
tièresen vapeur, fedépofoit encriftaux lamelleux,
hexangulaires à la voûte & dans le col de la cornue
; que l’or muflif n’étoit point volatil par lui-
même i qu’à un grand feu il fe décompofoit, don-
noit de l’acide fulfureux & repafloit à l’état de
fulfure d'étain ; que l’on pouvoir fabriquer ce produit
en chauffant le fulfure d’étain avec parties
égales de foufre & de fel ammoniac ; qu'on
l’obtenoit encore avec parties égales de fulfure
d’étain & de muriate furoxigéné de mercure chauffé,
que ce compofé contenoic 0.60 d’oxide détain &,
G.40 de foufre , tandis que dans le fulfure détain
i l n’y a voit que 020 de foufre uni à 0.80 d étain
métallique> que, chauffé avec du charbon, l’oxide
détain fulfuré le décompofoit, donnoit du gaz
acide carbonique avec du gaz hydrogène fulfuré,
& qu’il fe réduifbit à l’état de fulfure détain , en
perdant ainfi du foufre & de l’oxigène j que cet
or muflif n’étoit point changé & n’étoit qu’aviyé
dans fa couleur par l’acide muriatique, tandis que
le fulfure d étain étoit vivement attaqué par cet
acidç j enfin que, pour préparer ce compofé brillant,
on pouvoit fubftituer avec avantage aux cornues
qu’on avoit employées jufqu’ à lui , un creu-
fet rempli au tiers de fa hauteur du mélange dans
les proportions indiquées par Bullion : à un pouce
au aeflus du mélange , il plaçoit un couvercle dé
terre échancré, qui entroit dans le creufet j il re-
couvroit ce vafe d’un fécond couvercle luté ; il
mettoit ce creufet dans un autre plus grand, plein
de fable > il faifoit chauffer cet appareil dans un
fourneau, pendant huit à dix heures, en lui donnant
la température néceffaire à la fublimation du
muriate d’ammoniaque. Le creufet caffé offroit
une partie de ce fel fublimé, & , fous une matière
noirâtre , l’or muflif très-beau & en mafle , d’une
belle couleur d’or. Il annonçoit que la matière
noire pouvoit fervir à d’autres opérations fuccef-
fives.
Ce procédé, comme le remarque Pelletier , eft
beaucoup plus facile, & furtout beaucoup moins
coûteux que l’ancien. Quatre parties détain employées
donnent cinq parties d’oxide fulfuré de
couleur d’or, qui fert, foit aux ornemens ou décorations
, foit à frotter les couffins des machines
électriques. Ces réfultats importans du beau travail
de Pelletier, réunis à plufieurs de ceux que
j’ai expofés dans quelques-uns des numéros pré-
cédens, rendent lhiftoire de l’or muflif complète.
63. Les muriates furoxigénés alcalins, & fur-
tout celui de potaffe, le feul bien connu & employé
jufqu’ici aux expériences , brûle , enflamme
& oxide bien plus fortement Y étain que ne le font
les nitrates. Trois parties de ce fe l, mêlées à une
partie d étain en pouffière fine, s’allument rapidement
par le contaét d’un corps combuftible allumé.
Il y a,une flamme vive & fubite dans cette com-
buftion j Y étain eft réduit en vapeur comme par
l ’étincelle éle&rique quand on fait l’expérience
dans l’air. Faite dans des vaifleaux fermés, elle
fournit tin moyen d’avoir de l’oxide d étain très-
pur , 8c de connoître exactement la quantité d’oxi-
gène qu’il contient après le lavage du réfidu ;
lavage qui n’emporte que le muriate de potaffe
fans enlever aucune parcelle de l’oxide. Quand
on Grappe fur un. tas d’acier le mélange de muriate
furoxigéné de potaffe 8c détain, il fulmine avec
un grand bruit 8c une large auréole lumineufe dans
l’obfcurité.
64. Vétain décompofe un grand nombre de fels 8c de diflolutions métalliques , foit en précipitant
les métaux foiis leur forme brillante 8c métalli-
lique quand il leur enlève tout l’oxigène qu’ils
contiennent, foit en les féparant en état d’oxides
moins oxigénés qu’ils n’étoient ; 8c dans ce dernier
cas , ou bien il fe précipite avec eux en union
de doubles oxides, ou bien il prend leur place
dans les acides d’où il les a réparés. Il produit par
l’un ou l'autre de ces trois effets des phénomènes
très-remarquables dont les chimiftes tirent fouvent
un grand parti dar.s leurs analyfes, & dont les
arts profitent pour donner naiffance à plufieurs
produits utiles.
Les ufages de l’ étain font extrêmement
multipliés, 8c l’on peut dire qu’il n’y a pas de
métaux qui foient aufli importans 8c aufli utiles
à la fociété que celui-ci. On en fait des vafes de
toutes les efpèces , des moules pour un grand
nombre d’arts. Il fert de doublure à des caiffes 8c
à des vaifleaux employés dans une foule de cir-
conftances. On en fabrique des tuyaux d’ orgues :
il eft la bafe de l’alliage fur les plaques duquel on
grave la mufique. On orne & l’on couvre avec
lui des décorations très-brillantes > on l’emploie
en filets ou en plaque fur les meubles de bois précieux
j on en applique les feuilles fur un grand
nombre de machines de phyfique, & furtout fur
celles qui fervent aux expériences éleCtriques.^ 66. Ses alliages ne font pas moins néceflfaires
aux befoins des peuples. Son amalgame eft employée
pour donner le tain aux glaces & pour faire
les miroirs. Il entre dans la foudure. On l’applique
fur le cuivre pour étamer fa furface. Allié intimement
avec ce dernier métal, il fert à couler
des ftatues, des cloches, des canons, des médailles
j il entre dans la corapofition des procédés
de polytypage & de ftéréotypage. Les potiers
détain l’Unifient au bifmuth , à Y antimoine, au
plomb, au cuivre , pour lui donner de la confif-
tance, de la dureté, 8c pour en former des uften-
filesde toute efpèce, employés à un grand nombre
d’ufages divers. Il entre en général dans beaucoup
d’alliages blancs , plus ou moins duétiles
ou caffans , durs ou mous , fufibles ou réfractaires,
& c.
67. Ses oxides, fous le nom de potées, fervent
à polir beaucoup de corps durs différens : on les
fond avec l’oxide de plomb, le fable & les alcalis
fixes, pour fabriquer l’émail, les couvertes de la
faïence, de la porcefeine, les verres opaques, les
faufles pierres précieufes demi-tranfparentes. Le
muriate détain fert à préparer la belle couleur
pourpre nommée précipité de CaJJius, dont je parlerai
à l’article de Y Or Le muriate furoxigéné-
détain eft un des ingrédiens 8c des mordans les
plus précieux de la teinture, fous le nom de com-
pofition j il n’eft pas moins utile dans les peintures
des toiles. Son emploi a fait faire d’immenfes
progrès à ces arts intéreffans, & qui font aujourd’hui
comme des gages de la profpérité & de la
richeffe des nations policées. C ’eft à lui qu’on
doit les brillantes nuances de l’écarlate, du ponceau
, de la couleur de feu. On pouffera beaucoup
plus loin encore quelque jour fes propriétés avan-
tageufes. 68. L’ufage de Y étain dans la cuifine, dans la
pharmacie & dans tous les befoins de la vie a
été fauffement regardé comme dangereux, d’après
les expériences erronées de Geoffroy 8c de Mar-
graff. Il eft bien prouvé , comme je l’ai fait voir,
qu’ il ne contient point l'arfenic que ces chimiftes
y admettoient, & fur la préfence duquel ils fe
font finguliérement trompés, ainfi qu'il réfulte
des recherches concluantes de Bayen. Il n’eft plus
permis de conferver fur ce point les craintes il-
îufoires, 8c d’écouter les déclamations menfon-
gères qu’on a tant de fois répétées , depuis cinquante
ans , fur ce métal. Schultz, dans fa Dif-
fertation très-bien faite fttr l’ufage des vaifleaux
de. métal dans la préparation des alimens 8c des
médicamens, avoit déjà vengé en quelque forte
Y étain des abfurdes calomnies dont on l’avoit
chargé, 8c les expériences du chimifte français
que j’ai cité, ont ajouté aux raifonnemens & aux
affermons de Schultz une force & une autorité^
que rien ne pourra plus affoiblir déformais.
69. Aufli, malgré l’anathême que quelques
hommes, trompés par leurs faufles tentatives,
avoient lancé Contre ce métal, plufieurs médecins
l’avoient propofé 8c employé même avec
fuccès dans les maladies du foie, de la matrice &
dans les affrétions vermineufes. La Poterie en
avoit préparé fon antiheétique, qui, pendant plusieurs
années, a eu une allez grande vogue, &
qui n’étoit qu’une kflive des oxides d’antimoine
& détain formés par la détonation avec le nitrate
de ootaffe, c’eft-à-dire, une diffolution de potaffe
tenant une portion de ces oxides. Les gens de la
campagne ont fouvent coutume de laiffer féjour-
ner, pendant vingt-quatre heures, du vin fucré dans
un vaiffeau détain, 8c de donner un verre de cette
liqueur à leurs enfans attaqués de vers. Navier a
vu une fille de feize ans rendre trente vers ftron-
glesï par l’effet de ce remède. A Edimbourg &
en Angleterre, on emploie , dans les maladies
vermineufes, la pouffière d’étain§ par le procédé
décrit plus haut. Dans ce pays, Yétain eft un re -:
niede très-commun dont on vante beaucoup les
effets : on l’y regarde comme un fpécifique contre
le taenia ou ver folitaire.
Etain. ( Métallurgie. ) Traitement en grand
des minerais détain pour en obtenir ce métal, qui
eft blanc comme l'argent, très-flexible & mou,
qui, quand on le plie, fait un bruit ou cri (ftri~
dor) qui le caraétérife, & auquel il eft aifé de le
diftinguer lorfqu’il n’ a été ni forgé ni laminé ,
auquel cas il perd cette propriété. C’eft le plus
léger de tous les métaux : il n’eft prefque point
fonore quand il eft fans alliage ; mais il le devient
quand il eft uni avec d'autres métaux. C ’eft donc
une erreur de croire , comme font quelques auteurs,
que plus Y étain eft fonore, plus il eft pur.
Lapefameur fpécifique de l'étain eft à celle de l’or
comme trois eft à huit.
Les minières détain ne font pas aufli communes
que celles des autres métaux : il s’en trouve cependant
en plufieurs pays, même abondamment,
tels que la Chine, le Japon, les Indes orientales.
Celui qui nous vient de ces derniers pays eft
connu fous le nom détain de Malaque. On lui
donne la forme de pain ou-de pyramides tronquées
> ce qui fait que les ouvriers le nomment
étain en chapeau : il paffe pour être le plus pur. 11
s’en trouve aufli en Europe : il y en a des mines
en Allemagne : la Bohême & la Saxe en contiennent
beaucoup ; mais de tous les pays de l’Europe,
il n’y en a point qui ait des mines d étain
auffi abondantes que la Grande - Bretagne : elle
étoit fameufe pour fes mines détain dans l’antiquité
la plus reculée. On prétend que les Phéniciens
en connoifloient la route oc y venoient
chercher ce métal.. Le favant Bochart croit même
que le nom de Bretagne eft dérivé du nom fyrien
varatanac, qui fignifie pays d’étain. Ce font les
provinces de Cornouailles & de Devonshire qui
en fourniflent furtout une très-grande quantité.
Les minéraux d'étain, comme ceux des autres
métaux, fe trouvent, ou par filons ou par maffes,
que les Allemands appellent Jîockverck, ou par
morceaux détachés ou d’alluvion, que les Saxons
appellent feijfenwerck. ( Voye^ l'article Filons. )
Dans.la province de Cornouailles , les minéraux
détain font fouvent environne's de terre rougeâtre
ferrugineufe, qui n’eft que de l’ocre : les filons
de ces ruinerais ne font quelquefois que légèrement
couverts de terre, & viennent même fouvent
aboutir 8c fe montrer à nu à fa furface.
Toute perfonne vivant à la campagne peut s’occuper
à peu de frais de la découverte des minerais
d étain , & nous ne doutons pas qu’en s'y
prenant de la manière fuivante, on ne parvînt
bientôt à découvrir en France du minéral détain,
qui, comme nous l’avons dit au mot Mine, eft
le feul qui n’y ait pas encore été exploité. Les
perfonnes qui voudront s’occuper de cette recherche,
obferveront fi , dans le pays qu’elles habitent,
il y a des rochers à découvert, foit de grès
ou granitiques , ou bien de l’efpèce de ceux qui
font fchifteux & qui fe délitent par lames ou feuilles,
de couleur bleuâtre, 8c dans une pofition qui