huile
de fuccin rectifiée, il en réfulte à la vérité une lis ,
toujours fon blanc laiteux. Voici une recette
par le moyen de laquelle on peut faire de Veau de
luce excellente.
Prenez quatre onces d’efprit-de-vin reCtifié,
diflolvez-y dix ou douze grains de favon blanc;
filtrez cette diflolution; faites diffoudre enfuite
dans cet efprit-de-vin chargé de favon, un gros
d’huile de fuccin reClifiee, & filtrez de nouveau
à travers le papier gris ; mêlez de cette diflolution
dansTefprit volatil de fel ammoniaque , le plus
fort & le plus pénétrant, jufqu’ à ce que le mélange
, qu’on doit faire dans un flacon, & qu’ort
doit fecouer à mefure qu’il fe fait, foit d’un beau
blanc de l'ait bien mat. S’il fe forme une crème à
la furface, ajoutez-y un peu de l 'efprit-de-vin
huileux. En général, le point effentiel pour réuf-
fir à faire de bonne eau de luce, c’eft d’employer
de l’alcali volatil cauftique le plus fort -& Je plus
déflegmé qu’il eft poflible.
Cette recette eft de l’auteur de l’édition fran-
çaife de' la Pharmacopée de Londres : on la trouve
dans cet ouvrage très-bon par lui-même,mais devenu
excellent par une infinité d’obfèrvations, de
'remarques & d’expériences qui appartiennent en
propre à cet auteur^
Eau de mer. Veau de mer eft une diflolution ,
en proportions très-variées, de plusieurs fels, &r
furtout de muriates & de fulfates de foude, dé
chaux & de magnéfie. Les muriates l’emportent
en général fur les fulfates.
J’inférerai ici l’article que Macquer a confîgné,
fur Veau de la mer , dans fon Dictionnaire de chimie,
& la Differtation de Bergman fur cette eau prife
affez profondément. J’ajouterai enfuite quelques
réflexions fur ce liquide.
« Il y a fur la furface de la terre, dit Macquer,
une immenfe quantité d'eau qui, bien loin d’être
pure, eft au contraire chargée de beaucoup de
fels de différentes efpèces : telle eft toute Veau dè
la mer, & celle d’un grand nombre de lacs , dé
puits & de fontaines falées. Il réfulte de là que la
quantité d'eau fàlée, qui eft fur la terre, furpaffe
de beaucoup celle de Veau douce.
On peut dire en général que toutes les eaux naturellement
falées contiennent plufieurs fortes dé
féls diftérens : ces fels font du fel commun ou marin3
du fel de Glauber , de la félénite , du fel d'Epfom &
du fel marin a bafe terreufe. Ces fels font en différentes
quantité & proportion, fuivant la nature