
approche plus de la verticale que de l'horizon-
taie. Ils examineront f i , dans ces differens ro-
.chers j on apperçoit des veines ou petits filons de
•couleur noirâtre ou rougeâtre > ils en détacheront
une petite quantité, qu’ils feront pulvérifer,
tamifer & laver dans l'augette à main ou petite
iebile de bois. S’il exifte du minerai d'étain dans
la matière que l’on aura pulvériféè , fa pefanteur
fpécifique , qui eft beaucoup plus considérable que
celle des fubftances pierreufes & terreufes, rendra
très-facile la réparation de ces dernières par
la lotion. Si ,. après ce lavage , il’ reftoit au fond
de l’augette une poudre d’un brun-noirâtre, on
retireroit cette opération , jufqii’à ce que l’on en
eût obtenu au moins une demi-once. S i , dans ce
lavage, l’on n’appercevoit de cette poudre que
.d’une manière prefqu’infenfible , il feroit à propos
de faire creufer de quelques pieds fur ces petites
veines ou filons , afin de s’affurer s’ils ont de
la.fuite, fi la matière brune n’ y eft pas plus abondante
•& ne rend pas plus de parties pefantes au
lavage.
i Mais le réfultat de ces lotions doit être effayé
par un métallurgifte ou chimifte verfé dans l’art
docimaftique, car il eft bon de prévenir que les
minerais a étain font difficiles à effayer de manière
-à en retirer tout le métal fans en perdre une partie.
Or, fi la poudre ne tenoit que quelques livres
de ce métal, il pourroit arriver qu’elle n’en ren-
■ droit point dans un effai mal fait, d’où l’on pourroit
mal-à-propos conclure qu’elle ne tient rien
ude métallique. Comme nous ne traitons ici que
des opérations métallurgiques en grand, nous ne
devons pas parler de la manière de les effayer i
.qui eft dureffort de la docimafiej mais reprenons
l’objet intéreffant des recherchés I des minerais
<Tétain.
On obfervera s’il n’y a pas quelques petites cavités
dans les veines, & fi la matière brune n’offre
pas de petites furfaces unies, comme fi elles avoient
iété polies : alors ce feroit immanquablement de
-petits criftaux du minéral que l ’on cherche.
Les tems les plus convenables pour faire ces
recherches doivent être après de fortes pluies ,
furtout en été, a la fuite des orages, qui forment
-des ravines qui îaifferit la roche à découvert. On
ne doit pas auffi négliger l ’examen des pierres’,
-des fables détachés & roulés dans le fond des
vallons : toutes les pierres brunes & fort pefantes
méritent une attention particulière, & même d’ê- f
tre effayées, car elles contiennent du fer ou de
Xétain 3 mais ce dernier minéral eft toujours plus
’ pefant que le premier} ce qui peut encore le faire
diftinguer.
Si l’on parvient à découvrir'j au pied d’une
montagne ou d’une colline, quelques fables ou
morceaux de roche qui contiennent de Xétain , il ;
faut vifiter avec la plus grande attention le penchant
de cette montagne , en fuivant les ravines
jufqu’à fon foaimët, & en détacher des morceaux
jiie l’on comparera à ceux que l’on aura trouvés
a fa bafe : de cette manière on ne pourra pas manquer
de trouver les filons ou les veines d’où ils
font fortis. L’on ne fauroit trop recommander
d’examiner fcrupuleufement certains rochers granitiques
qui paroiffent s’attendrir & fe décompo-
fer à l’air : fi l’on y apperçoit de petites veines
brunes ou noires, il ne faut pas héfîter de le pulvérifer,
& d’en faire le lavage comme il a été dit.
On ne doit pas confondre avec le minéral d'étain 3
des particulesrmicaeées & de-fchorl de couleur
noirâtre, qui fe trouvent répandues dans le granit.
Au refte, ces fubftances étant beaucoup plus légères
que le minerai àé étain 3 s’en iront au lavage,
tandis que ce dernier reftera dans l’augette.
Toute matière brune ou noire qui, au lavage,
paroîtra d’une pefanteur fpécifique, égale ou
moindre que le rocher même, ne fera, pas du minéral
d'éudn.
Nous ne parlerons pas ici dès différentes variétés,
couleurs, forme & aggrégation des minéraux
d'étain; ce qui appartient à la minéralogie, à laquelle
nous renvoyons le ledteur. Nous ne traiterons
pas non plus de l’exploitation des minières
-qui contiennent ce métal,»■ dont on trouvera un
ample détail au mot Mines -3 ainfi que toutes les
opérations qui fe font fur les minerais métalliques,
comme le triage , bocardage & lavage , manipulations
également néceffaires aux minéraux d’étain,
qu’aux autres pour les débarraffer des fubftances
étrangères qu’ils contiennent. Nous rapporterons
feulement quelques pratiques particulières au minerai
qui fait l’objet de cet article, finguliérement
lorfqu’il fe trouve combiné avec d’autres minerais
métalliques qui, s’ils y reftoient, altéreroient la
pureté de Xétain. Par exemple, il y a près de
Gottes-GaBe en Bohême , une minière qui contient
du minéral d'étain en très-petits - criftaux ,
répandus dans du minéral de fer, de la pyfite cuivreufe
, de la pyrite arfenicale & de la blende
noire , que Ton nomme en cet endroit blende
de fer .
On fait griller, à feu ouvert, ce minerai en
morceaux gros & petits, tels qu’ils fortent de la
mine. Ce grillage, qui n’a pour objet que d’attendrir
le minerai & fa gangue ou matrice, fe fait
dans un fourneau de huit pieds en carré , borné par
trois murs de trois pieds de hauteur. L’on arrange
-fur fon fol quatre-vingt-trois pieds cubes dé b^is
de corde, & par-deffus trois jufqu’ à quatre cents
quintaux de minerai. On met le feu au bois qui
•grille le minerai : lorfqu’ il eft refroidi on le caffe,
& on fépare, auffi exactement qu’il eft poffible, la
'gangue & la pyrite cuivreufe, que l’on met à part
jufqu’à ce qu’il y en ait une. quantité fuffifante
pour pouvoir la traiter à la fonte à l’effet d’en
retirer le cuivre.
Le minerai d'étain, mêlé de celui de fer, de
blende, &c. eft bocardé à l’eau fuivant l’ufage,
& reçu, à la fortie de l’auge ou battent les pilons,
dans.une longue caiffe ou canal, où il fe dépofe
fuivant fa pefanteur fpécifique & fon degré de
fineffe. Le plus gros & le plus pefant fe précipite
le premier i le plus léger &c le plus fin eft porté
plus loin dans le canal par le courant d’eau. Chaque
efpèce eft mife féparément en les fortant du canal,
& lavée de même dans une caiffe ou lavoir à tombeau,
décrit au mot Mines au détail des laveries.
Après ce premier lavage, qui n’a fait qu’emporter
lé s ’parties pierreufes & terreufes, le minerai eft
lave fur des tables ordinaires ( voye% - les au mot
Mines ) : elles ne font inclinées que de fix degrés
& demi. C ’eft dans ce dernier lavage que fe fait
la féparation du minéral de fer d’avec celui d'étain.
Pour cet effet, après avoir mis fur la partie fupé-
rieure de la table des matières à laver, on.les
agite à l’ ordinaire avec le rouabje & le balai de
genêt : l’eau entraîne hors de la table les parties
pierreufes ou- de fable, ainfi que la blende &
autres fubftances les moins pefantes les minerais
d étain & de fer, comme plus pefans, reftent fur
l aire de la table : alors le laveur prend une pierre
d’aimant plate, de trois à quatre pouces en carré;
il la promène légèrement fur toute la furface de
la table, en ^commençant par la partie fupérieure
& finiffant au bas de la tableyLe minerai de fer
réduit en pouffière s’attache à la pierre d’aimant:
lorfqu’elle en eft bien chargé©;., il l’agite par fe-
couffes dans l’eau d’un canal placé au bas de la
tabl©,}. le fer, fe .détache de l’aimant , & eft entraîné,
par le courant de l’eau * dans un réfe.rvoir
dtftiné à le çeeeyoir. Il réitère la même opération
jufqu’à ce qu’il ait paffé fon aimant fur toutes les
parties; de la table: le minerai d'étain eft alors
très-diftinêi: fur la table 5 mais , comme il y refte
encore des parties ,de fer qui ont échappé à l’aimant,
le laveur place, en travers de l’extrémité
de la table, un petit liteau de bois d’environ fix
lignes d’éparffeur, qui arrête le minerai ; il y pofe i
1, aimant auquël s’attache le fer en' paffant, à me- :
fure qu’il ‘fait defeendre le minerai avec un balai : j
lorfque la pierre d’aimânt eft chargée de fer, il la :
l:aye comme ci-deffus pour en détacher le fer ; !
il la replace au même endroit, & la lave autant
dq fois qu’il s’y attache un fable noir qui eft le
minerai de fer. Quand il n’apperçoit plus de cette
pouffière noire dans le minerai d’étain-, il le fait
tomber (après avoir ôté.le liteau) dans-une petite
caiffe où il eft entraîné par le,courant de l’eau,
La facilité avec laquelle fe fait,cette féparation eft
très-curieufe & des plus intére(Tantes : le,minerai
de fer qui provient de ce lavage eft pafté une
fécondé fois, fur la même table , & enlevé de la
iqeme manière avec la pic:re d’aimant. L’on obtient
encore un ; peu de miner ai d'étain de cette
fécondé opération 5 mais comme le minerai d’étain
fe trouve difféminé en petits grains très-déliés
dans celui de fer , il arrive que celui-ci en fable ;
enlevé par l’aimant, ;contient encore du premier
»près cette fécondé manipulation j c’eft pour l’en
dégager qu’on le bocarde de nouveau, en y ajoutant
environ un dixième d’ardoife , afin qu’en
broyant cette pierre, les pilons aient le tems de
réduire en pouflière le fable de fer contenant de
l‘étain. ^
Ces matières réfultantes du bocardage font lavées
de nouveau fur une table qui n’a que douze
pieds de longueur & cinq degrés d’inclinaifon : le
courant de .l’eau , légèrement agitée avec le balai
dont fe fert.le laveur, a bientôt entraîné hors la
table l’ardoife d’addition réduite en pouftîère au
; bocard : il n’y refte que les minerais d'étain & de
fer, dont la féparation fe fait par la pierre d’aimant,
ainfi qu’il eft détaillé ci-deffus.
De cette manière l’on parvient à obtenir le
minerai d'étain extrêmement divifé & répandu
dans celui de fer, qui y eft dominant ou en plus
grande quantité : le grillage qui fe fait des fubf-
tançes brutes à la fortie de la mine, ainfi que nous
l’avons-détaillé, eft moins pour rendre le fer atti-
rable; à l’aimant, que pour les rendre plus aifées à
réduire, fous les: pilons du bocard , car ce minerai
de fer eft très-attirable avant d’avoir éprouvé
l’aéiion du feu.
Le minerai d'étain 3 lavé ainfi que nous l’avons
1 apporté , eft encore uni à de la pyrite cuivreufe,
arfenicale & du fer, qu’il eft indifpenfable d’en
dégager avant de le foumettre à la fonte. Pour
cet effet , on.le fait calciner dans un fourneau de
réverbère de huit pieds de longueur fur fept pieds
de largeur , & fa voûte élevée de dix-huit à vingt
pouces au deffus du fol qui eft uni : & pavé en
b-riquës: Après un feu de bois entretenu dans la
chauffe pendant fix à .fept heures , le minerai ainfi
calciné, eft jeté tout chaud dans l’eau, afin que
l’acide vitriolique qui fe trouve alors dégagé du
phlogiftique de la pyrite qui s’eft diffipé, y foie
délié, & devienne en état de diftoudre le cuivre
& le fer qui feroient nuifibles à l ‘étain.
Mais nous aurons occafion de parler encore de
cette diffolution ; il nous refte à dire que le minerai
de fer que l’on retire de celui d'étain parie moyen
de l’aimant, n’a jamais pii faire de bon fer par la
trop grande quantité!de cuivre qu’il contient, &
vrâifemblablèment auffi à caufe de Y étain dont on
ne peut pas les priver entièrement j enfin ce fer eft
intraitable au marteau, dont il ne peut foutenir la
percuffion fans tombèr en morceaux.
Aux mines de Maritnberg en Saxe il fe trouvé
fôuvent des minerais d'étain unis à des pyrites
cuivreufes & un peu martiales, dont les rhétâux
altéreroient Xétain fi on les fondoit enfemblë avant
d’en avoir fait la féparation, & didipé le foüfre
& même l’arfenic que ces pyrites contiennent.
Voici, les procédés en ufage dans cés circonf-
tances.
, Lorfque ces minerais mélangés ont été boçàrdés
& lavés dans les tables ou lavoirs à tombeau, Se
que les fubftances pierreufes & terreufes en font
enlevées, on,en met feize quintaux fur l ’aire d’un