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lu? être fubftitués avec plus ou moins de fuccès,
à réducation de la cochenille & à fa préparation
( i) .
Deux mois après que les mères mifes en ré-
ferve ont été femées fur le nopal, on voit fortir
de leur fein quelques petites cochenilles : c’eft le
moment où il faut en taire la récolte. On les fait
mourir dans l'eau bouillante. Les plaques de fer
chaud & le four, dont on fait ufage quelquefois,
peuvent détériorer les cochenilles par une trop
grande chaleur. Après qu'on les a retirées de
l'eau , on les fait fécher avec foin à un grand
foleil. Elles perdent près des deux tiers de leur
poids dans la defliccation.
Quand la cochenille fine eft fèche , on doit la
paflér par un crible affez large pour lui donner
paflage , mais qui puiffe arrêter les bourres & le
coton des larves des mâles. On met à part les
boiirres, & on les vend féparément ou avec la
cochenille filvefire.
La cochenille fine, qui a été bien féchée &
bien confervée , doit avoir une couleur d un gris
tirant fur le pourpre. Le gris eft l'effet d’une poudre
qui la couvre naturellement, & dont elle a
confervé une partie : la nuance pourpre eft due à
la couleur qu’a extraite l'eau dans laquelle on 1 a
fait mourir.
La cochenille fe conferve long-tems dans un
lieu fec. Hellot dit qu’il en à eflayé qui avoit cent
trente ans d’ancienneté, & qui produifoit le même
effet qu’une cochenille nouvelle.
On a cru affez généralement que la cochenille
devoir fa couleur au nopal fur lequel elle v it,
& dont les fruits font rouges $ mais Thiéri de
Menonville obferve que le fuc qui lui fert de
nourriture eft verdâtre, & quelle peut vivre &
le perpétuer fur des efpèces d opuntia, dont le
fruit n’eft pas rouge.
La décoétion de cochenille eft d’un cramoifi
tirant fur le violet.
Une petite quantité d’acide fulfurique a fait
prendre à cette liqueur une couleur rouge tirant
fur le jaune: il s’eft formé un petit précipité d ’un
beau rouge.
La diflolution du tartre a changé la liqueur en
rouge-jaunâtre. Iks’eft formé lentement un petit
précipité d’un rouge-pâle : la liqueur furnageante
eft reliée jaune. En y verfant un peu d’alcali, elle
a pris une couleur pourpre L alcali a diffous rapidement
le petit précipité , Sr la diflolution étoit
pourpre. La diflolution d’étain a formé un précipité
rofe avec la liqueur jaune.
La diffoiution d’alun a éclairci la couleur de
J’infulion, & lui a donné une teinte plus rouge.
Il s’eft formé un précipité cramoifi, & la liqueur
(1) Traité de la culture du nopal & de [éducation
de la cochenille dans les colonies françaises de l'Amérique,
précédé dun voyage à Guaxaca, pat M. Tnien
de Menonville. Am, de chim. ram. Y.
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furnageante a conferve une couleur de cramoifi
un peu rougeâtre.
Le mélange d'alun 8c de tartre a produit une
couleur plus claire, plus v iv e , & t^.ra.nt. *ô
rouge-jaunâtre. Il s'eu formé un précipite beaucoup
moins abondant, & beaucoup plus pale que
dans l'expérience précédente. a
La diflolution dJétain a formé un depot abondant
d’un beau rouge. La liqueur qui furnageoit,
étoit claire comme de l'eau, & n a point change
de couleur par l’affufion de l'alcali. ,
Ayant verfé la diffoiution de tartre, 8c apres
cela de la diflolution d'étain, il s’eft formé P’uS
promptement que dans l'expérience precedente ,
un dépôt rofe tirant fur le lilas ; 8c quoiqu on ait
ajoute une furabondance de diflolution d etain,
la liqueur furnageante eft rçftée un peu jaune.
La diflolution du muriate de foude a rendu la
couleur un peu plus foncée , fans troubler la
liqueur.
Le muriate d'ammoniaque a donne une nuance
de pourpre fans occafionner de précipité.
Le fui fa te de foude n'a produit aucun changement
fenfible dans la liqueur.
Ayant fait bouillir un peu de cochenille avec
moitié de fon poids de tartre , la liqueur tiroit
plus fur le rouge, & avoit une couleur beaucoup
moins foncée que celle qui provènoit d une égale
quantité de cochenille fans tartre > mais la première
a donné, avec la diffoiution d etain , un
précipité plus abondant, qui avoit une couleur
plus intenfe 5 de forte que le tartre favorife la
diffoiution des parties colorantes de la cochenille.
Quoique la couleur de la diffoiution foit moins
foncée , le précipité qui en provient par la diffo-
lution d'étain a une nuance plus vive.
Le fulfate de fer a formé un précipité violet-
brun. La liqueur furnageante eft reftée claire >
avec un oeil de feuille morte.
Le fulfate de zinc a formé un précipité d'un
violet foncé. La liqueur furnageante eft reftée
claire & fans couleur.
L ’acétate de plomb akdonné un précipité violet-
pourpré , moins foncé que le précédent. La liqueur
furnageante eft reftée claire.
Le fulfate de cuivre a produit un dépôt violet,
qui s'eft formé lentement. La liqueur furnageante
eft reftée claire & violette.
Si l'on fait digérer dans l’alcool l'extrait que la
décoétion de cochenille donne par l'évaporation,
les parties colorantes fe diffolvent, & biffent un
réfidu qui ne retient qu’une couleur de lie de
vin, que de nouvel alcool ne peut lui oter. Cette
partie donne dans l’analyfe par le feu, les produits
des fubftances animales. j
L'alcool de cochenille laifle , par 1 évaporation
, un réfidu tranfparent, qui eft d'un rouge
foncé, 8c qui ; lorsqu'il eft fec , a l'apparence
d'une réfine. Il donne également, par la diftij-
lation, les produits des fubftances animales ; de
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forte que cette partie colorante eft une fubflance
T a ^cochenille mefeque a été c o û t é e : avec la
cochenille Rlvcdre du Mexique , & celle qui avoir
été élevée à Saint- Domingue & envoyée par
F rlLay 'décoaion de la cochenille filvefire a | I
même nuance que celle de la cochenille de Saint-
Domingue. Cette nuance tire plus fur le ciamoifi
que celle de la cochenille tnefieque ; mais les pre-j
B S qu’on en obtient, M par
d’étain ‘Voit pat i’ alun L (ont d une couleur patfai,
temement égale à ceux de la cochenille méfiée
& ce lont ces précipités qui colorent les étoile s
en fe combinant avec, elles. . , . . .
I On s’eft fervi de l’acide muriatique _ oxigene
pour déterminer la proportion des parties colorantes
que les décodions de differentes cochenilles
contenoient. On a fait bouillir pendant une
heure un poids égal de chacune des trois coche-
nilles, en rendant routes les circonftances autant
égales qu’il étoit poffible. Ces trois décodions
filtrées ont été verfées chacune dans un cylindre
de verre gradué, & on y a mele du meme acide
muriatique oxigéné , jufqu’à ce qu elles aient
toutes trois été amenées à la même nuance de
jaune.. Les quantités d’ acide qui reprefentent les
proportions de parties colorantes fe font trouvées
a peu près dans le rapport des nombres fuivans î
huit pour la cochenille de Saint-Domingue , onze
pour la cochenille filvefire du commerce , dix-huit
pour la cochenille fneftéque. ^
On voit donc que la cochenille de Saint-Domingue
eft non - feulement fort inférieure à la
iU. cochenille mefièque , mais même a la cochenille fit-
vefire du Mexique, & effectivement elle eft beaucoup
plus cotonneufe & plus petits ; mais ces
défavantages ne doivent pas diminuer le zèle de
ceux qui s'occupent de fon éducation.
v Les obfervations de Thiéri de Menonville ont
déjà prouvé que la cochenille filvefire perdoit de
fon coton, & devenoit plus groffe par une fuc-
«ceffion de générations foigneés , & , dans \eê
commencemens , l'on a été obligé d'employer
des nopals qui n’ avoient pas atteint la groffeur
néceffaire.
: Relativement à la qualité de la couleur, on a
vu que la cochenille ae Saint-Domingue ne le
cédoit pas à la cochenille mefieque ; mais fi le
coton dont elle eft recouverte pouvoit nuire ,
dans les opérations en grand, à la beauté tle
l'écarlate , dont l'éclat peut être fi facilement
altéré, on en trouveroit un emploi avantageux ,
foit pour les demi-écarlates, foit pour les cra-
moifis & les autres nuances, qui font moins délicates
que la plus vive des couleurs. 4* D'ailleurs, la cochenille filvefire fe trouve dans
plufieurs parties de l'Amérique feptentrionale : le
doCteur Garden l'a obfervée dans la Caroline
^ méridionale & la Géorgie ; elle exifte auffi à la
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Jamaïque , & il pourra s’en trouver qui égale
celle du Mexique. Bancrôft en a examiné qui
venoit du Bréfil, & il en a obtenu une couleur
égale en beauté à celle de la cochenille mefieque :
elle en donnoit la moitié autant.
Anderfon avoir cru trouver la cochenille fil-
vefire à Madras ; mais les efpérances qu'il avoir
données ne fe font pas réalilées. L'infeCte qu'il
a pris pour la cochenille paroît fe rapprocher du
kermès, félon Bancrôft, & les epreuves qu'il a
faites fur un échantillon qui lui avoit été envoyé,
lui ont fait voir que cet infeCle ne pouvoit donner
aux étoffes qu'une couleur brune de chocolat,
qui à la vérité ?ft foli.de.
On peut obierver un caraCtère diftinCtif entre
la cochenille 8c la garance, dans leur manière de
fe comporter avec les réaCtifs. L'une & l'autre
reçoivent une couleur jaune des acides î mais fi
l’on fépare les parties colorantes de la cochenille
par une fubftance qui les précipite de la liqueur
acide , elles reparoi fient avec leur couleur naturelle
peu changée, au lieu que celles de la garance
retiennent une nuance jaune ou fauve : de là
vient que les mordans qui ont un acide abondant,
tels que la diffoiution d'étain, lont employés avec
beaucoup plus de fuccès avec la cochenille qu'avec
la garance. Cet effet eft probablement dü à ce que
la combinaifon de la partie colorante de la garance
avec l'oxide d'etain retient ,pne portion
d'acide , 8c que celle de la partie colorante de U
cochenille n’en retient pas, ou en retient beaucoup
moins.
Le carmin eft la laque que l'on obtient de la
cochenille par le moyen de l'alun; mais on mêle
à la cochenille une certaine proportion d'autour t
qui eft une écorce qui nous vient du Levant, &
qui eft d'une couleur plus pâle aue la canelle :
ordinairement on ajoute encore du chouan , qui
eft une femence d'une efpèce inconnue , qui nous
vient auffi du Levant, 8c qui eft d’un vert-jaunâtre.
Il y a apparence que ces deux fubftances
fourni fient, avec l'alun , un précipité jaune, qui
fert à éclaircir la couleur de la laque de la cochenille
, de même qu'une partie colorante jaune
fert à donner à l'écarlate une couleur de feu.
On fait aujourd'hui un carmin fupérieur par un
procédé qui n’eft pas public. Le carmin fe pré-
paroit autrefois avec le kermès, d’où il tire fon
nom.
COHÉRENCE , COHESION. On a déjà fait
obferver au commencement de l'article adhérence
& adhéfion , que ces expreflîons ne dévoient
point être confondues avec celles qui font le
fujet de celui-ci. En effet , adhérence eft la force
qui retient des corps de nature différente, comme
attachés l’un à l'autre, & cohérence eft celle qui
retient les molécules femblables d'un même corps,
lices plus ou moins fortement entr'elles ; &
comme le mot adhéfion exprime la première force