
violettes, puces, 8c généralement toutes les nuances
qu'on donne avec l’orfeille, le fer, les aftrin-
gens, 8c les bleus autres que l'indigo & le bleu de
Pruffe. Ils détruifent les jaunes légers, & font
paffer le vert au bleu fur les étoffes de laine. Les
alcalis font paffer au violet les rouges de Bréfil,
de campêche , d'écarlate j jauniffent le vert fur
drap de laine : la fueur produit le même effet,
& fe comporte en tout comme les alcalis ; les
acides rendent les jaunes plus pâles j les alcalis les
rembruniffent, & donnent à quelques-uns une
teinte orangée ou rougeâtre. Le rocou , qui eft
très-employé pour teindre fur la foie, fe comporte ‘
différemment avec les feis; les alcalis le jauniffent
& le font paffer à l'aurore ; les acides le ramènent
au rouge* orangé en détruifant l'effet des alcalis.
» Une fois qu'on connoîtla nature de la tache,
l’artifte peut aiférrtent lui appliquer le réa&if qui
lui convient. Les alcalis, les favons, les jaunes
d'oeufs, les huiles volatiles, lés terres graffes, enlèvent
aifément les corps gras de deffus les étoffes.
» Les acides, furtout l'oxalique 8c le citrique,
diffolvent aifément les oxides de fer.
» Les alcalis rétabliffent prefque toutes les couleurs
altérées par les acides, 8c réciproquement.
» Les taches de fruits difparoiffent par l'acide
fulfureux : il fuffit même de l’aétion de la terre
gralfe lorfqu'elles font récentes..
m L'acide muriatique oxigéné décraffe toutes
.les couleurs végétales j mais par cela même on ne
eut s'en fervir que pour détacher les étoffes
. îanches.
*» Mais ce n’eft pas tout que de connoître la
fubftance qui peut enlever une tache ou rétablir
une couleur altérée ; il fe préfente encore d'autres
difficultés à vaincre: la première naît-de la
complication ou mélange de matières qui forment
les taches, telles que celles de camoouis, de
boue., d 'e n c r e& c. &c. j la fécondé provient de
l'altération qu'on apporte forcément à certaines
couleurs lorfqu’on applique le réa&if convenable
pour enlever la tacnei la troifîème dérive
de la nature même de l’étoffe, qui exige des précautions
très-particulières î 8c la quatrième enfin
dépend du genre de couleurs qui, pour être les.
mêmes en apparence , n'en produisent pas moins
des effets tout diflférens avec les divers réadifs,
» Dans le prenrer cas, c'eft-à-dire, lorfque la
tache éfl compliquée , il faut alors recourir à divers
moyens qu'on emploie fucceflivement. Par
exemple , s'il s’agit d'effacer du cambouis , on
commence par diffoudre la graillé, on lave enfuite
avec beaucoup de foin pour enlever une grande
partie du principe colorant, & on applique en
•dernier lieu l’acide oxalique pour détruire l'im-
preflion de rouille qui avoit réfîfté aux premiers
agens.
» Dans le fécond, c’eft-à-dire , dans le cas où
l'on altère la couleur par l’application d’un réa&if,
b rétablit par des moyens fimples, pris dans
la nature même du principe colorant ou dans ceHe
du réaêtif employé. Lorfqu'on détruit l'effet d'un
acide fur les b runs, les violets , les bleus, les
ponceaux par le moyen des alcalis, on fubftitue
prefque toujours au rouge qui s’étoit développé,
une teinte légèrement violette, mais une foible
diffolution d’étain rétablit la première nuance.
Lorfque l'étoffe a été engallée, & que la couleur
plus ou moins brune qu’on lui avoit donnée par
le feu, a été mangée par l'application fucceflive
de plufieurs réadifs, il fuffit d’une diffolution de
fulfate pour la faire revivre. Si l’on enlève un
corps graiffeux de deffus le jaune par le fecours
des alcalis, la couleur brunit j mais les acides lui
redonnent bientôt fon premier éclat. Des toiles
de coton imprimées_en bleu à trois nuances ,
bouillies dans une leffive alcaline, fe décolorent :
il ne refte plus que des empreintes d’un vert-fale,
qui marquent à peine les traces du deffin primitif.
» La nature de l'étoffe commande encore des attentions^
qui déterminent le choix force de tel
ou tel réadif, & ne laiffent prefqu'aucune latitude
alafantaifie de l'artifte. Les acides & les alcalis
altèrent aifément la foie 8c la laine} ils n'affedent
le fil & le coton que lorfqu'ils font concentrés.
Parmi les réadifs, il en eft dont- on peut (faire
choix de préférence à d’autres qui, pour être en
'apparence de même nature, produifent cependant
des effets très-différens. Les acides végétaux font
peu corrofifs, & n’altèrent en général ni les étoffes
ni les couleurs. L’acide fulfureux eft moins def-
trudeur que le fulfurique, quoiqu’affoibli ; il peut
enlever des taches de fruit fur des foies bleues &
rofes, & fur des toiles de coton , jaunes, fans toucher
aux couleurs malgré qu'elles foient très-fugaces.
L'ammoniaque agit fur les couleurs avec
une grande activité > il neùtralife aifément l’effet
des acides, nuance de la manière la plus brillante
les teintes de campêche & ne détériore point les
étoffés : ces qualités le font préférer aux alcalis
fixes. Enfin comme toutes les matières qui donnent
une même couleur ne font pas de la même
nature, il doit s'enfuivre une grande variété d'effets
de la part du même réadif. Par exempte,
le bleu peut être fourni par l'indigo, le paftel,
le pruffiate de fer , le tourne-fol, le mélange dti
campêche 8c du vitriol bleu, 8c la décompofîtion
du lulfate de fer diffous à grande dofe dans une
décodion de principe aftringent. Le rouge peut
provenir de la cochenille, du kermès, du car-
thame, du fernambouc, de la garance] le jaune
eft fourni par la gaude, le quercitron, le bois
jaune , le rocou , la graine d’Avignon, la farrète
& vingt autres ingrédiens. Il fuffit dé jeter un
coup dfoeil fur ces trois liftes de matières tin&o-
riales, donnant à peu près chacune d'elles une
même couleur, pour fe convaincre que le même
réadif doit agir bien différemment. L'indigo, le
paftel, le tourne - fol, ne font pas fenfiblement
altères par i-alcali $ le bleu de Pruffe en eft comptétement
décoloré : les acides avivent l ’indigo & le
bleu de Pruffe , tandis qu'ils rougiffent le tourne-
fol & jauniffent le bleu fourni par le campêche
& le fulfate de cuivre. Mais fi tels font les réfute
tats des réadifs furies couleurs fimples, ils font
encore bien plus fenfibles 8c plus variés fur les
couleurs compliquées : ils analyfent pour àinfî dire
ces couleurs , en mettant fucceflivement à nu &
faifant prédominer telle ou telle des couleurs
élémentaires : les acides, en rougiffant le principe
bleu de quelques couleurs violettesdonnent au
tout une teinte rouge , tandis que les alcalis, en
ramenant le rouge au bleu, rendent le violet plus
intente. Les bruns, violets 8c petits ponceaux,
obtenus par la. garance 8c le fe r , jauniffent par
les acides, attendu, qu'ils contribuent à oxider
davantage le métal : les noirs rougiffent par l'action
de.s mêmes .réadifs , furtout lorfque :le cam-
pèche. entré dans la compofition de la couleur ;
& lorfqu’on applique un alcali à la couleur altérée.
pour la rétablir ,.il refte fouvent une tacha jaune
qui n’eft: due qu’àr l'oxide & qu'on peut/aire
repaffer, à l’état d'oxide noir.par un aftringent.
» Ces principes pofés-, il devient facile d'en déduire
des,règles de pratique pour fe conduire dans
diverses qui fe préfentent, & nous allons en
faire l ’application en formant la divifîon que nous
avons déjà, établie, dans la.claffification des fubte
tances qui forment les tachés.
«Le plus grand nombre des taches qui reforment
fur les étoffes, provient des corps graiffeux, tels
que.l'huile, la graille, je fuif, la pommade, l ’urine,
, le cambouis, &c. Ces matières font toutes à peu
près de même nature, 8c il eft aifé d'en opérer une
combinaifon pour les faire complètement difpa- •
roitre. On peut employer les. alcalis fixes,, le; fa-
von, les terres-à-foulon, le jaune d’oeuf, les
huiles volatiles. Lorfqu’on fait choix.des alcalis,
on peut prendre de la foude, la broyer avec foin,
& lorfqu’on l’a réduite en poudre impalpable
on en foupoudre la tache , on l’humede avec un
peu d'eau, & l'on frotte d’abord avec lè doigt,
puis on replie l’étoffe fur elle-même : peu de tems
après, on peut laver à grande eau pour enlever ;
la foude^& le favon qui s'eft forme. La potaffe I
produit à peu près le même effet. Ces alcalis bru- :
nment les jaunes-violets , les rouges de fernambouc
j mais on corrige ces effets par une eau légèrement
acidulée avec de l'acide vitriôlique.
M Le jaune d’oe uf eft d’un emploi facile : il n'attaque
point les tiffus, & il forme, avec la matière ;
de toutes ces taches , une,combinaifon favoneufe 1
qui blanchit à l’eau & s’y.délaie très-aifément : il
produit fur les couleurs les mêmes changemens
que les alcalis-, 8c on corrige fes effets quoique
moindres de là même manière.
«On peut fubftituer à ces premiers réadifs le fiel
des animaux > il produit de femblables effets.
« On fait que les terres-à-foulon ont la propriété
«e fe combiner avec les huiles, 8c c’eft fur cette
propriété qu’éft fondé l’ufage qu’on- en fait pour
enlever les corps graiffeux de deffus les étoffes.
On fe contente de couvrir la tache avec de la
terre réduite en poudre, on humede enfuite avec
de l’eau pour en former une pâte, onlaiffe fécher, 8c puis l’on frotte avec beaucoup de foin en repliant
l’étoffé fur elle-même.
« On peut aufli enlever les taches d’huile 8c de
graiffe par le moyen des huiles volatiles , furtout
à l’aide de l’effence de chérébentine $ mais comme
cette effence a une odeur qui déplaît, on ne l’emploie
guère fans la mêler avec d’autres- huiles plus
agréables, qui mafquent complètement fonodeur.
L ’efiënce dë citron fert d'orainairè à cet ufage.
« J’ai vu déjà plufieurs fois qu’on faifoit ufage de
ce mélange, qu’on a veniu au public fous divers
noms., comme, propre à- enlever les taches. Il fuffit
d’en frotter quelques gouttes entre les mains
pour développer l’odeur caradériftïque de la thé*
rébentine. On eft même dans l’ ufagé de diffoudre
les huiles volatiles dans l'alcool pour les employer
à enlever les taches 5 l’huile de lavande
eft furtout appliquée à cela : on s’en fert encore
pour enlever les taches de l’urine. Un corps
chaud , un fimple. charbon affez rapproché d’une
tache de cire pour la fondre, la volatilife en entier
: il eft encore poffible d’enlever le fuif, la
graiffe 8c la cire, en recouvrant la tache de trois
ou quatre doubles de^papier brouillard, 8c approchant
par^deffus un fer affez chaud pour la
fondre : le papier les boit &• les abforbe prefque
entièrement.
« Les. taches d’encre 8c de rouille font à peu
près de la. même, nature : nous pourrions même y
joindre celles des bougs- noires des pavés des
grandes communes , & l’empreinte que laiffe quelquefois
le cambouis, lorfqu'on a enlevé la graiffe
qui en forme, la majeure partie.; Dans tous ces
cas, le fer eft plus ou moins oxidé, 8c il; con-
traéle.avec le;tiffudes étoffes une telle adhérence;
qu'aucun moyen mécanique ne peut l'en féparer.
Le favon, lesleffives alcalines, le lavage, ne fer**
vent qu'à en aviver la couleur 8c à.lui faire prendre
une. teinte de rouille plus agréable.
« Le jus de citron & le fel d’ofeille font les
feules fubftances qu’on ait connues 8c employées
jufqu'à ce jour pour détruire ces taches j ‘mais le
premier eft infuffifant pour les taches de rouille, 8c le fécond eft très-cher. De tous les acides , je
ne connois que l ’oxalique qui diffolve complètement
la rouille fans affe&er l’étoffe. Les taches
de rouille fur la foie rouge-ponceau difparoiffent
par. l’acide oxalique fans dégrader la couléur :
elles reparoiffent quelquefois en féchant & deviennent
noires, mais la diffolution de nitro-mu-
•riatô d’étain efface ces dernières traces, & la
couleur qui paroiffoit détruite reparoît. Les taches
dé rouillé fur ]a foie bleue fe diffolvent parfaitement
dans l’acide oxalique > la couleur qui en eft
.altérée fe rétablit par les alcalis. Les taches fur la