
fenic, dans laquelle ce dernier ne va jamais au-
delà d’un 700% 8c fe trouve fouvent au deflousj
4®. que le mélange de cet étain, fait en Angleterre
avec les étains de Malaca ou de Banca, diminue
encore cette foifcle proportion 5 50. que l'arfenic
uni à Y étain , furtout quand celui-ci contient une
aufli petite quantité du premier que celle qu’il n’y
a trouvée que quelquefois * perd la plus grande
partie de fon a&ion corrofive & vénéneufe j
6°. enfin, que la très-petite quantité d’étain fi
faiblement arfeniqué, qui peut entrer dans les
alimens par l’ ufage journalier de la vaiffelle faite
avec ce métal, ne peut pas infl v r fur l’économie
animale, puifque , d’après le calcul fait fur ce
qu’un plat avoit perdu pendant un fervice continuel
de deux ans, on n’en prendroit tout au plus
que trois grains par mois, & conféquemment un
5,760e de grain d’arfenic par jour., en fuppofant
que Y étain ouvré de Paris contînt autant de métal
vénéneux que l’afliette de Londres, mife en expérience
par Bayen, en contenoit j ce qu’il avoit
déjà reconnu être faux avant d’établir ce calcul fi
fimple & fi raffurant.
33. On ne connoît pas encore la poflibilité ou
les propriétés des alliages de Y étain avec le tungf-
tèney le molybdène, le chrome, le titane , l’urane
& le manganèfe. On a feulement, ou indiqué, ou
examiné ceux qu’il eft fufceptible de former avec
le cobalt, le nickel, le bifmuth, l’antimoine , le
mercure & le zinc. Vétain 8c le cobalt donnent, par
la fufion, un métal à petits grains ferrés & d’une
couleur légèrement violette. Cronftedt a trouvé
que le nickel, allié à Y étain 3 formoit une maffe
métallique blanche, brillante, aigre, dure, dont le
cara&ère fpécifique confiftoit furtout dans l’efpèce
de végétation ou de bourfouflement qu’elle lui a
préfentée quand on l’a chauffée fous la mouffle.
34. Vétain, allié au bifmuth , donne, fuivant
Geliert, un alliage caffant, dur & à facettes carrées.
Les potiers d * étain allient très-fouvent ce
métal avec le bifmuth pour lui donner de la blancheur
& de la dureté. Depuis long-teins on avoit
fait un rapprochement de ces deux métaux , puifque
le dernier avoit été nommé étain de glace. Le
DÎfmuth , communiquant une grande roideur à
Y étain, & étant d’ailleurs plus cher que lu i, les
potiers ne peuvent pas l'employer à plus d’un
centième & demi ou de deux centièmes. On re- ;
connoît très-aifément cet alliage, & on en fait un
départ aufli facile qu’exaét à laide de l’acide muriatique
qui diffout Yétain, & laiffe le bifmuth
fous la forme d'une poudre noire fi cet acide eft
a fie z affoibli.
35. Gellert, qui a fait l’hiftoire d’un grand nombre
d’alliages dans fa Chimie métallurgique 3 annonce
que Y étain uni à l’antimoine forme un métal blanc,
très-aigre, dont la pefanteur fpécifique eft moindre
que celle de ces deux fubftances métalliques prifes
féparément. L’antimoine durcit affez fortement
Y étain s il en change le tiffu & la forme. V étain
antimomé eft employé à fabriquer des cuillères
& des fourchettes qui devraient être profcrites
comme étant d’un ufag_e dangereux pour la fanté.
Quelques chimiftes ont affuré que cet alliage fer-
voit à compofer les planches pour graver la mu-
fique : cependant des effais récens faits au laboratoire
du Jardin des Plantes ont prouvé que ces
planches ne contiennent pas d’antimoine, mais
feize à dix-huit parties de plomb, & deux ou trois
de cuivre pour cent.
36. Le mercure s’ unit facilement à Yétain 3 &
dans toutes fortes de proportions : on peut même
dire qu’il le diffout complètement, puifque Y étain
perd f i folidité, & difparoît entièrement dans une
grande quantité de mercure. Quoique cette union
puiffe s’opérer à froid, on la fàvorife beaucoup
par la chaleur. Pour cela, on verfe le mercure
chauffé dans Yétain en fufion. L ’amalgame qui en
rélulte, diffère, par fa folidité, fuivant les dofes
relatives des deux métaux employés. On fabriquoit
autrefois une amalgame d’ étain folide qu’on cou-
loit en boules avec quatre parties d’étain & une
de mercure. Ces boules étoient fufpendues dans
l’eau avec l’intention de la purifier ; mais comme
on la faifoit bouillir, c’ étoit vraiment à PébulH-
tion qu’étoit due cette purification, puifqu’elle
pouvoir feule féparer, par la précipitation, les fels
peu folubles que contient ordinairement l’eau impure
& crue. L’amalgame d’étain eft fufceptible
de donner des criftaux cubiques, que Daubenton
a le premier obfervés & décrits fur les couvercles
des bocaux de verre de la colle&ion du Muféum
d’Hiftoire naturelle, parce qu’on étoit autrefois
dans l’ufage de luter ces bocaux avec une amalgame
d’étain folide. M. Sage, qui a fait des recherches
fuivies fur les amalgames , annonce que
celle d’étain donne des criftaux gris , brillans, en
lames feuilletées, amincies vers leurs bords, &
laiffant entr’elles des cavités polygones.
37. Le zinc s’allie très-bien à Yétain par la fufion
: il en réfulte un métal dur, à petits grains
ferrés, dont la duéh’lité correfpond à la quantité
de Yétain qu’il contient. On a remarqué depuis
long-tems que le zinc produifoit fur Yétain à peu
près le même effet que le bifmuth , & les potiers
d’ étain favent qu’ils pourroient le fubftituer à ce
dernier j cependant il durcit fenfiblement moins
que le bifmuth, & il en faut une plus grande proportion.
En revanche, s’il augmente peu fa dureté,
il diminue peu fa du&ilité, & la lui conferve plutôt
j aufli fe fert-on de cet alliage pour plufieurs
arts. On fait d’ailleurs que quelques chimiftes ont
trouvé plufieurs analogies entre le zinc & Yétain ;
mais on doit, en reélifiant les bafes de cette com-
paraifon, faire obferver qu’il y a un bien plus
grand nombre de différences qu’il n’y a de reffem-
blances entre ces deux métaux.
Les alliages très-importans de Yétain avec le
plomb, le fe r , le cuivre, l’argent & l’or ferons
traités aux articles de ces métaux.
58. L’étain n’agit point feul fur l ’eau à froid au
moins d’une manière fenfible, quoique je l’aie déjà
indiqué comme une des matières métalliques qui
ont le plus d’attra&ion pour l’oxigène. A la vérité,
des expériences exactes n’ont peut- être pas encore
été affez multipliées pour nier entièrement cette
aétion , puifque d'ailleurs il y a un affez grand
nombre de circonftances chimiques o ù , par l’ad-
-dition d’un troifième corps , Yétain opère véritablement
la décompofition de l’eau, en abforbe
Toxigène, & en dégage l’hydrogène. Son oxide
n’eft point diffoluble , de ne contracte point d’union
avec l’eau.
39. Ce métal eft un de ceux qui agiffent de la
manière la plus marquée & la plus prompte fur la
plupart des oxides, auxquels il enlève l’oxigène.
En le chauffant après l’avoir mêlé en limaille avec
ces oxides, il les fait repaffer à l’état métallique ou
voifin de la métalléité, & prend lui-même le caractère
d’un oxide. Quelquefois même, comme
cela lui arrive avec l’oxide de mercure , il biule
& s’enflamme avec activité, en abforbant l’oxi-
gène plus folide qu’il ne l’étoit dans ce métal.
C’eft par cette forte attraction pour l’oxigène que
Yétain a la propriété de précipiter un grand nombre
de métaux de leur diffolution dans les acides.
' C’eft par elle que le fulfure d’étain 3 chauffé avec
l’oxide rouge de mercure, donne du mercure
coulant & peu d’or muflif, tandis qu’on obtient
beaucoup de ce dernier en chauffant ce même
fulfure d’étain avec parties égales de cinnabre ,
qui fournit du foufre , en même tems que de l’oxi-
gène à Yétain.
40. Souvent Yétain, en enlevant l’oxigène à
d’autres oxides métalliques , ne le leur prend pas
tout entier, ne fait que partager avec eux celui
qu’ils contiennent > de forte qu’il réfulte alors de
leur aCtion réciproque une efpèce d’oxide mixte ,
qui change cependant les propriétés , foit de Yétain
3 foit du premier oxide auquel il a été appliqué.
Il en eft de même des oxides d’Crawles moins
oxidés: fouvent, pour fe faturer d’oxigène, ils
n’en abforbent qu’une partie des oxides étrangers
avec lefquels on les met en contaCt, & il rélulte
de cette aCtion, en quelque forte moyenne ou tempérée
, un équilibre commun d’oxidation qui
donne naiffance à beaucoup de phénomènes particuliers
, tels fpécialement que des précipitations
mutuelles ou réciproques de plufieurs diffolutions
métalliques par celle de Yétain, qui ont lieu en
général parce que ce dernier, furchargé d’oxi-
gène , ne peut plus relier uni aux acides, tandis
que les autres, dépouillés par lui de la proportion
de ce principe qui les rendoit diffolubles, ceffent
de l’être par cette efrèce de défaut. C ’eft là ce
qui a lieu dans la formation du précipité d ‘or
pourpre, dont je parlerai à l’article de I’Or . Il n'y a
que le manganèfe & le zinc qui enlèvent l'oxigène
à Yétain ; aufli emploie-t-on le zinc pour précipiter
Yétain en métal de fes diffolutions par les acides.
. 41. En généra, Yétain déccmpofe avec plus
ou moins de facilité les acides ou l'eau qui les accompagne,
& tend plutôt à fe féparer enfuite
en oxide, qu’à refter uni en fels permanens aux
acides eux mêmes. On diroit qu’il prend dans
cette forte oxidation le caraélère acide, & plufieurs
auteurs modernes ont adopté cette acidi-
iàation de Yétain 3 quoiqu’ ils n’en aient point encore
fourni des preuves bien concluantes. C ’eft en
raifon de cette forte aélion des acides fur Yétain3 &
du peu d’attraélion que fon oxide ainfi formé porte
pour les acides, que l’hiftoire des diffolutions de
ce métal prélente,, tant d’incertitudes, de variations
, & même de contradictions dans les auteurs,
depuis Kunckel qui a le premier décrit, avec un
grand détail, ce genre de compofitions chimiques,
& Monnet qui les a beaucoup étudiées avant 1 e-
tabliffement de la doctrine pneumatique. La confirmation
de cette dernière a fait aifparoître la
plupart de ces difficultés, & rendu très-claire &
très-facile à expliquer la théorie de l’aétion réciproque
des acides 6c de Yétain.
41. Kunckel, copié à cet égard par Juncker &
Wallerius, affuroit que quatre parties d’acide ful-
furique concentré, unies à une partie d’eau, pou-
voient diffoudre une partie d’étain pur en limaille.
Il expofoit ce mélange dans une cucurbite de
verre fur un bain de fable qu’ il chauffoit doucement
& de manière à ne pas faire bouillir l’acide.
Suivant lui, il fe dégageoit des vapeurs fulfu-
reufes. La forme métallique de Yétain difparoiffoit,
& il fie diffolvoic peu à peu j la liqueur devenoic
blanche & épaiffe : évaporée entièrement, il ref-
toit une maffe tenace qui adhéroit aux vafes. En
ajoutant de l’eau à cette maffe refroidie, & en
chauffant de nouveau , elle fe diffolvoit. On pou-
voit faire la même diffolution tranfparente d’un
jaune-brun, en jetant Yétain par parties dans l'acide
fulfurique , un peu, mais non trop affoibli,
& en attendant que chacune d’elles fût diffoute.
Wallerius annonçoit de plus que les criftaux
d’oxide d’étain natif, $inngraupen des Allemands,
pouvoient être diffous dans l’acide fulfurique j
qu’en ajoutant de l’eau chaude , en filtrant &
en évaporant on en obtenoit des criftaux tranf-
parens de vitriol jovial ou de fulfate d’étain qu’il
n’a pas décrits, non plus qu’aucun des auteurs qui
en ont parlé depuis. Macquer & Baumé ont ajouté
à cette première defeription, qu’ il fe féparoit du
foufre dans cette opération, qu’il nageoit en gouttelettes
à la furface de la liqueur chaude j que c'é-
toit lui qui donnoit la couleur brunâtre à la diffolution.
M. Monnet en a obtenu , par le refroi-
diffement, des criftaux en aiguilles, qu il a comparés
à ceux du fulfate de chaux j il a de plus
obfervé qu’elle dépofoit à la longue un oxide
d’ étain qui n’étoit plus diffoluble, & qu’on le féparoit
aufli très-réfratfcaire & très-difficile à réduire
par la feule àêtion de la chaleur. On reconnoîc en
effet > par l’expérience, que Yétain décompofe